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Georges Brassens, Lettre à Toussenot

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Message par Bédoulène Sam 25 Mar - 15:52

Aharon APPELFELD
(Né en 1932)

Aharon Appelfeld Appelf10

Aharon Appelfeld (en hébreu : אהרן אפלפלד), né le 16 février 1932 à Jadova, près de Czernowitz (alors en Roumanie) est un romancier et poète israélien. Il est considéré comme un des plus importants écrivains israéliens de langue hébraïque de la fin du xxe siècle. Il se définit lui-même « comme un Juif qui écrit en Israël ». Il a reçu de nombreux prix littéraires, dont le Prix Médicis étranger en 2004, et le Prix Israël.
Aharon Appelfeld est né le 16 février 1932 en Roumanie de parents juifs assimilés germanophones, parlant aussi le ruthène, le français et le roumain. Il vit d'abord une petite enfance heureuse, entre une mère tendre, un père plus lointain, et des séjours à la campagne auprès de ses grands-parents qui lui apprennent le yiddish des Juifs pratiquants. Sa mère est tuée en 1940 alors que le régime roumain commence sa politique meurtrière envers les Juifs. Le nord de la Bucovine, dont Czernowitz, est annexé en juin 1940 par l’Union soviétique en conséquence du pacte Molotov-Ribbentrop, avant d’être occupé par la coalition germano-roumaine en 1941. Aharon Appelfeld connaît le ghetto puis la séparation d'avec son père et la déportation dans un camp à la frontière ukrainienne, en Transnistrie, en 1941. Aharon Appelfeld parvient à s'évader à l'automne 1942. Il se cache dans les forêts d'Ukraine pendant plusieurs mois au milieu de marginaux de toutes sortes. Il trouve refuge pour l'hiver chez des paysans qui lui donnent un abri et de la nourriture contre du travail, mais il est obligé de cacher ses origines juives. Dans Histoire d'une vie, il explique :

« Plus de cinquante ans ont passé depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Le cœur a beaucoup oublié, principalement des lieux, des dates, des noms de gens, et pourtant je ressens ces jours-là dans tout mon corps. Chaque fois qu'il pleut, qu'il fait froid ou que souffle un vent violent, je suis de nouveau dans le ghetto, dans le camp, ou dans les forêts qui m'ont abrité longtemps. La mémoire, s'avère-t-il, a des racines profondément ancrées dans le corps. Il suffit parfois de l'odeur de la paille pourrie ou du cri d'un oiseau pour me transporter loin et à l'intérieur. »
Il est ensuite recueilli par l'Armée rouge. Il traverse l’Europe pendant des mois avec un groupe d’adolescents orphelins, arrive en Italie et, grâce à une association juive, s’embarque clandestinement pour la Palestine où il arrive en 1946.
Le jeune garçon est pris en charge par l’Alyat Hanoar et se retrouve dans un camp de jeunesse, puis dans une école agricole. Il doit faire ensuite son service militaire en 1949. Il tient épisodiquement pendant ces années un journal qui reflète sa difficulté à se reconstruire. Il se heurte aussi au problème du rapport à la langue : il est en effet passé, sans espoir de retour, de l'allemand et du yiddish, à l'hébreu. Il est diplômé de l'Université hébraïque de Jérusalem. il y renoue avec sa culture d'origine, en étudiant au département de yiddish. Ses professeurs sont Martin Buber, Gershom Scholem, Ernest Simon, Yehezkiel Kaufman. Comme lui, ils ont une double culture.
Sa rencontre avec Samuel Joseph Agnon le convainc que « le passé, même le plus dur, n’est pas une tare ou une honte mais une mine de vie ». À la fin des années 1950, il décide de se tourner vers la littérature et se met à écrire, en hébreu, sa « langue maternelle adoptive ». Il a longtemps enseigné la littérature à l'Université Ben Gourion du Néguev. Homme de gauche, de tout temps ancré dans le Parti travailliste, il observe avec amertume l'impasse d'un certain sionisme et le rejet du monde arabe qui veut supprimer son pays. Il voit s'élargir les failles dans la société israélienne. Appelfeld est marié à Judith, juive argentine, et a trois enfants, Meir, Yitzak et Batya.

