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Hermann Hesse

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solitude - Hermann Hesse Empty Hermann Hesse

Message par Tristram Lun 2 Jan - 23:17

Hermann Hesse
(1877-1962)


solitude - Hermann Hesse Herman10

Né dans une famille de missionnaires protestants, son grand-père, un patriarche, est médecin et également conseiller régional. Fin 1892, il entre au lycée de Bad Cannstatt, à Stuttgart. En 1893, il y obtient son diplôme probatoire de première année, mais interrompt ses études. Hesse travaille à partir du 17 octobre 1895 dans la librairie Heckenhauer à Tübingen. En 1898, Hesse devient assistant libraire et dispose d'un revenu respectable, lui assurant une indépendance financière vis-à-vis de ses parents.

En 1901, Hesse peut réaliser l'un de ses grands rêves en voyageant pour la première fois en Italie. À la même époque, les occasions de publier des poèmes et de petits textes littéraires dans des revues se multiplient. Il publie alors son roman Peter Camenzind en 1904, marquant la rupture : Hesse peut maintenant vivre de sa plume.

Lors de la première guerre mondiale, ses prises de position pacifistes créent une rupture avec son public et lui attirent les attaques de la presse allemande et des lettres de menaces. Il vit aussi des crises familiales et rédige d'un travail frénétique son roman Demian qu'il publie après la guerre sous le pseudonyme d'Emil Sinclair. En 1922, parait le roman indien Siddhartha où s'exprime son amour de la culture indienne et des sagesses orientales. Un an après, Hesse obtient la nationalité suisse. Les principales œuvres qui suivent, Le Curiste en 1925 et le Voyage à Nüremberg en 1927, sont des récits autobiographiques teintés d'ironie, dans lesquels s'annonce déjà le plus célèbre roman de Hesse, Le Loup des steppes (1927).

Après son troisième mariage, il publie Narcisse et Goldmund (1930). En 1931, il commence à composer sa dernière grande œuvre, intitulée Le Jeu des perles de verre. Il publie en 1932 un récit préparatoire, Le Voyage en Orient. Son refuge spirituel contre les querelles politiques et plus tard contre les nouvelles terribles de la Seconde Guerre mondiale est le travail sur son roman Le Jeu des perles de verre. À partir de 1937, les ouvrages de Hesse ne sont vendus que précautionneusement, et aucun journal allemand ne publie ses articles. Imprimé en Suisse en 1943, c'est en grande partie pour Le Jeu des perles de verre que lui est décerné en 1946 le Prix Nobel de littérature. Il reçoit la même année le prix Goethe.

Source : Wikipédia via Babelio

Bibliographie en français

Cliquer ici pour accéder à la biographie de cet écrivain prolifique:

màj le 01/10/2021


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« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
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Message par Tristram Lun 2 Jan - 23:26

solitude - Hermann Hesse 97822510

Le Jeu des Perles de Verre

Sous forme d’essai biographique, c’est un récit d’anticipation qui débute par une savoureuse description critique de l’époque des "articles de variétés", c'est-à-dire, le manuscrit ayant été rédigé du début des années 30 à 1942, de l’entre-deux guerres et de ce qu’il imaginait de la nôtre :

« De temps à autre on se plaisait particulièrement à interroger des personnalités connues sur des questions à l’ordre du jour ; Coldebique consacre un chapitre spécial à ces entretiens, au cours desquels on faisait, par exemple, exprimer à des chimistes réputés ou à des pianistes virtuoses leur opinion sur la politique, tandis que des acteurs en vogue, des danseurs, des gymnastes, des aviateurs ou même des poètes devaient dire ce qu’ils pensaient des avantages et des inconvénients du célibat, leur sentiment sur les causes présumées des crises financières, etc. La seule chose qui importât, c’était d’associer un nom connu à un sujet qui se trouvait être d’actualité. »
« Ils vivaient au contraire une vie d’angoisses, au milieu de la fermentation des séismes de la politique, de l’économie et de la morale ; ils ont fait force guerres atroces et force guerres civiles ; leurs petits jeux culturels n’étaient pas tout bonnement un enfantillage gracieux et dépourvu de sens, ils répondaient à un besoin profond de fermer les yeux, de se dérober aux problèmes non résolus et à un pressentiment angoissant de décadence, pour fuir dans un monde irréel, aussi inoffensif que possible. »
« Le Jeu des Perles de Verre » (pp. 72-73)

