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Pierre Magnan

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Message par Bédoulène Sam 3 Déc - 9:24

Pierre Magnan (1922-2012)

Pierre Magnan Magnan10

Pierre Magnan est un écrivain français né le 19 septembre 1922 à Manosque (Alpes-de-Haute-Provence) et décédé le 28 avril 2012 (Isère). Il est indéfectiblement attaché à la Provence, source de toute son œuvre.

Il fait de rapides études au collège de sa ville natale jusqu'à douze ans.

De treize à vingt ans, il est typographe dans une imprimerie locale. Appelé aux Chantiers de jeunesse pendant l'Occupation, il est réfractaire au service du travail obligatoire (STO), et rejoint le maquis à Saint-Pierre d'Allevard en Isère, avec entre autres Thyde Monnier.

Il publie son premier roman, L'Aube insolite, en 1946 avec un certain succès d'estime, la critique est favorable mais le public n'adhère pas. Trois autres romans suivent sans davantage de succès.

Pour vivre, il travaille alors dans une société de transports frigorifiques, où il reste vingt-sept ans, tout en continuant toutefois à écrire des romans qui ne sont pas publiés.

En 1976, il est licencié pour raisons économiques et profite de ses loisirs forcés pour écrire un roman policier, Le Sang des Atrides, il obtient alors le prix du Quai des Orfèvres en 1978. À cinquante-six ans, une nouvelle carrière s'ouvre désormais à lui.

Il écrit alors son plus célèbre ouvrage : La Maison assassinée en 1984, et obtient le prix RTL grand public. Ce livre est porté à l'écran avec entre autres interprètes Patrick Bruel. Il obtient le prix de la nouvelle du Rotary-Club pour Les Secrets de Laviolette.

Bibliographie

Romans

L'Aube insolite, 1945
Le Monde encerclé, 1949
La Mer d'airain, 1961
La Biasse de mon père, 1983
Périple d'un cachalot, 1993
Un grison d'Arcadie, 1999
L'Occitane, 2001
Un monstre sacré, 2004
L'Enfant qui tuait le temps, 2004
Laure du bout du monde, 2006
Chronique d'un château hanté, 2008

Série Commissaire Laviolette :
Le Sang des Atrides, 1977
Le Commissaire dans la truffière, 1978
Le Secret des andrônes, 1979
Le Tombeau d'Hélios, 1980
Les Courriers de la mort, 1986
Les Secrets de Laviolette (recueil de trois nouvelles, Le Fanal, Guernica et L'Arbre), 1992
Le parme convient à Laviolette, 2000
Élégie pour Laviolette

Série Gendarme Laviolette (aïeul du commissaire) :
Les Charbonniers de la mort, 1982
La Folie Forcalquier, 1995

Série Séraphin Monge:
La Maison assassinée, 1984
Le Mystère de Séraphin Monge, 1990

Textes autobiographiques
L'Homme rejeté, 1977
La Naine, Denoël, 1987
L'Amant du poivre d'âne, 1988
Apprenti, 2003
Un monstre sacré, 2004

Autres publications
Pour saluer Giono, 1990
Les Promenades de Jean Giono, 1994
Les Romans de ma Provence, 1998
Mon théâtre d'ombres, 2002
Ma Provence d'heureuse rencontre : Guide secret, 2005





Pierre Magnan 516ooo10

Chronique d'un château hanté

C'est l'histoire d'un trésor,  confié par un Hospitalier à une Prieure,  non visible car caché, puis enseveli. Sa présence sera connue  par la  famille d'aristocrates propriétaire des lieux et sa descendance sur plus de six cent ans, Mais ce livre aurait pu tout aussi bien s'appelait chronique d'un arbre hanté car un chêne planté à ses côtés en sera le gardien durant des siècles.
Le récit débute pendant la grande Peste de 1349, se déroule jusqu'après le tremblement de terre de 1908 qui secoua violemment la Provence.
Les guerres de religion, la Révolution, les famines apportent au long des siècles à cette Famille et à leur entourage leur lot de cruauté, d'horreur, de maladie.


ce que j'en pense :

Dans son avant-propos l'écrivain se définit comme "un peintre en écriture"
un raconteur d'histoires.

