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Don Carpenter

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Message par topocl Ven 16 Déc - 18:17

Don Carpenter (1931 -1995)


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Né en 1931, Don Carpenter a passé ses premières années en Californie avant de s’installer à Portland, dans l’Oregon. Engagé dans l’armée de l’air pendant la guerre de Corée, il reste un certain temps à Kyoto, où il s’éprend de la culture japonaise. De retour aux États-Unis, le succès de son premier roman Sale temps pour les braves, publié en 1966, l’installe dans le paysage littéraire américain. Il est proche des écrivains de la scène de San Francisco et en particulier de Richard Brautigan. Il travaille pendant douze ans comme scénariste pour Hollywood, et fera de cette expérience la matière de plusieurs de ses livres. En trente ans, il publiera une dizaine de romans et de recueils de nouvelles.

Très malade, il met fin à ses jours en 1995, dix ans après le suicide de son grand ami Richard Brautigan.


Bibliographie en français :

2012 Sale temps pour les braves
2013 La Promo 49
2013 Strass et paillettes: souvenir
2014 Deux comédiens
2016 Un dernier verre au bar sans nom

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Message par topocl Ven 16 Déc - 18:20

Sale temps pour les braves

Don Carpenter 51kbbw10

À peine sortis de l'adolescence, Jack Levitt et Billy Lancing ont une revanche à prendre sur la vie qui ne leur a pas fait de cadeau. Billy est né noir dans une société qui n'est pas près de le lui pardonner, quant à Jack, enfant naturel, il a grandi à l'orphelinat

  Ses parents, peu importe qui ils étaient, avaient sans doute fait l'amour à cause d'une envie similaire. Pour le plaisir, pour la satisfaction éphémère qu’ils en retiraient, ils l’ avaient conçu, et parce qu'il était manifestement gênant, l’avaient largué à l'orphelinat ; parce que lui, cette vie qu'ils avaient créée dans un instant d'insouciance et d'inconscience, n'était finalement pas drôle du tout ; il n'était qu'un effet secondaire pénible de ces démangeaisons ; il était la morve sur le mouchoir une fois le nez débouché, une masse dégoûtante dont on se débarrasse discrètement et qu'on oublie. Une rage froide l’emplissait, une rage dirigée contre ses parents inconnus, contre la vie qu'on lui avait donnée, et tout ça pour des raisons tellement stupides et futiles ! Pour une éjaculation d'une seconde ! Il était né à cause de ça (…) .Quinze à vingt minutes dans un lit anonyme entre deux probables étrangers lui avaient causé vingt quatre ans de malheurs, de peine et de souffrance, et promettaient, à moins qu'il ne meurt jeune, de lui causer encore quarante ou cinquante ans de malheur, enfermé dans une pièce minuscule ici ou ailleurs sans espoir de connaître la liberté, l'amour, la vie, la vérité ou la sagesse.

Ils se promettent de se payer une bonne tranche de liberté et cela passe par le fric, la frime, et les femmes.

 N’ayant jamais connus ses parents, il ne s'attendait pas à ce que l'avenir soit une répétition d'un passé qu’il ne pouvait pas se représenter - lui au moins avait une vision de l'avenir qui comprenait une sauvagerie gratuite, un enchaînement de plaisirs allant grandissant, d'amour et de joies, et s'il fallait lutter pour l'obtenir, cela ne posait pas de problème ; il savait se battre pour avoir ce qu'il voulait. À vrai dire, c'était quasiment la seule façon de procéder qu'il connaissait.

Autant loosers que flambeurs, ils fréquentent de petites frappes, logent dans des hôtels miteux, gagnent sur le tapis vert du billard des sommes qu'ils perdent aussi vite pour s'offrir des plaisirs faciles. Il vivent 100 à l'heure sans se soucier des bourgeois et des lois. Mais malgré la jouissance, la solitude et le désespoir de leur lâchent pas les semelles
 
Enfin, l'idée même que la vie puisse être belle était idiote. Parce que le bon et le mauvais, le bien et le mal n'existaient pas. Du moins, pas tels que les définissait l'orphelinat, pour qui le bon égalait l'ennui, la douleur et la stupidité ; et où le mal était beau, délicieux et explosif ; et ce n'était certainement pas non plus son contraire - il serait agréable de ne vivre que pour s'amuser mais que faire une fois l'amusement épuisé ?
   
C'est comme si tu crevais d'envie de casser une vitre avec ton poing, tu vois, et si tu cédais à ce désir sans réfléchir, alors bam, pendant une demi-seconde, t’aurais l'impression d'être le roi du monde ; mais au lieu de ça, tu commences à avoir la trouille de te couper, ces conneries, et tu hésites, alors tu t’en veux à mort et tu finis par exploser la vitre, sauf que tu le fais en toute conscience, et du coup t’en retires aucun plaisir.

