Eugène Fromentin
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Eugène Fromentin
Eugène Fromentin
Ecrivain et peintre
1820-1876
Ecrivain et peintre
1820-1876
En 1854, paraît dans la Revue de Paris de juin à décembre Un été dans le Sahara, ce qui le fait élire membre correspondant de l'Académie des belles lettres, sciences et arts de la Rochelle. En 1856, encouragé par les critiques élogieuses, il entreprend la rédaction d'Une année dans le Sahel que publie d'abord L'Artiste en intitulant sa première partie « Alger, fragments d'un journal de voyage » en 1857. C'est la Revue des deux Mondes qui reprend la publication de novembre à décembre 1858 sous le titre Une année dans le Sahel, journal d'un absent[/i]. Inspiré par une idylle de son adolescence, Dominique, publié pour la première fois dans La Revue des Deux Mondes du 15 avril au 15 mai 1862 et dédicacé à George Sand, est, parmi les romans autobiographiques de son siècle, l'un des plus remarquables.
Le 8 juin 1876, sa candidature à l'Académie française échoue par douze voix contre vingt et une à Charles Blanc. Et, après une maladie de quelques jours, il meurt dans sa maison de campagne, à Saint Maurice, faubourg de La Rochelle, le 27 août de cette même année.
(Source : Wikiped.)
Bibliographie :
Visites artistiques (1852)
Simples Pèlerinages (1856)
Un été dans le Sahara (1857)
Une année dans le Sahel (1858)
Voyage en Egypte (1869)
Les Maîtres d'autrefois (1876), étude sur la peinture flamande et hollandaise.
Correspondance, 1839-1876
Souvenir d'Ezneh (Haute-Egypte), dit aussi Femmes égyptiennes au bord du Nil
Nadine- Messages : 4882
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 49
Re: Eugène Fromentin
DominiqueLes bœufs rentraient du labour, et c’était le moment où la ferme s’animait. Accouplés par deux ou trois paires,- car à cause de la lourdeur des terres mouillées on avait du tripler les attelages, - ils arrivaient traînant leur timon, le mufle soufflant, les cornes basses, les flancs émus, avec de la boue jusqu’au ventre. Les animaux de rechange qui n’avaient pas travaillé ce jour-là mugissaient au fond de l’étable en entendant revenir leurs actifs compagnons. Ailleurs, c’étaient les troupeaux déjà renfermés qui s’agitaient dans la bergerie ; et des chevaux piétinaient et hennissaient, parce qu’on remuait du fourrage, au dessus de leurs mangeoires.
L'évocation de cette scène rurale semble sortie tout droit d'un tableau ...
Re: Eugène Fromentin
j'ai cherché rapidement mais n'est pas trouvé de scène dans ce genre en peinture. j'ai un faible pour l'orientalisme, j'avais raté le fil et je suis fort curieux de la suite...
_________________
Keep on keeping on...
Re: Eugène Fromentin
Moi je pense direct à Rosa Bonheur, peintre animalière, mais l'extrait évoque encore autre chose, pourtant.
je suis ravie Grand Gousier Guérin que tu te colles au développement du fil, j'ai beaucoup aimé Dominique.
par contre c'est resté flou. J'ai envie de retrouver la magie, pour le relire peut-être.
je suis ravie Grand Gousier Guérin que tu te colles au développement du fil, j'ai beaucoup aimé Dominique.
par contre c'est resté flou. J'ai envie de retrouver la magie, pour le relire peut-être.
Nadine- Messages : 4882
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 49
Re: Eugène Fromentin
(Site olfactif, j'avoue que j'ai cherché unpeu, interloquée. Périphrase ingénieuse et mystérieuse.)
Nadine- Messages : 4882
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 49
Re: Eugène Fromentin
Donc un an après, délai qui semble raisonnable (et si ça pouvait faire revenir triple G sur le forum ce serait extraordinaire), un incontournable du roman français du XIXème:
Dominique
(1862 en revue, 1863 en livre).