Effectivement certains passages sont de véritables tableaux.
Le récit s'imbrique parfaitement dans l'Histoire et se déroule de manière surprenante, captivante.

La nature des personnages est authentique.

Comme dans la plupart de ses livres les scènes d'amour sont très (trop ?) présentes et les crimes aussi.

quelques passages :

Déjà un peu ivres d'êtres repues, les mouches immobiles sur son visage noir attendaient que se forme la goutte intermittente qui mettait longtemps à se gonfler pour enfin, une fois trop lourde, se détacher du bout des doigts et s'écraser en bas, dans larue. De sorte que le voisin Didon aux bras pendants avait assez l'air d'un perdreau mis à mûrir pour le manger bientôt

Le Poverello tomba sur le corps d'une nonne. Ils refroidirent ensemble, le peintre de génie et la moniale anonyme et il était dommage que l'artiste n'ait pu croquer cet étrange mariage posthume.

On croit toujours que les réactions à l'imprévu sont subites, immédiates. En réalité, l'esprit doit prendre le temps de digérer l'étonnement que, dans l'amour, toute différence constatée chez l'être aimé provoque dans l'abîme profond de la conscience et ce qu'il faut de temps à celle-ci pour savoir si elle accepte ou non ce changement.


mots-clés : #famille #historique


Dernière édition par Bédoulène le Jeu 17 Aoû - 16:06, édité 2 fois
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Message par topocl Sam 3 Déc - 9:39

La maison assassinée, c'était quelque chose!!!
Tu l'as lu , Chamaco?

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Message par tom léo Mer 14 Déc - 18:32

Pierre Magnan 41hpkk10

Laure du bout du monde


Originale : Français, 2006

CONTENU :
Une enfance toute en pauvreté et richesse (d'un autre ordre) ; dans la Provence des années 50, début 60...

Quatrième de couverture :
«- Qu'est-ce que ça veut dire aimer ? - Je l'ai lu dans un livre, dit Laure.- À la maison, depuis que je suis né, personne, tu entends bien ? personne ! n'a jamais prononcé ce mot. Le mot aimer et le mot tendresse n'ont jamais fait souche ici. Le bonheur, ajouta le grand-père, c'est une distraction de riches !Voici ce qu'on pense du sentiment à Eourres quand Laure naît. Cette phrase du livre est comme une fiche d'état civil pour Laure qui pèse 750 grammes à sa naissance. Pas plus qu'Eourres on ne peut l'inventer parce que seul ce pays pouvait permettre cette naissance. Il est impossible de concevoir, si on ne les a pas vus, ces montagnes, cette géologie démentielle, ce chaos de la fin des temps ou de leur début. Songez au silence, à l'isolement, mais songez à l'obstination de Laure qui à trois ans demande à apprendre à lire et à six conduit le troupeau. Songez à cette petite fille perdue dans ce pays sans grâce qui veut échapper non pas à sa condition mais à son ignorance de la vie. Songez à tout ce qu'elle va devoir braver si elle y parvient.» Pierre Magnan.

REMARQUES :
C'est vraiment au « bout du monde », à Eourres (http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89ourres ), quelque part dans la solitude de la Provence, que Laure est née bien trop tôt. Elle passait pour mort et ce n'est pas à ces propres parents dans leur manque d'energie et de volonté (leur forme de pauvreté?!) qu'elle doit sa vie, mais plutôt à sa grande-mère energique, et quelques tantes de grand cœur. Et c'est peut-être aussi un signe avant-curseur pour ces quatorze premières années de sa vie, racontée ici par Pierre Magnan : des épreuves fortes, des conditions de vie dures dans un environnement de pauvreté et de misère, le travail précoce dans les champs de lavende et comme bergère... ET au même moment la présence de certains « aides » extérieurs, comme des présences bienfaisantes.

