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Cormac McCarthy

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Message par topocl Dim 22 Oct - 10:40

J'avais calé sur celui-ci. saoulée sous tout cet amas incompréhensible pour moi criminalite - Cormac McCarthy - Page 4 2441072346 .

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Message par Tristram Dim 22 Oct - 12:11

C'est vrai qu'on a du mal à comprendre certaines choses, notamment les implications mathématiques et physiques, mais Stella Maris éclaire l'histoire (encore que)...

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« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
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Message par Tristram Dim 22 Oct - 12:56

Stella Maris

criminalite - Cormac McCarthy - Page 4 Stella10

Ce relativement bref roman qui suit Le Passager est uniquement composé de dialogues, genre où McCarthy excelle.
Lors de son second séjour (volontaire) à l’établissement pour malades mentaux Stella Maris, Alicia s’entretient avec le docteur Cohen de ses pensées sur la réalité et de ses « familiers », les « personnages » de ses hallucinations. Extraits de ces conversations (pas de tirets ni guillemets, juste un passage à la ligne pour signaler que c’est l’autre qui parle) :
« Or, l’intelligence c’est les chiffres. Pas les mots. Les mots sont des choses qu’on fabrique. Pas les mathématiques. »
(Pour Alicia, les nombres sont plus pertinents, efficients, que les mots de notre langage habituel.)
« Je pense que notre expérience du monde consiste en grande partie à nous prémunir contre la déplaisante vérité que le monde ne sait pas qu’on existe. »

« Les expériences, gedanken ou réelles, semblent réclamer notre participation active. Si nous ne sommes pas là, elles ne fonctionnent pas. L’horrible vérité c’est que hormis les théories des intégrales de chemin de Feynman il n’existe aucune explication crédible de la mécanique quantique qui n’implique pas la conscience humaine. Évidemment ça pose la question de savoir comment elle a réussi à subsister sans nous avant que nous soyons inventés. Mais ce n’est pas aussi simple que ça. Je crois que ce qui ressort c’est que conscience humaine et réalité ne se confondent pas. Ce que nous savons depuis longtemps. Même si nous ne sommes pas tellement sûrs au sujet de Kant. Dans ce cas précis. Quoi qu’il en soit on ne peut pas méconnaître le témoignage des expériences. »
Le second extrait est un bel exemple des incidences de la science sur notre conception du monde, ici une conséquence du principe d'incertitude de Heisenberg, qui implique grosso modo que l'observation influence ce qui observé (on rejoint ainsi la question "est-ce que l'arbre qui tombe fait du bruit quand personne n'est là pour l'entendre").
« Il n’y a jamais eu de siècle aussi sinistre que le nôtre. Qui penserait sérieusement qu’il est le dernier du genre ? Et pourtant que peuvent signifier les tourments du monde aux yeux de quelqu’un qui est incapable d’endosser les siens ? »

« Si une psychose était juste l’affaire de quelques dysfonctionnements de synapses pourquoi est-ce qu’on n’aurait pas simplement des bruits parasites ? Mais non. On a un monde soigneusement conçu et assez intelligible qu’on ignorait jusque-là. Qui est à l’œuvre ? Qui court dans tous les sens pour raccorder les câbles pendants de façon nouvelle et insolite ? Pourquoi faire ça ? Quel est l’algorithme suivi ? Pourquoi avons-nous le sentiment qu’il en existe un ?
Je n’en ai aucune idée.
Les médecins n’ont pas l’air de tenir compte du soin avec lequel est bâti le monde des fous. Un monde qu’ils s’imaginent interroger alors qu’il n’en est rien, évidemment. L’aliéniste contourne la folie comme le prêtre contourne le péché. Bloqué au seuil de sa propre mission. Étudiant avec un sourire crispé une réalité qui n’a aucune validité. Une nation étrangère. Posez-moi une autre question. Imaginez une théorie. L’ennemi de votre entreprise c’est le désespoir. La mort. Exactement comme dans le monde réel. Vous n’y croyez pas. »

