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Sandor Marai

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Message par Bédoulène Mar 20 Déc - 8:45

Sandor Marai
(1900-1989)


violence - Sandor Marai Sandor10

Sándor Márai, né Sándor Grosschmid de Mára (márai Grosschmid Sándor Károly Henrik en hongrois) le 11 avril 1900 à Kassa qui fait alors partie du Royaume de Hongrie dans l'Empire austro-hongrois (aujourd'hui Košice, en Slovaquie) et mort le 22 février 1989 à San Diego aux États-Unis, est un écrivain et journaliste hongrois. Sándor Márai naît dans une famille de la petite noblesse de Haute-Hongrie de quatre enfants dont il est l'aîné. Il est le fils du docteur Géza Grosschmid de Mára (1872-1934), notaire royal, président de la chambre des avocats de Kassa et ancien sénateur du Parti socialiste chrétien national hongrois. Sa mère est Margit Ratkovszky (1874-1964) et son frère est le réalisateur Géza Radványi. Son aïeul János Kristóf (1745-1798), haut fonctionnaire du Trésor né et installé dans le comitat de Máramaros en Transylvanie, y reçut de Léopold II la terre noble de Mára (1790).

Sándor Márai est attiré très tôt par l'écriture. Il publie en effet son premier recueil de poésies à l'âge de 18 ans et, tout en poursuivant des études d'art à l'université de Budapest, collabore régulièrement au quotidien Magyarország. Une contribution à un journal communiste lors de l'éphémère République des Conseils de Hongrie, régime dictatorial dirigé par Béla Kun (21 mars - 1er août 1919), incite ses parents à le presser de partir quelque temps à l'étranger, au renversement de ce régime par l'armée franco-roumaine du général Henri Berthelot. Ils craignent pour leur fils la « Terreur blanche », la répression organisée contre les communistes par les contre-révolutionnaires hongrois.

Sándor Márai part donc pour l'Allemagne afin d'entamer des études de journalisme à l'Université de Leipzig et des études de philosophie aux Universités de Francfort et de Berlin tout en écrivant des articles pour les journaux et les magazines. C'est à Berlin qu'il rencontre par hasard dans un café Ilona Matzner (Lola) qu'il avait connue à Kassa. Ils se marient quelques mois plus tard en 1923. Le jeune couple s'installe d'abord à Paris, où Sándor Márai travaille comme correspondant du Frankfurter Zeitung, le journal de la bourgeoisie libérale allemande, dont il est devenu l'une des prestigieuses signatures. Il envisage pendant un temps d'écrire en allemand, mais il choisit finalement sa langue maternelle, le hongrois.

Sándor Márai et sa jeune épouse décident de rentrer à Budapest en 1928 où le régime très conservateur de l'amiral Miklós Horthy, élu le 1er mars 1920 « Régent du royaume », maintient la démocratie parlementaire bien que le type de scrutin hongrois empêche toute alternance politique véritable. Les propriétaires terriens, dans une économie où l'agriculture est prépondérante, et l'aristocratie qui domine l'armée et la classe politique sont les principaux soutiens du régime.

source : Wikipédia

Œuvres traduites en français

Les Révoltés
La Conversation de Bolzano
Les Confessions d'un bourgeois
Les Braises pages 1
L’Héritage d'Esther
Divorce à Buda
Un chien de caractère : pages 1
Mémoires de Hongrie
Paix à Ithaque !
Métamorphoses d'un mariage : pages 1
Libération
Le Premier Amour
Le Miracle de San Gennaro
L'Étrangère
La Sœur
Les Étrangers
Les Mouettes
Ce que j’ai voulu taire : pages 1
La nuit du bûcher : pages 1

màj le 19/02/2020

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violence - Sandor Marai 41g2m610

Un chien de caractère


Ses Maîtres des bourgeois installés dans leur «discipline» l'accueillent et leur quotidien s'en trouve dérangé. Ils prêtent à leur chien être inférieur, non conforme d'ailleurs aux critères d'un bon chien, des raisonnements humains, lui parlent en espérant des réponses qui ne sont évidemment pas celles espérées.

Le Maître estimant que le chien n'accomplit pas le «contrat» qui les lie engage une confrontation avec l'animal, laquelle s'exprime par l'ignorance totale de la nature de l'animal. La situation dégénère et s'achève par un ultime affrontement.

