Robert Musil
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Re: Robert Musil
De mon point de vue, il n'y a que L'Homme sans qualités qui importe !
_________________
« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
Tristram- Messages : 15559
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Re: Robert Musil
Pour l'instant je n'ai que le vague souvenir de ce qu'en a dit Blanchot (Le livre à venir) alors forcément je veux en savoir plus.
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Keep on keeping on...
Re: Robert Musil
Je vois :
« L’histoire de ce roman revient à ceci que l’histoire qui devait y être racontée n’est pas racontée. »
Robert Musil, L'Homme sans qualités, cité par Maurice Blanchot, « Le livre à venir », III, IV
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« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
Tristram- Messages : 15559
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Re: Robert Musil
Chouette commentaire, qui rafraîchit les souvenirs d'une lecture particulièrement stimulante
Les Œuvres pré-posthumes m'intéressent également, après la (les) chaude(s) recommandation(s) de Bix (et après y avoir un peu fouiné )
Les Œuvres pré-posthumes m'intéressent également, après la (les) chaude(s) recommandation(s) de Bix (et après y avoir un peu fouiné )
Quasimodo- Messages : 5461
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Age : 28
Re: Robert Musil
tentant !
- Spoiler:
- je n'ai pas lu ce livre mais un autre dont j'ai oublié le nom ? l' élève a la particularité de "griffer le bois" et se suicide, certain doivent le connaître.
_________________
“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
― Le club des incorrigibles optimistes de Jean-Michel Guenassia
[/i]
"Il n'y a pas de mauvais livres. Ce qui est mauvais c'est de les craindre." L'homme de Kiev Malamud
Bédoulène- Messages : 21020
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Re: Robert Musil
Peut etre dans le recueil de nouvelles, Trois femmes, Noces.Bédoulène a écrit:tentant !
- Spoiler:
je n'ai pas lu ce livre mais un autre dont j'ai oublié le nom ? l' élève a la particularité de "griffer le bois" et se suicide, certain doivent le connaître.
bix_229- Messages : 15439
Date d'inscription : 06/12/2016
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Re: Robert Musil
Je te conseille aussi le Journal que je vais essayer de me procurer.Quasimodo a écrit:Chouette commentaire, qui rafraîchit les souvenirs d'une lecture particulièrement stimulante
Les Œuvres pré-posthumes m'intéressent également, après la (les) chaude(s) recommandation(s) de Bix (et après y avoir un peu fouiné )
Une suggestion de Musil pour ceux qui pensent que leurs problèmes sont solubles dans l'alcool.
"Si vous comptez noyer vos problèmes dans l'alcool, gardez à l'esprit que certains problèmes savent parfaitement nager."
bix_229- Messages : 15439
Date d'inscription : 06/12/2016
Localisation : Lauragais
Re: Robert Musil
bix_229 a écrit:
"Si vous comptez noyer vos problèmes dans l'alcool, gardez à l'esprit que certains problèmes savent parfaitement nager."
Désolé, mais je ne pense pas que ce soit le cas avec le mezcal "Los Suicidas"
ArenSor- Messages : 3366
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Re: Robert Musil
Trois femmes suivi de Noces
Trois nouvelles (Trois femmes) d'un recueil parut en 1924 sont suivies dans cette traduction par deux autres (Noces) écrites treize ans plus tôt, à une époque où Musil expérimente une forme un peu particulière de narration, presque noyée dans pensées de ses personnages. On explore des affres parfois limites, excessifs, d'autant plus quand la cause de ceux-ci nous paraît obscure. On saisit bien l'indécision de ces "noceuses" au cœur de leur vie volage ; cette vie qui est pourtant comme un fil ténu, décomposé en allusions ou en souvenirs. Oui, certes c'est assez difficile à suivre, le lecteur est malmené dans de grosses vagues de phrases longues et de termes abstraits, mais leur succession nous ramène toujours au même point, toujours plus clair, et lié d'une certaine façon à quelque chose de concret.
Au fond de la conscience apparaissent par métaphores des espaces plus ou moins grands, une façon d'y exister ― l'être dans son enveloppe charnelle, érotique. De Noces à Trois femmes le point de vue n'est pas le même, plus distancié de ces méandres intimes. La narration, quitte à être plus classique, est plus claire. Mais on y retrouve des métaphores ou des images comparables, d'une exceptionnelle intensité dans l'émotion qu'elles renvoient. On sent bien les treize années qui séparent les deux ensembles. Ceci dit il y a une remarquable continuité stylistique et des thèmes qui se répondent, de sorte que si on peut lire toutes ces nouvelles indépendamment les unes des autres, c'est d'autant plus fort si on lit le livre comme un tout.