Mais à coté de ces influences extérieures il y a chez cette fille grandissante une volonté de vie indomptable, une curiosité pour tout, pour le savoir au point qu'elle va réussir là où certains ne voient que de peine perdue : à l'école. Et elle va pouvoir continuer, travailler durement pour financer aussi sa part dans les dépenses dans les vacances.

Oui, être de lumière elle est, pour certains autour d'elle, présence apaisante qui de temps en temps sème la paix, met des gens ensemble par son regard d'innocence  et sans préjugés. Fille née un Dimanche de Pâques.

Mais elle ne restera pas sans tâches, cette enfance : des accidents, des incompréhensions et puis, comme jeune fille précoce, très tôt l'expérience avec une certaine animalité du genre masculin qui la persécute... Aussi la mort la touche dans ses environs, un possible handicap, des paroles mauvaises sur elle...

Voilà que ce roman se meut entre un réalisme dur et sans concession, la description d'un environnement souvent hostile, ET, d'un autre coté, un niveau de conte, de magie. Ici ces deux éléments se retrouvent (comme dans beaucoup de contes?!).

L'auteur cadre ce roman dans la nature splendide, mais dure, de la Provence tant aimée. Il est, comme dans les policiers nombreux qu'il a écrit, un écrivain de sa région. Même si ici il écrit « autrement ». Mais à quoi cela tient ? Qu'est-ce qui l'a motivé ? Cela me semble comme un dédicace à la volonté de vivre de (certaines) femmes, vouées  à un certain avenir, mais s'arrachant à force de volonté et d'obstination ! Ainsi, dans une façon discrète, le roman est aussi écrit de la perspective d'une femme de village.

Chapeau devant ce roman fin, entre réalisme et magie. Cela donne envie de découvrir Pierre Magnan dans ses autres œuvres !
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Message par Chamaco Mer 14 Déc - 19:34

topocl a écrit:La maison assassinée, c'était quelque chose!!!
Tu l'as lu , Chamaco?

Non Topocl mais j'ai vu le film, belle histoire tragique, je ne connaissais pas cet écrivain...
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Message par ArenSor Mer 14 Déc - 20:41

Jamais lu Magnan Embarassed N'était-il pas proche de Giono ou je me trompe ?
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Message par tom léo Mer 14 Déc - 22:09

ArenSor a écrit:Jamais lu Magnan Embarassed N'était-il pas proche de Giono ou je me trompe ?

Proche dans un sens d'amitié directe - je ne le sais pas. Mais une certaine parenté s'impose, au moins ici dans ce livre, par son enracinement dans la Provence, la simplicité, voir pauvreté, de l'environnement?! Je sais - Bédoulène l'a confirmé, mais aussi un ami, grand amateur des romans autres de Magnan - qu'ils sont en quelque sorte "du terroir", donc pas urbain?! Bédou: qu'est-ce que tu en dis?
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Message par Bédoulène Mer 14 Déc - 22:38

tous deux passionnés par leur région. Voici sur le site de Gallimard un livre de Magnan qui raconte Giono et leurs relations. (une lecture à faire)