Le livre se termine par une morale comme une fable !


Dernière édition par Bédoulène le Mer 19 Fév - 23:15, édité 1 fois

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Message par tom léo Mar 20 Déc - 16:43

violence - Sandor Marai 4102en11

Ce que j'ai voulu taire

Originale:  Hallgatni Akartam (Hongrois, écrit entre 1949/50, perdu, retrouvé et paru finalement en 2013 à Budapest!)

CONTENU :
Ce livre, qui chronique les dix années entre l’Anschluss (mars 1938) et l'exil définitif de Marai (1948), constitue le dernier volet des « Confessions d'un bourgeois ». Il n a jamais été publié du vivant de Márai.

Pour répondre à la question centrale du livre, « Comment la Hongrie en est-elle arrivée là ? », c’est-à-dire à pactiser avec l'Allemagne nazie, puis à devenir un satellite de l Union soviétique, Marai se livre à une analyse approfondie de la société hongroise. Celle-ci est indissociable d'une perception pleine de finesse de la situation mondiale, fondée sur une réflexion étonnamment moderne, d’une lucidité presque visionnaire. Son point de vue est celui d’un bourgeois assumé, un humaniste aspirant à un ordre juste qui pourrait prendre la forme d’un socialisme modéré. Cette chronique de la décomposition d'un pays, d'une culture et d'un mode de vie est une lecture précieuse pour qui souhaite comprendre la Hongrie et l'Europe d'aujourd'hui.

REMARQUES :
A coté de quelques apparitions « personnelles » dans le récit, et contrairement peut-être à la forme de narration des premiers tomes -  plus proche d’un récit, d’un vécu ? - Marai donne avant tout une sorte de chronique et d’analyse de ces années cruciales. Le jour de l’Anschluss est le point de départ d’un tour d’horizon de la situation en Allemagne, en Autriche, mais aussi dans l’Europe, le monde, pour expliquer comment selon lui a pu arriver ce qui est arrivé, d’abord pratiquemment sans resistance extérieure.

Il y aura quelques autres dates clés et portraits poignants d’hommes politiques qui permettent de partir d’un point de départ. Il faut s’imaginer – et Marai en est conscient – comment en espace d’une dizaine d’années la societé hongroise a basculé d’un état bourgeois via une proximité avec le nazisme vers l’intégration forcée dans l’URSS et ses satellites. Tout un monde disparaît, une forme de penser, de vivre... Et au fond, le tout est déjà en germe quand l’Autriche passe dans la Deutsches Reich, en Mars 1938. Des conséquences prévisibles, une guerre inévitable à l’horizon – pour celui qui voyait clair.

Dans la deuxième partie l’auteur s’approche des conséquences du traité de Trianon qui démantelait la Hongrie de deux-tiers de son territoire et d’une partie de sa population. Terrain propice... Mais malgré des abus, on trouve aussi une accusation chez Marai de ne pas rendu ainsi une service à la Hongrie et la situation internationale.

Donc, il s’agit plutôt d’une forme d’analyse, mais d’une grande maîtrise qui donne l’impression au lecteur qu’il comprendra un peu mieux les interdépendances, les relations, les événements. Marai ne se contente pas de voir la Hongie comme pure victime innocente, mais met en avant les attitudes latentes d’antisémitismes et de fascisme. (Le lecteur se demande à quel point certaines de ces analyses ne se revèlent pas encore aujourd’hui comme étant très actuelles...)

Marai se déclare appartenant à cette bourgeoisie éclairée qui a peut-être peu en commun avec des associations plus tardives avec ce terme : une étroitesse, une lourdeur etc. Cette attitude de Marai a rien d’une préférence vers une droite nationale autodestructrice, voir fascisante. Mais on pressent une certaine nostalgie à une vie en voie de disparition. Dans cette veine je me sentais rappelé au « Monde d’hier » de Stefan Zweig...

Pour tous ceux qui s’intéressent à l’histoire de la Hongrie, mais aussi de l’Europe dans le contexte de la montée du fascisme, ce livre nous dit beaucoup de choses intéressantes. Peut-être on aperçoit ici et là quelques faits qui aident à comprendre une certaine passivité ? Aussi de l’auteur ?

