Roger Vailland
Page 2 sur 3 • Partagez
Page 2 sur 3 • 1, 2, 3
Re: Roger Vailland
j'avais bien arpenté un marché aux livres mais pas trouvé grand chose. Je trouve que les vendeurs placent mal ou pas du tout leurs livres.
_________________
“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
― Le club des incorrigibles optimistes de Jean-Michel Guenassia
[/i]
"Il n'y a pas de mauvais livres. Ce qui est mauvais c'est de les craindre." L'homme de Kiev Malamud
Bédoulène- Messages : 21080
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 79
Localisation : En Provence
Re: Roger Vailland
Pas faux, là tout était en effet très très mêlé.
Nadine- Messages : 4832
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 48
Re: Roger Vailland
je vais commander quelques livres d'occasion
_________________
“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
― Le club des incorrigibles optimistes de Jean-Michel Guenassia
[/i]
"Il n'y a pas de mauvais livres. Ce qui est mauvais c'est de les craindre." L'homme de Kiev Malamud
Bédoulène- Messages : 21080
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 79
Localisation : En Provence
Re: Roger Vailland
BEAU MASQUE
Situation :
Vailland nous conte l’histoire de Pierrette Amable ouvrière dans une filature, responsable locale syndicale de la CGT et membre du Parti Communiste, ainsi que celle de ses camarades, et tout particulièrement leur lutte contre la direction de cette filature suite à des licenciements en masse et des réductions de temps de travail.
La ville où se situe la filature est en retrait des grandes villes et ne bénéficie pas du progrès , les habitants qu’ils soient ouvriers ou paysans vivent difficilement de leurs salaires ou de leur terre.
En contrepoint de la situation professionnelle des ouvriers et ouvrières se déroule un vif conflit entre les actionnaires pour la prise de contrôle de la filature sous la flexibilité économique du gouvernement. Bien évidemment au détriment du personnel ouvrier.
Se greffe une histoire d’amour entre Pierrette et Beau Masque un ouvrier Italien émigré en France est sympathisant des causes défendues par Pierrette.
Quelques réflexions : "En 1951, Roger Vailland, installé au hameau des Allymes sur les hauteurs d’Ambérieu-en-Bugey, se lance dans une série de reportages sur l’industrie textile de la vallée de l’Albarine, dont il trouve l'histoire « politiquement formidable, pittoresque par ailleurs et (touchant) tous les plans de l'actualité ». S'appuyant sur le livre d'or de la «SIS» (Société concurrente de la SAF et dont l'usine-mère se situe à Tenay, à moins de 10km de Saint-Rambert), qui démontre selon lui l'exactitude des thèses du «Capital» et sur le témoignage d'ouvriers et d'ouvrières de la « vallée de la misère », Vailland produit quatre articles («Une histoire de brigand»; «Ronchaud ou les infortunes de la vertu»; «La sonnette de Mlle Franc»; «La Schappe contre les Français») qui paraissent dans les éditions dominicales des journaux «les Allobroges», «la République de Lyon» et «le Patriote de Saint-Étienne».
De cette expérience naîtra le roman Beau masque et la figure de la « femme nouvelle », Pierrette Amable, inspirée librement du personnage de Marie-Louise Mercandino, syndicaliste à la Schappe et camarade de combat de l'écrivain-militant. source wikipedia
Le récit se déroule au début des années 50 période des Trente glorieuses mais certains secteurs sont en marge des avancées : "Les mines et le textile, secteurs anciens de la première industrialisation connaissent un long déclin qui accompagne celui de l’organisation et de la forte identité de ces mineurs et ouvriers du textile. " (LA CLASSE OUVRIÈRE DANS LA FRANCE DES TRENTE GLORIEUSES)
En tant que journaliste et Communiste Vailland connait bien les arcanes du parti et du syndicalisme aussi les personnages sont bien campés, l’argumentation et la dialectique cohérentes.
Son parcours personnel lui permet aussi de dresser des portraits éclairés et éclairants de la bourgeoisie de cette époque et tout particulièrement des propriétaires de la filature.
