Giorgio Bassani
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Giorgio Bassani
Giorgio Bassani naît à Bologne mais c'est à la ville de Ferrare qu'est liée son existence, ville où il passe son enfance et sa jeunesse. En 1939, il sort lauréat de la faculté des lettres de Bologne. Juif, il est victime des lois raciales de 1938, et il est obligé de publier en 1940 son premier livre sous le pseudonyme de Giacomo Marchi. Militant antifasciste, il est incarcéré en 1943.
À la fin de la Seconde Guerre mondiale, il part pour Rome où il tente sa chance au cinéma comme scénariste, mais également comme acteur. Il adhère à cette époque au Parti socialiste italien (il sera élu conseiller municipal apparenté PSI en 1962 et restera proche de ce parti jusqu'en 1966, date à laquelle il adhère au Parti républicain). C'est aussi à partir de cette époque, dans les années 1950 et 1960, que sa production littéraire, plus importante, paraît à un rythme soutenu. Plusieurs de ses ouvrages reçoivent des prix littéraires et sont adaptés au cinéma. Les principales œuvres appartiennent au cycle du Roman de Ferrare (Il Romanzo di Ferrara).
Giorgio Bassani a aussi été professeur d'histoire à l'Académie nationale d'art dramatique, journaliste, vice-président de la RAI (de 1964 à 1966), rédacteur en chef de la revue littéraire Boteghe Oscure et directeur éditorial des éditions Feltrinelli.
Tous les livres de Giorgio Bassani, romans et nouvelles, sont inspirés par la ville de Ferrare et situés dans ce cadre pour lui privilégié qui fut celui de son enfance. C'est pour cette raison que le gros volume qui rassemble l'édition définitive de ses proses est précisément intitulé Le Roman de Ferrare.
Bassani pourtant n'a jamais eu pour but d'exploiter les ressources plus ou moins pittoresques d'un particularisme provincial. Le problème, pour lui, se pose en d'autres termes. Il serait plus juste de parler d'une géographie sentimentale, dont les éléments interviennent sans cesse dans ses récits, de telle sorte que les rues, les palais, les remparts ferrarais, dominés par la sombre masse du château des ducs d'Este, au lieu de constituer les pièces éparses d'un décor, finissent par jouer le rôle d'un véritable vivier, d'où émergent et où disparaissent tour à tour les personnages de ses histoires. D'un texte à l'autre, le lecteur voit d'ailleurs reparaître bon nombre de ces personnages, ce qui contribue à accentuer cette impression de stabilité d'un cadre dont les figurants eux-mêmes deviennent des visages familiers.
Bassani, né en 1916 à Bologne, a lui-même passé son enfance à Ferrare, et le choix constant de ce décor, qui est le lieu des souvenirs de ses premières années, traduit, d'emblée, une dimension autobiographique, confirmée dans un grand nombre de cas par la présence d'un narrateur dont les traits caractéristiques sont très proches des siens propres.
En outre, ces histoires sont presque toujours situées dans la période historique qui s'étend, en gros, de 1935 à l'immédiat après-guerre. Là encore, il ne s'agit pas d'un choix fortuit. Si ce moment correspond à la fin de l'adolescence de Bassani, il a coïncidé également avec celui où le gouvernement de Mussolini a promulgué les lois de discrimination raciale, opérant ainsi un soudain clivage dans la population italienne.
sources : Encyclopaedia Universalis et Wikipédia
Oeuvres traduites en français :
Cycle Le Roman de Ferrare
1958 : Les Lunettes d'or et autres histoires ferraraises
1962 : Le Jardin des Finzi-Contini
1964 : Derrière la porte
1968 : Le héron
1972 : L'odeur du foin (nouvelles)
Une édition intégrale est parue en 2006 sous le titre Le roman de Ferrare (Gallimard, collection Quarto)
bix_229- Messages : 15439
Date d'inscription : 06/12/2016
Localisation : Lauragais
Re: Giorgio Bassani
Originale : Dietro la porta (Italien, 1964)
CONTENU :
Giorgio Bassani raconte dans ce livre une histoire d'amitié, de trahison et le temps de devenir adulte...