Très informatif, très intéressant. Et dans une écriture d’une grande maîtrise.


mots-clés : #autobiographie #deuxiemeguerre #regimeautoritaire
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Message par Bédoulène Mar 20 Déc - 17:04

Tu peux me dire par ordre chronologique les 2 autres livres des Confessions d'un bourgeois ?

merci


P.S. J'ai lu braise qui m'a rappelé un excellent film avec Laurence Oliver et Michael Caine, Le Limier pour le face à face en huis clos.

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Message par topocl Mar 20 Déc - 17:40

La nuit du bûcher

violence - Sandor Marai Index212


   « Ils étaient d'accord : le livre représentait un énorme danger car, pour beaucoup de gens, il était susceptible de provoquer la terrifiante possibilité d'une réflexion indépendante. D'accord également quand le padre, soufflant et transpirant, déclara que le seul moyen de lutter efficacement contre le danger était d'incarcérer tous les suspects. D'accord aussi pour dire que la méthode souveraine dans le combat contre l'hérésie était de réduire à néant tous les livres, auteurs et lecteurs louches, parce qu'il n'y aurait pas d'ordre dans le monde tant que vivraient des hommes qui feraient l'expérience de penser par eux-mêmes. »  

.        

Au déclin du XVIème siècle, un jeune carme espagnol est envoyé à Rome en « stage d’observation » pour rapporter chez lui tous les enseignements qui permettront à la redoutable Sainte Inquisition d'être encore plus performante.

Au terme d'un séjour fait de dévotion  et d'admiration pour la grande charité qu'il prête au censeurs romains, celui-ci assiste à un ultime bûcher, celui de Giordano Bruno, prêtre apostat et intellectuel hérétique. Son obstination  à prêter la moindre allégeance à ses bourreaux l'amène à renoncer à l'Inquisition.

Non parce que celle-ci est un acte abjecte et inadmissible... Mais parce qu'elle est vouée à l'échec : si des hommes aussi fiers et courageux s'opposent à elle, notre carme estime que c'est en vain qu'elle exercera son pouvoir, les irréductibles ne seront jamais vaincus (ou sauvés, selon le point de vue).

Sandor Marai nous propose, sous forme d'une lettre de confession, un récit à l'écriture à la fois ample et compassée. L'Inquisition y est décrite dans tous les détails, fort peu réjouissants, par un homme qui lui est totalement dévoué,  dans une complaisance liée à son aveuglement, selon un procédé par moments un peu trop didactique. Ce n'est qu'à la page 206 (sur 254)  qu'il a brusquement son illumination, par un mécanisme qu'on s'explique mal, puisque jusque là le doute ne s'était pas le moins du monde immiscé en lui. Ce retournement brutal est certainement la faiblesse du livre. S'ensuivent alors l'exil en Suisse où il côtoie la société civile et les protestants, et une ouverture à l'autre sans pour autant qu'il renie sa foi. Il découvre une liberté, ainsi que le prix qu'elle peut coûter : celle d'autoriser le savoir, et l'écrit, au côté de la foi.

A travers l'Inquisition, Marai dénonce tous les régimes totalitaires, et postule que par la résistance et la persévérance, les opprimés détiennent une force et peuvent vaincre.

(commentaire récupéré)

mots-clés : #religion #violence

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Message par bix_229 Mar 20 Déc - 18:17

violence - Sandor Marai Marai110

METAMORPHOSES D' UN MARIAGE

On l'a dit, Métamorphoses d'un mariage, c'est l'histoire de trois personnages racontée par eux-mêmes...
Au soir de leur vie, ils disent ce qu'ils ont vécu, appris, essayé d'entreprendre, de comprendre et de maitriser.
Peu de choses en vérité.
Chacun a souhaité de toutes ses forces posséder ce qu'il n'avait pas et qui lui manquait tellement.
Croyait-il.
Et quand il l'a enfin obtenu, il ne le désirait plus. Histoire connue.

Ils ont finalement conclu tous les trois que la vie était un malentendu tragique, une mauvaise plaisanterie, une sorte de jeu absurde et cruel dont ils ignoraient les règles, et qu'ils ont finalement perdu.
Forcément.
L'impossibilité d'aimer. D'être aimé. C'est peut-être cet échec-là qui leur coûte le plus. Mais il est tard. Le temps est passé et l'Histoire par là dessus.
Reste un gout de cendre.

