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B. Traven

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Message par Bédoulène Sam 10 Déc - 11:58

B. Traven
1882  - 1969

B. Traven Avt_b-10

B. Traven (1882 ? - Mexico, 26 mars 1969) est le pseudonyme d'un écrivain de langue allemande, Otto Feige, dont les autres pseudonymes sont, notamment : Traven Torsvan, Berick Torsvan. Il est l'auteur de plus d'une cinquantaine d'ouvrages et est considéré comme un écrivain majeur du xxe siècle. Son roman le plus célèbre reste Le Trésor de la Sierra Madre, qui a été porté à l'écran par John Huston.

Depuis au moins 1926, B. Traven a cherché à brouiller les pistes sur son passé : pour lui, seule comptait l'œuvre. On connaît aujourd'hui l'essentiel de son parcours, mais des doutes subsistent sur le lieu et la date de sa naissance et sur les conditions de son enfance.
B. Traven est le nom de plume de Hermann Albert Otto Max Feige, né probablement le 23 février 1882 dans une petite ville de la Prusse brandebourgeoise. Otto est un très bon élève ; il émet le souhait de devenir pasteur. Néanmoins, comme ses parents ne peuvent se permettre de lui payer sa pension, il se voit contraint de commencer un apprentissage comme mécanicien. Il devient membre du syndicat des ouvriers métallurgistes allemands. Quand ses parents lui interdisent d'organiser une campagne syndicale, il se brouille avec eux. Aucun membre de la famille Feige ne le reverra plus.

Syndicaliste actif, Otto Feige consacre une bonne partie de son temps à l’organisation de soirées artistiques. Il fonde un théâtre d’ouvriers. En 1907 il démissionne, change de nom, et disparaît sans laisser de traces. Otto Feige se métamorphose en Ret Marut, comédien, qui prétend avoir vu le jour à San Francisco le 25 février 1882. En 1909, Marut signe un contrat à Crimmitschau, en Saxe. Il rencontre Elfriede Zielke, 22 ans, comédienne. Ils vivent ensemble de 1910 à 1914 et ont une fille, Irène. Mais en 1914, Elfriede Zielke rencontre un autre homme et se sépare de Marut. Après 1918, il cesse toute relation avec la mère comme avec la fille.
À l’automne 1912, il signe un contrat avec le Théâtre de Düsseldorf, l’un des théâtres allemands les plus renommés. Ses espoirs d’accéder à des premiers rôles sont déçus ; il donne sa démission et change radicalement de vie, encore une fois.

La guerre de 1914 éclate ; il n'est pas enrôlé, mais devient journaliste et écrivain. Secondé par Irene Mermet, sa nouvelle amie, Marut va publier des nouvelles pacifistes et diriger, malgré la censure, une revue anarchiste, Der Ziegelbrenner, vendue sur abonnement.
Le 7 novembre 1918, se crée la République des conseils de Bavière, à laquelle Marut participe activement avec Irene. Responsable de la presse, il est arrêté le 2 mai 1919, mais réussit à s'évader. En compagnie d'Irene, il erre pendant quatre ans et demi à travers l'Europe sous divers pseudonymes.

Sa demande de passeport américain est rejetée. Finalement il réussit le 17 avril 1924 à embarquer pour Tampico, port mexicain. Sa découverte du Mexique et de l'exploitation des indiens va devenir le moteur premier de ses écrits et de sa vie pendant ces dix années prolifiques. Ses ouvrages seront écrits en allemand et publiés par le journal social-démocrate Vorwärts en feuilletons, puis par la Guilde du Livre à Berlin.
D'abord Les Cueilleurs de coton, puis Le Vaisseau des Morts et Le Trésor de la Sierra Madre avec pour personnage récurrent Gérald Gale. Parallèlement, Traven participe à des expéditions archéologiques et ethnologiques au Chiapas comme photographe, sous le nom de Traven Torsvan, tout en suivant des cours de civilisation et d'histoire indianiste à l'université de Mexico.
À partir de 1928, il entame le cycle de la Jungle, comprenant des romans et des récits. Puis, c'est le cycle de la caboa (acajou), le plus prolifique. Entre temps, la prise de pouvoir par Hitler contraint les éditeurs à transférer la publication de ses ouvrages en Suisse à Zurich. En homme avisé, Traven envoie également ses manuscrits aux États-Unis et à Londres, où ils vont connaitre un succès immédiat.