Ferrara, Octobre 1929 : le protagoniste, un garçon de 16 ans, sensible et intelligent, entre dans les classes supérieres d'un lycée. Chez les nouveaux coécoliers il ne trouve pas d'amis, jusqu'à ce que Luciano apparaît. Le narrateur cherche l'amitié avec ce garçon difficilement compréhensible, fasciné et repulsé au même moment. Luciano partage avec lui ses propres premieres expériences sexuelles et l'attire dans une sphère de secret… Des mois plus tard le protagoniste doit apprendre que Luciano a joué un « double jeu » pendant tout ce temps...
STRUCTURE :
15 chapitres numérotés, à peu près de longeur égale, sans titre, sur environ 140 pages (dans mon édition allemande).
REMARQUES :
Au changement de l'école, des premières classes du « gymnasio » vers le « liceo », l'environnement du narrateur change complètement : les professeurs ont l'air plus sévères, distanciés, la composition de la classe est autre et aussi son meilleur ami doit répéter une année scolaire et devient inaccessible. Et déjà sur la première page du récit il va avouer qu'a commencé la période la plus noire et malheureuse de son enfance et adolescence déjà difficile. Le narrateur parle maintenant dans une distance de trente années face à ces évenemenets: donc vraiment une impression qui avait resté.
L'adaptation donc, pas du point de vue des succès scolaires, mais de nouveaux liens d'amitiés, ne veut pas réussir, et les anciens camérades sont loins. Puis, début 1930, après les vacances de Noël, apparaît ce Luciano : il fait presque la cour du solitaire, aimerait s'imposer comme ami. Et il suscite des sentiments assez contradictoires : entre le désir irremplaçable d'amitié et de compagnie, mais aussi le dégoût, l'opposition envers certains aspects de sa personnalité. Après quelque temps les « confessions » de Luciano glissent sur une pente douteuse, assez voyeuriste, voulant forcer le narrateur de le suivre. Cela ne peut que susciter la gêne chez celui-ci. Puis, par le contact avec d'autres camarades, sont révélées des choses insoupçonnées de Luciano. Oui, peut-être les remarques ambiguës de Luciano lui révèlent un part refusée de sa propre personnalité : la découverte de la sexualité (dans la puberté) ; la méfiance et l'opposition pas seulement envers les déclencheurs de ces parts, mais aussi envers soi-même.
Certaines questions me semblent dans le contexte du fascisme environnant encore autrement envisageables : Dans le désir d' »appartenance », comment ne pas se trahir soi-même, donner clairement et librement expression de notre opinion, nos sentiments ?
Ce livre appartient, dans l'oeuvre de Bassani, au cycle de Ferrara, sa ville d'origine tant aimée, qui se trouve presque toujours au centre de ses écrits. Assez probablement aussi ici, comme si souvent, il aura travaillé avec des élements de son vécu. Ainsi on retrouve certains sujets clés de l'auteur : l'identité juive du personnage centrale, Ferrara, l'être autre du protagoniste dans le contexte du fascisme ambiant des années 20 et 30, une homosexualité latente… C'est avec une écriture fine, simple et perspicace que l'auteur fait le bonheur de ses lecteurs.
mots-clés : #identitesexuelle #initiatique
tom léo- Messages : 1353
Date d'inscription : 04/12/2016
Localisation : Bourgogne
Re: Giorgio Bassani
Le jardin des Finzi-Contini
Il fascine, ce jardin des Finzi-Contini, ces propriétaires terriens tellement classe, tellement élégants, tellement généreux, tellement cultivés : immense, luxuriant, mystérieux. Les jeunes gens désœuvrés s'y retrouvent autour du court de tennis, on badine, on parle littérature, c'est divin. Bien sûr le narrateur tombe amoureux de Micol (tout le monde tombe amoureux de Micol) et au terme de cet été merveilleux, il va lui falloir une chemin un peu rude pour comprendre à quel point ils ont tous joué avec lui, comme il était la souris dont le chat s'est amusé, et combien la vie n'est pas ce qu'on attend.