(source wikipedia https://fr.wikipedia.org/wiki/Aharon_Appelfeld)

Oeuvres traduites en français

Fumée, Ashan 1962
Dans la vallée fertile 1963
Gel sur la terre 1965
Au rez-de-chaussée 1968
Les Piliers du fleuve 1971
La Robe et la Peau 1971
Comme la prunelle de son œil 1973
Cent témoins
Des années et des heures 1975
Le Temps des prodiges  2004
Premiers Essais d'une personne
Badenheim 1939
Lumière incandescente1980
Tsili 1983
En même temps 1985
Langue de feu 1988
Katerina
Le Chemin de fer
L'Immortel Bartfuss
Laish, Keter
Perdu, Timion
Jusqu'à la lumière de l’aube
La Mine de glace
Tout ce que j’ai aimé
Histoire d'une vie
Floraison sauvage 2005
L'Héritage nu, penser/rêver Retours sur la question juive (essais) 2005
L'Amour, soudain 2004
La Chambre de Mariana 2008
Et la fureur ne s’est pas encore tue 2009
Le Garçon qui voulait dormir 2011
Les Eaux tumultueuses 2013
Adam et Thomas2014
Les Partisans 2015

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Message par Bédoulène Sam 25 Mar - 16:00

Aharon Appelfeld Histoi10

Histoire d'une vie

C’est celle de l’auteur ; les années de la petite enfance où rode des parfums de confiture ; les vacances chez les grands-parents chez qui se parlait le yiddish et le foyer de la famille où l’on ne parlait pas de religion.

Après ce fut le ghetto (à l'âge de 7/8 ans), la mère assassinée, le père travaillant de longues heures et lui presque orphelin à se débrouiller avant le chemin du camp.

L’auteur fait une description de l’ambiance du ghetto et de l’attitude des gens , car il est souvent dans l’observation.

« L’hospice et l’hôpital avait été fermés, et les malades livrés à eux-mêmes, erraient dans les rues en souriant.
« Les policiers les attrapaient brutalement et les entassaient dans des camions. Personne n’implorait leur grâce. Il était entendu pour tout le monde que, si nous étions condamnés à la déportation, ils devaient être les premiers. Même leurs familles n’essayèrent pas de les sauver. »


L’auteur rappelle à plusieurs reprises dans son récit que la guerre est un révélateur, les bons en sont sortis élevés et les mauvais abaissés. Certains se sont conduits en héros et dans ce ghetto, c’était l’enseignant communiste qui s’occupait des enfants aveugles pour lesquels le chemin entre l’institut et la gare avec des stations tout au long m’a fait penser au chemin de croix, mais à chaque station leur chant s’élevait pur vers le ciel.

Après s’ être enfuit du camp (mais  comment ?) l’enfant a erré dans les terres d’Ukraine, les forêts surtout comme un petit animal apeuré, affamé mais prudent, se cachant ou parfois s’offrant à travailler auprès d’une personne vivant seule.

La mémoire est le fil d’Ariane du récit,  l’auteur dit que son corps en garde la vivance alors que l'esprit est dans l'oubli (protection ?)

« La mémoire, s’avère-t-il, a des racines profondément ancrées dans le corps. Il suffit parfois de l’odeur de la paille pourrie ou du cri d’un oiseau pour me transporter loin et à l’intérieur. »

Il y a un élément intéressant dans ce récit c’est l’évocation des camps de réfugiés où transitent les rescapés. Des camps « cour des miracles » où se côtoient adultes et enfants, trafiquants, voleurs…..
Et la révélation d’un camp « particulier » Kaltchund et précisément « l’enclos Keffer ».

L’auteur parle aussi des mains tendues, au camp, à l’armée plus tard, une période où il était démuni.

« Nous n’avons pas vu Dieu dans les camps mais nous avons vu des Justes. »

A son arrivée en Israël l’auteur se sent perdu, pas de maison, pas de famille, ne connaissant que très peu l’hébreu, il travaillera dans les jardins, là il n’est pas obligé de parler, la parole lui est difficile.
L’auteur explique la confrontation entre le yiddish (langue de ses grands-parents) et la langue hébraïque. Lui a perdu sa langue maternelle l’Allemand  qui se trouve être bien sûr celle des assassins. Mais il lui faut apprendre l’hébreu : « mais à quel prix : celui de l’anéantissement de la mémoire et de l’aplatissement de l’âme. »

Deux chapitres sont consacrés à l’interaction entre écriture et religion, l’univers d’écrivains célèbres (Agnon, Ouri Grinberg) et sa position personnelle dans la littérature Juive. Je me souviens que l’auteur, dans un reportage, affirmait la « musique » des mots.

C’est au club de l’association « la vie nouvelle » fondée par les rescapés qu’il retrouvera « une maison ».