Puis viennent La vocation, Celle-les-Bois, et Les années d’études, qui nous retracent la formation du héros, Joseph Valet, dans la goethéenne (et lourdement élitiste, engoncée dans le rituel, sous l’égide des Maîtres à penser) « province pédagogique » à Castalie : écoles à l’écart du siècle, qui mènent à L’Ordre (surtout musique et méditation).

« …] ce non-sens gros de sens d’une course en rond de l’élève et du Maître, cette cour faite par la sagesse à la jeunesse, par la jeunesse à la sagesse [… »
« Magister Ludi » (p. 306)

Amitiés, avec des condisciples comme Tegularius (très doué et indiscipliné ‒ inadapté ; identifiable à Nietzsche), et avec le bienveillant Maître de la Musique, en voie de transfiguration sereine. Etude de la langue chinoise, et références au confucianisme (servir le groupe avec humilité est une charge, un lien antagoniste avec l’arrivisme ou ses autres désirs et impulsions personnels). Bref séjour chez le Frère Aîné dans le Bois des Bambous : Yi‒King (le Livre des Métamorphoses, ou traité des mutations) et tirage d’oracles, Tchéuang-Tsi (ou Tschuang Tsé ; il doit s’agir de Tchouang-Tseu).
Toujours dans la défiance vis-à-vis du pouvoir en général et le doute sur le sens final (de l’esthétique en particulier), qui apparaissent en filigrane tout au long de ce bildungsroman, l’élève cherche la voie de l’éveil, hésitant entre action et contemplation, prenant conscience de sa prédisposition et/ou destinée de chef.

Les deux ordres, puis La mission : Joseph Valet est envoyé en représentation dans le monastère bénédictin de Mariafels (soit Rome, le premier ordre puisque religieux, et garant de la civilisation beaucoup plus ancien et expérimenté). Après deux ans de présence, sa mission de diplomate se précise, en vue d’un rapprochement des deux ordres. Il traite amicalement avec le père Jacobus, vieil érudit et remarquable politique, qui lui apprend l’histoire (dont la notion à Castalie est déconnectée de la réalité).

Magister Ludi, puis En fonctions : il devient le nouveau Maître du Jeu ‒ administrateur, défendeur, représentant de Castalie au Vicus lusorum ‒, l’instrument pour dompter la « classe supérieure » que l’ambition obnubile, lui enseigner et l’éduquer, bien qu’ayant tendance à s’occuper des plus jeunes.

Les deux pôles : alors qu’il s’est docilement soumis aux obligations et devoirs de sa charge, il continue son évolution en assumant sa dualité, partagé entre dévotion à la perfection et conscience de la faillibilité de cette Province hiératique, trop distante du (reste du) monde (ce qu’on pourrait appeler « le temps », puisqu’il a pleine conscience de sa précarité).

Une conversation : son ami et rival Plinio Designori, qui fut au temps de leurs études l’enthousiaste avocat du pays extérieur, (celui auquel il appartient, n’étant qu’un auditeur provisoire à Castalie, dont Valet était promu le représentant), revient souffrant et désenchanté par la vulgarité du siècle, entièrement voué au lucre, et juge puérile, artificielle, stérile, châtrée, lâche et parasite, la sérénité de l’Ordre.

Préparatifs : calcul ou naïveté, Valet réintègre le maussade Plinio à Castalie traditionnaliste et conformiste, dont il se prépare à s’évader vers le monde sans sens ni valeur, pour y devenir le précepteur de Tito, fils de Plinio.

La circulaire : Valet expose ses motivations au Directoire : dénonçant la suffisance inconséquente d’un Ordre qui, né des efforts des intellectuels ayant survécu à l’ère de violence des guerres mondiales, est apparu et disparaitra dans l’histoire, il annonce son déclin dans une époque critique.