PIERRE MAGNAN
Pour saluer Giono
Collection Folio (n° 2448), Gallimard
Parution : 02-02-1993
«Au Contadour (en 1937, Pierre Magnan a quinze ans), quand Giono, Lucien ou Fluchère ne nous font pas la lecture, la grosse question est de savoir ce qu'on fera en cas de guerre : renvoyer son fascicule de mobilisation, résister aux gendarmes, faire un fort Chabrol de la paix, se laisser fusiller sur place et pour les femmes se coucher sur les rails dans les gares. Je n'entendrai jamais Giono, ni ici ni ailleurs, prendre parti dans ce débat autrement qu'en s'engageant personnellement. Jamais il ne donnera de directives à quiconque. "Marchez seul. Que votre clarté vous suffise." – "Je n'écris pas pour qu'on me suive. J'écris pour que chacun fasse son compte en soi."»
Ce n'est pas une hagiographie de Giono que propose Magnan mais un récit minutieux de leurs rencontres quasi quotidiennes pendant tant d'années, à Manosque. C'est aussi un double portrait, du maître dont l'adolescent s'émerveille, et de l'apprenti qui tait jalousement que lui aussi rêve d'écriture.

_________________
“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
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Message par ArenSor Jeu 15 Déc - 20:15

Bédoulène a écrit:tous deux passionnés par leur région. Voici sur le site de Gallimard un livre de Magnan qui raconte Giono et leurs relations.  (une lecture à faire)

PIERRE MAGNAN
Pour saluer Giono
Collection Folio (n° 2448), Gallimard
Parution : 02-02-1993
«Au Contadour (en 1937, Pierre Magnan a quinze ans), quand Giono, Lucien ou Fluchère ne nous font pas la lecture, la grosse question est de savoir ce qu'on fera en cas de guerre : renvoyer son fascicule de mobilisation, résister aux gendarmes, faire un fort Chabrol de la paix, se laisser fusiller sur place et pour les femmes se coucher sur les rails dans les gares. Je n'entendrai jamais Giono, ni ici ni ailleurs, prendre parti dans ce débat autrement qu'en s'engageant personnellement. Jamais il ne donnera de directives à quiconque. "Marchez seul. Que votre clarté vous suffise." – "Je n'écris pas pour qu'on me suive. J'écris pour que chacun fasse son compte en soi."»
Ce n'est pas une hagiographie de Giono que propose Magnan mais un récit minutieux de leurs rencontres quasi quotidiennes pendant tant d'années, à Manosque. C'est aussi un double portrait, du maître dont l'adolescent s'émerveille, et de l'apprenti qui tait jalousement que lui aussi rêve d'écriture.
Merci Bédoulène Smile Si j'avais pris la peine de lire la biographie supra je serais tombé sur cet ouvrage Embarassed. Livre que j'ai lu il y a longtemps d'ou l'association qui s'est faite entre cet auteur et Giono scratch
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Message par Tristram Dim 16 Aoû - 20:49

La maison assassinée

Pierre Magnan La-mai11

C’est la maison isolée qui ressemble à un cercueil auprès de quatre cyprès-cierges, le vieux relais de roulage près de Lurs et de la Durance, où naquit Séraphin Monge peu avant le massacre des siens. Ce jeune colosse un peu balourd rescapé de la Première Guerre est surtout dévasté par le drame familial, à tel point qu’il rase cette maison où eut lieu le crime.
« C’était l’époque où les hirondelles revenaient aux nids. Elles poussaient des cris déchirants en croisant autour de la ferme détruite. Parfois, plusieurs d’entre elles s’immobilisaient les ailes battantes en un point précis du ciel comme si elles s’accrochaient à des génoises invisibles. Et leur ballet dessinait dans le vide, en pointillé, l’ébauche de cette maison qui n’existait plus. Longtemps ainsi par les soirées tièdes, elles s’obstinèrent autour du fantôme de leur nid. La plupart d’entre elles allèrent nicher ailleurs, sous les génoises des églises, contre les poutres des châteaux délabrés ou sous les tuiles du cloître de Ganagobie ; mais certaines n’en démordirent pas. Tout l’été, leurs pleurs retentirent entre la Durance et le bois de yeuses, sur le vide de La Burlière. »
La guerre encore toute proche plombe les survivants :
« Les morts de la guerre pesaient aux trousses des vivants comme abcès mal vidés. »
Puis Séraphin prépare sa vengeance, tout en séduisant les belles locales à son corps défendant…
Un peu fantastique, un peu polar, une énigme aux rebondissements bien ourdis ; dommage que le récit soit un tantinet gâché par un excès de pathos…
Pierre Magnan excelle dans les descriptions, comme celle du moulin à huile. (Il existe une curieuse parenté entre ces écrivains des Alpes et de Haute-Provence…)
Un des charmes à cette lecture (au moins à mes yeux) est la rencontre fréquente de mots rares, en français et surtout en provençal.
« Plusieurs fois ainsi, dans cette rue bosselée de Lurs entre les créneaux des murailles ruinées, il avait cru voir – il avait vu – une ombre agile s’abscondre discrète derrière un bouquet de sambuquiers dardant hors des décombres. »
(Le sambuquier est le sureau noir ou Arbre de Judas.)
Le « dévoirant » est un « dévorant », compagnon du devoir et du tour de France. Les peloux seraient des « terres enlevées au sommet des montagnes stériles par les eaux pluviales et entraînées dans les vallées », selon le Wiktionnaire. Une clue est une cluse en canyon en Haute-Provence. Une burlière serait une blanchisserie en provençal, ou proviendrait du nom d’un jeu de boules… Les précisions des locuteurs provençaux seront les bienvenues !