Trois nouvelles (Trois femmes) d'un recueil parut en 1924 sont suivies dans cette traduction par deux autres (Noces) écrites treize ans plus tôt, à une époque où Musil expérimente une forme un peu particulière de narration, presque noyée dans pensées de ses personnages. On explore des affres parfois limites, excessifs, d'autant plus quand la cause de ceux-ci nous paraît obscure. On saisit bien l'indécision de ces "noceuses" au cœur de leur vie volage ; cette vie qui est pourtant comme un fil ténu, décomposé en allusions ou en souvenirs. Oui, certes c'est assez difficile à suivre, le lecteur est malmené dans de grosses vagues de phrases longues et de termes abstraits, mais leur succession nous ramène toujours au même point, toujours plus clair, et lié d'une certaine façon à quelque chose de concret.
Au fond de la conscience apparaissent par métaphores des espaces plus ou moins grands, une façon d'y exister ― l'être dans son enveloppe charnelle, érotique. De Noces à Trois femmes le point de vue n'est pas le même, plus distancié de ces méandres intimes. La narration, quitte à être plus classique, est plus claire. Mais on y retrouve des métaphores ou des images comparables, d'une exceptionnelle intensité dans l'émotion qu'elles renvoient. On sent bien les treize années qui séparent les deux ensembles. Ceci dit il y a une remarquable continuité stylistique et des thèmes qui se répondent, de sorte que si on peut lire toutes ces nouvelles indépendamment les unes des autres, c'est d'autant plus fort si on lit le livre comme un tout.
Dreep- Messages : 1539
Date d'inscription : 08/12/2016
Age : 31
Re: Robert Musil
Une relecture qui pourrait être intéressante. Merci Dreep.
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Re: Robert Musil
Œuvres pré-posthumes
Robert Musil a souhaité réunir de son vivant ses œuvres posthumes :
Voilà donc un recueil de textes assez brefs, de l’observation naturaliste avec arrière-pensée anthropologique à la pochade satirique croquant savoureusement des individus de rencontre (souvent au cours de voyages), y compris cinq nouvelles, les derniers. J’ai particulièrement apprécié Œdipe menacé (sur la psychanalyse) et Le merle, un peu plus développé que les autres récits.
Robert Musil a souhaité réunir de son vivant ses œuvres posthumes :
Formatage best-seller dès 1936 ?« Mais est-il encore loisible d’employer cette locution : de son vivant ? N’y a-t-il pas longtemps que l’écrivain de langue allemande se contente de se survivre ? On le dirait bien et, strictement parlant, ce fut toujours le cas, aussi loin que ma pensée remonte ; à cela près que nous sommes entrés maintenant dans une phase décisive. L’époque qui a créé la chaussure "sur mesure" à partir d’éléments de confection, et le vêtement "de confection" adaptable à toutes les tailles, semble prête à "sortir" maintenant l’écrivain entièrement préfabriqué. Déjà, un peu partout, l’écrivain taillé sur ses propres mesures vit exilé de la vie, mais sans avoir appris des morts l’art de se passer de gîte et de couvert. On voit combien, "de mon vivant", la situation est propice aux œuvres posthumes. »
Voilà donc un recueil de textes assez brefs, de l’observation naturaliste avec arrière-pensée anthropologique à la pochade satirique croquant savoureusement des individus de rencontre (souvent au cours de voyages), y compris cinq nouvelles, les derniers. J’ai particulièrement apprécié Œdipe menacé (sur la psychanalyse) et Le merle, un peu plus développé que les autres récits.
Images
• Le papier tue-mouches
• L’île aux singes
• Pêcheurs au bord de la baltique
• Inflation
• Un cheval peut-il rire ?
• Réveil
• Moutons, vus sous divers angles
• Couvercles de sarcophages
• Catastrophe au pays des lièvres
• La souris
• L’oreille fine
• Enterrement dans un village slovène
• Héros et jeunes filles
• La pension Nimmermehr
Considérations désobligeantes
• Magie noire
• Portes et portails
• Monuments
• Le picturateur
• Un problème culturel
• En illustre compagnie
• Jubilé artistique
• Lunettes d’approche
• L’endroit est magnifique
• « Qui t’a donc, belle forêt ?… »
• Œdipe menacé
Des histoires qui n’en sont pas
• Le géant Agao
• Un homme sans caractère
• Une histoire en trois siècles
• Enfantines
• Le merle
Un cheval peut-il rire ? a écrit:« C’était donc avant la guerre : il se pourrait que les chevaux, depuis lors, ne rient plus. »
Un complément intéressant à L’Homme sans qualités, en plus accessible (seulement au deuxième degré)…Le merle a écrit:« Mais quand quelque chose est passé, le Moi d’alors est passé aussi [… »
« Mon Dieu, tout s’est passé exactement comme je te l’ai dit ; si j’en connaissais le sens, je n’aurais sans doute pas besoin de raconter l’histoire. »
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« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
Tristram- Messages : 15559
Date d'inscription : 09/12/2016
Age : 67
Localisation : Guyane
Re: Robert Musil
et dire que je n'ai pas encore lu Musil
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“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
― Le club des incorrigibles optimistes de Jean-Michel Guenassia
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"Il n'y a pas de mauvais livres. Ce qui est mauvais c'est de les craindre." L'homme de Kiev Malamud
Bédoulène- Messages : 21020
Date d'inscription : 02/12/2016
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Re: Robert Musil
De la bêtise
Partant du jugement de goût en art, Musil tente de cerner la notion en pistant les emplois du terme. Il note que la bêtise est un « degré inférieur d'intelligence », à laquelle elle est opposée « par effet de miroir » ; qu’elle a un « facteur d'apaisement » en voilant cette intelligence face à un pouvoir dominateur ; souligne sa proximité fréquente avec la vanité ; explicite son renvoi ordinaire à une déficience, une inhabileté, une malséance ou vulgarité (en tant qu’« offense morale »).