« L’histoire sociale a toujours pour ressort de l’essai de constituer une aristocratie. […] Le pouvoir, qu’il soit monarchique ou anonyme, s’est toujours montré disposé à favoriser une noblesse naissante par sa protection et par des privilèges, qu’il s’agisse d’une noblesse politique ou d’une autre nature, d’une noblesse de la naissance ou de la sélection et de l’éducation. »
« La circulaire » (p. 457)

Son message (celui de l’auteur) est de sacrifier le Jeu pour perpétuer l’enseignement de la valeur fondamentale, la recherche sans concession de la vérité et la sauvegarde de l’esprit ; il demande en conséquence de devenir maître d’école dans le monde extérieur (et obtient une fin de non-recevoir).

« …] notre fonction première et essentielle, celle qui qui nous rend nécessaires au peuple et fait qu’il nous entretient, consiste à garder pures les sources du savoir. […]
Quand, dans les conflits des intérêts et des mots d’ordre, la vérité est en danger d’être dévaluée, défigurée et violentée comme l’individu, la langue, les arts, comme toute création organique et le fruit de toute haute culture, alors notre unique devoir est de résister et de sauver la vérité, je veux dire sa recherche, comme article suprême de notre foi. »
« La circulaire » (pp. 470-471)

La légende : Valet va essayer d’expliquer sa montée d’un degré d’éveil, chemin qu’il accepte docilement, au Président qui y voit une nouveauté effrayante dans l’Ordre. Dans sa faim de se frotter à la réalité dans l’action, il rejoint son nouvel élève, et se noie.

Ecrits posthumes de Joseph Valet : Les poèmes de l’écolier et de l’étudiant, puis Les trois biographies :

Le faiseur de pluie : il y a bien longtemps, au temps du matriarcat, Valet devient l’apprenti du faiseur de pluie, qui lui transmet son expérience : quand la peur des dangers du monde devient respect et spiritualité. Lui-même, simple chaînon, forme un élève pour servir, et se donne en holocauste pour conjurer une malédiction.

Le confesseur : Josephus Famulus est un ermite au désert qui se découvre le don d’écoute, doux et ne jugeant jamais ; las de cette mission, il déserte, et se confesse à Dion Pugil, un autre pénitent, terrible confesseur qui le ramène à sa vocation et en fait son successeur, lui avouant que lui aussi, doutant de sa propre utilité, avait fui pour aller se confesser… à Josephus.

Biographie indienne : Dasa, tout jeune prince écarté de la succession de son père par sa marâtre, est devenu berger et rencontre un saint yoghin dans la forêt ; il devient paysan par amour, jusqu’à ce que son usurpateur lui prenne sa femme, et qu’il le tue ; il erre jusqu’à retrouver l’ermite et se mettre à son service ; comme le souvenir de sa femme le tourmente toujours, il retourne dans la maya, retrouve son trône, son épouse qui lui donne un fils, jouit des jardins et des livres, mais aussi des soucis et de la fatalité de la guerre, de la perte ; il n’a fait que rêver son cycle de vie dans la roue impitoyable, et se rend au service du yoghin.



mots-clés : #initiatique #romananticipation


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Message par Tristram Lun 2 Jan - 23:35



La description du Jeu reste élusive, pleine de facettes (et/ou reflets) autour de ce système totalisant (que l’auteur aurait été bien sûr incapable d’expliciter) :

« Le Jeu des jeux avait acquis, sous l’hégémonie alternée de l’un ou de l’autre des arts et des sciences, le caractère d’une sorte de langage universel, qui permettait aux joueurs d’exprimer des valeurs par des signes riches de sens et d’établir entre elles des relations. De tout temps ce Jeu fut en étroit rapport avec la musique, et généralement il se déroulait selon des règles musicales ou mathématiques. On fixait et on exécutait un, deux, trois thèmes, ils faisaient l’objet de variations et subissaient le même sort que celui d’une fugue ou d’une phrase de concert. »
« Le Jeu des Perles de Verre » (pp. 94-95)