Dans ces années-là, Traven fait la connaissance d'Esperanza López Mateos, sœur du futur président du Mexique, qui devient la traductrice de ses livres en espagnol et sa nouvelle compagne. Après 1939 il a pratiquement cessé d'écrire, à part un curieux roman, Aslan Norval, en 1960.
Après le suicide d'Esperanza López Mateos en 1951, il s'installe à Mexico, dans la maison de Rosa Elena Luján, qui sera sa secrétaire, puis son épouse. Désormais, il se consacre à la diffusion de ses livres et aux adaptations de ses films (9 de son vivant). Après l'épisode du tournage du Trésor de la Sierra Madre, le journaliste Louis Spota révèle que l'agent littéraire Hal Croves, qui a supervisé l'adaptation du roman, s'appelle en réalité Torsvan et n'est autre que le célèbre écrivain B. Traven lui-même. Commence alors la « chasse au Traven » dont il s'amusera à déjouer tous les pièges avec habileté jusqu'à sa mort survenue le 26 mars 1969.
(wikipedia)

Oeuvres traduites en français

1932 : Rosa Blanca (Die Weisse Rose, 1929)
1934 : Vaisseau fantôme (Das Totenschiff, 1926)
1942 : Marguerite enquête
1951 : Le Trésor de la Sierra Madre ( 1927) : Page 1
1954 : Le Vaisseau des morts : Page 1
1955 : La Révolte des pendus : Page 1
1955 : La Charrette (1931)
1974 : Indios (Government, 1931)
1967 : Le Visiteur du soir : et autres histoires
1994 : Dans l'État le plus libre du monde
1999 : Le genre de choses qui arrivent en France : et autres fabliaux
2004 : Le Pont dans la jungle (1929)
2009 : Nouvelles mexicaines (1956)
2009 : Le Chagrin de saint Antoine : et autres histoires mexicaines (1975)
2013 : L'Armée des pauvres

màj le 18/01/2019


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Message par Bédoulène Sam 10 Déc - 12:05

La révolte des Pendus

B. Traven Traven10

Là, comme dans des lectures précédentes qui traitent de révoltés se  retrouve l'exploitation de l'homme par l'homme, avec la complicité (réelle ou muette) de l'église,  quel  que soit le pays.

" Mais Dieu qui est venu sur terre deux mille ans auparavant pour sauver les hommes, a sans doute oublié les Indiens."

Qui dit "opprimés" dit "révoltés" et c'est bien cette révolte que dans ce livre l'auteur nous conte, celle des Indiens du Mexique.

Dans l'enfer qu'est une "montaria" pour les Indiens on retrouve aussi des "classes" sociales, le patron (patroncito) le chef  ou Jefe, ses contremaîtres ou capataces, ensuite viennent les artisans (sellier, cuisinier etc.....) et les exploités les Indiens nommés chamulas.

"Les maîtres, les Cachupines, les Espagnols, les Ladinos et les Chinos blancos des cafetales allemands étaient des dieux contre lesquels un péon indien n'eut jamais osé se révolter. Ce n'était ni par lâcheté ni par l'esprit d'un pardon qu'ils agissaient ainsi. Ils savaient qu'il y a des dieux et des serviteurs. Et qui n'était pas dieu ne pouvait être qu'un serviteur obéissant et soumis."

La forêt est aussi exploitée par l'homme, l'acajou est d'un grand profit et est exporté, les grands exploitants étaient souvent des étrangers d'ailleurs (Américains, Allemands..)
Les exploités devaient fournir 3 à 4 tonnes de « trozas » rondins par jour, le lecteur peut imaginer facilement le chantier d’abattage.

Ce pays à cette époque est sous la dictature d'un vieux "cacique", lequel adopte toutes les "suggestions" des grands propriétaires. La révolte gronde dans toutes les régions, mais seuls les patrons le savent, les Indiens ne savent ni lire, ni écrire et donc facilement exploitables.

"Si le trône du vieux vacille et s'effondre, alors toute la République sera en feu. Et, comme depuis des années, personne n'a appris à penser, parce que c'était interdit de penser, elle brûlera jusqu'à ce que tout soit consumé et nous avec."

La violence répond à la violence, c'est pour cela que la révolte va être meurtrière.

Mais après avoir si longtemps baissé la tête, donné l'échine, les Indiens des exploitations avaient besoin d'un révélateur pour oser se libérer, c'est un enseignant qui peine avec eux qui va les inciter à la révolte.
Donc là,  la reconnaissance du "savoir" est une force libératrice.