Mots-clés : #vengeance

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Message par Armor Dim 16 Aoû - 21:13

J'ai Chronique d'un château hanté quelque part. Un jour, un jour, je le lirai...

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Message par Bédoulène Lun 17 Aoû - 7:19

oui Armor tente, c'est intéressant ! (j'ai lu aussi quelques uns des Laviolette et bien sur la maison assassinée)

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Message par Tristram Mer 2 Mar - 14:20

Le Mystère de Séraphin Monge

Pierre Magnan Le_mys10

Séraphin Monge 02, soit la suite de La Maison assassinée.
Marie Dormeur, rétablie, cherche vainement Séraphin, qui est parti. Tibère Saille, un étranger, devient le nouveau gindre (ouvrier de boulangerie qui pétrit la pâte) de Célestat son père.
« On pinça les lèvres devant lui. Notez bien, on l’aurait fait avec n’importe qui. C’est notre biais de ne faire confiance à personne. »
Or Tibère est tombé amoureux de Marie, et Célestat lui convie son secret qui le ronge, les louis d’or donnés par Séraphin, qui proviennent de l’attaque d’un convoi royal de recettes (et du meurtre d’un « soldat bleu ») par ses ancêtres paysans.
Séraphin le taiseux est retourné dans la montagne.
« En vérité, c’est dès l’entrée que, cet homme-là, nous ne l’avons pas aimé. »
Il y arrive quand un glissement de terrain, « vague de terre », entraîne lentement un front de forêt, et c’est l’occasion d’une belle métaphore marine qui sera filée par la suite.
« De temps à autre, ici, la terre nous rappelle qu’elle est encore très jeune. »

« C’était un amphithéâtre de hêtres pourpres que les anciens appelaient des fayards. Installés en gradins sur la pente de la montagne, ils nous regardaient tranquillement vivre comme au spectacle. C’était une bibliothèque d’arbres. C’étaient des arbres qui vous parlaient familièrement lorsqu’on était dessous parce qu’ils connaissaient vos aïeux qui chassaient sous leurs ombrages depuis trois cents ans. Ils étaient chargés de feuillage comme un navire de voiles et il semblait, lorsque le vent imitait la houle, les entendre qui propulsaient la terre devant eux dans son voyage éternel. »