« Seule une nation peut faire la guerre – au sens moderne – et je n’aime pas les nations. Je crois au sauve-qui-peut. Disons de la façon dont on se range au passage d’un bus. Si on avait un enfant je l’emmènerais là où la guerre semble le plus improbable. Encore qu’il soit difficile de se montrer plus malin que l’histoire. Mais on peut toujours essayer. Pour répondre à votre prochaine question, non.
Vous ne tenez pas votre père pour responsable.
Non. »

« Il faut quelquefois un certain temps pour résoudre les problèmes. Les mathématiques sont sans cesse remises en question. C’est leur but. Certains bons mathématiciens ont quitté la discipline. Davantage même que ceux qui ont atterri à l’asile. »

« Et encore une fois, quand on parle d’intelligence on parle du nombre. Une affirmation que les non-matheux s’empressent de rejeter. Ça concerne le calcul et la nature du calcul. L’intelligence verbale ne vous mène pas très loin. Il y a un mur sur le chemin et si vous ne comprenez pas les nombres vous ne verrez même pas le mur. Les gens qui se tiennent de l’autre côté vous paraîtront bizarres. Et vous ne comprendrez jamais la latitude qu’ils vous accorderont. Ils seront cordiaux, ou pas, selon leur nature. Évidemment on peut aussi ajouter que l’intelligence est une composante élémentaire du mal. Plus on est stupide moins on est capable de nuire à quelqu’un. Sauf peut-être de façon maladroite et irréfléchie. Le mot crétin vient du latin christianus. Si on n’a rien de gentil à dire à propos d’un imbécile on dit, paraît-il, que c’est un bon chrétien. En revanche diabolique est presque synonyme d’astucieux. Ce que Satan avait à vendre dans le jardin était la connaissance.
La beauté dans les mathématiques.
Oui.
Est-ce que c’est une partie de leur description ? C’est ça qui les rend vraies ?
On dit souvent que les équations profondes sont belles. Maxwell, je suppose. Si on oublie les champs E et B au profit du potentiel vecteur A. Si on étudie le principe de moindre action on a de bonnes chances d’être saisi d’un silence solennel.
Est-ce que les équations elles-mêmes sont belles ?
Pas si on ignore ce qu’elles signifient.
Est-ce que E = mc2 est une belle chose ?
Si seulement vous pouviez la voir en couleurs.
Passons à autre chose.
Passons. »

« Vous faites des rêves récurrents ?
Oui. Je suppose que quelquefois l’inconscient ressasse certains rêves, qu’il les révise dans l’espoir qu’on comprendra. Mais ce n’est pas le plus intéressant.
Qu’est-ce qui est le plus intéressant ?
Le plus intéressant c’est qu’il sait qu’on n’a pas compris. Il n’a vraiment rien sur quoi s’appuyer. Il lit dans les pensées ? Quelquefois il essaie juste inlassablement de raconter la même histoire. Il est bloqué. Il n’a nulle part où aller. Mon rêve récurrent est assez inhabituel – inédit, en fait – dans la mesure où celle qui rêve n’est pas dedans.
Vous êtes dans tous les rêves que vous faites ?
Oui.
Vous pensez que les gens ne font pas de rêves dans lesquels ils ne sont pas.
Les gens s’intéressent aux autres gens. Mais pas l’inconscient. Ou seulement s’ils sont susceptibles de nous toucher directement. Il a été embauché pour faire un travail très spécifique. Il ne dort jamais. Il est plus loyal que Dieu. »

« Sa vacuité générale mise à part il semblerait que le bien-être ait un plafond. D’après moi on ne peut être heureux que jusqu’à un certain point. Alors que l’affliction paraît sans fond. Chaque plongée plus profonde dans la souffrance conduisant à un état jusque-là inimaginable. Chacune annonciatrice de quelque chose de pire. »