(1862 en revue, 1863 en livre).
Outre la version première, celle parue chez Hachette, on trouve un manuscrit conservé par ses descendants, et une édition parue post-mortem chez Plon en 1876, cette dernière tenant compte des ultimes remaniements et corrections de l'auteur est à considérer comme "la bonne" (roman, 290 pages environ).
Curieuse destinée que celle de ce roman, souvent cité parmi les chefs d'œuvre du roman français du XIXème.
On le trouve, c'est un fait, cité par tous les dictionnaires, la plupart des anthologies et nombre de manuels scolaires et universitaires.
Mais, dans le même temps et si j'en crois Mme Marion Méary en postface de l'édition Flammarion 1987, bien que classé à la va-vite "chef d'œuvre" et "roman psychologique de tout premier plan", il s'avère(rait) qu'il est beaucoup mentionné, mais très peu lu, ce qui est à tout le moins passablement singulier, si cela est vrai (Mme Méary affirme mais ne donne pas de source à son allégation).
Mettons que, si cela est, c'est sans doute dommage, l'ouvrage -une longue confession à réminiscences autobiographiques- est loin d'être inabordable ou exceptionnellement ardu.
En se débarrassant de l'étiquetage par le biais commode de l'appellation "roman psychologique", on évite de le mettre en perspective. Or éviter de le mettre en perspective lui convient mieux, à mon sens. Quelques clics sur la Toile vous le situent sur une ligne discontinue allant de René, de Chateaubriand, à La recherche du temps perdu, de Proust, en passant par Stendhal (Le Rouge et le Noir, La Chartreuse de Parme), et Flaubert (Madame Bovary, L'éducation sentimentale), on doit pouvoir ajouter quelques autres œuvres (Balzac...).
Mais je le crois plus hors-normes, finalement Dominique est à cantonner dans une certaine unicité.
Le sujet:
Un amour impossible et ressenti comme fatal et coupable, avec les divers sentiments qui l'accompagnent, sur fond de réminiscences et de biographie. Ce sont les divers sentiments, superbement mis en œuvre, le vrai corps du roman.
Alors on peut songer, c'est vrai, à Chateaubriand, à Musset, à Lamartine, et donc trouver là une dernière flambée romantique, un ultime baroud. Ou encore un maillon entre le tragédien à la Racine et A la recherche du temps perdu, de Proust.
Je le mentionne sans m'y arrêter, vous avez compris que ce n'est pas ma conviction.
Le roman:
Il commence par une longue introduction, écrite par un narrateur au "je". Celui-ci devient le confident de l'histoire de Dominique narrée par Dominique, à l'imparfait, cet usage d'un temps de conjugaison passé a pour conséquence de suspendre la temporalité sans rendre lourdingue l'ouvrage.
Le style:
Tantôt pictural, plutôt que pittoresque, la vraie patte du peintre, dans des scènes de genre (vendanges, campagne, scènes de chasse, marais, sous-bois, parcs, temps qu'il fait, saisons, intérieurs, salons, etc...).
Tantôt, dans la même veine tout droit venue de la palette du peintre qu'il est, portraitiste, à trait appuyé et détails fignolés, pas mal d'intérieurs (salons, etc...) maisons, collège et ville (Paris), en revanche dépeints repoussants. Mais pas tellement de fioritures au final, Fromentin ne nous égare pas, ne pose pas, n'est pas un exhibitionniste en savoir-faire.
La dimension psychologique est énorme, sans réduire Dominique à seulement celle-ci.
La lecture politique échoue, et la charge contre l'éducation est à remettre dans son contexte de l'époque; l'action, on l'attend, on la sent imminente, mais elle ne vient pas.
