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Après tout une communauté en ligne est faite de vraies personnes, avec peut-être un peu plus de liberté dans les manières. Et plus on est de fous...


Je te prie de trouver entre mes mots le meilleur de mon âme.

Georges Brassens, Lettre à Toussenot

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Marie-Hélène Lafon

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Message par topocl Sam 3 Déc - 14:50


Marie-Hélène Lafon

Née en 1962

vieillesse - Marie-Hélène Lafon Dd3d2e10

wikipedia a écrit:Marie-Hélène Lafon, née en 1962 à Aurillac (Cantal), est un professeur agrégé et écrivain français.

Marie-Hélène Lafon est professeur agrégé, enseigne le français, le latin et le grec, en banlieue parisienne, puis à Paris, où elle vit. Célibataire et sans enfants, elle déclare n'en avoir « jamais voulu ».

« Née dans une famille de paysans », selon ses propres mots, elle est originaire du Cantal, où elle a vécu jusqu'à ses 18 ans, élève dans un pensionnat religieux de Saint-Flour. Elle part ensuite étudier à Paris, à la Sorbonne, et est agrégée de grammaire en 1987.

Son département d'origine, le Cantal, et sa rivière, la Santoire, sont le décor de la majorité de ses romans. « Quand j'écris, je rejoins mon vrai pays, c'est très intestin, très organique, comme malaxer la viande. »

Ouvrages

   Le Soir du chien : roman, 2001 ; page 1
   Liturgie : nouvelles, 2002
   Sur la photo : roman, 2003
   Mo : roman, 2005
   Organes : nouvelles, 2006
   Les Derniers Indiens : roman, 2008 ; page 1, 3
   La Maison Santoire, 2008
   L'Annonce : roman, 2009 ; page 1
   Gordana, illustré par Nihâl Martli : nouvelle.  2012 ; page 1
   Les Pays : roman, 2012 ; page 1, 2
   Album, 2012
   Traversée, 2013 ; page1
   Joseph, 2014 ; page 1, 2
   Histoires, 2015 ; Page 3
   Nos vies 2017 ; Page 2
   Le pays d'en haut 2019 ; Page 3
   Histoire du fils 2020 ; Page 3
 
màj le 02/03/2021


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Message par topocl Sam 3 Déc - 14:52

L ‘annonce

vieillesse - Marie-Hélène Lafon Images27

Un roman a la fois doux et prenant, qui distille une étrange émotion.
MH Lafon nous parle des humbles, des exclus, des abandonnés de la société. De ceux dont le destin est tout tracé par une naissance, une histoire familiale : Annette du Nord, des filatures et des maris ivrognes ; Paul du Cantal, agriculteur, voué au célibat, tout simplement parce qu’il n’y a pas de femmes, pas de temps. Des doux, sans révolte, acceptant humblement leur sort. Pourtant un beau jour, sans héroïsme, sans déchirement , cela suffit, cet horizon bouché, et il tentent quelque chose. Pas grand chose : écrire une annonce, la lire. Et justement parce qu’ils sont doux, savent limiter leurs exigences, ça marche. Ces « petits » prennent sans faire d'histoires leur destin en main, avec une volonté et une détermination qui leur permettent d'accepter certaines compromissions et, par là, de dépasser la fatalité et d'accéder à quelque chose qui n'est peut-être pas le bonheur, mais qui s'apparente à la sérénité
Sacrée victoire : ils ont su se donner une chance ;

Portait d’antihéros, dans un monde peu décrit par la littérature, le monde rural et ses pesanteurs, ce livre est une réussite de tous les instants ; Jamais supérieur, jamais superficiel, toujours touchant. Et puis il y a le style de MH Lafon, un style tout à fait unique, dans le sens que personne ne peut écrie comme elle. Elle a construit sa propre façon d’utiliser le langage ajoutant de petites touches entrecoupées,, affinant les descriptions, les sensations, par des mots accolés qui tournent autour du sens qu’elle veut donner. C'est assez extraordinaire, cette façon de préciser et nuancer.

Un coup de cœur d’autant plus significatif que j’abordais ce livre avec une certaine méfiance : cette idée de petite annonce me paraissaient plutôt casse-gueule, cette histoire de couple pas forcément bien assorti en milieu rural m'avait fait penser à Le mec de la tombe d'à côté, qui m'avait prodigieusement irritée. Mais on est à des kilomètres, carrément dans une autre sphère de la littérature : une écriture, pas de racolage, pas de caricature, pas de regard condescendant et amusé ; au contraire, une profonde empathie, un respect profond des personnages.