Ce roman est un grand roman parmi ceux de l'Europe Centrale, de Musil, Broch, Canetti, Svevo...
Un seul reproche personnel au roman de Marai.
Dans la mesure où le premier récit seul m'a paru crédible, je pense en tant que lecteur que l'artifice de faire raconter leur vie aux trois personnages principaux est une erreur qui déséquilibre un peu le livre...

Mais c'est personnel.

(Message récupéré)



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Message par tom léo Mar 20 Déc - 22:43

Bédoulène a écrit:tu peux me dire par ordre chronologique les 2 autres livres des "confessions d'un bourgeois" ?

Ah, j'avais copié une ancienne récension..., mais si mes souvenirs sont bons, ils devraient s'agir de ces deux livres:

Les Confessions d'un bourgeois
Mémoires de Hongrie
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Message par Bédoulène Mar 20 Déc - 23:02

merci Tom Léo ! je note

pour l'instant j' ai 6 livres en attente

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Message par Tristram Mer 19 Fév - 23:00

Les Braises

violence - Sandor Marai Les_br10

Dans son château de la forêt hongroise, Henri, un général retraité de l'armée impériale austro-hongroise, reçoit Conrad, son ami de jeunesse et condisciple de l'école militaire ; il y a 41 ans révolus que le second disparut après une partie de chasse au cours de laquelle il aurait pointé son fusil vers l’autre. C’est l’hôte qui parle, évoquant leurs liens dans le passé, et ses réflexions solitaires depuis. Le général a dans le sang l’armée et la chasse, qu’il considère comme le primordial rite sacré de tuer, tandis que Conrad, sans fortune, est un artiste contrarié ; au code de l’honneur de l’un répond l’orgueil de l’autre ‒ et ces différences de condition et de nature furent peut-être la pierre d’achoppement de leur amitié autrement extrême et profonde, au moins en son commencement. Le thème principal de ce roman psychologique est bien l’amitié, avec corollairement la fidélité, la passion, l’amour, toutes les relations humaines.
Les braises, ce sont celles des passions qui couvent sous les cendres du passé… et celles d’un carnet consumé qui contenait les aveux d’une femme ne mentant jamais.
La tension dramatique du récit, qui s’installe lentement, croît de façon progressive, relancée par une série d'éclaircissements : attente de la vérité, de la vengeance, de la mort.
« En ces temps-là, Vienne et tout l’Empire austro-hongrois formaient comme une grande famille, dans laquelle Hongrois, Allemands, Moraves, Tchèques, Serbes, Croates et Italiens comprenaient que seul un Empereur était à même de maintenir l’ordre au milieu des désirs extravagants et des revendications passionnées de ses sujets, oui, seul cet Empereur qui était à la fois maréchal des logis et souverain, bureaucrate et grand seigneur. »

« ‒ On prétend qu’arrivé à notre âge, on vit aussi longtemps que la vie nous intéresse, dit le général sur un ton encourageant. »

« C’est que parfois la solitude est aussi bien singulière… Elle nous réserve autant de surprise et de périls qu’une forêt vierge. J’en connais toutes les variantes. D’abord l’ennui que l’on cherche en vain à chasser en dressant un plan d’activités artificielles, puis les révoltes subites… Oui, la solitude est aussi remplie de mystère que la jungle… »

« Je me suis souvent demandé si la véritable essence de tous les liens humains n’est pas le désintéressement qui n’attend ni ne veut rien, mais absolument rien de l’autre et qui réclame d’autant moins qu’il donne davantage. »

« Quoi qu’il en soit, aux questions les plus graves, nous répondons, en fin de compte, par notre existence entière. »

« La passion ne se soucie pas de ce qu’elle recevra en échange. Ce qu’elle veut, c’est pouvoir s’exprimer entièrement, même si, en contrepartie, on ne lui accorde que sentiments tendres, amitié et indulgence. »

« Le cerf, les oreilles dressées, restait immobile, comme ensorcelé, car tout danger comporte une part d’attraction secrète. Quand nous devons affronter le destin, outre l’angoisse et la peur, nous ressentons comme un charme… car l’homme ne cherche pas uniquement à vivre, il veut aussi connaître son destin et cela, en dépit du danger et de la ruine possibles. »

« ‒ En effet, nous vieillissons tout doucement, dit le général. Tout d’abord, c’est notre joie de vivre et de voir nos semblables qui s’émousse. Peu à peu, le sens de la réalité prédomine en nous. Nous pénétrons mieux le sens des choses et nous assistons avec ennui à la succession d’événements qui se répètent. Le noter est déjà un signe de vieillesse. »
À cette lecture, celle de Dürrenmatt m’est revenue à l’esprit. À propos, oui, ce livre mérite amplement d’être lu.