Le racisme primaire visible dans ce récit est toujours d’actualité du moins pour ce qui concerne les émigrés d’Afrique du Nord , les mots ont changé mais l’insulte reste. Les Italiens sont aussi insultés même notre séduisant héros.
De l’antisémitisme également : « Parce qu’elle entrait dans la famille par le biais de sa belle-sœur juive, ce qui la rendait suspecte a priori. » « Elle supposait que la malice était une maladie héréditaire chez les Empoli, un vice juif. »
Autre remarque, beaucoup boivent, hommes et femmes, riches ou pauvres, seule la boisson est différente et le vin n’étant pas cher « l’ivresse quotidienne était à la portée de toutes les bourses. »
J’ai apprécié l’écriture, par moment poétique, les réflexions de l’auteur sur le paysage (comme une peinture de Hubert Robert), sur des lectures, son regard sur les personnages et sa complicité avec eux, notamment avec Beau Masque dont la séduction le contrarie quelque peu.
C’était une lecture à mon goût, la vie des travailleurs, leurs luttes pour une vie meilleure, et leurs espoirs pour Pierrette et ses camarades. Même si je connais aujourd’hui ce qu’il est advenu de cette espérance, je les comprends et même si c’était une utopie, elle était belle et on ne peut condamner l’espoir.
Et aujourd’hui qu’en est-il du travail des ouvriers ? des faits récents prouvent que la lutte continue.
Extraits :
« Beau Masque était leur roman. Elles estimaient, plus ou moins confusément selon leur degré de lucidité qu’elles avaient droit au moins à ce roman-là. »
« Elle pensa que, par le simple jeu de la concurrence, les gros propriétaires de Beauce et de Brie étaient en train de dépouiller son oncle de sa terre, exactement de la même manière qu’il avait dépouillé de leurs terres les tout petits propriétaires du Quartier d’En-Bas. »
« Alors dit Philippe, c’est pour ton père et pour la reine d’Angleterre que les ouvriers du Clusot vont tout à l’heure se faire casser la gueule par les CRS. »
« Mon père, quant à lui, reconnaît que le mécontentement ouvrier nous sert aujourd’hui et que nous devons l’utiliser à fond. Il est persuadé que, quoi que nous fassions, les ouvriers sont les patrons de demain. » (je suppose qu’il tient compte de la progression à cette époque du PCF)
« Sur l’élégance et sur la race , les éleveurs peuvent bien en dire davantage que les sociologues ou les esthéticiens. Ce domaine de l’expérience et de la pensée me fascine. Un cul bas, un nez retroussé rapproché de la lèvre, des jambes courtes, des bras longs, m’en apprennent davantage sur un humain que trente pages de biographie. J’ai dû la vie sauve à m’ être méfié d’une peau huileuse, d’une lèvre inférieure qui s’efface. »
« La combe était maintenant parsemée d’un grand champignon haut chapeauté, avec sur sa robe des gris à la Goya, des ocres à la Braque, la lépiote élevée. »
« Dans le monde entier, simultanément, une nouvelle classe d’hommes était en train de prendre conscience de ses intérêts, de sa force, d’atteindre sa maturité. »
merci à Nadine pour l'ouverture de ce fil, je continuerai les rv avec l'auteur.
mots-clés : #social
Dernière édition par Bédoulène le Jeu 29 Juin - 0:40, édité 3 fois
_________________
“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
― Le club des incorrigibles optimistes de Jean-Michel Guenassia
[/i]
"Il n'y a pas de mauvais livres. Ce qui est mauvais c'est de les craindre." L'homme de Kiev Malamud
Bédoulène- Messages : 21080
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 79
Localisation : En Provence
Re: Roger Vailland
Beau Masque
Je vous renvoie au commentaire ci dessus de Bédoulène, sur les éléments de critiques et commentaires qu'elle a eue la gentillesse de nous fournir, je ne reviens pas non plus sur la trame romanesque, et enchaine avec mes impressions, directement :
Encore un roman de Vailland qui donne le sentiment de pouvoir saisir réellement une ambiance d'antan, avec un regard précis et imagé qui rend vivante une époque révolue, mais avec une acuité dont le métier journalistique de l'auteur semble expliquer la qualité.
