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Annie Ernaux

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Message par Nadine Sam 3 Déc - 11:36

Annie Ernaux
Née en 1940

Annie Ernaux 28226410

Annie Ernaux, née Annie Duchesne le 1er septembre 1940 à Lillebonne (Seine-Maritime), est une auteure française, professeure de lettres. Son œuvre littéraire, pour l'essentiel autobiographique, entretient des liens étroits avec la sociologie.

Bibliographie

Écrits autobiographiques
1974 Les Armoires vides : Page 2, 6
1977 Ce qu'ils disent ou rien
1981 La Femme gelée
1984 La Place, (Prix Renaudot) ; Page 1, 2, 4
1988 Une femme
1991 Passion simple : Page 2
1993 Journal du dehors : Page 6
1997 Je ne suis pas sortie de ma nuit
1997 La Honte
2000 L'Événement
2000 La Vie extérieure
2001 Se perdre
2002 L'Occupation Page 2
2005 L'Usage de la photo, avec Marc Marie
2008 Les Années ; page 1, 4
2011 L'Autre Fille ; page 1
2011 Les Affranchis
2011 L'Atelier noir
2013 Retour à Yvetot
2014 Regarde les lumières mon amour, Raconter la vie ; page 1
2016 Mémoire de fille ;  page 1

Œuvres réunies
2011 Écrire la vie, (rassemble 11 œuvres de l'auteure, des extraits de son Journal intime, des photos et textes),

Entretiens
L'Écriture comme un couteau, avec Frédéric-Yves Jeannet, 2003
La littérature est une arme de combat, avec Isabelle Charpentier, 2005
Entretien avec Annie Ernaux, 2002
Écrire, écrire, pourquoi ?, entretiens avec Raphaëlle Rérolle, 2011.
Le Vrai Lieu, entretiens avec Michelle Porte, 2014 : Page 5

Ouvrages collectifs
« Leipzig, passage », Instants, 1991
Postface à Vincent de Gaulejac, La Névrose de classe. Trajectoire sociale et conflits d'identité, 1992
Acteurs du siècle, 2000
« L'Homme de la poste, à C. », Nouvelles à coucher dehors, 2003
Préface à Annie Ernaux : une œuvre de l'entre-deux, 2004
« Toutes les images disparaîtront », Nomadismes des romancières contemporaines de langue française, 2008
Bernard Desportes autrement, 2008
Écrire mai 68, 2008
« La Distinction, œuvre totale et révolutionnaire », Pierre Bourdieu. L'insoumission en héritage, collectif, 2013

(Wikipedia)

màj le 28/10/2022


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Message par Nadine Sam 3 Déc - 11:36

Annie Ernaux Ernaux10

Mémoire de fille.


Je viens de finir Mémoire de fille
C'est assez dérangeant ce que l'auteure aborde.
Avec mes mots je dirais l'espèce de transe qui nous habite adolescents.

Malgré le titre cela me semble être valable pour les hommes aussi ? 
Les hommes doivent certainement avoir un processus mémoriel très barré, au sortir de leurs premiers galops d'essai dans la vie. Comme celui qui est décrit ici.

Si ce livre est aussi perturbant, c'est je crois parce qu'il veut ausculter l'Action qui nous déborde, dans la première jeunesse autonome.
J'ai vu défiler tellement de séquences de ma propre  jeunesse, tellement d'acteurs, au statut de simples figurants, mes décodages, mes jugements, etc

Je n'ai pas tellement envie de charcuter ce qu'elle fait bouger en moi, à vrai dire.
Parce qu'il y est dit aussi des choses très importantes, essentielles, mais décodées, énoncées... c'est compliqué à faire. ça renvoie trop à la construction identitaire en soi. Chaud chaud.


Bien évidemment ça me ramène, aussi, à Bourdieu, parce que cette auteure dépeint très bien ce que c'est que de ne pas avoir les codes. 

Elle a vraiment un champ d'attaque très spécifique cette femme. 

Quelques extraits, non représentatifs mais inspirants, ça suffira bien. je conseille, bien sûr.