"Mais quand l'opprimé commence à prendre conscience que sa vie est devenue semblable à celle des animaux, qu’il lui est impossible de leur ressembler davantage, alors les limites sont déjà franchies. Alors, l’homme perd toute raison et il ait comme un animal, comme une brute, pour tenter de retrouver sa dignité d’homme. »



Certains tels les péones de la petite exploitation que rencontrent nos révoltés  font  une révolution pratique, c’est-à-dire uniquement à leur profit comme le constate et  regrette l’un des protagonistes,  El Pofesor.

« Une révolution qui explique et qui a besoin d’être motivée n’est plus une révolution. Elle n’est qu’une lutte pour la propriété et les emplois. La vraie révolution, celle qui est capable de changer les systèmes, elle est au fond  du cœur des vrais révolutionnaires. Le vrai révolutionnaire ne pense pas au profit personnel qu’il peut retirer d’une révolution. Il démolit le système social au milieu duquel il souffre et voit souffrir les autres hommes. Il se sacrifie et meurt pour le détruire et pour réaliser d’autres idées. »

Le lecteur ne connaîtra pas le dénouement de cette « révolution », mais il apparait que tous  ces révoltés sont conscients qu’à présent ils ne doivent et ne peuvent que continuer dans leur engagement.

J’aime que l’auteur ait laissé la liberté au lecteur d’imaginer une fin à son goût à ses idées.

Je reviendrais pour d’autres lectures.

"message rapatrié"


mots-clés : #insurrection


Dernière édition par Bédoulène le Ven 3 Nov - 21:03, édité 1 fois

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Message par Tristram Ven 16 Déc - 23:47

« – Eh bien ! la seule question, la voici : le moment ne vient-il pas toujours où l’homme ne peut plus supporter ses souvenirs ? Les actes n’ont pas de poids, ce sont les souvenirs qui dévorent l’âme. »
B. Traven, « Le trésor de la Sierra Madre » , VIII

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Message par animal Ven 16 Déc - 23:54

J'ai apprécié mes incursions chez Traven et je suis content d'avoir commencé par Le Vaisseau des morts. La prise de contact avec sa tonalité et le déplacement ou la fuite aussi ?

Le vaisseau des morts

B. Traven Traven11

Le chauffeur hurlait comme un possédé et prit un élan vigoureux pour lâcher une nouvelle bordée de jurons et de malédictions à faire rougir les habitants de tous les enfers. Rien ne subsista de la majesté de son Dieu, de la pureté virginale de la Reine des cieux, de la dignité des saints. Ils furent jetés dans le caniveau et trainés dans la fange. L'enfer n'était plus capable, le redoutable anathème du ciel ne pouvait plus l'atteindre, car, lorsque je lui demandai :
Chauffeur, qu'est-ce qu'il y a ?,
Il hurla comme une bête féroce :
(...)

C'est une partie de son histoire que nous raconte un marin originaire de la Nouvelle-Orléans. Peu après la première guerre mondiale, son bateau part sans lui, et il reste sans papiers... d'abord repoussé à de pays en pays et n'arrivant à s'embarquer sur aucun bateau digne de ce nom, échappant de peu à une peine de mort un poil surréaliste, mangeant comme il peu, et malgré quelques coups de chance, il est bien obligé de se faire une raison. Le hasard le fait s'embarquer sur la Yorikke qui est un vaisseau fantôme, c'est-à-dire, un bateau à bout de souffle avec un équipage sans papiers qui a pour vocation de faire quelques traffics avant de sombrer de préférences avec la majorité de l'équipage histoire que le propriétaire touche l'assurance...

Qu'on ne vienne pas sermonner les travailleurs sur la politesse et les bonnes moeurs quand on les emploie dans des conditions qui leur interdisent d'être polis et décents. La crasse et la sueur déteignent encore plus sur l'esprit que sur le corps.

A cheval entre un réalisme désespéré et une certaine bonne humeur, il est bien difficile de ne pas s'attacher à ce bonhomme... Ces réflexions sont exprimées avec ce qu'il faut de démesure, de caricature... de raillerie... ça m'a fait pensé à la deuxième partie de Mort à crédit de Céline. Mais en moins lourd, plus maitrisé peut être aussi. Avec quelques très beaux passages dans leur genre sur les bateaux ou les hommes.

Sa gouaille et son bons sens sont comme les couches de peintures qui font tenir sa Yorrike, ça fait tenir cet homme et son camarade Stanislaw alors qu'ils descendent chaque fois plus loin, dans les entrailles et les dangers du bateau, dans l'inhumain des conditions de vie et du travail... les fait tenir alors qu'ils s'habituent au pire, font avec, cherchant un peu de vie et de bonne humeur dans leur enfer.

