Bernard Chambaz
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Bernard Chambaz
.Bernard Chambaz est un romancier, historien et poète français ayant enseigné l’histoire au lycée Louis-le-Grand à Paris
Bibliographie (non exhaustive)
Poésie
& le plus grand poème par-dessus bord jeté, 1983
Corpus, Messidor, 1985
Vers l'infini milieu des années quatre-vingt, 1987
Italiques deux, 1992
Entre-temps, 1997
Échoir, 1999
Été, Flammarion, 2005
Été II, 2010
Essais
Le Principe Renaissance, 1987
La Dialectique Véronèse, 1989
Œil noir (Degas), 1999
Autoportrait sous les arbres, 2001
La Déposition, avec Jean-Pierre Schneider, 2003
Ecce Homo (Rembrandt), 2006
Le vif du sujet, 2010
Petite philosophie du vélo, 2014
À tombeau ouvert, 2016
Romans
L'Arbre de vies, 1992 (Prix Goncourt du premier roman)
L’Orgue de Barbarie, 1995
La Tristesse du roi, 1997
Le Pardon aux oiseaux, 1998
Une fin d’après-midi dans les jardins du zoo, 2000
Dernières nouvelles du martin-pêcheur, 2014
Vladimir Vladimirovitch, 2015
Série Mes disparitions
Kinopanorama, Panama, 2005
Yankee, Panama, 2007
Ghetto, Seuil, 2010
Récits de voyage
Petit voyage d’Alma-Ata à Achkhabad, 2003
À mon tour, 2003
Evviva l’Italia : ballade, 2007
Portugal, 2013
Récits
Martin cet été, 1994
Plonger, 2011
Caro carissimo Puccini, 2012
Autres
L’Humanité (1904-2004), 2004
Des nuages, 2006
Marathon(s), 2011
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Etre dans le vent, c'est l'histoire d'une feuille morte.
Flore Vasseur
topocl- Messages : 8395
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 64
Localisation : Roanne
Re: Bernard Chambaz
Dernières nouvelles du martin-pêcheur
Le 11 juillet 2011 démarre , pour Anne et Bernard Chambaz, une traversée de l'Amérique peu ordinaire. Elle roule en Cadillac, lui à vélo. Ils se retrouvent le soir au hasard des motels. Ils traversent ainsi l'Amérique d'Est en Ouest, courant après Martin, leur fils mort 19 ans plus tôt d'un accident de voiture, dont le symbole est le martin-pêcheur.
Ce livre est donc un road movie, où Bernard Chambaz, qui arbore les socquettes vertes de son fils, parle de la joie du cycliste, non comme un spécialiste qui vous saoule, mais comme un amoureux qui vous fait partager son émotion.
Concentré sur l'effort, sur le but à atteindre, sur la pente à conquérir, dont il tire une jouissance rédemptrice, il voit filer des paysages changeants mais ordinaires, croise des voitures, des motards, des autochtones souvent accueillants. Il nous livre ses pensées, déchirées sans être tristes, ses associations d'idées, ses observations. Il observe, il raconte, il y met de l'humour. Au fil des miles parcourus, il raconte d’autres destins, d’autres parents confrontés à la mort d'autres « enfants » saisis trop tôt (chez les Roosvelt, les Lincoln, les Lindberg et bien d'autres). C'est toujours à la fois passionnant et bouleversant, cette douleur à la fois unique et commune.
Et comme le livre est annoncé comme roman, il s'autorise des coïncidences répétées (tous ces Martin en chemin, ce chiffre 19 qui revient, ces signes qui le ramènent à son deuil...). Il s'autorise même à croiser son garçon qui l'emmène par la main pour un bout de chemin dans des scènes où s'intriquent bonheur et douleur .
C'est donc bien un livre qui n'est pas triste quoique poignant, qui est empreint de ce que Chambaz appelle « joie », cette douceur obstinée à avancer , à ne pas regarder en arrière, mais à conserver aussi en chaque instant le souvenir, voire une manière de présence. Un livre qui donne une version tangible et simplement belle du célèbre texte de St Augustin :
« La mort n'est rien.
Je suis seulement dans la pièce d'à côté.
Je suis moi, vous êtes vous. Ce que nous étions les uns pour les autres, nous le sommes toujours.
Donnez-moi le nom que vous m'avez toujours donné . Parlez-moi comme vous l'avez toujours fait.
N'employez pas un ton différent, ne prenez pas un air solennel et triste.
Continuez à rire de ce qui nous faisait rire ensemble.
Priez, souriez, pensez à moi, priez pour moi.
Que mon nom soit prononcé comme il l'a toujours été, sans emphase d'aucune sorte. Le fil n'est pas coupé.
Pourquoi serais-je hors de votre pensée simplement parce que je suis hors de votre vue ?