(commentaire rapatrié)


mots-clés : #famille #viequotidienne


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Message par églantine Dim 4 Déc - 12:07

topocl a écrit:

cette idée de petite annonce me paraissaient plutôt casse-gueule, cette histoire de couple pas forcément bien assorti en milieu rural m'avait fait penser à Le mec de la tombe d'à côté, qui m'avait prodigieusement irritée. Mais on est à des kilomètres, carrément dans une autre sphère de la littérature : une écriture, pas de racolage, pas de caricature, pas de regard condescendant et amusé ; au contraire, une profonde empathie, un respect profond des personnages.
J'avais passé un sacré bon moment avec ce mec de la tombe d'à côté !
Mais je pense que ce jour-là je devais voir la vie en rose bisounours et tout ! Razz
............
J'ai eu quelques difficultés à apprivoiser Marie-Hélène Lafon .
Au début j'ai ressenti carrément une aversion avec Les pays .( Il faut dire qu'il m'a été imposé par une personne qui m'a dit "tu vas adorer" et là c'est presque mort . Rolling Eyes ).
Mais j'y suis revenue .Très rapidement .
Avec L'annonce justement.
. Et là j'ai découvert la porte . Et même que j'ai eu envie d'en savoir plus . Alors je l'ai écouté à la radio et j'ai apprivoisé ce bout de femme . Qui parle comme elle écrit . Avec un grand souci de justesse . Sans fioriture . Une terrienne qui vit la littérature comme son rapport à la terre , avec respect , exigence , et amour des choses bien faites et justes .Si ce mot n'était pas aussi galvaudé je parlerais d'authenticité .
J'ai une profonde admiration .
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Message par églantine Dim 4 Déc - 12:17

vieillesse - Marie-Hélène Lafon 61n74p10

Joseph


Un journalier , on disait "à l'époque" , un ouvrier agricole plus tard ...Après le livre de Marie-Hélène Lafon on dira peut-être "un Joseph" ...car c'est d'un monde qui se meurt dont il s'agit et Joseph est la représentation vivante de celui-ci .

Joseph , toujours en retrait , observateur silencieux de ce qui se passe autour de lui dans ces fermes "à l'ancienne" où la patronne règne en reine mère auprès de "ses hommes" , où les fins de journées laissant un peu de place à la pensée et au retour sur soi  laissent apparaitre la douceur inavouable de chacun autour de la "sainte table " propre et nette , tout juste encore une miette ayant échappé à l'oeil fatigué de la maitresse de maison ....
Dans ces moments où le corps se relâche enfin , il est doux de se laisser emporter dans le sillage des patineurs artistiques du petit écran ; d'ailleurs même la patronne , elle aime le patinage artistique délaissant ses mots croisés du journal du jour !

Joseph aime les chiffres , les dates , les listes et les comptes , Joseph n'aime pas les mots car ça dérange , ça encombre , et puis il a bien fallu partager avec le jumeau le Michel  : c'est lui qui il a tout pris alors finalement les chiffres ça fera son affaire au Joseph .

Il a bien eu son amourette le Joseph dans sa jeunesse mais ça n'avait pas marché , et même que c'est après qu'il avait sombré .Mais peut-être qu'il aurait sombré sans elle , car c'est bien connu que l'alcoolisme c'est génétique et dans la famille on est marqué au fer rouge .

Finalement le bon de l'affaire , c'est que les cures dans ces centres spécialisés c'est promesse de "bien manger " , de salle de bain à soi bien chauffée et même qu'un jour il s'était passé quelque chose avec la nouvelle psychologue : ce truc honteux tapis au fond de sa mémoire il l'avait sorti ; ça avait du faire du bien et même qu'après il était toujours en avance au rendez-vous .

Marie Hélène Lafon
s'efface enfin dans sa prose pour nous offrir un portrait bouleversant d'un homme , d'une culture , d'une identité qui se meurt ,  car il s'agit de la fin d'un monde , d'une culture . Un regard douloureux à La Raymond Depardon qui déchire les entrailles .