Cette lecture n'a pas eu ni un goût de révolutionnaire ni un goût de tremblement de terre mais a été à la fois très prenante et très agréable et débordante d'humanité, un peu rustique. Simple mais pas trop, simple frôlant l'essentiel avec un réel talent. Sentiment hybride d'Orwell et de Céline.

C'est tout à fait le genre de bouquin qu'on a attend avec plaisir de retrouver (enfin) à la fin de la journée pour quelques pages... ou plus !

extrait :

Sans doute, avec le temps, le travail exorbitant que nous devions fournir, la situation étrange, désespérée dans laquelle nous nous trouvions tous, notre tension permanente dans l'attente du craquement douloureux que ferait entendre la Yorrike, condamnée mais acceptant mal de sombrer, avaient-ils laissé leur marque sur nos visages, et cette marque épouvantait tous ceux qui n'étaient pas de la Yorrike. Il devait bien y avoir quelque chose dans nos yeux, dans notre expression, qui faisait pâlir et hurler les femmes quand nous surgissions soudain à leurs côtés. Même les hommes nous lançaient des regards timides et rebroussaient chemin pour éviter de passer près de nous. La police restait vigilante tant que le dernier d'entre nous n'avait pas disparu. Les réactions des enfants étaient curieuses. Certains se mettaient à hurler dès qu'ils nous apercevaient et s'enfuyaient à toutes jambes, d'autres restaient cloués sur place, les yeux écarquillés, et nous regardaient passer, d'autres encore s'essoufflaient à nous suivre comme s'ils voyaient en nous des figures de cauchemar, et enfin il s'en trouvait quelques-uns, mais très peu, pour venir vers nous la main tendue, le sourire aux lèvres, en disant : "Bonjour, le marin !" ou quelque chose d'approchant. Parfois, après nous avoir serré la main, ils nous regardaient avec de grands yeux, bouche bée, puis détalaient soudain sans se retourner.
Étions-nous donc déjà tellement morts pour que l'âme des enfants voie la mort entre nous, la sente ? Leur étions-nous apparus alors qu'ils rêvaient encore dans le sein de leur mère ? Un lien secret se nouait-il entre nous qui partions, voués au trépas, et ces âmes enfantines qui venaient de franchir le seuil de la vie, la conscience encore toute imprégnée du royaume des ombres ? Nous partions, ils arrivaient, cette opposition nous rapprochait.

(message  transbordé).

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Message par topocl Sam 17 Déc - 8:53

Le trésor de la Sierra Madre

B. Traven Image148

On imagine volontiers tout au fil de la lecture, le film sans doute excellent qui en a été tiré par John Huston, où, nous dit wikipedia, John Huston lui même interprète le rôle du « riche américain au costume blanc ». C'est en effet un roman d'aventure dans toute sa splendeur, trois types dans la misère qui s'allient  pour s'en sortir,  et en face, l'or : quoi de plus emblématique de toute aventure humaine que l'or, avec tout ce que cela implique de rêve, de fascination, de folie,  de jalousie, de dérision...Sans parler de la couleur locale, le port qui grouille d'activité, les mules sur les pistes au sein des vallées désertiques et  escarpées, les bandits féroces et crasseux...Dans un climat de compagnonnage alternativement suspicieux ou amical, nos héros affrontent l'adversité, au sein de laquelle leurs propres démons ne sont pas en reste. Ils vagabondent entre enthousiasme, anxiété, délire et épuisement.


Mais il n’est pas à négliger que les héros sont des gringos au pays des Indiens, détrousseurs eux-même d'un peuple plus pauvre qu'eux, plus humble et plus sage aussi, semble indiquer Traven. Le film donne sans doute la part moins belle à la description d'un pays qui n'a guère vécu que d'oppression venue de l'extérieur, où l'autorité civile et religieuse a  proscrit l'éducation, fait régner la terreur, la suspicion et la superstition, entretenu la misère tant pécuniaire qu'intellectuelle . B Traven, qui a des passages virulents sur le rôle de l'Eglise au Mexique, double son roman d’aventure d'un roman social et politique.