« D’un jour à l’autre, ils étaient comme les mâts enchevêtrés de navires trop serrés dans un port trop étroit, soulevés et comprimés de côté et d’autre par la lente boursouflure qui faisait lever au-dessous d’eux la terre comme une pâte. C’était une armada de hêtres pavillon haut qui se saluaient une dernière fois avant de s’affronter malgré eux ou de se briser les uns contre les autres en s’entrechoquant. La nuit, parfois, sous le vent de la tempête trop heureuse de pouvoir enfin les jeter bas, on les entendait craquer dans l’abordage avec un bruit de bataille navale. »
Séraphin est embauché par Coquillat Polycarpe pour abattre ces beaux arbres, sans que lui soit précisé le danger des peloux, et il est enseveli par l’argile avant que Tibère puisse lui restituer les louis, comme Célestat le lui a demandé.
Patrice Dupin, le peintre à la gueule cassée, a épousé Rose Sépulcre, mais le souvenir de Séraphin se dresse entr’eux, et il se tue sur l’emplacement de la Burlière, tandis que Marie a épousé Tibère, qui se tuera aussi, accusé du meurtre de Séraphin.
Trois ans plus tard, Auphanie Brunel, qui était aussi tombée amoureuse de Séraphin, signale à Rose l’accident mortel de ce dernier, et Antoine Laujac, le contremaître de Patrice, retrouve son corps, que Rose place dans un mausolée de sa propriété. Ismaël, le benjamin de Marie, aveugle de naissance, y retrouve la vue ; d’autres guérisons prodigieuses surviennent, et c’est plus une peur ancestrale que la superstition qui gagne la communauté tandis que l’évêque et le docteur s’interrogent. La Seconde Guerre mondiale éclate. Les péripéties continuent : combats entre les Allemands et les résistants, amours d’Ismaël et Rose, habitants de la montagne voulant récupérer les restes de Séraphin…
Le côté renfermé du rural provençal est toujours explicité :
« Quoique pauvres nous-mêmes, nous n’avons jamais aimé les pauvres. »
Et toujours beaucoup de vocabulaire, notamment provençal :
« Dehors, sous le pountin, tu trouveras une triandine, apporte-la-moi. »
La triandine est une fourche-bêche, quant au pountin, je n’ai pas trouvé ; les observations des locuteurs seront les bienvenues !
« Il racontait que par les drailles, les moutons, en glissant sur les lançoirs des bûcherons, avaient provoqué une avalanche de boue [… »
Les drailles sont les pistes des moutons transhumants, les lançoirs sont les couloirs en pente où glissent les arbres abattus.
Le barri est un rempart, la biasse une besace, et gousset-fin se dit d’une forte odeur (d’aisselles)… Les banastes sont des paniers d’osier, les filetti d’alici des filets d’anchois (en italien), la charbonnille du menu charbon de bois, la bauque une algue utilisée pour fumer la terre (?) et barjaquer signifie bavarder, jacasser. Une bugadière est là où est stocker le linge sale mêlé de cendre, en attente de lessive (cf. la Burlière). L’eïssade est le sarcloir, la raspoutitsa la transformation des terrains plats et des routes en étendues de boue au dégel ou en cas de fortes pluies (terme russe), la taillole la longue ceinture de laine, généralement rouge, avec laquelle les provençaux se serraient les reins pour retenir leur pantalon, le potager est (aussi) un fourneau de cuisine en maçonnerie, à l'écart de la cheminée et chauffé à la braise, destiné aux préparations mijotées ; une romancine est une réprimande et un santibelli une figurine en argile, sorte de santon.

J’ai beaucoup apprécié la partie "géologique", moins les brouillaminis sentimentaux… On pense forcément à La Grande Peur dans la montagne de Ramuz (1926), et surtout à Batailles dans la montagne de Giono (1937) – sans bien sûr qu’il soit question de plagiat.

\Mots-clés : #nature #ruralité #xxesiecle

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Message par topocl Mer 2 Mar - 16:45

Un très bon souvenir, Pierre Magnan !

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Message par Bédoulène Jeu 3 Mar - 10:21

merci Tristram, moi aussi bon souvenir de mes lectures !

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