Rafael Chirbes
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Rafael Chirbes
Rafael Chirbes, né le 27 juin 1949 à Tavernes de la Valldigna et mort le 15 août 2015, est un écrivain et critique littéraire espagnol.
Quand son père meurt alors qu'il n'a que 4 ans, sa mère le place dans un orphelinat ne pouvant s'occuper de lui. Il en change plusieurs fois, et c'est dans ces établissements qu'il commence à écrire1.
En 1969, Chirbes quitte l'Espagne franquiste pour Paris, dont la mouvance et la liberté intellectuelle l'attirent. Il y reste un an1.
Après être rentré au pays et avoir entrepris des études d'histoire, il part à nouveau pour la France puis le Maroc. Tout en produisant plusieurs romans, il occupe les professions de libraire, professeur, secrétaire de rédaction dans la presse du cœur, critique gastronomique et littéraire1.
Rafael Chirbes meurt le 15 août 2015 d'un cancer du poumon fulgurant.
Œuvres traduites en français
1998 Tableau de chasse [« Los disparos del cazador »],
2000 La Belle Écriture [« La buena letra »],
2001 La Longue Marche [« La larga marcha »],
2001 La Stratégie du boomerang [« La estrategia del boomerang »],
2003 La Chute de Madrid [« La caída de Madrid »],
2003 Mimoun [« Mimoun »],
2006 Les Vieux Amis [« Los viejos amigos »]
2009 Crémation [« Crematorio »],
2015 Sur le rivage [« En la orilla »],
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Etre dans le vent, c'est l'histoire d'une feuille morte.
Flore Vasseur
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Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 64
Localisation : Roanne
Re: Rafael Chirbes
Les vieux amis
Dans leur jeunesse, du temps de Franco, ils participaient à des réunions de cellules, ils menaient des actions violentes ; ils sont même passés par la prison. On n'en saura pas beaucoup plus.
Et là, la vie les ayant menés – malmenés ou choyés - chacun sur son propre chemin, ils se retrouvent dans un grand restaurant madrilène, du moins ceux qui ont bien voulu répondre à l’invitation. Histoire de reconnaître :
Du repas, on ne saura pas grand chose, non plus. Car ce qui intéresse Chirbes, c'est ce qui se passe dans leur tête, l'un après l'autre. Cet enchaînement d'idées, de rétrospectives, de considérations parfois fumeuses. Cette litanie d'histoires ressassées. On est un peu perdu , d'ailleurs, on ne sait pas toujours qui parle, qui a épousé qui, quel métier fait tel autre. Quelle importance ? Ce qui compte ce sont à peine les individus, c'est cette amertume commune, ces regrets. Ceux qui portent beau, ceux qui ont souffert ou souffrent encore, ceux qui simulent la réussite : tous, amers , entre regrets, nostalgies et rancune. Rancune face à leur passé, où ils ont tant voulu tout changer. Et le changement est là, oui, sans doute. Pas celui qu'ils auraient voulu, mais d'une évidence telle que, paresseux, il n'ont su que trahir leurs illusions pour lui, pour son opulence, sa vulgarité, sa facilité. Qui sont si douces, pourtant....
Qu'est ce qu'ils ont tant voulu dans leur jeunesse qu'il n'ont pas su trouver ? Qu'est ce qu'ils ont tant voulu dans ces retrouvailles auxquelles ils n'ont su donner plus de sens ? Ont-ils réellement cru que cela suffirait à écarter les gigantesques solitudes dans lesquelles ils se sont enfermées ? Tant de douleurs sur le parcours, tant d'amitiés trahies, , tant de morts, tant d'amours dévastés, tant de mesquineries...
C'est un livre incroyablement triste sur des vies mal vécues et vite passées, sur l'amer désespoir des illusions perdues. Car, comme les autres, les anciens combattants de la révolution ont leurs faiblesses, leurs médiocrités, leur facilités. Mais la flamme qui continue à s’entretenir, bien cachée au fond d'eux même, éclaire ces petites compromissions d'une lueur bien cruelle.
(commentaire rapatrié)
mots-clés : #psychologique
Comme si je n'avais pas appris après tout ça que savoir et vivre sont incompatibles ; que savoir nous bousille la vie, nous lamine.
Dans leur jeunesse, du temps de Franco, ils participaient à des réunions de cellules, ils menaient des actions violentes ; ils sont même passés par la prison. On n'en saura pas beaucoup plus.
Poussières d'étoile qui ont brillé un instant puis se sont éteintes.
Et là, la vie les ayant menés – malmenés ou choyés - chacun sur son propre chemin, ils se retrouvent dans un grand restaurant madrilène, du moins ceux qui ont bien voulu répondre à l’invitation. Histoire de reconnaître :
"Qu'avons nous gagné ? Qu’avons nous perdu ? Nos illusions ? Salope de vie, non ?"
Du repas, on ne saura pas grand chose, non plus. Car ce qui intéresse Chirbes, c'est ce qui se passe dans leur tête, l'un après l'autre. Cet enchaînement d'idées, de rétrospectives, de considérations parfois fumeuses. Cette litanie d'histoires ressassées. On est un peu perdu , d'ailleurs, on ne sait pas toujours qui parle, qui a épousé qui, quel métier fait tel autre. Quelle importance ? Ce qui compte ce sont à peine les individus, c'est cette amertume commune, ces regrets. Ceux qui portent beau, ceux qui ont souffert ou souffrent encore, ceux qui simulent la réussite : tous, amers , entre regrets, nostalgies et rancune. Rancune face à leur passé, où ils ont tant voulu tout changer. Et le changement est là, oui, sans doute. Pas celui qu'ils auraient voulu, mais d'une évidence telle que, paresseux, il n'ont su que trahir leurs illusions pour lui, pour son opulence, sa vulgarité, sa facilité. Qui sont si douces, pourtant....
Le bel âge est passé. La bel âge où il semblait que nous allions vivre entourés d'art au lieu d'argent.
Qu'est ce qu'ils ont tant voulu dans leur jeunesse qu'il n'ont pas su trouver ? Qu'est ce qu'ils ont tant voulu dans ces retrouvailles auxquelles ils n'ont su donner plus de sens ? Ont-ils réellement cru que cela suffirait à écarter les gigantesques solitudes dans lesquelles ils se sont enfermées ? Tant de douleurs sur le parcours, tant d'amitiés trahies, , tant de morts, tant d'amours dévastés, tant de mesquineries...
Nous avons tellement changé, nous avons tellement peu changé.
C'est un livre incroyablement triste sur des vies mal vécues et vite passées, sur l'amer désespoir des illusions perdues. Car, comme les autres, les anciens combattants de la révolution ont leurs faiblesses, leurs médiocrités, leur facilités. Mais la flamme qui continue à s’entretenir, bien cachée au fond d'eux même, éclaire ces petites compromissions d'une lueur bien cruelle.
(…) que je lui raconte qui ils sont, mes camarades de jeunesse, ce que j'ai aimé, ce que j'ai cherché, ce que je n'ai pas su trouver et ce que j'ai perdu, parce que c'est ce que je veux raconter, qu'en plus de la maturité j'ai moi aussi, en moi, une parcelle de jeunesse, les vieux ont tout, sous un emballage laid et rugueux, tout est là au chaud, je veux lui raconter que je suis ce qu'il est et en même temps ce qu'il sera un jour.
(commentaire rapatrié)
mots-clés : #psychologique
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Flore Vasseur
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