(commentaire rapatrié)


mots-clés : #aventure #politique #social

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Message par animal Lun 20 Fév - 22:30

B. Traven 97827010
La révolte des pendus

quatrième de couverture a écrit:Dans ce roman, considéré par beaucoup comme le chef-d’œuvre de B. Traven, on retrouve ses sujets de prédilection : l’homme confronté à l’esclavage et à l’exploitation, la recherche de la dignité perdue. Dans les années 1920 au Mexique, Candido Castro, Indien tsotsil du Chiapas, va ainsi devenir l’un des héros de la révolte contre les Espagnols, les Ladinos, les maîtres tout-puissants qui exploitent les forêts pour leur seul profit, sans jamais compter les morts parmi les Indiens réduits en esclavage et pendus toute une nuit par les quatre membres lorsqu’ils n’ont pas abattu les trois ou quatre tonnes d’arbres quotidiennes…

C'est un livre qui n'est pas aussi simple (ou simpliste) qu'il pourrait en avoir l'air. Il est d'abord social, engagé et très démonstratif... très violents aussi. La démonstration de l'oppression, de l'injustice, de la cruauté et de la violence étant rendues plus tolérables et la lecture plus légère, plus facile, plus séduisante en un sens par un volume conséquent de torrents d'injures très "couleur locale" et par une dynamique constante, une emphase d'abord puis une sorte de trouble. Très pittoresque, le récit crée et joue sur une atmosphère proche de la fable voir du mythe, comme si on s'installait au coin du feu pour écouter l'histoire haute en couleur de révolution...

Le plus naturellement du monde on se fait berner. Il y a bien quelque chose de trouble, de dissimulé derrière cette explication morale "évidente" de l'exploitation et de l'esclavage de l'homme par l'homme. On a peur pour eux et on les admire ces indiens endurcis et révoltés, les simples, les penseurs ou les gros bras, la jeune femme... tous sont là. Un peu simple mais on reste parce que...

Parce qu'à la longue ça se précise, derrière "la boue jusqu'au hanches" et un "tigre royal" ... il y a peu d'espoir (en l'homme). La révolution est juste, l'auteur le dira et ne le niera pas... ce qui la fait non plus. Il en fait juste assez, appuie d'une manière faussement détachée pour faire se dessiner une vérité humaine d'un pessimisme certain... des schémas pourris en l'homme autant que dans le système en somme. Les attitudes de martyrs fraîchement libérés ressemblent étrangement à d'autres attitudes...

Le petit jeu dure tout au long de cette lecture mouvementée et on se dit souvent qu'on s'interroge plus qu'on ne le devrait. Je pensais à un moment que c'était bien mais que ça ne valait pas un Antoine Bloyé (Paul Nizan) qui parle de destruction de l'homme par un univers économiquo-quelque chose, de ce qui fait qu'en lui il marche avec sa destruction. J'ai fini par m'apercevoir que tout simplement le style et la manière étaient différents mais qu'au fond les deux ont le même effet sur le moral. On s'interroge sur beaucoup de points et sur soi aussi. Il ne faut pas s'y tromper.

Beaucoup plus fin qu'il ne veut bien le dire, la lecture du Vaisseau des morts aide certainement à s'y retrouver dans ce monde fermé et injuste qu'on traverse poussé par un souffle vivant et un peu fou. Un peu dangereux, transgressif... si on l'oppose à une unité acceptée des hommes.

Refermé ça vaut encore plus le détour et la réflexion.

(Récupération suite, je devrais me relire plus souvent).

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Message par Bédoulène Lun 20 Fév - 23:51

j'y reviendrai !

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Message par églantine Jeu 17 Jan - 20:08

Le vaisseau des morts :

Inspire de la foi aux hommes et , à chaque coups de bâton , Ils chasseront leur Dieu du ciel pour t'introniser. Si la foi déplace les montages , c'est l'incroyance qui brise les chaines des esclaves .
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Message par Bédoulène Jeu 17 Jan - 20:50

ah! je le lirai un jour celui-ci ! merci églantine !

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Message par Burlybunch Jeu 17 Jan - 21:36

animal a écrit:J'ai apprécié mes incursions chez Traven et je suis content d'avoir commencé par Le Vaisseau des morts. La prise de contact avec sa tonalité et le déplacement ou la fuite aussi ?
Je pourrais reprendre à mon compte cette phrase,
la découverte de Traven avec ce Vaisseau a été chez moi des plus marquantes,
et j'ai retrouvé une grande partie de cette force et de ces impressions dans mes lectures suivantes de l'auteur qui, oui, continuent à marquer bien longtemps après qu'on les ait refermées.
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Message par animal Jeu 17 Jan - 22:03