J'ai également beaucoup apprécié la lecture de ce roman, bien plus épais que les précédents abordés. Un plaisir qui donne davantage le loisir d'apprendre, réellement, sur le contexte sociologique et économique d'une époque.
J'ai aimé la manière dont Vailland sait épouser les phrasés et l'univers mental de chaque protagoniste, sans les singer romantiquement; son style excelle, en plus, à placer des enjeux sans en rajouter par des psychologies superflues.
Si histoire d'amour il y a , ce qui m'a davantage porté c'est le réalisme des émotions.
J'ai été agacée par des tableaux dressés, à dessein, par l'auteur, je pense; l'empathie était portée par les intentions de l'auteur, avec sobriété.
Il était intéressant, aussi, de prendre en compte le fait que Vailland soit communiste et en même temps non ouvrier, relié à l'univers plus décadent de certains protagonistes qui gravitent autour de la direction de l'usine . Ce sont les héritiers des dirigeants, et Vailland les brosse avec certainement beaucoup de moelle, propre à son expérience directe de la fronde intellectuelle d'alors.
Je ne sais pas trop qu'ajouter, c'est un bon roman pour qui s'intéresse à ces tressages socio-politiques, très caractéristiques de l'histoire des provinces françaises au XXeme siècle.
J'en parle beaucoup, de Vailland, ces temps-ci, auprès des grands lecteurs de mon entourage et suis surprise qu'il soit inconnu au bataillon, en tous cas dns ma tranche d'âge 40/50 ans.
Ses qualités sont à mon avis incontestables, et c'est peut-être suite au renouveau du socialisme que sa figure , associée aux luttes d'extrême gauche, a été délaissée par la culture populaire et intellectuelle de gauche. (Il a tout de même été porté à l'écran, à l'époque, au moins deux fois dans des films à grande audience.)
Je vous mets deux extraits, pour le style ou le ton, pas nécessairement représentatifs, mais je trouve intéressants.
J'éprouve une certaine difficulté à mettre davantage d'intime à mon commentaire car l'aspect réaliste prime sur mes spéculations émotionnelles.
Premier extrait. Beau Masque et Pierrette sont en couple. la syndicaliste et l'immigré italien. Cela se sait depuis peu. La personnalité de Pierrette force le respect malgré l'inusité d'une alliance entre leurs cultures propres. Une femme , par l'usage des bavardages de pied de porte s'enquiert à sa façon de la chose :
Second extrait, qui suit l'un de ceux proposés par Bédoulène :
Dernière édition par Nadine le Sam 17 Juin - 9:16, édité 1 fois
Nadine- Messages : 4832
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 48
Re: Roger Vailland
ps : j ai beaucoup aimé croiser ma lecture à celle de Bédoulène avec qui j ai échangé deux trois fois avant que nous en rendions compte, en cours de découverte : merci Bédoulène, c'est un vrai plaisir, et je conseille à chacun de se laisser tenter, ainsi, par le concept de lecture commune, je trouve ça très chaleureux.
Nadine- Messages : 4832
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 48
Re: Roger Vailland
Mais avec plaisir. C'est ce titre là qui te retient davantage ?
Nadine- Messages : 4832
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 48
Re: Roger Vailland
A relire le fil faut voir, j'aime bien le dernier extrait.
_________________
Keep on keeping on...
Re: Roger Vailland
merci Nadine pour ton intéressant commentaire et la justesse de tes remarques sur l'écriture de Vailland.
J'ai aussi pensé que l'auteur portait un regard "impliqué" sur les dirigeants de l'usine.
merci d'avoir partagé cette lecture avec moi ; j'ai encore 2 livres à lire donc je reviendrai.
J'ai aussi pensé que l'auteur portait un regard "impliqué" sur les dirigeants de l'usine.
merci d'avoir partagé cette lecture avec moi ; j'ai encore 2 livres à lire donc je reviendrai.
