Julian Barnes
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Re: Julian Barnes
Alors ça c'était au début de Love etc ...
Après ça s'est sérieusement gâté .
Oh merde.
C'est son visage qui est cause de tout. Son visage alors qu'elle se tenait bien droite dans le vestibule du bureau de l'état civil, avec cette grosse horloge municipale égrenant dans son dos les premières minutes toutes scintillantes de la félicité nuptiale. Elle portait un ensemble en lin d'une couleur aussi pâle que la soupe au cresson, avec une jupe juste au-dessus du genou. Le lin, comme chacun le sait, se froisse aussi aisément qu'un timide amour mais elle paraissait, elle, être définitivement infroissable. Ses cheveux, étaient rejetés en arrière, d'un côté seulement, et elle adressait un sourire dont la direction générale visait la totalité de la race humaine. Elle ne se cramponnait pas au stéatopyge Stu bien qu'elle le tint par le bras _c'c'est vrai. Elle exsudait le bonheur, elle rayonnait, elle était là tout entière et pourtant-et cruellement-absente comme si, en cet instant de communion publique, elle s'était retirée dans quelque empire privé.
églantine- Messages : 4431
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Re: Julian Barnes
Ouais, ben pour que tu restes sans commentaire, c’est vraiment que c’est grave...Tristram a écrit:Sans commentaire...
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Flore Vasseur
topocl- Messages : 8395
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Re: Julian Barnes
Je ne répondrai qu'en présence de mes avocats
(Finalement, je ne sais pas si je vais le lire... Le début est bien, non ?)
(Finalement, je ne sais pas si je vais le lire... Le début est bien, non ?)
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« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
Tristram- Messages : 15559
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Re: Julian Barnes
courage Tristram !
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“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
― Le club des incorrigibles optimistes de Jean-Michel Guenassia
[/i]
"Il n'y a pas de mauvais livres. Ce qui est mauvais c'est de les craindre." L'homme de Kiev Malamud
Bédoulène- Messages : 21020
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Re: Julian Barnes
Tristram a écrit:Je ne répondrai qu'en présence de mes avocats
(Finalement, je ne sais pas si je vais le lire... Le début est bien, non ?)
Et bien, justement je ne suis pas sûre qu'il ne t'irait pas. Ca serait intéressant. je t'incite.
En tout cas je suis sûre que tu rira(i)s plus que moi : Oliver est un snob qui utilise de grands mots.
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Flore Vasseur
topocl- Messages : 8395
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Re: Julian Barnes
Bonjour les coups bas...
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Tristram- Messages : 15559
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Re: Julian Barnes
Oh, mais tout le monde l'adore, Oliver!
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topocl- Messages : 8395
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Re: Julian Barnes
Mais non, mais non ! A la limite si le livre ne te convient pas, tu peux toujours
l'améliorer, voire le réécrire.
Ou lui trouver des qualités imaginaires.
En dernier recours, le jeter par la fenetre.
Ou l'envoyer à ton pire ennemi.
l'améliorer, voire le réécrire.
Ou lui trouver des qualités imaginaires.
En dernier recours, le jeter par la fenetre.
Ou l'envoyer à ton pire ennemi.
bix_229- Messages : 15439
Date d'inscription : 06/12/2016
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Re: Julian Barnes
C'est déjà fait.Bix a écrit:Ou l'envoyer à ton pire ennemi.
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Tristram- Messages : 15559
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Re: Julian Barnes
Ha, je pense que ça lui plairait à Barnes, cette situation de départ pour un roman, du livre envoyé à son pire ennemi!
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Flore Vasseur
topocl- Messages : 8395
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Re: Julian Barnes
Déjà fait (Le nom de la rose).
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Tristram- Messages : 15559
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Re: Julian Barnes
La seule histoire
Paul a 19 ans, une envie folle d’enfin devenir adulte parce qu’il pourra enfin croquer la vie à belles dents, ne pas « creuser le sillon » auquel le destinent ses parents. Le banal tirage au sort d’un tournoi de tennis estival lui fait rencontrer Suzan, la cinquantaine boulotte, mais charmante et effrontée. Bien qu’ils soient tout à fait naïfs et charmants, un tel couple ne satisfait pas aux critères de correction d’une bourgade britannique (c’est pire que d’être gay ou d’annoncer qu’on a engrossé une gamine de 15 ans). Mais qu’importe, pensent-ils, car tant qu’on a l’Amour n’est-ce pas ? Mais il semble bien, après 100 pages idylliques et délicieuses, que l’amour ne suffit pas, que la vie a d’autres tours dans son sac, que le passé ne s’efface pas d’un coup de tête, que le bonheur n’est pas une affaire simple…et que l’alcool est loin d’être la solution.