Peu d'images des deux dernières semaines à la colonie. Sans doute à cause de la fixité et de la pauvreté de mon rêve qui n'a pas permis à la réalité de s'incruster dans la mémoire

Au fond il n'y a que deux sortes de littérature, celle qui représente et celle qui cherche, aucune ne vaut plus que l'autre, sauf pour celui qui choisit de s'adonner à l'une plutôt qu'à l'autre
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Message par Nadine Sam 3 Déc - 11:41

Je pense en avoir lu deux, avant mémoire de Fille, de Ernaux.
Celui axé sur le père, sur le sentiment de se déclasser, sûr, et puis un autre. Je les ai lus il y a sans doute quatre ans au moins, par hasard, en une fois, dévorés, avec le sentiment, comme pour celui-là, qu'ils touchent à des trucs très fondamentaux, de manière très juste, sans avoir dutout de repère d'analyse littéraire. Précis dans le souvenir, l'analyse de soi, assez inclassable en fait j'ai l'impression. 
ça m'a à chaque fois beaucoup beaucoup marquée, mais en excluant à chaque fois la possibilité de s'y référer consciemment. Comme un truc dévoré , à intégrer en silence. Bizarre, hein...
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Message par Allumette Sam 3 Déc - 12:05

La place

Annie Ernaux La_pla10

Il s'agit d'un court roman à caractère autobiographique qui fut publié en 1983 chez Gallimard et récompensé par le prix Renaudot.

Annie Ernaux raconte des souvenirs de son enfance de façon fragmentaire. C'est suite à la douleur d'avoir perdu son père qu'Annie Ernaux propose un récit poignant sur la personnalité de celui-ci, leur vie et donc son enfance à elle, le tout avec ses yeux d'adulte et de femme ayant pu accéder à une situation sociale plus élevée.

Hommage poétique et profond d'Annie Ernaux à son père.

Livre qui m'a plus qu'émue. Lecture en juillet 2016

Coup de cœur.


mots-clés : #autobiographie
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Message par Nadine Sam 3 Déc - 12:10

Voilà, bah celui-ci est un des autres que j'ai lu.
Pareil, beaucoup reçu de lui. Il est court, ne paye pas de mine, mais lamine bien nos propres strates.
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Message par topocl Sam 3 Déc - 14:13

je ne l'ai pas lu, celui-ci, il faudrait que je tente. Annie Ernaud , c'est une sincérité sobre qui prend aux tripes bien souvent. Ce que le passé laisse en nous, sans concession.

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Message par Nadine Sam 3 Déc - 14:14

Bien résumé, Topocl.
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Message par topocl Sam 3 Déc - 14:19

L'autre fille

Annie Ernaux 41bid510

C'est à 70 ans qu'Annie Ernaux s'adresse enfin à sa sœur, morte avant sa naissance, pour dire cette histoire vraie, qui a marqué toute sa vie, d'une absence, et d'un silence.

Ils sont des parents qui ont perdu un enfant.
Tu es la, entre eux, invisible. Leur douleur.


Elle devait savoir, mais c'était comme si elle ne savait pas. On n'en parlait pas. Les parents pour moins souffrirent sans doute, et épargner leur deuxième fille, la fillette, sachant sans savoir, pour épargner ses parents.

Dans les années cinquante, les adultes nous considéraient, nous, les enfants, comme des êtres aux oreilles négligeables, devant qui on pouvait tout dire sans conséquences à l'exception des choses sexuelles, objet seulement d'allusions.

Dans les années 50, selon une règle implicite, il était interdit d'interroger les parents, les adultes en général, sur ce qu'ils ne voulaient pas qu'on sache mais que nous savions.

Oui, elle savait sans doute, implicitement, mais l'ignorait : quelques photos évoquées dans le texte traînaient toujours,

Quand j'étais petite , je croyais -  on avait dû me le dire - que c'était moi. Ce n'est pas moi, c'est toi.

C'est à dix ans  qu'elle a appris, non pas tant cette mort, donc, que le fait que Ginette, elle, était gentille.

Quand elle écrit, les années ont passé, les parents sont morts, les faits sont compris, pardonnés, la tombe est fleurie chaque Toussaint. Ce n'est pas un règlement de compte, ce n'est pas une dénonciation. C'est comme une tentative de réconciliation, avec elle, avec eux. Comme un regret que cela ne se soit pas fait plus tôt.

J'espérais peut-être qu'à la faveur de ce silence ils finiraient par t'oublier. Je vois la vérification de cette hypothèse dans le souvenir d'un trouble profond et inexplicable ressenti à chaque fois que, adulte, il m'a fallu admettre cette évidence : tu étais indestructible en eux.

(commentaire rapatrié)


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Message par topocl Sam 3 Déc - 14:22

Mais elle sait avoir un regard plus sociologique. Toujours ancré dans les réalités quotidiennes.