« Il nous a fallu des siècles pour inventer et développer le Jeu des Perles de Verre, pour en faire une langue et une méthode universelles, capable d’exprimer et de ramener à une commune mesure toutes les valeurs et tous les concepts de l’esprit et de l’art. »
« Les années d’études » (p. 188)

« …] il sentait aussi que le Jeu avait besoin d’être ésotérique, qu’il constituait aussi une technique, une science et une institution sociale. »
« Les années d’études » (p. 192)

« …] il espérait résumer et ordonner symétriquement et synoptiquement autour d’un centre tout le savoir de son temps, dans une œuvre encyclopédique. C’est tout simplement ce que fait aussi le jeu des Perles de Verre. […]
…] ce n’était pas seulement une juxtaposition des domaines de la science et de la recherche [comme dans l’idée encyclopédique du XVIIIe siècle], mais une superposition, un ordre organique, il était sur la voie de la quête d’un dénominateur commun. »
« Les deux ordres » (p. 240-241)

« ...] dans notre Jeu des Perles de Verre, nous démontons pièce par pièce ces œuvres des sages et des artistes, nous en extrayons des règles de style, des schémas de formes, des interprétations sublimées, et nous opérons avec ces abstractions, comme si c’étaient des matériaux de construction. »
« Les deux pôles » (p. 375)

« Quant à notre Jeu des Perles de Verre, il unit en lui ces trois principes : la science, le respect du beau et la méditation. Un vrai Joueur de Perles devrait donc être imprégné de sérénité, comme un fruit mûr de son jus sucré ; il devrait avant tout posséder en lui la sérénité de la musique, cette forme de la vaillance, ce pas de danse gai et souriant à travers l’épouvante et les flammes du monde, cette solennelle offrande d’une victime. »
« Une conversation » (p. 421)

« C’est le joyau à la fois le plus précieux et le plus inutile, le plus aimé et le plus fragile de notre trésor. »
« La circulaire » (p. 472)

Inspiré par le stratégique jeu de go, abstrait et raffiné, le Jeu est aussi un sport, présentant des similitudes avec les échecs ; ce n’est ni une religion (quoique « sacré »), ni une philosophie, plutôt un art. il fut d’abord un divertissement de musiciens, puis séduisit les mathématiciens, pour finalement réunir les deux dans une synthèse de toutes les connaissances humaines (pensée et culture). Il y a une variante plus formelle, une autre plus méditative ‒ « psychologique » ou « pédagogique », etc. Par contre, c’est un vrai tour de force de Hesse, une construction d’une formidable cohérence dans un salmigondis culturel de romantisme allemand et de connaissances plus ou moins confuses de la civilisation chinoise : près de sept cents pages pour dessiner en creux un concept inconcevable. Il existerait depuis un playable Glass Bead Game.

Dans la même sphère spéculative utopique et roman d’initiation que cet opus magnum de Hermann Hesse, il y a bien sûr la grande référence, Goethe, Les Années d'apprentissage de Wilhelm Meister, mais aussi son contemporain, Thomas Mann (Thomas van der Trave, prédécesseur de Valet comme Magister Ludi dans Le Jeu), Le Docteur Faustus, paru peu après Le Jeu.

« Musique et langage, selon lui, allaient de pair, au fond ne faisaient qu'un, le langage était musique, la musique langage et, séparés, chacun des deux s'efforçait vers l'autre, l'imitait, lui empruntait ses moyens d'expression, chacun cherchant toujours à se substituer à l'autre. »
Thomas Mann, « Le docteur Faustus »

Plus incongru, je ferai un rapprochement avec Kim, de Rudyard Kipling, livre nettement antérieur, où « le Grand Jeu » est le conflit politique larvé qui oppose Russie et Grande-Bretagne en Asie centrale, toile de fond des pérégrinations du lama et de son chela (disciple) en Inde et au Tibet, et où le « jeu de Kim » est une technique de mémorisation pour les espions, le « palais de mémoire » : M. Lurgan y enfile des perles, la rivière du lama à la fin rappelle la noyade de Valet.