Une récup' pour fêter tout ça et cet auteur qui reste effectivement bien présent dans la durée :

B. Traven 00380610

Le Trésor de la Sierra Madre

hep hep hep... on s'arrête deux minutes pour ce qui va suivre.

première bonne chose : autre maison d'édition que les précédentes lectures, cette fois c'est Sillage, plus agréable objet et présentation, mise en page... biographie et présentation du texte, étiquetté "première traduction intégrale". Et on peut se permettre de s'en réjouir.

deuxième chose, pas mauvaise pour autant, l'autre étiquette est "le chef d'oeuvre de B. Traven", faudrait peut être tous les lire pour savoir, n'empêche je suis content d'avoir déjà fait la connaissance de l'auteur parce que je pense bien que la lecture n'en a été que meilleure. Et oui, c'est du très très bon qu'il nous sert là.

C'est comme un plat un peu simple avec des goûts un peu trop marqués, un dosage un poil excessif, mais ça reste terriblement bon et on le mange de bon coeur le machin, le truc simple qui nourrit et colle le sourire avant de vous pousser dans la plus bête des sieste. Un certain bonheur donc.

Sauf que c'est pas si bête. C'est extrêmement bien foutu et balancé. Une histoire de pauvres types plus ou moins honnêtes qui ont besoin d'argent, juste ce qu'il faut pour un toit, un verre et une gamelle, voir un peu plus pour se mettre à l'abris. Un type, puis deux, puis trois... et l'or. Et la folie qui l'accompagne mélange d'avidité et de peur. L'évolution qu'on sent venir est salement bien mené avec nos zozos aux caractères bien trempés et quelque peu ombrageux. Plaisir.

Et des histoires, comme des contes qui illustrent l'ensemble et amènent le prochain développement, des histoires d'or, des histoires de bandits (cruels !)... des histoires d'indiens aussi... et l'incontournable penchant de l'auteur pour égratigner les avidités systématique d'une Eglise volontiers cruelle ou d'un capitalisme pompeur de pétrole et d'énergie humaine. ça pourrait être simple et manquer de fond si Traven n'avait pas un horrible talent pour aller chercher la faiblesse chez chacun. Bon ou moins bon il ira vous trouver une graine véritable de crapulerie et vous expliquera non sans provoquer la sympathie la belle plante que cette graine donnera si l'occasion se présente. (on finira éventuellement par se demander si la sympathie est méritée B. Traven 1390083676 )

L'humour est noir et l'humanité réelle. D'arrangements en arrangements, et en arrangement avec la réalité on se prend dans les dents un formidable récit d'aventure humaine agrémenté de quelques visions d'un rustique bon sens. L'irréel d'un Mexique harrassant dont tous les acteurs sont croqués avec une perspicace désinvolture servi sur un plateau (ou tout ce qui fera l'affaire).

Pas facile d'espérer donner envie sans trop en dire... il prend le temps Traven de planter un décor et des personnages pour faire évoluer les idées et plus encore son récit, il n'hésite même pas à en abandonner en route, à changer de direction et à poursuivre. (<- et c'est drôlement bon).

ça m'a semblé un parfait mélange du meilleur du Vaisseau des morts (pour sa grandeur un peu déglinguée et mystique et de la Révolte des pendus pour ses Indiens et le grain de folie des personnages...

Vraie bonne lecture, valeur sûre pleine de ruse et de sagesse (? ... s ? ) et à lire par gros morceaux pour se lécher les doigts... Cool