Livre que j'ai dégusté, lu avec beaucoup de parcimonie mêlée à un grand intérêt. J'ai pris le temps de m'arrêter, et pas mal de méditations sont venues ponctuer cette lecture, le livre posé et ouvert. Au final une magnifique lecture, n'hésitons donc pas à briser son cercueil de verre au Panthéon du roman français du XIXème pour entrer en contact direct avec Dominique !
Retoqué d'un message sur Parfum du 23 février 2014
Aventin- Messages : 1985
Date d'inscription : 10/12/2016
Re: Eugène Fromentin
Fromentin très à l'honneur sur cette vidéo pot-pourri divers "Orientalistes" -ce genre de combo est plutôt pertinent, disons pas inutile pour le situer dans l'époque.
Quoiqu'on en disait, dit et dira, il reste à tout le moins un formidable coloriste, très judicieux et maître de sa technique dès lors qu'il s'agit de jouer de la couleur vive (et ces bleus...par exemple ces touches non dominantes turquoises ou azulejos...) de la lumière et de l'ombre légère.
Ah, Fromentin et sa légèreté...
L'Orient d'alors était très en vogue, est-ce que ça ne lui a pas nuit, considérant que pour beaucoup il est peintre d'une mode et d'une époque ?
Regardons, hors-tout, l'expressivité, la suggestion, les plis d'un tissu, la sensualité...mais une part de moi dit: n'enfermons pas pour autant Fromentin dans ses thèmes de prédilection, ni dans sa maestria, ses prouesses, "écoutons voir", plutôt !
Allez, c'est régal, mettez "plein écran":
Resucé d'un message du 5 octobre 2014 sur Parfum.
Aventin- Messages : 1985
Date d'inscription : 10/12/2016
Re: Eugène Fromentin
Eugène Fromentin
Un été dans le Sahara !
Eugène Fromentin : du Sahel au Sahara
Colette Juillard Beaudan
Dans Les Cahiers de l'Orient
Si je disais de lui qu’il est conteur de voyages, je ne dirais pas assez, car il y a beaucoup de voyageurs sans poésie et sans âme, et son âme est une des plus poétiques et des plus précieuses que je connaisse… La lumière et la chaleur, qui jettent dans quelques cerveaux une espèce de folie tropicale, les agitent d’une fureur inapaisable et les poussent à des danses inconnues, ne versent dans son âme qu’une contemplation douce et reposée. C’est l’extase plutôt que le fanatisme.
(...)
Fromentin « habite » l’Orient ; et les voyages qu’il fera en Algérie (1846, 1847, 1852, 1853) et en Égypte en 1869 pour l’inauguration du Canal de Suez en compagnie d’autres artistes et du couple impérial, ne feront que renforcer le regard chaleureux de l’artiste sur les Arabes, regard qui s’attache aux mœurs, aux individus, aux paysages, aux conséquences de la guerre de conquête qui n’est pas encore terminée, mais regard aussi qui, dans son premier récit du moins, et sous prétexte de respect, exclut la femme, puisqu’elle ne doit pas être vue. C’est dire que son orientalisme, dès le départ, se veut autre, non pas exotique ou curieux, mais humain, profond, presque sacré :
(...) Il ne se borne pas à parcourir les sites, il s’inquiète du passé, des habitants, de leurs mœurs, de leurs coutumes, du caractère de l’individu .
C’est donc une vision nouvelle que Fromentin, acceptant et rejetant à la fois les grands modèles : Chateaubriand, Lamartine, Nerval, puisqu’il n’emprunte pas « l’itinéraire » classique, veut livrer au public. La forme épistolaire qu’il adopte, déclare-t-il dans sa « Préface » de 1874, est « un simple artifice qui me permettait plus d’abandon, m’autorisait à me découvrir un peu moi-même, et me dispensait de toute méthode ».
(...)
Fromentin est l’un des « orientalistes » les plus authentiques du XIXe siècle
https://www.cairn.info/revue-les-cahiers-de-l-orient-2011-1-page-127.htm#
Caramel- Messages : 64
Date d'inscription : 05/02/2021
Age : 54
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