Et bien sûr… cela tourne mal, centre de détention, prison, tout concourt a réveiller en eux une violence irréfléchie, mais aussi à casser leurs illusions, leurs rêves et leurs folies,

Il serait plus simple de croire en Dieu. Alors on pourrait se réveiller, bâiller, s'étirer et sourire à un monde organisé autour de la compassion et de la mort, du châtiment pour le mal, la félicité pour le bien, et si le jeu paraissait fou, au moins il avait des règles. Mais le monde n'avait aucun sens. Il n'en avait jamais eu.

Et finalement ils accusent le coup, et ils vieillissent, les émotions prennent le pas sur l'action
 
Cette nuit-là, Jacques pleura à s'en fendre l'âme. Il ne trouva aucune pensée réconfortante. Il ne parvint même pas à se mettre en colère, il était simplement désespéré, et plus seul qu’il ne l'avait jamais été de sa vie. Il ne lui restait plus rien à faire sinon pleurer, et il pleura.

D'autres valeurs comptent, d'autres refuges se dessinent.
Est-ce vraiment se ranger ? Où trouver une certaine douceur au monde qu’ils n'avaient pas connue auparavant ?

Jusque-là, il n'avait été qu'un voyou, avec un avenir de voyou, la vanité et la sensiblerie d'un voyou qui croyait que le monde entier en voulait à sa peau. C'était idiot ; aujourd'hui qu'il avait mûri, le temps était venu de profiter de la vie.
 
Évidemment, il voulait un fils. Il se disait qu'avoir un fils, puis un 2e, peut-être, et puis une fille ou deux était la clé d'une existence comblée. Il avait assez contemplé le vide de la vie pour ne jamais l’oublier.

  Il le faisait souvent, entrait à pas feutrés dans leur chambre pour les border et ressentir cette tendresse sans bornes que seuls les parents connaissent, puis il regagnait son lit et ses idées noires.

Mais ils étaient si déshérités par leur naissance que ce bonheur leur est sans doute interdit

 Elle se représenta ce jeune homme, enfermé dans une cellule de prison Dieu sait où, coupé de toute pensée d'immensité, et elle éprouva soudain une grande pitié pour lui, sa jeunesse perdue, sa croyance naïve et infantile que le passé était biens derrière lui et qu'il pouvait recommencer de zéro, enterrer tout ce qu'il avait été et devenir une personne cultivée.
   Et elle en concevait une telle amertume qu’elle en aurait pleuré.

  Il voyait les choses et les éprouvait. La terre devint réelle, et parfois, il réussissait à percevoir le plaisir qu'il y avait à être vivant

Malgré quelques longueurs liées à ma méconnaissance du billard, j'ai aimé ce portrait puissant, à la fois tendre et tragique, d’une Amérique de l'après-guerre, sans repères, vouée à l'immédiateté, qui découvre sa propre vanité, mais toute quiétude lui est interdite. Des humains en perdition, minés dans leurs racines, qui tentent désespérément de s’accrocher les uns aux autres pour surnager et dont la poursuite du bonheur est vouée à l'échec.

Don Carpenter, sous prétexte que ses « personnages vivent des émotions d'une grande intensité », pense que ses « écrits sont optimistes ». J'ai pour ma part trouvé ce livre d'un grand pessimisme, même s'il est traversé par des éclats où la vie prend un caractère intense et fulgurant, et des élans de fraternité et de tendresse partagée sublimes, il est sous-tendu par un désespoir et une fatalité des plus sombres. Il n’en est pas pour autant moins attachant, et ses personnages, hantés par leur solitude et l'indifférence du monde, battants perpétuellement perdants, ont laissé en moi une petite musique obsédante.

(commentaire rapatrié)




mots-clés : #social #criminalite

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Message par topocl Ven 16 Déc - 18:21

La promo 49

Don Carpenter Dscn6010

Portland, Oregon, été 49.
Toute une flopée de jeunes gens qui ont eu, ou n'ont pas eu leur bac. Avec les préoccupations des jeunes gens de cet âge, l'impression que la vie a tout offrir, mais qu'il faut commencer par : les filles, la bière, le drive-in, les séances à l'arrière de la voiture des parents, les boulots d'été.

Vingt quatre instantanés de quelques pages, chacun se suffisant à lui-même, et l'ensemble constituant le tableau d’un âge de la vie et d'une époque.
L'époque est quand même marquée par le fait que porter un Levi’s est un signe de défi, et que les garçons s'enthousiasment de s'engager plutôt que d'aller à l'université.

Cela parle de plein de situations déjà lues, mais l’écriture est dynamique, c’est resserré et léger à la fois, extrêmement vivant, un vrai roman américain de campus écrit comme des nouvelles. Cela ne laissera pas un souvenir impérissable, mais c'est une excellente lecture pour un dimanche après-midi tranquille où l'on souhaite profiter de l'instant.


(commentaire rapatrié)


mots-clés : #initiatique

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