Je vous attends. Je ne suis pas loin, juste de l'autre côté du chemin. »
(commentaire rapatrié)
mots-clés : #mort #voyage
Que nous demeurions inconsolables n'enlève rien à notre effort de tenir tête à la tristesse et à ma volonté d'écrire un livre joyeux.
Le 11 juillet 2011 démarre , pour Anne et Bernard Chambaz, une traversée de l'Amérique peu ordinaire. Elle roule en Cadillac, lui à vélo. Ils se retrouvent le soir au hasard des motels. Ils traversent ainsi l'Amérique d'Est en Ouest, courant après Martin, leur fils mort 19 ans plus tôt d'un accident de voiture, dont le symbole est le martin-pêcheur.
Ce livre est donc un road movie, où Bernard Chambaz, qui arbore les socquettes vertes de son fils, parle de la joie du cycliste, non comme un spécialiste qui vous saoule, mais comme un amoureux qui vous fait partager son émotion.
Quant à la joie, elle est intense, elle est ce désir comblé ou, mieux encore, en train de l'être (…) La joie est ce sentiment qui accompagne en nous une expansion de notre puissance d'exister et d'agir ; elle est un plaisir, en mouvement et en acte, d'exister d'avantage et mieux. Et je comprend l’allégresse comme la joie d'être joyeux.
Concentré sur l'effort, sur le but à atteindre, sur la pente à conquérir, dont il tire une jouissance rédemptrice, il voit filer des paysages changeants mais ordinaires, croise des voitures, des motards, des autochtones souvent accueillants. Il nous livre ses pensées, déchirées sans être tristes, ses associations d'idées, ses observations. Il observe, il raconte, il y met de l'humour. Au fil des miles parcourus, il raconte d’autres destins, d’autres parents confrontés à la mort d'autres « enfants » saisis trop tôt (chez les Roosvelt, les Lincoln, les Lindberg et bien d'autres). C'est toujours à la fois passionnant et bouleversant, cette douleur à la fois unique et commune.
Et comme le livre est annoncé comme roman, il s'autorise des coïncidences répétées (tous ces Martin en chemin, ce chiffre 19 qui revient, ces signes qui le ramènent à son deuil...). Il s'autorise même à croiser son garçon qui l'emmène par la main pour un bout de chemin dans des scènes où s'intriquent bonheur et douleur .
Plus nous sommes tirés en avant, plus nous pouvons regarder en arrière sans y rester empêtrés.
C'est donc bien un livre qui n'est pas triste quoique poignant, qui est empreint de ce que Chambaz appelle « joie », cette douceur obstinée à avancer , à ne pas regarder en arrière, mais à conserver aussi en chaque instant le souvenir, voire une manière de présence. Un livre qui donne une version tangible et simplement belle du célèbre texte de St Augustin :
« La mort n'est rien.
Je suis seulement dans la pièce d'à côté.
Je suis moi, vous êtes vous. Ce que nous étions les uns pour les autres, nous le sommes toujours.
Donnez-moi le nom que vous m'avez toujours donné . Parlez-moi comme vous l'avez toujours fait.
N'employez pas un ton différent, ne prenez pas un air solennel et triste.
Continuez à rire de ce qui nous faisait rire ensemble.
Priez, souriez, pensez à moi, priez pour moi.
Que mon nom soit prononcé comme il l'a toujours été, sans emphase d'aucune sorte. Le fil n'est pas coupé.
Pourquoi serais-je hors de votre pensée simplement parce que je suis hors de votre vue ?
Je vous attends. Je ne suis pas loin, juste de l'autre côté du chemin. »
(commentaire rapatrié)
mots-clés : #mort #voyage
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Flore Vasseur
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Re: Bernard Chambaz
Martin cet été
J'avais été fort émue par Dernières nouvelles du martin-pêcheur. Je ne pouvais que revenir à Martin cet été, où Bernard Chambaz raconte « à chaud » les six mois qui ont suivi le décès de son fils Martin, mais aussi les quelques semaines, et les 16 années qui l'ont précédé, le bonheur, l'ultime malheur, sa vie en quelque sorte. Six mois au terme desquels il est content d'avoir progressé : il arrive à pleurer assis et non plus la tête enfouie dans l'oreiller.
Je savais que je ne pourrais qu'être déchirée par cette lecture, mais, comme je pense qu'il faut être là pour écouter un ami qui souhaite parler dans sa souffrance, je crois qu'il faut être là pour lire un écrivain qui souhaite écrire dans la douleur. Sans juger si c'est pudique ou impudique, juste ou déplacé, exhibitionniste ou approprié, si c'est réalité ou hagiographie, sans chercher si c'est voyeur, masochiste ou compassionnel de la part du lecteur, toutes questions totalement déplacées face à ce genre d'appel au secours. Parce que pour lui, continuer sans écrire dessus est impossible et que pour moi, je ressens que mon rôle est d'être là.