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Message par topocl Dim 4 Déc - 20:35

églantine a écrit:
J'avais passé un sacré bon moment avec ce mec de la tombe d'à côté !
Toi??? affraid

Bon puisque tu parles de Les pays, allons-y:

vieillesse - Marie-Hélène Lafon 41cko110

Les Pays

J'en suis encore toute tourneboulée.
C'est l'histoire d'une émigration réussie, le roman de nos campagnes qui se vident. À travers le personnage de Claire, Marie-Hélène Lafon nous raconte son parcours. Enfant née dans une ferme du Cantal, pensionnaire pendant 8 ans à Saint-Flour, étudiante en lettres classiques à la Sorbonne pour finir enseignante à Paris. Marie-Hélène Lafon nous présente Claire à travers trois vignettes, l'enfant de 8 ans qui accompagna son papa au salon de l'agriculture à Paris, la jeune étudiante brillante qui s’appropria peu à peu les codes parisiens, et marqua le jour de sa première réussite universitaire (qui signifiait aussi le début de son autonomie de son indépendance), par l’achat d’un pantalon rouge, La femme mûre devenue à sa façon une intellectuelle, qui reçoit chaque année la visite de son père, mi admiratif, mi effrayé par le destin de cette enfant qu’il mit au monde. Et tout au long de ce parcours, l'empreinte indéfectible laissée par cette enfance, l’éclat réconfortant des rencontres occasionnelles avec des « pays », cousins, amis, inconnus qui, tous, naquirent là-bas.

Mais il n'y a pas que cela, cette histoire de racines et de départ, il y a sensibilité de Marie-Hélène Lafon, que l'on retrouve de livre en livre, son style qui témoigne de l'amour qu'elle porte à la langue, une langue qu'elle n'a pas trouvé dans son berceau, qu'elle a appris à aimer, à dompter, où elle choisit chaque mot. sa façon de dire les choses, de bouleverser sans avoir l'air d'y toucher.
Comme ici, pour évoquer la naissance d’une amitié entre Claire et une autre étudiante :

Après le cours, elles avaient descendu ensemble la rue Soufflot vers la Seine, elles avaient eu à se dire, sans chercher(…) Le lendemain, c’était version latine et ancien français, on se retrouverait, on continuerait, ça commençait.




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Message par églantine Dim 4 Déc - 21:03

topocl a écrit:
églantine a écrit:
J'avais passé un sacré bon moment avec ce mec de la tombe d'à côté !
Toi??? affraid




Oui des fois aussi je me reconnais pas .
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Message par Nadine Dim 4 Déc - 22:47

Mmm. je sens que mes archétypes fondamentaux vont aimer.
Je note. je vais en chercher à la médiathèque .
Nadine
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Message par Nadine Dim 4 Déc - 22:49

La tombe d'à côté, c'est de qui ?
Nadine
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Message par églantine Lun 5 Déc - 8:30

Nadine a écrit:La tombe d'à côté, c'est de qui ?
Katarina Mazetti

Le genre de truc niaiseux à souhait . Cool
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Message par topocl Lun 5 Déc - 9:34

Nadine a écrit:Mmm. je sens que mes archétypes fondamentaux vont aimer.
Je note. je vais en chercher à la médiathèque .
Alors on continue Very Happy !

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Au fin fond du Cantal, un frère et une sœur âgés, anciens agriculteurs célibataires, vivent un dernier combat qui consiste à rester chez soi, et ne pas se faire assister. Il ressassent leur passé, les générations enchaînées sur une même terre, une mère autoritaire, le frère décédé dans sa jeunesse lumineuse, les choix qui ne se sont pas proposés, les murs qui se sont dressés. Ils observent leurs voisins, ouverts à la vie et au progrès, avec une fascination mêlant rejet et envie. Ils se demandent s'il ne faut pas acheter des chaises pour remplacer les bancs, mais cela ferait bien du changement…

Décidément, Marie-Hélène Lafon a le don pour parler des gens de peu, ce monde agricole abandonné dans sa solitude, un profond respect pour ces gens de peu . Tout cela ferait déjà un excellent roman d'atmosphère, puissant, attentif, s’il n’y avait en outre la dernière page, qui nous fait tomber, avec une délicatesse subtile, dans la noirceur d'un Maupassant


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Message par Bédoulène Lun 5 Déc - 9:54

j'ai récupéré Joseph, donc à dans quelques temps

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“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
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Message par topocl Sam 31 Déc - 17:03

Joseph

vieillesse - Marie-Hélène Lafon Image170

   « Ils savaient comment faire, et que ça s'arrêterait avec eux. »



Lors de ma dernière lecture , j'avais relevé cette citation :

   
Christian Garcin dans Selon Vincent a écrit:« Le monde n'est pas peuplé de gens mais d'histoires »

Marie-Hélène Lafon nous prouve le contraire. Joseph, c'est un homme , une vie qui passe, sans histoire(s) mais pleine de petits riens qui font un tout. Un homme à peine regardé, empêché en quelque sorte,  dont l'ultime espoir est de ne pas être enterré comme un chien.
Un homme qui n'a guère la parole, guère de place. Qui est là sur le côté, qui observe, note, encaisse et se souvient dans une humilité sans tristesse, car tel est le monde.