_________________
“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
― Le club des incorrigibles optimistes de Jean-Michel Guenassia
[/i]
"Il n'y a pas de mauvais livres. Ce qui est mauvais c'est de les craindre." L'homme de Kiev Malamud
Bédoulène- Messages : 21080
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 79
Localisation : En Provence
Re: Roger Vailland
Super Bédou, je guetterai aussi d'autres titres. En relisant sa bio je vois qu'il y a beaucoup de ses ouvrages même critiques qui doivent être intéressants.
J'ai remodelé mon commentaire de Beau Masque, sur la syntaxe, parce qu'à me relire, je ne comprenais rien, je suis fatiguée ces temps -ci et c'était franchement pas très clair.
Animal , le dernier extrait dont tu me parles n'est pas representatif, il parle tres peu de l'art dans ce livre. C'est pourquoi ça ressortait d'autant. Si cela ne te parait pas un inconvénient, nous t'en reparlerons, pour sûr !
J'ai remodelé mon commentaire de Beau Masque, sur la syntaxe, parce qu'à me relire, je ne comprenais rien, je suis fatiguée ces temps -ci et c'était franchement pas très clair.
Animal , le dernier extrait dont tu me parles n'est pas representatif, il parle tres peu de l'art dans ce livre. C'est pourquoi ça ressortait d'autant. Si cela ne te parait pas un inconvénient, nous t'en reparlerons, pour sûr !
Dernière édition par Nadine le Sam 17 Juin - 23:30, édité 1 fois
Nadine- Messages : 4832
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 48
Re: Roger Vailland
C'est pour ça que ça avait plu au panda?Nadine a écrit:, parce qu'à me relire, je ne comprenais rien,
_________________
Etre dans le vent, c'est l'histoire d'une feuille morte.
Flore Vasseur
topocl- Messages : 8407
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 64
Localisation : Roanne
Re: Roger Vailland
Je serais curieux d'avoir tes impressions sur Roger Vailland, animal. Ca vaut le détour
Quasimodo- Messages : 5461
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 28
Re: Roger Vailland
Tu l'as lu ce dernier, Quasimodo ?
Nadine- Messages : 4832
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 48
Re: Roger Vailland
Simone de Beauvoir in Mémoires d'une jeune fille rangée" sur Vailland et DAUMAL, mais je recopie juste sur le fil de Vailland:
J'allais aussi écouter Jean Baruzi, auteur respecté sur Saint-Jean de la croix qui traitait à bâtons rompus toutes les questions capitales. (...) Les normaliens dédaignaient ces cours que fréquentaient certains outsiders. Parmi ceux-ci, on remarquait René Daumal et Roger Vailland. ils écrivaient dans des revues d'avant-garde. le premier passait pour un esprit profond, le second pour une vive intelligence. Vailland se plaisait à choquer et son physique même étonnait. Sa peau lisse était tendue à craquer sur un visage tout en profils : de face on ne voyait qu'une pomme d'adam. Son expression blasée démentait sa fraicheur : on aurait dit un vieillard régénéré par un filtre diabolique. On le voyait souvent en compagnie d'une jeune femme qu'il tenait négligeamment par le cou. "Ma femelle" disait-il en la présentant. Je lus de lui dans Le Grand Jeu une véhémente diatribe contre un sergent qui avait surpris un soldat avec une truie et l'avait puni. Vailland revendiquait pour tous les hommes, civils et militaires, le droit à la bestialité. je restai songeuse. j'avais l'imagination intrépide, mais je l'ai dit, la réalité m' effarouchait aisément. je ne tentai pas d'approcher Daumal ni Vailland, qui m'ignoraient.
Nadine- Messages : 4832
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 48
Re: Roger Vailland
Eh oui, le portrait m'avait marqué Bonne idée de le mettre sur ce fil !
Quasimodo- Messages : 5461
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 28
Page 2 sur 3 • 1, 2, 3
Des Choses à lire :: Lectures par auteurs :: Écrivains européens francophones
Page 2 sur 3
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
|
|