Extrait :
- J'ai l'impression, dit Dobbs, qu'il ne nous reste plus qu'à vendre notre peau le plus cher possible et, au dernier moment, quand ils sauteront dans la tranchée, d'envoyer en enfer autant de ces fils de garce que nous pourrons.
- N'oublie pas de garder une balle pour te faire sauter la tête, ajouta Curtin. Je prie tous les saints du bon Dieu pour ne pas être fait prisoniier. Si on ne peut pas se tirer une balle, mieux vaut se donner un coup de poignard - ce sera toujours plus agréable que de se faire écorcher par eux. Fasse le ciel que nous ne tombions pas entre les mains de ceux que nous avons blessés."
Très pâle, Lacaud essayait vainement de sourire à toutes ces plaisanteries. Howard qui le regardait avec commissération, lui donna une claque dans le dos en disant : "Eh bien, mon gars, si tu me l'avais demandé plus tôt, je te l'aurais dit tout net, l'or coûte toujours très cher, quels que soient la façon dont tu le trouves et l'endroit où tu le trouves." A ces mots, Curtin eut une idée : "Peut-être nous laisseraient-ils tranquilles si nous leur donnions nos provisions et nos fusils.
- Non ma jolie, répondit Howard, tu les connais mal. Ce peuple a passé quatre siècles à vivre dans des conditions où il ne servait à rien de faire confiance à qui que ce soit, où il était inutile de se construire une maison, de déposer ses petites économies à la banque ou de les investir dans une entreprise honnête. Ils ne te traiteront pas mieux que ne les ont traités, pendant quatre cents ans, l'Eglise, le gouvernement espagnol et celui du Mexique. Ils predndront ton or et tes armes quand tu les leur proposeras, et ils te promettront de les laisser partir si tu le souhaites. Mais en aucn cas ils ne tiendront parole. Quoi qu'ils disent, ils te tortureront, afin de s'assurer que tu leur as donné tout ce que tu avais. Puis ils te tueront, parce que tu pourrais les dénoncer. S'ils n'ont jamais su ce qu'était la justice, ne t'attends pas à ce qu'ils l'apprennent ici. Personne n'a jamais été loyal envers eux; comment pourraient-ils l'être envers toi ? Il est impossible qu'ils tiennent leurs promesses, puisque celles qu'on leur a faites n'ont jamais été tenues. Ils se contenteront de prononcer un Ave Maria avant de te massacrer, ils se signeront, et il en ira de même quand ils auront fini. Nous ne serions pas très différents d'eux si nous avions été les victimes, nous aussi, au cours des quatre cents dernières années, de la tyrannie et de la superstition, du despotisme, de la corruption et d'une religion pervertie.
- Je me demande, intervint Curtin, pourquoi ils ne nous ont pas sorti plus tôt cette vieille ruse de Peaux-Rouges.
- Eh bien, fit Dobbs avec un grand sourire, les Indiens sont plus fainéants qu'une vieille mule. Ils étaient trop paresseux pour fabriquer directement leurs barricades. Ils ont essayé de nous attraper sans effort mais, quand ils se sont rendu compte qu'ils n'y parviendraient pas, ils se sont décidés à employer les grands moyens. Je parie qu'ils nous maudissent de leur donner tant de peine."

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Message par bix_229 Jeu 17 Jan - 22:27

Retour de l'énigmatique B. Traven, presque un mythe qu'il a entretenu sa vie
durant.
Mais on a fini par en savoir plus sur lui, sa carrière de révolutionnaire non guéri.
Et qui a su rendre justice aux indiens.
Il ne cherchait pas se faire des amis, mais il avait du répondant !
Il ne faisait pas toujours dans la nuance, mais ça ne faisait pas partie non plus
de ses intentions.
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Message par Tristram Mar 2 Nov - 11:51

Le Vaisseau des morts

B. Traven Le_vai10

Le narrateur, matelot mi-anarchiste mi-goguenard, vagabonde en Europe après avoir raté son bord.
Étranger sans papiers, les polices de différents pays européens lui font discrètement passer une frontière avec ordre de ne plus revenir.
« Chaque pays essaie de se débarrasser de ses sans-papiers et de ses apatrides, parce qu’ils causent toujours des ennuis. Le jour où on supprimera les passeports, on cessera aussitôt de se refiler les gens comme des marchandises. »
Plus précisément, c'est le fichage des individus qui est dénoncé ; ne pas être matriculé, c'est ne pas exister.
« Avoir faim, c’est humain. Avoir des papiers, ça ne l’est pas, ça n’est pas naturel. Toute la différence est là. C’est la raison pour laquelle les hommes sont de moins en moins des êtres humains et commencent à devenir des personnages en carton-pâte. »

« Au fond, et je ne plaisante pas, j’étais déjà mort depuis longtemps. Je n’étais pas né, je n’avais pas de livret de marin, il m’était impossible d’obtenir un passeport, et on pouvait faire de moi ce qu’on voulait parce que je n’étais personne ; officiellement, je n’étais même pas venu au monde et, par conséquent, je ne serais pas regretté. Si quelqu’un me tuait, il ne s’agirait pas d’un meurtre. Je ne manquerais à personne. Un mort peut être déshonoré, volé, mais non pas assassiné. »
Puis il s'embarque sur un rafiot qui ne s'embarrasse pas de formalités, et semblant destiné à périr à court terme. La situation de mort(-vivant) sur un vaisseau fantôme peut par ailleurs rappeler l’imaginaire sud-américain, particulièrement mexicain, comme dans Mictlán de Sébastien Rutés.
Curieuse vision de la liberté en Espagne :
« Pas étonnant que l’Espagne n’ait pas participé à la guerre pour la liberté et la démocratie du monde. Ici la guerre ne l’avait pas emporté sur une liberté perdue pour les hommes. Les nations qui se prétendent les plus libres accordent en réalité infiniment peu de liberté à leurs habitants et les maintiennent en tutelle toute leur vie. »
L’espoir est pratiquement perçu comme une malédiction propre à l’homme.
« Parce que j’espère et parce que je préfère me débattre dans la merde plutôt que de foutre en l’air l’espoir que je caresse et cajole. »