Mots-clés : #amitié #psychologique #vieillesse

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Message par Bédoulène Mer 19 Fév - 23:08

merci Tristram, un livre dont je me souviens. lors de ma lecture cela me faisait penser à un film

Le limier de (Joseph L. Mankiewicz
Avec Laurence Olivier, Michael Caine, Alec Cawthorne) pour ce duel en huit-clos.

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Message par Tristram Mer 19 Fév - 23:12

Ça m'a paru plus fin qu'un duel, plutôt un dialogue aux multiples facettes... mais il faut le lire pour le sentir. Et merci pour la découverte de cet auteur !

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Message par Bédoulène Mer 19 Fév - 23:18

oui tout à fait un dialogue à multiple facettes et je l'ai lu Tristram et beaucoup aimé (dans le film c'est à ce qui me revient assez fin aussi et deux bons acteurs)

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Message par Tristram Mer 19 Fév - 23:20

Alors je vais essayer de voir le film...

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Message par Quasimodo Jeu 20 Fév - 11:31

Chouette, ça me tente bien ! Merci pour le commentaire (super, les extraits) !
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Message par Tristram Jeu 20 Fév - 11:38

Oui, beaucoup de sentences !
J'ai visionné le film, Bédoulène (je l'avais déjà vu, mais j'ai la chance d'oublier, ce qui me permet de redécouvrir comme neuf). Le thème s'apparente à celui du livre, mais le traitement est fort différent !

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Message par Bédoulène Jeu 20 Fév - 16:05

ce qui me faisait faire un rapprochement c'était le face à face assez fort ; le film t'a plu ?

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Message par Tristram Jeu 20 Fév - 16:25

Oui, mais il date un peu, ou plutôt est moins étonnant avec le recul _ ce qui ne retire rien au jeu des acteurs. Ni d'ailleurs aux décors, typiquement britanniques (le manoir, les meubles, les automates).

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Message par ArenSor Jeu 20 Fév - 18:37

Lu "Les Braises" à noël : beau livre, tension et suspens ! Je recommande fortement. cheers
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Message par Tristram Mar 25 Fév - 20:25


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Message par Bédoulène Mar 25 Fév - 20:27

5 mn c'est faisable ! merci Tristram !

j'irai plus loin plus tard !

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Message par Tristram Mer 8 Avr - 0:15

La Nuit du bûcher

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Un inquisiteur espagnol vient se former à l’orthodoxie romaine (fin XVIe). Outre le rappel historique, ce roman vaut pour mettre en lumière le fait que la Sainte Inquisition fut un instrument parfaitement conçu afin de lutter contre la Réforme ‒ donc un summum du conservatisme ‒ par la terreur, avec une vocation de charité à convertir les hérétiques par la torture puis la « confortation » in extremis avant de les livrer à l’édifiant bûcher purificateur.
« Une simple confession ne suffit pas. Nous avons besoin qu’il reconnaisse que le bûcher dont les flammes dévoreront son corps misérable n’est qu’un feu purificateur, un purgatoire au service d’une cause suprême ! Qu’il comprenne, l’hérétique, qu’en acceptant sa condamnation avec humilité mais aussi en s’accusant lui-même au vu et au su du monde entier, il rend un grand, un ultime service à l’univers des croyants ! »
Intéressant aussi le regard d’un Espagnol, venu d’un pays austère dans une Italie sensuelle, paisible, matérialiste et même pragmatique.
Tous les membres de la société chrétienne doivent être complices du Saint-Office (ce qui explique le rôle des laïques confortatori, ceux qui « fortifient et cherchent à redonner espoir à celui qui n’a plus rien à espérer ») :
« La plupart du temps, nous nous contentons de brûler tous ceux qui sont soupçonnés d’hérésie et ne peuvent attester de leur innocence. Ici, à Rome, on est plus exigeant : on veut débusquer chez chacun le moindre manquement à servir les buts de l’Inquisition. Les indolents sont tout aussi dangereux que les hérétiques actifs et véritables, me disait le padre Alessandro. Toute personne qui ne persécute pas activement l’adversaire est suspecte. »
Particulièrement répugnante est l’exploitation de la délation chez les enfants :
« Les enfants sont les petits observateurs directs de la famille, cette communauté étroite, et le padre soulignait avec quelle joyeuse et vive attention ils s’emparaient des paroles imprudentes des adultes pour ensuite signaler à la Sainte Inquisition ce qu’ils avaient entendu ! […]
Les enfants, ces petits agneaux candides au cœur pur, comprennent la leçon et, avec leur aide, il a été possible bien des fois de démasquer à temps les personnes vivant dans le péché de l’indifférence ou de la résistance, en d’autres termes, enclins à l’hérésie… Quelquefois des pères ou des mères, des frères, des sœurs, comme cela s’est trouvé. »
Comme dans tous les autoritarismes, les livres sont suspects.
« Mais le livre, qui entend exercer son influence au travers de concepts formulés avec des mots, sans s’appuyer sur d’éloquentes représentations, se révèle dangereux car il éveille la pensée. »

