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James Agee

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Message par topocl Jeu 15 Déc - 13:26

James Agee (1909-1955 )

James Agee Images43

James Agee est né dans le Tennessee en 1909. Après des études à l'université Harvard, le magazine Fortune lui commande en 1936 un reportage sur les conditions de vie des pauvres de l'Alabama. Il le réalise avec le photographe Walker Evans. Finalement refusé par le journal, ce texte, devenu un classique, est publié en 1940 sous le titre Louons maintenant les grands hommes. En 1958, James Agee reçoit le prix Pulitzer pour Un mort dans la famille. Il a par ailleurs publié des ouvrages de poésie, des recueils de nouvelles, des romans et des essais. Il a aussi été un critique de cinéma influent pour magazines Time et The Nation et a collaboré l'écriture des scénarios de The Afriean Queen et La Nuit du chasseur. Il est mort en 1955.

Œuvre en français

Prose
Louons maintenant les grands hommes. Alabama : trois familles de métayers en 1936, 1972
La Veillée du matin, 1951
Une mort dans la famille,  1961
Une saison de coton - Trois familles de métayers, 2014

Essai
Sur le cinéma, Paris, Cahiers du cinéma, coll. Essais, 1991

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Message par topocl Jeu 15 Déc - 13:29

Une mort dans la famille

James Agee Images45


   Il sentait que son père avait beau aimer sa maison et les siens, il était pourtant trop solitaire pour trouver dans la satisfaction de cet amour familial l'aide dont il avait besoin ; que sa solitude même en était accrue, ou bien lui rendait plus difficile de ne pas se sentir seul.(...) Il savait qu' une grande partie de son bien-être tenait à ce qu'il s'attardait pendant quelques minutes loin de chez lui, dans un grand calme, à écouter remuer les feuilles, et regarder les étoiles ; et que sa propre présence, à lui, Rufus, était tout aussi indispensable à son bien-être. Il savait que tous deux savaient le bien-être de l'autre, et les raisons à cela, et à quel point chacun comptait plus pour l'autre, de cette façon incomparable et capitale, que qui ou quoi que ce soit dans le monde ; enfin que le meilleur de leur bien-être reposait dans ce savoir mutuel, lequel n'était ni caché ni révélé.



James Agee nous parle d'une famille où les enfants se savent protégés par leur père, et aimés par leur mère, intuitivement, sans que cela soit forcément dit, et que cela suffit pour que le monde soit beau. Rufus, six ans, que son père emmène au cinéma voir Charlot, et avec qui il s'arrête, rituellement, assis sur une pierre proche de la maison, transmettant par son silence l'intensité de ses sentiments. Et dont la mère, une fois sa vaisselle faite, se repose bienveillante sur le fauteuil à bascule de la véranda, s'en remettant à Dieu.


   Parfois ces soirs-là son père fredonnait un peu et un mot ou deux émergeaient de ce fredonnement, mais il n'achevait jamais fût-ce un lambeau d'air, car dans le silence il y avait plus de contentement, et parfois il disait quelques mots sans conséquences, mais jamais n'essayait d'en dire plus, ou de s'attendre à une réponse ; puisque dans le silence il y avait plus de contentement.

James Agee nous parle des quelques jours qui entourent la  mort de ce jeune père follement aimant quoique farouche, de la sidération face à ce tragique événement, de la bonté réciproque des survivants, ainsi que de leur entourage familial et amical, qui va étayer ces premiers instants.

Et curieusement, ce n'est pas le sentiment du tragique qui ressort de la lecture, mais l'émotion contenue dans  la bonté des personnages, de l'attention à l'autre. Cette délicatesse donne une lecture d'une incroyable et déchirante douceur. Chaque personnage,  vraiment chacun,  les sanglots au fond de la gorge, est  subtilement magnifié par sa générosité intrinsèque. Ils savent que c'est ensemble, dans l’humanité partagée, qu'est leur seule ressource. Les enfants déboussolés sont jetés hors d'un monde qu'ils croyaient bienfaisant, et qu'ils découvrent implacable. Ils observent cette étrange cérémonie entre adultes, reçoivent leur lot d'attention, et en retour sont le soutien volontaire et involontaires des grandes personnes. Chaque personnage, adulte ou enfant, éperdu de solitude et d'amour mêlés, trouve quelqu’un à aider et pour l’aider

Un seul personnage échappe à cette aura d'humanité, dans un monde ou croyants et non-croyants partagent amour et respect, un prêtre aveuglé par son intransigeance, symbole effrayant de ce monde inhospitalier.

Beaucoup de dialogues, aussi réalistes que travaillés, avec ce que cela implique de phrases non terminées, d’alternance de non-dits et  de courage à dire les mots aussi douloureux soient-ils, de silences partagés. Mais James Agee n'écoute pas que les mots, il traque les bruits, aussi insignifiants soient-il, frôlements, gouttes qui tombent, criquets qui s'acharnent… et aussi, une fois encore, l'épaisseur bienheureuse des silences.

Pour parler de cette histoire qui évoque sa propre enfance, James Agee a une plume tout à fait singulière, précieuse, d'une sensibilité infinie, et  qui laisse la lectrice tout a la fois remuée et bercée. Comblée.

(commentaire rapatrié)



mots-clés : #autobiographie #mort

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Message par bix_229 Jeu 15 Déc - 15:19

James Agee Captur70

LOUONS MAINTENANT LES GRANDS HOMMES. - Plon/Terre humaine

Louons maintenant les grands hommes est un reportage sur les conditions de vie des "petits" blancs du Sud des Etats Unis.
Mais qui dépasse, et de loin le cadre du reportage. C'est une sorte de poème lyrique, fait d'empathie et d'amour pour ces familles de métayers dans la misère et le désespoir.
Une prose exaltée, presque hallucinée et magnifiquement illustrée par le photographe Walker Evans. On peut considérer en fait Evans comme co-auteur.
Un livre à part et tout à fait extraordinaire.
Agee lui ferait penser plutot au poète Walt Whitman, mais en moins serein.

Par ailleurs, impossible d'oublier qu'il contribua en tant que scénariste à African Queen et à ce chef d'oeuvre qu' est la Nuit du chasseur.

Message récupéré


mots-clés : #documentaire
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