Esi Edugyan
Page 1 sur 1 • Partagez
Esi Edugyan
Esi Edugyan est née à Calgary, la plus grande ville de la province canadienne de l'Alberta., de parents ghanéens. Elle a étudié à l'Université de Victoria et la Johns Hopkins University. Elle vit à Vancouver Island, avec son mari le romancier et poète Steven Price.
Ses nouvelles ont paru dans de nombreuses anthologies. Elle publie son premier roman,The Second Life of Samuel Tyne, en 2004. 3 minutes 33 secondes, son second roman, écrit lors d'une résidence à Stuttgart, parait en 2011 et gagne le prestigieux prix Giller au Canada et a figuré sur les sélections de l’Orange Prize et du Booker Prize. Il est traduit dans neuf pays européens.
Bibliographie en français :
Half-Blood Blues (2011) – 3 minutes et 33 secondes (2013 Liana Levi)
Dreaming of Elsewhere: Observations on Home (2014)
_________________
Etre dans le vent, c'est l'histoire d'une feuille morte.
Flore Vasseur
topocl- Messages : 8407
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 64
Localisation : Roanne
Re: Esi Edugyan
3 minutes 33 secondes
C'est un groupe de jeunes gars insouciants qui ne vivent que par le jazz, leur musique. Seulement à Berlin, ça n'est pas forcément une bonne idée, en 1939. Surtout qu'il y a là deux Afro-Américains qui ont fuit la ségrégation des Etats-Unis, un Juif blond aux yeux bleus et un métis allemand au côté de deux Allemands bon teint. Et ça n'est pas forcément une bonne idée non plus de s'enfuir ensuite à Paris... Car Louis Armstrong n'est pas forcément plus fort qu'Hitler... Et dans cette ambiance de peur et de haine, l'amitié, l'amour, la musique, c'est bien beau, mais ça peut mal tourner aussi...
Déjà les rapports du nazisme au jazz, et aux Noirs, c'est pas des histoires dont j'ai beaucoup entendu parler . Et à côté de cet aspect historique, on a tous les ingrédients d'un excellent roman. L' histoire est racontée par l'un des Noirs américains, en deux temps, car c'est à 84 ans, la vie ayant fait son chemin, que les amis vont se retrouver .Il déroule par petits bouts cette histoire d'amitié musicale rendue complexe par une femme et des différences de talent, emmêlant habilement Louis Armstrong ou Bill Coleman aux personnages fictionnels. Une amitié qui va et vient entre chaleur et moqueries complices, rendue par des dialogues peaufinés aux petits oignons.
La voix d'Esi Edugyan impressionne par sa vivacité, sa justesse, dans un style où se mêle la proximité de l'oralité et des élans d'une beauté âpre et troublante pour parler de la peur, de la tristesse, des errances du cœur. Et de la musique, qui est là vivante, ample, joyeuse, du plaisir de jouer ensemble, consolateur et primordial. Les choses auraient été si simple sans la guerre... J'ai trouvé d'une beauté bouleversante ce roman à la fois joyeux et tragique, écrit avec une chaleur de tous les instants.
(commentaire récupéré)
mots-clés : #historique
Le jazz. Ici en Allemagne c'était devenu pire qu'un virus. On était tous comme des puces, nous les Nègres, les Juifs et les voyous de basse classe décidés à produire ce tintamarre vulgaire pour entraîner des mignonnes petites blondes dans le vice et le sexe. C'était pas une musique, c'était pas une mode. C'était un fléau envoyé par les hordes noires maudites, fomenté par les Juifs. Nous les Nègres, voyez-vous, on ne pouvait nous le reprocher qu'à moitié, c'est tout bonnement plus fort que nous. Les sauvages ont un instinct naturel pour les rythmes dégradants, aucun self-control à proprement parler. Mais les Juifs, mon frère, eux il faisaient exprès de mijoter cette musique de la jungle. Tout ça faisait partie de leur plan démoniaque pour affaiblir la jeunesse aryenne, corrompre ses filles, diluer son sang.
C'est un groupe de jeunes gars insouciants qui ne vivent que par le jazz, leur musique. Seulement à Berlin, ça n'est pas forcément une bonne idée, en 1939. Surtout qu'il y a là deux Afro-Américains qui ont fuit la ségrégation des Etats-Unis, un Juif blond aux yeux bleus et un métis allemand au côté de deux Allemands bon teint. Et ça n'est pas forcément une bonne idée non plus de s'enfuir ensuite à Paris... Car Louis Armstrong n'est pas forcément plus fort qu'Hitler... Et dans cette ambiance de peur et de haine, l'amitié, l'amour, la musique, c'est bien beau, mais ça peut mal tourner aussi...
Déjà les rapports du nazisme au jazz, et aux Noirs, c'est pas des histoires dont j'ai beaucoup entendu parler . Et à côté de cet aspect historique, on a tous les ingrédients d'un excellent roman. L' histoire est racontée par l'un des Noirs américains, en deux temps, car c'est à 84 ans, la vie ayant fait son chemin, que les amis vont se retrouver .Il déroule par petits bouts cette histoire d'amitié musicale rendue complexe par une femme et des différences de talent, emmêlant habilement Louis Armstrong ou Bill Coleman aux personnages fictionnels. Une amitié qui va et vient entre chaleur et moqueries complices, rendue par des dialogues peaufinés aux petits oignons.
La voix d'Esi Edugyan impressionne par sa vivacité, sa justesse, dans un style où se mêle la proximité de l'oralité et des élans d'une beauté âpre et troublante pour parler de la peur, de la tristesse, des errances du cœur. Et de la musique, qui est là vivante, ample, joyeuse, du plaisir de jouer ensemble, consolateur et primordial. Les choses auraient été si simple sans la guerre... J'ai trouvé d'une beauté bouleversante ce roman à la fois joyeux et tragique, écrit avec une chaleur de tous les instants.
(commentaire récupéré)
mots-clés : #historique
_________________
Etre dans le vent, c'est l'histoire d'une feuille morte.
Flore Vasseur
topocl- Messages : 8407
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 64
Localisation : Roanne
Des Choses à lire :: Lectures par auteurs :: Écrivains du Canada
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
|
|