« Ni les animaux ni les hommes ne s’habituent aux souffrances, qu’elles soient physiques ou morales. La douleur s’émousse seulement, c’est ce qu’on appelle s’y habituer. Mais je ne crois pas qu’un homme puisse y être indifférent au point de ne pas souhaiter la délivrance et de ne pas porter dans son cœur ce cri éternel : "J’espère que mon libérateur viendra !" Seul celui qui a perdu tout espoir peut s’y habituer. L’espoir des esclaves fait la force des maîtres. »
Mais le ton est parodique, l’humour forcé, et Traven constamment à charge contre toutes les formes d’autorités, États, consuls, capitaines, ce qui ôte à l’intérêt de ce portrait du marin, de cette dantesque peinture de l’enfer du soutier. Il faut dire que tout le monde est décrié par ce prolétaire caricatural :
« Mais personne ne vous laisse aussi froidement mourir de faim qu’un travailleur. Et celui qui a votre nationalité est encore le plus salaud. »

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Message par Bédoulène Mar 2 Nov - 16:12

merci Tristram, je compte revenir à l'auteur  dont je n'ai lu qu'un livre "la révolte des pendus " mais je pense apprécier aussi ses autres livres dont j'ai vu d'ailleurs représentés plusieurs films

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Message par Tristram Mar 2 Nov - 16:22

Pas encore lu La Révolte. J'espère que c'est moins lourd de ton que Le Vaisseau des morts !
Dommage, le ton partial, excessif, me l'a gâché, alors que la réalité sociale dénoncée constitue une vision percutante, poignante, qui ne demandait pas à ce qu'on en rajoute !

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Message par animal Mar 2 Nov - 20:52

Un ton qui fait partie du genre ? Bon souvenir du Trésor de la Sierra Madre ?

Il faudrait que je pense à regarder ce que je peux trouver le jour où je repasse par la librairie.

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Message par Tristram Mar 2 Nov - 21:02

Bon souvenir global du Trésor, mais fort lointain... Pas d'un chef-d'œuvre cependant.
Là ça m'a un peu insupporté, cette incessante rancœur bornée, sans nuance ; maintenant, un autre jour, mieux disposé, ça m'aurait peut-être moins gêné... Ou ce n'est tout bêtement pas ma tasse de thé !

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Message par Bédoulène Mar 2 Nov - 23:06

je reviendrai quand je l'aurais lu !

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Message par Dreep Ven 1 Juil - 18:00

Le Vaisseau des Morts

B. Traven 71oyjm96yml

« A fellow of infinite jest, of most excellent fancy » dit le fossoyeur dans Hamlet en retrouvant le crâne de Yorick, et ce n’est peut-être pas un hasard si le « Vaisseau des morts » de Traven se nomme « Yorikke ». Un invraisemblable rafiot (sinon une épave) tellement les conditions de travail y sont dures. Bizarrement, cette accumulation de désastres et d’échecs qui est la dynamique du récit n’a jamais tout à fait raison de l’humour avec lequel Gerard Gale aborde toutes mésaventures. Une sorte de résignation amusée avec laquelle il imagine le pire, et qui fait qu’il n’est jamais longtemps impressionné par l’ignominie de son sort. Sans se démonter, Gerard Gale décrypte les causes de ces vicissitudes dans des développements à charge contre la société, contre une obsession du document officiel et cette voracité à l’égard de la masse musculaire peu coûteuse. L’exposé forme l’ossature de ce récit, un peu répétitif, non dénué pourtant de réflexions très intéressantes à glaner. Notre narrateur ne se contente pas de l’hypocrisie et des comportements absurdes mais polis qu’il dénonce, il préfère une comédie sans fin ni loi, quitte à ce qu’elle soit monstrueuse.
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Message par animal Lun 4 Juil - 19:17

Je garde encore un solide bon souvenir de cette aventure !

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