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Message par topocl Sam 3 Déc - 14:23

Regarde les lumières mon amour

Annie Ernaux 51uwz610

Annie Ernaud s'est glissée dans les contraintes de la collection Raconter la vie du Seuil  (ici)  et a donc produit 96 pages sur l'un des thèmes proposés : Les lieux producteurs ou expressions du social - espaces exemplaires d’un nouveau mode de vie, lieux révélateurs d’une crise sociale, lieux de flux, nouveaux lieux de travail...

Et quelle meilleure expression du social, que les supermarchés, ces lieux où presque tous, riches et pauvres, jeunes et vieux, se croisent au quotidien, entre plaisir et déplaisir, entre distraction et nécessité, pour assumer sans relâche cette tâche transmise depuis que l'homme est homme, assurer sa subsistance ?

Pendant un an, Annie Ernaud a tenu le journal de ses visites au supermarché, non par des visites d'écrivain-témoin, mais bien en cliente acheteuse, liste et caddie en main. Observant les lieux, les faits, les gens, notant les réminiscences et les réflexions que cela lui apportait, comme l'aurait fait un Georges Perec. Rien de rare, ici, donc, bien au contraire, rien que de l'ordinaire. La frénésie d'achat, le jeu avec nos désirs, la confrontation à l'autre dans une recherche qui mêle fuite et confrontation de la solitude, les enjeux du monde du travail et de la mondialisation, le sexisme et la ségrégation de la pauvreté, tout y est, dans un récit qui n'a que l'apparence de la légèreté et qui m'a donné  une sensation de grande proximité avec l'auteur, que ses prises de conscience n'arrivent cependant pas à empêcher de participer à ce grand jeu de la consommation.

C'est un reflet absolument parfait de ce que l'on peut vivre soi-même en fréquentant un supermarché, mêlant amusement et lucidité. Rien de plus. Et tout est dans ce rien de plus. Trompé par la familiarité du sujet, on pourrait être, en lisant ce livre, un peu comme le naïf devant un Picasso qui dit, « J'aurais pu faire aussi bien ». Mais non, bien sûr, le lecteur accroché par cette prose à la fois sensible, curieuse et attentive, n'aurait certainement pas fait aussi bien.


(commentaire rapatrié)


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Message par Jack-Hubert Bukowski Mer 7 Déc - 4:04

topocl a écrit:Mais elle sait avoir un regard plus sociologique. Toujours ancré dans les réalités quotidiennes.

Tu résumes bien l'approche d'Ernaux, Topocl. Je ne l'ai pas autant lue sinon dans son approche de la création littéraire. Dans un extrait prescrit en classe cette session, elle parle surtout du problème de la forme en création littéraire. Il faut remarquer que la forme de ses textes se révèle très diverse et varie d'un texte à l'autre mais plus son oeuvre évolue, plus ses textes ont tendance à tendre vers une réduction du nombre de pages. Je pense que son propos est pertinent dans la mesure où il rejoint mes préoccupations concernant l'écriture des flâneries littéraires. J'ai quand même tendance à être sceptique avec la réticence qu'elle manifeste à propos de la psychanalyse.

Merci Nadine d'avoir mentionné Annie Ernaux. Elle est une auteure assez essentielle dans le cadre des études littéraires et oui, les thématiques se croisent par rapport à Bourdieu dans la mesure où nous sommes dans le confluent des sensibilités et des atomes crochus des écrivains et des théoriciens avec la sociologie et la psychanalyse. Il semble même en fait qu'il y a deux sorte de romanciers, c'est à dire les romanciers journalistes et les romanciers sociologues. Il s'agit d'un archétype assez réducteur, mais qui touche à des propriétés stylistiques de la littérature.

Nous pouvons lire ces réflexions d'Annie Ernaux dans L'écriture comme un couteau alors qu'elle s'exprime dans des entretiens avec Frédéric-Yves Jeannet.
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Message par Nadine Mer 7 Déc - 19:27

Merci, je note , bien sûr. je ne savais pas Jack Hubert.
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Message par Jack-Hubert Bukowski Lun 12 Déc - 8:40

Question de bien refermer la parenthèse par la suite, on parle souvent de Pierre Bourdieu comme sociologue de la littérature. J'ai eu l'opportunité d'être informé pour la première fois à propos de l'existence d'une autre sociologue de la littérature. Son nom est Nathalie Heinich. Elle s'intéresse à la sociologie de l'art et a même écrit sur Norbert Elias dans un autre contexte, ce qui n'a pas manqué de piquer ma curiosité. Je referme ici la parenthèse. J'ai consenti à son ouverture dans la mesure où Annie Ernaux parle volontiers d'une conception sociologique de l'écriture a contrario de la psychanalyse dans ses entretiens cités plus haut. Je le répète encore une fois, je suis sceptique devant une telle assertion, surtout lorsqu'on voit les acrobaties verbales dont elle fait preuve.