Le kitsch comme jugement esthétique est étudié, et m’a ramentu les captivantes considérations à ce propos de Milan Kundera dans L'insoutenable légèreté de l'être.
Musil distingue « deux réalités au fond très différentes : la bêtise probe des simples, et l'autre, quelque peu paradoxale, qui est même un signe d'intelligence », et « défaillance et inaptitude, erreur et déraison, bêtise occasionnelle ou fonctionnelle d'une part, et chronique ou structurelle d'autre part. »
Il extrapole à la société, et demeure d’actualité.
\Mots-clés : #philosophique #psychologique #social
Partant du jugement de goût en art, Musil tente de cerner la notion en pistant les emplois du terme. Il note que la bêtise est un « degré inférieur d'intelligence », à laquelle elle est opposée « par effet de miroir » ; qu’elle a un « facteur d'apaisement » en voilant cette intelligence face à un pouvoir dominateur ; souligne sa proximité fréquente avec la vanité ; explicite son renvoi ordinaire à une déficience, une inhabileté, une malséance ou vulgarité (en tant qu’« offense morale »).
Le kitsch comme jugement esthétique est étudié, et m’a ramentu les captivantes considérations à ce propos de Milan Kundera dans L'insoutenable légèreté de l'être.
Concernant les notions vagues comme bêtise et vulgarité, expressions émotives à la limite du langage juste avant la violence, le contexte historique de cette brève conférence prononcée à Vienne en 1937 résonne étrangement.« Puisque c'est en tant que marchandise inadaptée et impropre que “camelote” donne son sens au mot kitsch, et puisque par ailleurs l'inadaptation et l'impropriété forment le socle sur lequel repose l'emploi du terme “bête”, on force à peine le raisonnement en affirmant que tout ce qui ne convient pas à notre goût nous semble avoir “quelque chose de bête” – à plus forte raison quand nous feignons d'y voir l'expression d'un grand ou bel esprit ! »
La conception psychologique de l’époque voit la bêtise comme une faiblesse de l’entendement, mêlant intelligence et affect.« Mesdames et Messieurs ! On ressasse aujourd'hui à l'envi l'idée d'une crise de confiance dans l'espèce humaine ; mais on pourrait tout aussi bien y voir un état de panique qui serait sur le point de supplanter la certitude que nous avons de pouvoir conduire nos affaires librement et de façon rationnelle. Et ne nous y trompons pas : liberté et raison, ces deux notions morales mais aussi artistiques, emblèmes de la dignité humaine héritées de l'époque classique du cosmopolitisme allemand, ne sont déjà plus tout à fait au meilleur de leur forme depuis le milieu, ou la fin peut-être, du dix-neuvième siècle. »
Musil distingue « deux réalités au fond très différentes : la bêtise probe des simples, et l'autre, quelque peu paradoxale, qui est même un signe d'intelligence », et « défaillance et inaptitude, erreur et déraison, bêtise occasionnelle ou fonctionnelle d'une part, et chronique ou structurelle d'autre part. »
Il extrapole à la société, et demeure d’actualité.
Musil propose finalement le remède de l’humilité, en évitant de juger prématurément et en corrigeant consciencieusement ses erreurs d’appréciation.« Une telle attention à l'essentiel est aux antipodes de la bêtise et de la brutalité, et le dérèglement par lequel les affects ligotent aujourd'hui la raison au lieu de lui donner des ailes s'évanouit devant elle. »
\Mots-clés : #philosophique #psychologique #social
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« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
Tristram- Messages : 15559
Date d'inscription : 09/12/2016
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Re: Robert Musil
merci Tristram, la bêtise est plurielle ?
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“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
― Le club des incorrigibles optimistes de Jean-Michel Guenassia
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"Il n'y a pas de mauvais livres. Ce qui est mauvais c'est de les craindre." L'homme de Kiev Malamud
Bédoulène- Messages : 21020
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 79
Localisation : En Provence
Re: Robert Musil
Surtout, il faut que j'arrête de conspuer les antivax et autres électeurs des extrêmes ! Saint Tristram ne mettra dorénavant plus en doute le fonctionnement cérébral des imbéciles respectables personnes qui pensent pas (comme lui).
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Tristram- Messages : 15559
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Age : 67
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