« Si vous disiez que le monde lui-même contient l’antidote à tout ce qu’il a d’inquiétant je vous répondrais que ce n’est pas totalement faux. Mais à la base il y a l’idée qu’il règne un ordre du monde qui n’est pas fondé sur le continuel problème consistant à aborder sa dernière occurrence.
Je ne suis pas sûr de comprendre. Ça me paraît quelque peu platonicien.
Je sais. Toutefois l’hypothèse n’est pas qu’il y a une réalité dont la perception n’est qu’une ombre mais qu’il y a une réalité assez durable pour soutenir l’expérience continuelle qu’on en fait. »

« La question centrale n’est pas comment on s’y prend pour faire des maths mais comment s’y prend l’inconscient. Comment se fait-il qu’il y arrive manifestement mieux que nous ? On travaille sur un problème puis on le met de côté. Mais il ne s’en va pas. Il réapparaît au déjeuner. Ou quand on est sous la douche. Il dit : Regarde ça. Qu’est-ce que tu en penses ? Et alors on se demande pourquoi l’eau de la douche est froide. Ou bien la soupe. C’est ça, faire des maths ? J’ai bien peur que oui. Comment est-ce qu’il s’y prend ? On n’en sait rien. J’ai posé la question à plusieurs assez bons mathématiciens. Comment est-ce que l’inconscient fait des maths ? Certains y avaient réfléchi, d’autres pas. Dans l’ensemble ils paraissaient trouver peu probable que l’inconscient s’y prenne de la même façon que nous. Ce qui m’a surprise c’est le détachement avec lequel ils accueillaient cette nouvelle. Comme si la nature même des mathématiques ne venait pas d’être remise en question. Quelques-uns pensaient que si l’inconscient avait un meilleur moyen de faire des mathématiques il devrait nous le signaler. Bon, peut-être. À moins qu’il ne considère qu’on n’est pas assez intelligents pour le comprendre. »

« Je ne pense pas qu’il existe une façon de se préparer à la mort. Il faut l’inventer. »
On côtoie Grothendieck, Oppenheimer, Wittgenstein, Schopenhauer, Gödel entr’autres, mais, sans être familier de ces génies, ça reste captivant. McCarthy revisite, de près ou de loin, les grands drames de notre époque, la bombe atomique notamment, sans oublier le destin des Juifs, le complotisme (JFK) et la guerre du Vietnam ; il reprend également son œuvre (notamment Suttree et La Route) et sa propre vie (il a passé son enfance à Knoxville, comme ses personnages, etc.) ; il erre aussi à travers les États-Unis, du golfe du Mexique à l’Idaho, des cités au wild, et tout cela fait de cette œuvre un véritable testament.
Enfant, Alicia a entraperçu « l’Archatron », la terrifiante « présence derrière le portail », sorte de résolution/ dénouement de notre univers, perçu comme plus menaçant que par Bobby, qui était sans doute moins proche de la compréhension de son énigme, et moins angoissé à  ce propos.
Il s’agit surtout de questionnements, fort intelligents et dérangeants, sur le monde et l’existence, sans une seule certitude dans leur opacité, peut-être pas même celle de notre finitude.
Son psychiatre tente de détourner Alicia de ses pulsions suicidaires (elle souffre notamment de "mal d'enfant"), alors qu’elle a laissé Bobby dans un coma causé par un accident de voiture, refusant d’autoriser son débranchement : même si ces évènements sont antérieurs à ceux rapportés dans Le Passager (où elle est morte au début), il y a une certaine distorsion entre les deux histoires du diptyque constitué par les deux romans, chacun axé sur le point de vue d’un personnage, d'abord Bobby puis Alicia : un « accident de bagnole » de Bobby est évoqué dans le premier, dont il semble s’en être assez bien remis. Peut-être Alicia, prénommée Alice à la naissance, est-elle sa transsexuelle amie (et amour impossible ?), ou encore celle qui traverse le miroir... Mais il y a beaucoup d’autres élucidations possibles (comme l’intéressante hypothèse du solipsisme, et celle plus évidente d'une "songe", peut-être psychédélique), et c’est leur juxtaposition qui fait la richesse de ce double roman qui forme une hélice schizophrène, indécidable.

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Message par Bédoulène Dim 22 Oct - 19:49

c'est encore un ? pour moi et si je tente je commencerai par le 1er

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