Quel plaisir ! Retrouver Julian Barnes à son meilleur, son élégance, son humour désabusé, sa nostalgie empathique, son intelligence émotionnelle ! C’est assez drôle de retrouver tous ses ingrédients habituels, ceux dont la sauce a si mal pris dans Love etc : le trio amoureux, les jeux de la mémoire, la désillusion des années qui passent, et de les voir ici s’épanouir dans cette délicatesse. Car, ici, l’auteur sort de tous les schémas classiques du genre. L’amour est là, insensé, alors même que l’objet d’amour s’étiole. Et puis longtemps après, il faut bien reconnaître que l’amour n’est plus là. Paul devenu cinquantenaire, bien adulte cet fois-ci, se retourne sur cet ordinaire qui s’est peu à peu déchiré, source de tant de souffrances après tant de bonheur, et qui l’a transformé à jamais. C’est l’heure de la réflexion, du bilan d’une vie.
Julian Barnes aime son candide héros en tant qu’individu ballotté par la vie, mais aussi comme modèle de tous les malmenés du destin ; il saute allègrement du « il » au « je » ou au « vous ». On commence le sourire au lèvre devant cette bluette si joliment troussée, et puis peu à peu, cela se met à grincer entre les pages, pour qu’enfin le tragique de la vie se dévoile peu à peu. C’est frais et terrible, c’est bouleversant, c’est d’une intelligence narrative terriblement efficace et charmeuse, c’est de la grande classe M Barnes !
Mots-clés : #addiction #amour #nostalgie #psychologique
Paul a 19 ans, une envie folle d’enfin devenir adulte parce qu’il pourra enfin croquer la vie à belles dents, ne pas « creuser le sillon » auquel le destinent ses parents. Le banal tirage au sort d’un tournoi de tennis estival lui fait rencontrer Suzan, la cinquantaine boulotte, mais charmante et effrontée. Bien qu’ils soient tout à fait naïfs et charmants, un tel couple ne satisfait pas aux critères de correction d’une bourgade britannique (c’est pire que d’être gay ou d’annoncer qu’on a engrossé une gamine de 15 ans). Mais qu’importe, pensent-ils, car tant qu’on a l’Amour n’est-ce pas ? Mais il semble bien, après 100 pages idylliques et délicieuses, que l’amour ne suffit pas, que la vie a d’autres tours dans son sac, que le passé ne s’efface pas d’un coup de tête, que le bonheur n’est pas une affaire simple…et que l’alcool est loin d’être la solution.
Quel plaisir ! Retrouver Julian Barnes à son meilleur, son élégance, son humour désabusé, sa nostalgie empathique, son intelligence émotionnelle ! C’est assez drôle de retrouver tous ses ingrédients habituels, ceux dont la sauce a si mal pris dans Love etc : le trio amoureux, les jeux de la mémoire, la désillusion des années qui passent, et de les voir ici s’épanouir dans cette délicatesse. Car, ici, l’auteur sort de tous les schémas classiques du genre. L’amour est là, insensé, alors même que l’objet d’amour s’étiole. Et puis longtemps après, il faut bien reconnaître que l’amour n’est plus là. Paul devenu cinquantenaire, bien adulte cet fois-ci, se retourne sur cet ordinaire qui s’est peu à peu déchiré, source de tant de souffrances après tant de bonheur, et qui l’a transformé à jamais. C’est l’heure de la réflexion, du bilan d’une vie.
Julian Barnes aime son candide héros en tant qu’individu ballotté par la vie, mais aussi comme modèle de tous les malmenés du destin ; il saute allègrement du « il » au « je » ou au « vous ». On commence le sourire au lèvre devant cette bluette si joliment troussée, et puis peu à peu, cela se met à grincer entre les pages, pour qu’enfin le tragique de la vie se dévoile peu à peu. C’est frais et terrible, c’est bouleversant, c’est d’une intelligence narrative terriblement efficace et charmeuse, c’est de la grande classe M Barnes !
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Flore Vasseur
topocl- Messages : 8395
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Re: Julian Barnes
convaincue je suis, merci topocl !
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Bédoulène- Messages : 21020
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Re: Julian Barnes
Curieux, c'est aussi le thème de Nuée d'oiseaux blancs, de Kawabata, que je suis en train de lire, si ce n'est que Kikuji est séduit par Mme Ôta, une des anciennes maîtresses de son père défunt.