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Message par Bédoulène Lun 12 Déc - 8:44

je ne l' ai pas encore lu mais j'ai des livres en attente

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― Le club des incorrigibles optimistes de Jean-Michel Guenassia



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Message par Jack-Hubert Bukowski Lun 12 Déc - 8:48

Bédoulène, ce n'est pas trop long comme livre d'entretiens si ça pique ta curiosité. Ça peut être expédié assez rapidement entre deux-trois lectures volumineuses.
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Message par bix_229 Lun 12 Déc - 15:09

J' aime Annie Ernaux.
Elle a deux passions : l' amour et la littérature.
Ces passions la dévorent, mais elle renait toujours.
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Message par topocl Sam 17 Déc - 15:56

Les années

Annie Ernaux Images17



C'est, dit l'auteur, une « autobiographie impersonnelle ». Non pas, comme il en est coutume, le monde décrit à travers une femme, mais plutôt ici une femme décrite à travers le monde. De son enfance d'après-guerre à sa vie de retraitée, au début du XXIe siècle, perpétuellement désignée par « elle « ou « on », on saura peu de choses (pas même son nom), si ce n'est les codes familiaux et culturels, les habitudes sociales,les événements politiques, les livres, les films vus, les objets fréquentés ou acquis.

Il y a quelque chose de franchement jubilatoire dans ce portrait, qui, quoique singulier, nous fait retrouver autant de choses vues, partagées, vécues, pensées de la manière ou d'une manière approchante.

La vie de cette petite fille de milieu paysan, émancipée par ses études, son départ à la ville, sa fréquentation de milieux nouveaux, ses choix de vie et ses options politiques est l'occasion de dérouler une vaste fresque racontant ce qu'a été la vie en France dans la deuxième moitié du XXe siècle : qu'y a-t-on pensé, qu'y a t'on rêvé, à quoi y a-t-on renoncé au profit d'une certaine paresse et d'un choix de confort. On y a , bien sûr, vécu une vie beaucoup plus étriquée que les rêves qu'on avait pu avoir, une vie finalement bourgeoise, stupidement consommatrice, mais à laquelle on est attachée, liée, au point de vouloir l'écrire, en un temps où le souvenir reste encore possible.

La société, la vie en général, la narratrice évoluent, avancent au jugé, progressent ou stagnent… Et au delà de l'histoire des instants, elle porte un regard rétrospectif sur le temps passé, un œil d'espérance vers l'avenir, compare, signant un chemin déjà tracé, et que l'on se doit de continuer. J'ai beaucoup aimé ces regards décalés.

Le lien est constitué par quelques photos ou films, noir et blanc puis couleurs, précieusement conservés (comment seront racontées les vies à l'heure de la photographie numérique et de ses excès?), mais aussi par les repas de famille, rituels préservés quoique évolutifs, variations subtiles sur le thème familial, renversement progressif des rôles. On retrouve aussi, au fil des années, l'histoire de l'écriture qui s'élabore, se construit dans l'incertitude, accompagne Annie Ernaud dans une recherche de son livre et d'elle-même.

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Message par bix_229 Sam 17 Déc - 19:46

Annie Ernaux 41bid510

L'AUTRE FILLE. - NIL

T'écrire, ce n' est rien d' autre que faire le tour de ton absence."

Annie Ernaux apprend en écoutant une conversation de sa mère qu'elle a eu une soeur. Une soeur qui est morte à 6 ans, deux ans avant la naissance d'JeAnnie. Et qu' elle n'a donc pas connue. Et dont ses parents ne lui ont jamais parlé, ne lui parleront jamais, même quand ils ont compris qu'Annie savait.

Annie portera toute sa vie le poids de cette jeune morte, car le poids des morts peut etre terrible. Jamais la morte ne lâchera la vivante. Dotée qu'elle est de toutes les vertus, Annie n'ayant hérité que de la mauvaise part.