Marie-Hélène Lafon avance pas à pas , opiniâtre, décrit les gestes qui reviennent, les paroles et  les silences, ces émotions qui ne savent pas s'exprimer, faute de mots, et faute d'oreilles prêtes à les recueillir. Elle parle de gens dont la vie est hors de notre monde de vitesse et de plaisir, un monde de travail , de devoir, de patience, et qui se meure. Un monde de rituels qui sécurisent , et d'angoisse à se savoir les derniers, à n'avoir nul à qui transmettre. Joseph n’est pas un homme heureux, épanoui, comme nous l'envisageons nous, mais un sage, un résigné, qui se satisfait de son sort, s’applique à bien réaliser ce qui se doit. Il a toujours mieux su y faire avec les bête qu'avec les gens, dit-il.  Et cela, ça n'est pas donné à tout le monde...

Ce livre de vie de Joseph est vraiment touchant. S'il n'exprime pas d'affect, c'est que ce droit-là ne lui est pas reconnu. Il plonge tête en avant dans le chemin à suivre, le travail à faire, les rituels à respecter, les convenances à ne pas bouleverser et quelques listes et calculs pour affirmer son moi . Il avance sans chambouler cet équilibre aussi austère que précaire, dont la rupture serait d'une douleur insupportable. Joseph avec son savoir ancestral,  son chemin tout tracé, au fil des heures et des années, sa place qu'il sait garder face aux patrons - qui  jouent sans doute mieux leur rôle que sa famille n'a su le faire -  et face au monde.

Une vie insignifiante dont Marie Hélène Lafon se réapproprie les mots pour mieux lui donner la parole, et  en dénicher et nous communiquer le sens. Dans un livre où il ne se passe pas grand chose: juste une vie.

(commentaire récupéré)

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Message par topocl Sam 31 Déc - 17:03

Gordana

vieillesse - Marie-Hélène Lafon Couvgo10

D'abord, c'est un livre dont on tire une belle jouissance avant même de l'avoir lu, un bel objet éditorial, le rabat, e choix des couleurs, les tableaux de Nihal Marth qui alternent avec le texte.

Ensuite, c'est une nouvelle, donc, avec moi, assez dangereux. C'est vrai que ce qui t'est apparu un tour de force, animal, faire vivre trois personnes en si peu de pages, moi, m'a paru plutôt frustrant, comme un éparpillement inabouti.

Il n'en demeure pas moins que j'ai retrouvé avec plaisir Marie-Hélène Lafon, sa prose tirée au cordeau, son œil sans apitoiement mais pleine d'humanité sur les petits de ce monde, les obscurs qui, comme les autres, ont leur histoire, qui sont si nombreux et pourtant si inaperçus.

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Message par animal Sam 31 Déc - 17:55

Et oui c'est que j'avais bien aimé aussi moi comme le reste de ce que j'ai lu d'elle d'ailleurs, globalement. globalement ? le mot qui permet de glisser un plus à la reprise du commentaire ci-dessous (avant les autres), globalement un mot éponge qui normaliserait volontiers n'importe qui en entité urbaine lambda. Or Gordana a cet attrait, comme les autres livres que j'ai lu et qui m'ont plu, de donner des définitions, des parcours multiples et contrastés, des histoires qui se trouvent être une partie de la notre à ces gens lambda au sens où ça en devient un compliment.


vieillesse - Marie-Hélène Lafon Couvgo10

Gordana (illustré par Nihâl Martli)

D'accord ce petit livre édité par les éditions du Chemin de fer ça fait produit de luxe, un court livre illustré que l'on lit d'une traite. Tout de même dans cette cinquantaine de pages aux illustrations très bien accordées on a l'impression d'en avoir beaucoup plus.

Pas loin de trois vies esquissées avec cette écriture directe, brusque mais attentionnée de Marie-Hélène Lafon, une retraitée qui raconte une caissière, Gordana, d'une supérette du 12ème et un client, amoureux peut-être. Cinquantaine de pages pour des histoires sans âge, des histoires dans ce décor bien de chez nous et de notre temps de gens simples, rien que des gens un peu moins que sous le radar qui l'espace de ce livre, de cette imagination ont droit à une existence au combien charnelle, vivante, en cours de vie.