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Tristram- Messages : 15559
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Re: Julian Barnes
Alors ça pourrait être , peut-être, une de mes prochaines lectures ....Il faut que je consulte ma lune .topocl a écrit:La seule histoire
c’est d’une intelligence narrative terriblement efficace et charmeuse, c’est de la grande classe M Barnes !
églantine- Messages : 4431
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Re: Julian Barnes
je n'ai sans doute pas assez parlé de cette relation poignante, Paul qui à 23 ans se bat comme un beau diable pour cette femme, qui pourrait être sa mère, devenue une loque menée par l'alcool, les moments heureux se font de plus en plus rares, les blessures de plus en plus déchirantes, et il reste, il l'aime, et puis un jour il ne l'aime plus mais il reste, et puis un autre jour il ne reste plus mais il est toujours là. C'est magnifique (et je connais tant de couple où l'un soutient l'autre envers et contre tout, l'autre qui n'est plus lui-même tout en, l'étant encore et cette saloperie de maladie entre eux)
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Flore Vasseur
topocl- Messages : 8395
Date d'inscription : 02/12/2016
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Localisation : Roanne
Re: Julian Barnes
La seule histoire .
Chacun a la sienne , celle qui déterminera d'une façon ou d'une autre toutes celles qui suivront .
Histoire ?
D'amour bien entendu .
Même s'il faudrait s'entendre sur ce qu'on y met là-dedans . Quel mot tartiflette n'est-ce pas . Usé , râpé , éculé jusqu'à la moelle .
Le genre "roman" d'ailleurs , sous-entend presque le mot "amour ", cette chose dont on ne connait toujours pas sa véritable source , ni s'il s'agit d'un mensonge ou d'une vérité . Et s'il vous tombe dessus , et s'il est éternel , et si ...
Bref . Parce que on ne va épiloguer , ce serait vain et sans fin . Profondément ennuyeux surtout et contre-productif pour l'heure .
Paul , 19 ans et Susan la quarantaine largement entamée , désinvoltes , dans le jeu de l'insolence et la transgression affichée au sein d'une angleterre dans années 70 puritaine et constipée , s'aiment librement (ou presque ) , chacun s'engouffrant dans cette relation ,sans réfléchir à leur motivation respective . "Il est vrai que Le coeur a ses raisons que la raison ignore ."
Bref , le truc classique . Certes mais pas sous la plume délicieusement primesautière d'apparence et pleine d'humour de Julian Barnes .
Et du lecteur de se détendre , les doigts de pieds en éventail , un demi-sourire paisible au coin des lèvres ou un fou-rire irrépressible .
On se surprend à vouloir économiser cette lecture jouissive , tellement ça fait du bien .
Mais , vous savez bien . Avec le temps , va ...
Alors , le glissement se fait imperceptiblement, naturellement , comme celui de la patine du temps sur nos visages . Le "je" engagé et joyeusement débridé de la première partie s'en est allé et la prise de recul de Paul survient au fil des mois , des ans , le doute s'infiltrant au goutte à goutte . Paul essaie d'objectiver , tentative de se dégager d'une inéluctabilité .
Car plus question de zoomer l'éclat verdoyant de l'amour , le Paul insouciant s'en est allé , et déjà les prémisses d'un dénouement ombrageux s'annonce par petites touches furtives , rapidement balayés d'un revers d'optimisme salvateur en un temps :
Il s'agit juste d'un mauvais passage , Susan est fatiguée . Quant à la bouteille derrière les produits ménagers , possible qu'elle aie atterri là par inadvertance . Rien , ce n'est rien .
Bon , inutile de vous raconter la suite .
Et le temps s'en est allé . Il est l'heure du bilan . Rétrospectivement , les vérités et mensonges ne sont plus les mêmes .
Et si ...
Et si ...
Et si ...
Et non . Le temps imparti est terminé .
Amour éternel ou pas . Quelle importance . Susan est morte . Alcoolique et folle . Paul n'a fait que traverser sa vie : "un premier amour cautérise le coeur , et tout ce qu'on trouvera ensuite , c'est une large cicatrice".
J'ai beaucoup ri .
Puis j'ai souffert .
Une lecture qui ne ménage pas son lecteur . Terriblement efficace l'écriture de Barnes pour jouer sur les cordes sensibles , sans rentrer dans la facilité , dans une forme presque photographique et pourtant sans description aucune , effet produit peut-être par des plongées introspectives dans un mouvement rétrospectif flou , sans contour défini .