« Parfois il me semble que mon écriture ne m’est pas venue de la maison, ni de la guerre, mais des années de cafés et de cigarettes au club. La joie de sa fondation et la tristesse de son déclin vivent et bouillonnent en moi. »

Malgré le sujet je trouve l’écriture de l’auteur sereine ;  l’enfant aimait observer (hérité de sa mère), l’adulte aussi.
Encore une fois la passivité des juifs déportés est critiquée, dans ce livre par les juifs vivant dans d'autres pays, au USA notamment.(mais c'est bien eux les donateurs, ceux qui aident à construire)

C’est le 2ème livre que je lis de l’auteur (après Badenheim 1939) ce ne sera pas le dernier.


mots-clés : #autobiographie #campsconcentration


Dernière édition par Bédoulène le Sam 3 Juin - 17:35, édité 4 fois

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Message par Gnocchi Sam 25 Mar - 16:20

Ça a l'air très intéressant. Merci Bédoulène.
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Message par bix_229 Sam 25 Mar - 16:32

Aharon Appelfeld Appelf10


L'AMOUR SOUDAIN

Ernest et Irène vivent en Israël. Il a 70 ans au moment où commence l'histoire, elle 31.
Il est à la retraite, elle vient faire le ménage chez lui.
La retraite d'Ernest est loin d'être paisible. Il est gravement malade et il écrit chaque jour et chaque nuit des pages et des pages qu'il détruit au fur et à mesure.

En apparence tout sépare Irène d'Ernest. L'âge, le sexe, la culture, le vécu.
Seule l'histoire tragique de l'holocauste juif a traversé leur vie et condamné leurs parents.

Sans le savoir, sans même l'avoir voulu, ils deviennent indispensables l'un à l'autre, indissociables, complémentaires.
Il n'y aura paratiquement pas de mots, de déclarations, simplement une connivence de tous les instants.

Irena vit en très bonne entente avec ses morts : sa mère et son père. Elle leur parle et fleurit son appartement à leur intention.
Ernest a renié les siens depuis l'adolescence et les juifs par la même occasion au nom d'une idéologie qui lui paraît évidente et porteuse d'espoirs pour tous.
A présent, il lutte contre la maladie, le coeur et le cancer aussi. Mais surtout il lutte contre lui-même, coupable, mortellement coupable de n'avoir pas compris ses parents, leur affection, leur dignité. De les avoir chassés de de sa vie et de sa mémoire.

Peu à peu les parents morts d'Irena espacent leurs visites et lui laissent comprendre qu'elle doit mener sa propre vie. Et désormais, elle va consacrer toute sa vie à Ernest qui se réconcilie avec ses propres parents. Désormais, pour tous les deux, le passé est aboli, et ils vivent seulement le présent.
Un présent très fragile et très souffrant pour Ernest, mais un présent apaisé.

" L'après-midi, Ernest se sentit mieux. Il s'assit et écrivit... L'effort était manifeste dans ses mains, pas sur son visage. Une lumière inondait son front et un instant elle faillit aller vers lui pour lui dire : Ernest, tu ne sais pas quel bonheur tu m'as donné lorsque tu m'as soulevée (en rêve), j'étais si légère dans tes bras.
Plus tard elle lui servit un verre de thé. Ernest but et continua à écrire. Irena ne doutait plus que tout serait ainsi désormais. Ernest écrirait et chaque jour, il découvrirait un nouveau lieu dans les Carpates.
De son coté elle le protègerait, le laverait, lui préparerait des plats qui lui plaisent... et s'assiérait près de lui. Le médecin viendrait et ils parleraient d'écriture ; elle fortifierait la maison de tous les côtés, et aucune créature malfaisante n'oserait s'approcher de la fenêtre."


Le style d'Appelfeld est plus que d'habitude encore d'une grande sobriété, comme apuré et d'une grande force.

Récupéré
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Message par bix_229 Sam 25 Mar - 16:41

J'ai aimé la simplicité de ces phrases. J'ai eu l'impression qu' Appelfeld adaptait son style à l'histoire de cette relation et aux personnages qui utilisent en fait très peu les mots pour exprimer leurs sentiments.
Irena et Ernest avancent l'un vers l'autre de la façon la plus généreuse et la plus altruiste qui soit. En cherchant d'abord à ne pas blesser et en adaptant leur conduite et leurs mots selon la progression de leur histoire.
Irena est celle qui parle le moins mais qui agit de façon discrète, mais très sûre et très explicite. Ernest se bat contre les mots et donc contre lui-même.
Les mots ne lui ont servi jusque là qu'à alimenter un discours idéologique faux et très loin de la réalité affective.
Irena l'aidera à devenir ou plutot à redevenir lui-même, à revenir sur un passé volontairement gommé et à se réconcilier avec lui.
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Message par Bédoulène Lun 27 Mar - 7:37

merci Bix, c'est noté, ce sera mon prochain de l'auteur.

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