Annie Ernaux comprendra aussi que cette morte est devenue la raison, la seule raison pour laquelle ses parents sont restés ensemble.

La pudeur et la sobriété sont l'essence même de ce livre,et ils le servent. Il suffit d'en citer quelques phrases.

Rien de ce qui se passe dans l'enfance n'a de nom. Je ne sais pas trop ce que je ressentais, mais je n'étais pas triste... Après avoir cherché longuement, le mot qui me vient comme le plus juste, irréfutable, cest dupe. J'étais dupe dans le sens populaire, moritifiée. J'avais vécu dans l' illusion. Je n'étais pas unique. Il y en avait une autre surgie du néant. Tout l'amour que je croyais recevoir était donc faux. P.22

Il semble aussi que je t'en voulais (A .E. s' adresse à sa mère)d'avoir dit que tu allais voir la Sainte Vierge au cimetière. Des paroles qui me montraient toute mon indignité... Maintenent je n'ai plus de colère, j'accepte l'idée que toute consolation, une prière, une chanson vaut au moment de basculer dans le néant et je préfère penser que tu es partie heureuse... P.23

La réalité ne pénètre pas les croyances de l'enfance. C'est avec celle-là, du miracle, que j'existais en 1050. Que je continue peut-être d' exister... Car il a bien fallu que je me débrouille avec cette mystérieuse incohérence : toi la bonne fille, la petite sainte, tu n'as pas été sauvée, moi, le démon, j'étais vivante. Plus que vivante, miraculée.

Il fallait donc que tu meures à six ans pour que je vienne au monde et que je sois sauvée.... A vingt ans, après être descendue dans l'enfer de la boulimie et du sang menstruel tari, une réponse est venue : pour écrire...Je n'écris pas parce que tu es morte. Tu es morte pour que j'écrive, ça fait une grande différence. P. 34-35

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Message par Nadine Dim 18 Déc - 20:23

Wotch ! Blam. la dernière phrase.. wow.
Tout un chemin de croix derrière ça.
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Message par topocl Ven 3 Mar - 8:49

Annie Ernaux 31gjy-10

Mémoire de fille

Annie Ernaux nous rapporte ce qu'ont été ses deux années 1958-1959. Elle a quitté son milieu familial et s'est heurtée  à son propre désir de libération totale, confrontation à laquelle elle n'était pas préparée. D'une part parce que le milieu familial était un carcan fermé, lié à la pauvreté et au faible niveau-socioculturel, ce qui a caricaturé cette obligation, dans n'importe quel milieu cette fois-ci, pour une fille d'arriver vierge au mariage, et cette hantise de tomber enceinte. D'autre part parce que le "milieu jeune" (je ne trouve pas d'autres mots) était un carcan différent, l' obligation était cette fois-ci à  l'obligation de la jouissance et de la sexualité. Elle errait ainsi, sans codes du fait de son enfance, entre le bonheur d'enfin appartenir à un groupe, et le rejet de celui-ci où, malgré cette apparente ouverture, restait le dogme coucher=putain. Au final, la honte a été le fil rouge de ces années.

Elle raconte cela de façon plutôt factuelle, ayant porté en elle ces souvenirs pendant des décennies avant d'oser s'y affronter dans l'écriture. Mais si les faits sont là, elle reconnaît qu'il est impossible, du fait de l'expérience acquise à travers son parcours de vie , de se  remettre précisément dans la peau  de la jeune fille qu'elle était à l'époque, de remettre les compteurs à zéro en quelque sorte.

Elle aborde donc  des choses qui devraient réveiller chez chaque lecteur des événements très intimes, et souvent douloureux, de son passage à l'âge adulte, sans y mette forcément une hauteur de vue qu'on a pu apprécier dans ses livres précédents.
Ceci explique  sans doute un certain malaise dans ma lecture,  qu' églantine ait botté en touche, que Nadine n'ait "pas très envie de charcuter". Comme elles, que je vous épargnerai le récit de mes propres errances adolescentes,
Elle parle très vrai, Annie Ernaux, peut-être trop vrai.

Et pour parler d’une façon plus générale, si ce livre est  totalement emblématique d'une époque, je pense que les choses n'ont finalement pas tellement évolué, malgré certes, l'évolution des mentalités (côté parents et côté jeunes), et évidemment la contraception qui a complètement changé la donne (simplement cela a peut-être un peu rapproché le sort des filles de celui des garçons)... Mais il y a toujours cette injonction de "normalité", ce jugement auquel nul n'échappe.

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