Les citations sont extraites de l’édition 12 (mars 2016) de Calmann-Lévy.

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Message par GrandGousierGuerin Lun 2 Jan - 23:53

@Tristram : Magnifique commentaire  ...
Mais qu'en penses tu ? Il me semble que tu as apprécié ... Suis-je dans le vrai ?
Depuis le temps que je tourne autour de mon exemplaire du jeu des Perles de Verre, Tristram a accentué ma tentation de m'y replonger...
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Message par Tristram Lun 2 Jan - 23:58

C'est trapu, et je suis content d'en avoir terminé. Un peu has been aussi quelque part.

Je regrettais de ne pas avoir un Nothomb pour me vider la tête et, bonne nouvelle, j'ai trouvé Naissance d'un pont, dont on parle beaucoup sur le fil Kerangal, dans ma PAL !!

Je te souhaite bon courage pour Le Jeu... Et donne tes impressions !

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Message par Bédoulène Mar 3 Jan - 8:54

après tes commentaires Tristam, une raison de plus pour lire le loup des steppes qui dort dans ma PAL

merci

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Message par Tristram Mar 3 Jan - 10:08

@Bédoulène : Le loup des steppes

Autre chef-d’œuvre du même, aussi un parcours initiatique, mais beaucoup plus intérieur et tourmenté.

« On ne peut vivre intensément qu’aux dépens du moi. »
Hermann Hesse, « Le Loup des steppes »

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Message par Mordicus Mar 3 Jan - 13:32

Tristram a écrit:[...] j'ai trouvé Naissance d'un pont, dont on parle beaucoup sur le fil Kerangal, dans ma PAL !!

Idem.
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Message par ArenSor Mar 3 Jan - 19:03

Mordicus a écrit:
Tristram a écrit:[...] j'ai trouvé Naissance d'un pont, dont on parle beaucoup sur le fil Kerangal, dans ma PAL !!

Idem.

Rapport avec Hesse ??? Very Happy
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Message par Mordicus Mar 3 Jan - 19:04


(Aucun. C'est la beauté de l'inutilité de la chose)

(Et j'étais contente de m'être trouvé un copain.)

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Message par GrandGousierGuerin Mar 3 Jan - 20:25

Notre amitié n’a pas d’autre but, n’a pas d’autre sens, que de te montrer comme tu es absolument différent de moi.
Narcisse et Goldmund

L'altérité comme ciment de l'amitié, à cette heure, maintenant cela me convient bien, très bien ...
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Message par Ouliposuccion Jeu 26 Jan - 23:29

Le loup des steppes

solitude - Hermann Hesse T-l-ch10

Au premier abord, Harry Haller impressionne désagréablement le neveu de sa nouvelle logeuse, peut-être par le regard mi-satisfait mi-moqueur dont il examine les aîtres, comme si le confort bourgeois de . la maison lui semblait à la fois étranger, plaisant et dérisoire. Si Haller considère tout avec l'ironie d'un habitant de Sirius ou d'ailleurs, c'est qu'il appartient effectivement à un autre monde, celui de l'intellectualité pure. A force de renier ce qui constitue le bonheur quotidien des hommes, il se sent devenu un « loup des steppes » inapte à frayer avec ses semblables, de plus en plus solitaire et voué à l'isolement. Il n'entrevoit qu'une solution : se tuer, mais la peur de la mort l'empêche soudain de rentrer chez lui mettre son dessein à exécution. Il erre dans la ville. A l'Aigle noir, il rencontre Hermine, son homologue féminin qui a choisi la pratique de ces plaisirs que lui-même a fuis. Elle le contraint à en faire l'apprentissage : c'est une véritable initiation à la vie, une quête troublante pour découvrir le difficile équilibre entre le corps et l'esprit sans lequel l'homme ne peut atteindre sa plénitude.

Je me lance dans la rédaction de ce poste avec beaucoup d'humilité , Hermann Hesse n'étant pas critiquable à mes yeux ; Le loup des steppes est une œuvre majeure du XXème siècle.