Ce pourrait être un simple roman plein de charme. élégant, mélodieux, sur la fin de l'adolescence et la blessure des amours de jeunesse. Mais la trace de l'histoire est là car on est, en 1939, dans la bourgeoisie juive de Ferrare, et les lois raciales tombent une à une. La perte des illusions de l’adolescence va bien au-delà des chagrins amoureux. Et ce d'autant plus que l'auteur nous le dit du départ : ils vont tous finir dans les fours, les Finzi-Contini.
Curieux contraste de cette jeunesse poète, joueuse, mélancolique et de ce spectre implacable qui sert de toile de fond à leurs amours. Bassani écrit là un roman plein de contrastes et de subtilité, pour décrire, dans une fausse légèreté mélancolique, avec une ironie brillante mais néanmoins terrible, les soubresauts d'un monde en train de mourir sous la main du bourreau.
mots-clé : #regimeautoritaire
Il fascine, ce jardin des Finzi-Contini, ces propriétaires terriens tellement classe, tellement élégants, tellement généreux, tellement cultivés : immense, luxuriant, mystérieux. Les jeunes gens désœuvrés s'y retrouvent autour du court de tennis, on badine, on parle littérature, c'est divin. Bien sûr le narrateur tombe amoureux de Micol (tout le monde tombe amoureux de Micol) et au terme de cet été merveilleux, il va lui falloir une chemin un peu rude pour comprendre à quel point ils ont tous joué avec lui, comme il était la souris dont le chat s'est amusé, et combien la vie n'est pas ce qu'on attend.
Ce pourrait être un simple roman plein de charme. élégant, mélodieux, sur la fin de l'adolescence et la blessure des amours de jeunesse. Mais la trace de l'histoire est là car on est, en 1939, dans la bourgeoisie juive de Ferrare, et les lois raciales tombent une à une. La perte des illusions de l’adolescence va bien au-delà des chagrins amoureux. Et ce d'autant plus que l'auteur nous le dit du départ : ils vont tous finir dans les fours, les Finzi-Contini.
Curieux contraste de cette jeunesse poète, joueuse, mélancolique et de ce spectre implacable qui sert de toile de fond à leurs amours. Bassani écrit là un roman plein de contrastes et de subtilité, pour décrire, dans une fausse légèreté mélancolique, avec une ironie brillante mais néanmoins terrible, les soubresauts d'un monde en train de mourir sous la main du bourreau.
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Etre dans le vent, c'est l'histoire d'une feuille morte.
Flore Vasseur
topocl- Messages : 8407
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 64
Localisation : Roanne
Re: Giorgio Bassani
J'ai vu le magnifique film de Vittorio de Sica, mais il ne me semble pas avoir lu le roman.. Je note!
Dernière édition par Marie le Sam 12 Aoû - 20:42, édité 1 fois
Marie- Messages : 641
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Re: Giorgio Bassani
Et moi qui n'ai pas vu le film, je pensais à Dominique Sanda en lisant le livre...
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Flore Vasseur
topocl- Messages : 8407
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Localisation : Roanne
Re: Giorgio Bassani
Toute l' oeuvre de Bassani mérite d' etre découverte.
Ne serait-ce que pour l' interet qu' il porte à Ferrare, sa ville natale, et qui lui a inspiré une oeuvre sensible et originale.
S' y ajoute le regard du juif antifasciste qui fut interné en 1943. Ce qui a aiguisé sa vision du monde,
mais l' a aussi assombrie.
Ne serait-ce que pour l' interet qu' il porte à Ferrare, sa ville natale, et qui lui a inspiré une oeuvre sensible et originale.
S' y ajoute le regard du juif antifasciste qui fut interné en 1943. Ce qui a aiguisé sa vision du monde,
mais l' a aussi assombrie.
bix_229- Messages : 15439
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Localisation : Lauragais
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