Au moins trois histoires et une belle part de la nôtre, d'aujourd'hui. Sans fioritures, sans sentiments faciles, une force assez sourde et rassurante qui pousse à ne pas lâcher le livre et qui fait qu'aussi court qu'il soit il va certainement rester.

Et pourtant quand on y pense, l'exercice à tout pour être périlleux d'inventer, d'écrire des vies comme celles-là sans fausse note, sans condescendance, en leur donnant seulement un peu d'une beauté palpable.

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Message par topocl Jeu 5 Jan - 18:42

Traversée


vieillesse - Marie-Hélène Lafon 2149ze10


   Le paysage premier peut-être une prison, il peut être un royaume suffisant, une source vive, un trésor. Je ne sais pas bien où passe la frontière entre la chance et le risque, le partir et le rester, l'attachement et l'arrachement ; je cherche à tâtons et sus des chemins ombreux ou troués de lumière qui s'enfoncent dans la terre des origines et partent dans le monde.


Un tout petit texte, écrit lors d'une résidence proposée par la fondation Facim ( association  pour l'action culturelle internationale en montagne). Marie-Hélène Lafon y parle, dans sa prose toujours poétique, sévère et douce à la fois, du lien avec les paysages d'Auvergne de son enfance, qui l'ont faite elle-même en tant qu'enfant et en tant qu'écrivaine. Elle parle de la rivière, qui tout à la fois clôture et jaillit.

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Message par topocl Dim 8 Jan - 10:07

Le soir du chien

vieillesse - Marie-Hélène Lafon Image171

C'est une belle et banale histoire d'amour et de désamour, d'un jeune homme qui sans doute n'y croyait plus guère. Parce qu'il vit là, dans ce pays de Marie-Hélène Lafon, d'où les jeunes fuient le plus tôt possible et où il est revenu, lui, sans trop savoir si c'est fascination, aimantation ou piège. Un pays sauvage et solitaire où l'on jase d'une femme qui lit des livres ou marche pour le seul plaisir de se promener. Où passe le bibliobus. Où l'on retrouve les hommes pendus à une poutre.

Le jeune homme raconte l'histoire de cette folie d'amour qui s'est emparée de sa vie, et autour les témoins interviennent, bienveillants ou malveillants, chacun selon son histoire. C'est d'une simplicité essentielle, à fouiller l'intime des âmes, ça vous prend aux tripes, ce portait d'une femme, d'un homme, d'un pays.

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Message par églantine Sam 11 Mar - 10:27

Les derniers indiens

vieillesse - Marie-Hélène Lafon Les-de11



Lorsque je pénètre le monde de Marie-Hélène Lafon , ou dans une veine similaire  celui de Ramuz , se pose à moi la question, immanquablement, à quel registre appartient ce genre de littérature . La réponse m'échappe une fois de plus . A croire que ces gens de la terre ne se laisse pas enfermer dans des étiquettes ....
Si ce roman fait fidèlement écho à l'ensemble de l'oeuvre de Marie Hélène Lafon , il se dégage malgré tout une douleur sourde et criante , que je n'ai pas rencontrée jusqu'alors .
Toujours dans la description de ce monde , le rural , celui qui est le sien et dont elle parle avec ses tripes , sa mémoire transgénérationnelle , son souffle sec et retenu et son talent d'écriture unique , la griffe Lafon .

Mais la douleur de ce récit s'inscrit autant dans l'aspect social et économique que l'individualité .
Quand la modernité fait front aux traditions séculaires avec insouciance autant qu'avidité , c'est déjà les prémisses d'une mort annoncée , celui des derniers Indiens , les authentiques , les gardiens de la terre et du savoir , scrupuleusement attachés aux gestes ataviques et à la connaissance de terrain , aux croyances inscrites dans la culture des dictons .
Alors oui , la mère , la nourricière , celle qui observe dédaigneusement ces nouveaux paysans voisins ,dans l'émergence d'une approche révolutionnaire de la terre , s'agrippe à ses ancêtres , sa légitimité à elle de vivre la tête haute , irréductible .
Les piles de linge immaculées soigneusement enfermées dans l'armoire orgueilleuse , chaque objet à sa place et chaque place dans son objet , sacralisés par leur témoignage du labeur , labour , sillon du temps , elle règne en son domaine , la mère .