Ma vie avait été pénible, incohérente et malheureuse, elle conduisait au renoncement et au reniement, elle avait le goût de l'amertume humaine, mais elle était riche, fière et riche, souveraine même dans la misère. Qu'importait que le petit bout de chemin qui restait jusqu'au crépuscule fût, lui aussi, lamentablement perdu; le noyau de cette vie était noble, elle avait de la dignité, de la race : je ne misais pas des sous, je misais des étoiles.

L'homme dans toute sa complexité est au centre de ce livre , l'adversité qui se joue en nous tout au long d'une existence entre connaissance et plaisir. Où se situent les limites d'un tout afin de trouver l'apaisement d'un équilibre , l'origine même de ce qu'est l'homme dans tous ses paradoxes. Quel est le sens de notre existence , l'orchestre qui va jouer l'air déterminant de notre caractère , déterminer l'essence qui va construire la mélodie de chacun. Parcours initiatique et cynique , c'est au-delà de nos propres murs, construits par la force de notre esprit parfois fabulateur que la perspective d'un « moi » pluriel se dresse face à l'homme démuni devant cette observation qui comme un forçat frappe sa conscience et mène l'érudit face à son ignorance d'un essentiel. Hermann Hesse s'emploie à mettre le savoir au dessus de tout , démontrant le visage terne et agressif , écorché et fuyant de l'intellectuel qui s'indigne de la superficialité du plaisir et de la nature humaine frivole , il embrasse la destiné vouée à l’échec de toute une vie, le refus du bonheur.

Je sens brûler en moi un désir sauvage d'éprouver des sentiments intenses, des sensations ; une rage contre cette existence en demi-teinte, plate, uniforme et stérile ; une envie furieuse de détruire quelque chose, un grand magasin, par exemple, une cathédrale, ou moi-même ; une envie de commettre des actes absurdes et téméraires, d'arracher leur perruque à quelques idoles vénérées, de munir deux ou trois écoliers rebelles du billet tellement désiré qui leur permettrait de partir pour Hambourg, de séduire une petite jeune fille ou de tordre le cou à quelques représentants de l'ordre bourgeois. Car rien ne m'inspire un sentiment plus vif de haine, d'horreur et d'exécration que ce contentement, cette bonne santé, ce bien-être, cet optimisme irréprochable du bourgeois, cette volonté de faire prospérer généreusement le médiocre, le normal, le passable.

C'est dans une fresque littéraire inégalable , en compagnie d'une femme , d'un alter-ego, que dans une croûte digne d'une fable expressionniste, l'écorce se fend et trouble la sève du plaisir qui se répand, possédant une âme nouvelle dans un esprit nouveau, la résilience de nos propres troubles. Et si la victoire sur la vie n'était que la conception d'une dualité, de l'altérité qui nous possède ?
Un chef-d'oeuvre.


mots-clés : #initiatique
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Message par Tristram Ven 27 Jan - 0:36

Oui, un chef-d'oeuvre, qui a marqué toute une génération (ou plus, enfin je crois) et constitue une référence inégalable.
Merci de le faire revivre !
Je crois que je vais essayer une nouvelle traduction (je l'avais lu en Poche, 1966)...

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Message par Bédoulène Ven 27 Jan - 8:28

je ne l'ai pas encore lu et pourtant il est dans ma pal ! (mais il n'est jamais trop tard pour bien faire lire)

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Message par tom léo Jeu 2 Mar - 8:06

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Knulp


CONTENU :
Ce roman se joue dans la période entre XIXème et Xxème siècle. Knulp, le vagabond, est dans une certaine lignée littéraire d’un Taugenichts d’Eichendorff et autres. Il mène une vie sans promesses et apparemment projets, ne travaille pas, mais n’est pas en dette vers quelqu’un. Il semble avoir partout ses amis et connaissances qui d’un coté l’invite, même l’envie, et aussi aimerait lui rappeler la supériorité de la vie sédantaire, bourgeoise. Vie qui se revèle plus d’une fois pleine de contradictions et imperfections, voir de comédies et faux semblants. Par là (et autrement) nous comprenons aussi que derrière cette vie de Knulp si libre (et voulue telle quelle?!) se cache des moqueries de la part des autres, une forme de non appartenance. Il reste un « hors de societé », et ce n’est pas du romantisme pur. Dans ce sens-là Hesse est ici limpide et clair.