« Ce que nous ne pouvons tolérer est que l’on puisse imprimer quelque part un livre où l’écrivain exprime librement ses pensées. »
D’ailleurs la Sainte Cause constitue le prodrome de totalitarismes plus étendus.
« Arrivera une époque où l’on regroupera sans ambages ni perte de temps tous ceux qui seront soupçonnés de tomber un jour dans le péché d’hérésie, à cause de leur origine ou pour d’autres raisons, dans des champs clos par des barrières de fer, pour des périodes plus ou moins longues… mais en général il vaudra mieux que ce soit pour longtemps. […]
Viendra un temps où il faudra enfermer les suspects en groupe, sans discernement, sans tenir compte de l’individu […]
Il faut créer des emplacements entourés de pieux et clôturés de fer sur de grandes surfaces où l’on pourra garder tous ceux qui ne sont peut-être pas hérétiques mais dont on peut à bon droit soupçonner qu’ils le deviendront un jour. Sur ces terrains clôturés, on pourra en surveiller non pas quelques douzaines mais plusieurs milliers en même temps. »
La tâche des inquisiteurs est codifiée, ritualisée, avec des règles très précises :
« La procédure légale donne le droit à l’accusé de demander un avocat commis d’office. Toutefois, le devoir de cet avocat ne peut consister en rien d’autre qu’à aider l’accusé à formuler ses aveux de façon rapide et inconditionnelle et de hâter sa confession puisque c’est la seule façon de sauver son âme. »

« Et par-dessus tout, il faut veiller à ce que l’accusé ne sache jamais ce dont on l’accuse. On doit talonner le suspect sans relâche pour qu’il découvre lui-même son péché, pour qu’il formule, lui, l’accusé, son propre chef d’accusation. »
Giordano Bruno, après sept ans aux mains de l’Inquisition, refuse jusqu’à la fin de courber l’intelligence et le savoir devant la foi.
« Il disait que l’on ne pouvait écrire si on était privé de liberté… »
Subitement (de façon effectivement peu vraisemblable), déguisé en scribe, le narrateur fuit à Genève la calviniste, où il travaille dans l’imprimerie et rédige son compte-rendu à son « frère » resté dans son couvent d’Avila.
« J’ai l’impression d’en avoir dit à la fois davantage et peut-être moins que ce que j’aurais voulu, les mots m’ont échappé : l’écriture est une occupation diabolique. L’homme qui prend une plume à la main se laisse entraîner par son besoin de dire. À un certain moment, il s’aperçoit que ce n’est plus lui qui écrit mais le livre ou le manuscrit qui s’écrit tout seul. Alors il faut serrer la bride et raturer tout ce qui, dans le texte, est superflu. Et à présent que ma subsistance provient de la correction d’écrits profanes, je peux dire que le véritable savoir-faire ne consiste pas à écrire mais à couper.
Si nous voulons formuler la vérité, il faut savoir tailler et effacer tout ce qui n’est pas le mot juste, celui qui exprime quelque chose au-delà de la vérité. »

« Mais il restera toujours quelque part un hérétique qu’ils ne réussiront pas à brûler à temps. Et un seul homme est capable de contaminer tous les hommes sains, tel le lépreux qui ne porte pas de clochette à son cou. »

Mots-clés : #historique #renaissance #universdulivre

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« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
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