Mais régner ne suffit pas pour la mère ,pour la soulager de la peur , celle du vide , du néant et de l'incapacité à affronter celle-ci, dans l'ignorance de son moi profond et de ses blessures intimes .
Dans ce huit-clos , oppressant , à travers le monologue de Marie , liée viscéralement , physiquement , incestueusement presque à son petit frère , le Jean , Marie Hélène Lafon fait affleurer les inconsciences , les mutilations et frustrations de ces êtres statiques , derniers survivants d'un monde englouti par la mécanisation et l'industrie chimique , prisonniers de l'omnipotence d'une mère castratrice . Un paysage humain désolé , ravagé de l'intérieur , dans l'attente d'être englouti par la machine infernale du temps mécanisé .

L'écriture toujours aussi poétiquement blanche de Marie-Hélène Lafon , violente , rugueuse , rabotée pour chercher la profondeur de l'être enraciné  dans la terre ...(enraciné plus pour bien longtemps ), hurle silencieusement .Parce que , chez ces gens là , on ne s'étale pas en larmoiements , ça fait désordre et ça montre . L'intime , c'est sacré . Sacré comme le tilleul centenaire dans la cour , majestueux mais mutique , gardien des secrets de famille .
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vieillesse - Marie-Hélène Lafon Empty Re: Marie-Hélène Lafon

Message par animal Dim 12 Mar - 13:23

Je rebondis (et je ressens un début de manque) :

vieillesse - Marie-Hélène Lafon Les-de11

Les derniers indiens

Comme une espèce en voie de disparition ? mais farouche ? Une obscure question de l’obsolescence. Ces derniers indiens, ce sont les derniers de la famille Santoire. Un frère et une sœur, celle qui rumine ce roman, des vieux de l'an 2000 qui se finissent avec une époque qui n'était déjà plus la leur et sans avoir pu ou vraiment voulu s'embarquer dans la nouvelle.

Celle d'avant c'est celle de la mère, la cheffe de famille silencieusement intraitable, la nouvelle celle des voisins, bruyants, pourquoi pas un peu cons, colorés, bordéliques, débordants, envahissants, énervants... mais eux ne semblent pas mourir tout à fait.

L'occasion d'une description patiente du lieu et de la vie, sorte de roman "identitaire" (si on peut enlever les mauvaises étiquettes du mot) entre la terre, les prospectus, la télé régionale et le reste du monde, et l'histoire. Toute une continuité de gestes et d'habitudes racontée sans bêtises ni mièvrerie grâce à cette belle écriture à la fois bien articulée et sèche. Quasi-paradoxe si on pense aux enchaînements de mots qui font les descriptions, une manière d'accoler les matières et les idées qui peut rappeler des auteurs comme B.Beck ou H. Cixous.

Ça pourrait être plombant, ce n'est d'ailleurs franchement pas rigolo-rigolo, mais le côté vivant, pugnace, opiniâtre passe avant. Le constat méthodique empêche ou refuse l'apitoiement.

Malgré cela par rapport à mes autres lectures qui sont de textes postérieurs, j'ai été surpris par une partie de la trame "Alice" et les dernières pages. Même si dans cette histoire familiale empêchée ça a un sens, ça rapprocherait un peu le livre d'autres thèmes ou univers contemporains alors que cette écriture et son sens, qui n'est pas photographique d'une époque mais bien une question de sens existentiel, et débarrassée de "prêt à penser", ne me donnent pas l'impression d'en avoir besoin.

Plus dur, ou noir, violent peut-être, voilant légèrement le geste positif (très) du livre ?

Et c'est difficile à lâcher comme bouquin !

(Récup).

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vieillesse - Marie-Hélène Lafon Empty Re: Marie-Hélène Lafon

Message par églantine Dim 12 Mar - 15:17

Je suis contente de retrouver tes mots Animal pour parler de Marie-Hélène Lafon ; tu le fais bien .
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vieillesse - Marie-Hélène Lafon Empty Re: Marie-Hélène Lafon

Message par Nadine Mar 25 Juil - 17:30

L'annonce

vieillesse - Marie-Hélène Lafon Images27

Je viens de finir ce roman à l'allure de récit, au passé composé et à l'imparfait, qui donc très justement raconte comme l'on compose avec l'imperfection, pour en extraire un présent heureux. C'est doux et respectueux, c'est lancinant comme un taiseux, mais toujours juste.

Une belle lecture.
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