Il me reste un vague à l'âme , un Paul et une Susan inscrits en moi dans une petite douleur , celle que je ressens en regardant les photos de Vivian Maier .
Chacun a la sienne , celle qui déterminera d'une façon ou d'une autre toutes celles qui suivront .
Histoire ?
D'amour bien entendu .
Même s'il faudrait s'entendre sur ce qu'on y met là-dedans . Quel mot tartiflette n'est-ce pas . Usé , râpé , éculé jusqu'à la moelle .
Le genre "roman" d'ailleurs , sous-entend presque le mot "amour ", cette chose dont on ne connait toujours pas sa véritable source , ni s'il s'agit d'un mensonge ou d'une vérité . Et s'il vous tombe dessus , et s'il est éternel , et si ...
Bref . Parce que on ne va épiloguer , ce serait vain et sans fin . Profondément ennuyeux surtout et contre-productif pour l'heure .
Paul , 19 ans et Susan la quarantaine largement entamée , désinvoltes , dans le jeu de l'insolence et la transgression affichée au sein d'une angleterre dans années 70 puritaine et constipée , s'aiment librement (ou presque ) , chacun s'engouffrant dans cette relation ,sans réfléchir à leur motivation respective . "Il est vrai que Le coeur a ses raisons que la raison ignore ."
Bref , le truc classique . Certes mais pas sous la plume délicieusement primesautière d'apparence et pleine d'humour de Julian Barnes .
"je demande : " Où allez-vous d'habitude en vacances ?
- Paul , quelle question de garçon coiffeur..."
..."En guise de réponse, je me penche sur elle et repousse ses cheveux derrière ses oreilles , dont je caresse légèrement chaque hélix" .Là Je n'ai pu m'empêcher de pense à sieur Tristam .
Et du lecteur de se détendre , les doigts de pieds en éventail , un demi-sourire paisible au coin des lèvres ou un fou-rire irrépressible .
On se surprend à vouloir économiser cette lecture jouissive , tellement ça fait du bien .
Mais , vous savez bien . Avec le temps , va ...
Alors , le glissement se fait imperceptiblement, naturellement , comme celui de la patine du temps sur nos visages . Le "je" engagé et joyeusement débridé de la première partie s'en est allé et la prise de recul de Paul survient au fil des mois , des ans , le doute s'infiltrant au goutte à goutte . Paul essaie d'objectiver , tentative de se dégager d'une inéluctabilité .
Car plus question de zoomer l'éclat verdoyant de l'amour , le Paul insouciant s'en est allé , et déjà les prémisses d'un dénouement ombrageux s'annonce par petites touches furtives , rapidement balayés d'un revers d'optimisme salvateur en un temps :
Il s'agit juste d'un mauvais passage , Susan est fatiguée . Quant à la bouteille derrière les produits ménagers , possible qu'elle aie atterri là par inadvertance . Rien , ce n'est rien .
Bon , inutile de vous raconter la suite .
Et le temps s'en est allé . Il est l'heure du bilan . Rétrospectivement , les vérités et mensonges ne sont plus les mêmes .
Et si ...
Et si ...
Et si ...
Et non . Le temps imparti est terminé .
Amour éternel ou pas . Quelle importance . Susan est morte . Alcoolique et folle . Paul n'a fait que traverser sa vie : "un premier amour cautérise le coeur , et tout ce qu'on trouvera ensuite , c'est une large cicatrice".
J'ai beaucoup ri .
Puis j'ai souffert .
Une lecture qui ne ménage pas son lecteur . Terriblement efficace l'écriture de Barnes pour jouer sur les cordes sensibles , sans rentrer dans la facilité , dans une forme presque photographique et pourtant sans description aucune , effet produit peut-être par des plongées introspectives dans un mouvement rétrospectif flou , sans contour défini .
Il me reste un vague à l'âme , un Paul et une Susan inscrits en moi dans une petite douleur , celle que je ressens en regardant les photos de Vivian Maier .
églantine- Messages : 4431
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Localisation : Savoie
Re: Julian Barnes
je n'ai plus qu'à noter et à lire, merci églantine !
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― Le club des incorrigibles optimistes de Jean-Michel Guenassia
[/i]
"Il n'y a pas de mauvais livres. Ce qui est mauvais c'est de les craindre." L'homme de Kiev Malamud
Bédoulène- Messages : 21020
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Re: Julian Barnes
(quelque chose contre les hélix ?)
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