Lire ce livre le jour de Noël, cet égoïste jour de joies sous le signe du partage, des petits ou grands bonheurs, était assez troublant, inconsciemment provocateur peut-être, ou simplement l'application d'un des messages de Bernard Chambaz : aimez vos enfants et profitez-en tant qu'il est encore temps. Ne tenez rien pour acquis. Evidence, bien sûr, mais évidence sortie de ses tripes.
Je ne peux évidemment pas louer la « justesse » d'un tel livre, mais bien plus certainement sa sincérité, et j'ajouterai qu'il est superbement écrit (Chambaz est aussi poète), donne envie d'accompagner plus loin l'auteur, qui, à la dernière ligne, pour se sauver, pour entamer son long cheminement vers Dernières nouvelles du martin-pêcheur, conclue :
(commentaire rapatrié)
mots-clés : #mort
J'avais été fort émue par Dernières nouvelles du martin-pêcheur. Je ne pouvais que revenir à Martin cet été, où Bernard Chambaz raconte « à chaud » les six mois qui ont suivi le décès de son fils Martin, mais aussi les quelques semaines, et les 16 années qui l'ont précédé, le bonheur, l'ultime malheur, sa vie en quelque sorte. Six mois au terme desquels il est content d'avoir progressé : il arrive à pleurer assis et non plus la tête enfouie dans l'oreiller.
Je savais que je ne pourrais qu'être déchirée par cette lecture, mais, comme je pense qu'il faut être là pour écouter un ami qui souhaite parler dans sa souffrance, je crois qu'il faut être là pour lire un écrivain qui souhaite écrire dans la douleur. Sans juger si c'est pudique ou impudique, juste ou déplacé, exhibitionniste ou approprié, si c'est réalité ou hagiographie, sans chercher si c'est voyeur, masochiste ou compassionnel de la part du lecteur, toutes questions totalement déplacées face à ce genre d'appel au secours. Parce que pour lui, continuer sans écrire dessus est impossible et que pour moi, je ressens que mon rôle est d'être là.
Lire ce livre le jour de Noël, cet égoïste jour de joies sous le signe du partage, des petits ou grands bonheurs, était assez troublant, inconsciemment provocateur peut-être, ou simplement l'application d'un des messages de Bernard Chambaz : aimez vos enfants et profitez-en tant qu'il est encore temps. Ne tenez rien pour acquis. Evidence, bien sûr, mais évidence sortie de ses tripes.
Je ne peux évidemment pas louer la « justesse » d'un tel livre, mais bien plus certainement sa sincérité, et j'ajouterai qu'il est superbement écrit (Chambaz est aussi poète), donne envie d'accompagner plus loin l'auteur, qui, à la dernière ligne, pour se sauver, pour entamer son long cheminement vers Dernières nouvelles du martin-pêcheur, conclue :
Demain je me remets au roman.
(commentaire rapatrié)
mots-clés : #mort
_________________
Etre dans le vent, c'est l'histoire d'une feuille morte.
Flore Vasseur
topocl- Messages : 8395
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 64
Localisation : Roanne
Re: Bernard Chambaz
J'ai lu Martin cet été, j'ai exactement la même vision que toi ...très beau livre que je n'oublierai pas, celui-là.
Marie- Messages : 641
Date d'inscription : 02/12/2016
Re: Bernard Chambaz
Vos commentaires donnent envie
oceanelys- Messages : 198
Date d'inscription : 03/12/2016
Age : 39
Localisation : Là où il fait chaud
Re: Bernard Chambaz
À tombeau ouvert
Bernard Chambaz prend comme point de départ la mort d'Ayrton Senna, le 1er mai 1994 à la suite d'une violente sortie de piste lors du Grand Prix de Formule 1 d'Imola. Cet évènement fait écho au drame personnel qui a nourri plusieurs de ses précédentes oeuvres (la mort de son fils Martin) et le texte crée un pont entre sa propre expérience et celle de Senna, autour d'une méditation sur la perte, la vitesse et la dimension éphémère de la vie.
À tombeau ouvert est parfois inégal dans ses développements, et j'ai été moins intéressé par des passages biographiques consacrés à Senna, plus linéaires et conventionnels. L'écriture émeut davantage quand elle se fixe sur des sensations et des inspirations mythologiques. Bernard Chambaz insiste avec justesse sur l'impact immédiat, étrange et fascinant de l'accident de Senna par le biais de la retransmission télévisuelle, point d'orgue d'une compétition traumatisante puisque le pilote autrichien Roland Ratzenberger avait trouvé la mort lors des essais qualificatifs. En tissant un lien entre des destins, il esquisse un hommage sincère et plein d'humilité.
Avadoro- Messages : 1385
Date d'inscription : 07/12/2016
Age : 38
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