Il n’y a pas un pur absence d’un chez soi : Knulp tourne dans sa région, apparaissant aussi, à la fin, de nouveau dans son village natal. Donc aussi : perte d’un chez soi ET quête d’une certaine forme d’appartenance ? Il a beaucoup à raconter, et des gens s’informent auprès de lui souvent. Dans ce petit univers de la Souabie il connaît toutes les histoires. Avec sa façon libre il attire et fascine probablement certains esprits, et les femmes, filles surtout.

REMARQUES :
Pour moi, qui avait lu pas mal de Hesse dans la jeunesse, le Knulp était inconnu jusqu’à récemment. Quelle belle découverte ! Dans mon édition allemande s’y ajoute aux trois histoires de la vie de Knulp, encore deux fragments que Hesse a laissé à l’état abandonné. Il semble que le tout faisait partie d’un cycle d’écrits du jeune écrivain, consacré à « Gerbersau », avec la vie d’une petite ville au tournant du siècle. Il y travailla avec la description de « destins » characteristiques et partiellement même authentiques.

Les trois histoires se jouent pas seulement dans des saisons et des périodes de sa vie différentes, mais sont aussi racontées de façons legèrement différentes, de différents perspectifs. Ici on parle de « notre ami Knulp », là c’est le compagnon jeune qui parle, et puis il y a un récit par un narrateur omniscient (si j’analyse bien). Elles ne jouent pas seulement dans le moment de l’action principale mais contiennent aussi de retours en arrière, par des souvenirs, des rencontres, des entretiens etc.

Nous, les lecteurs, on sera selon nos sensibilités confrontés avec des questions d’une appartenance ou pas, d’un chez soi, d’une absence d’un tel chez soi. Knulp est seulement dans l’apparence quelqu’un de leger (?): il se cache derrière ses choix des drames, un certain sérieux, voir une solitude. Comment passer notre vie ? Quoi accepter ? Où est le sens ?

Peut-être le plus grand don consiste à donner de la joie ?

Hermann Hesse écrivait à propos de Knulp en 1935 à une lectrice :

« Au contraire de certaines programmes en vogue, je ne trouve pas la tâche primaire du poète de donner aux lecteurs des normes pour la vie et l’humanisme.... Le poète décrit ce qui l’attire, et des figures comme Knulp sont pour moi extrêmement attirantes. Elles ne sont pas « utiles », mais ils font pas de mal, beaucoup moins que certaines si « néccessaires » ; et de les juger, ce n’est pas mon affaire. Mais je pense plutôt ceci : si des hommes doués et animés (plein d’âme en allemand!) comme Knulp ne trouve pas de place dans leur environnement, alors l’environnement est coculpable comme Knulp lui-même. »

Un grand bonheur de lecture!
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Message par Bédoulène Jeu 2 Mar - 8:20

merci Tom Léo ! c'est dans ma PAL !

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Message par Nadine Lun 9 Avr - 10:03

solitude - Hermann Hesse 97827010

Narcisse et Goldmund

Il a fallu qu'on m'offre ce livre pour que je relise Hesse. Hesse ce sont des vieux souvenirs très vagues d'adolescence, lorsque l'on me conseillait pieusement Siddhartha, que je le lisais avec l'impression de boire un café trop allongé. Un devoir, une concession utile , passage obligé donc, mais je ne trouvai à l'époque, en cette forme d'écriture et de romantisme spirituel aucune nourriture. J'étais trop terrienne, trop sensuelle, trop pragmatique pour y trouver mon compte. Trop "Goldmund".
Je n'ai jamais depuis eue envie d'y replonger.

Pour autant je découvre donc aujourd'hui, avec plus d'ouverture et d'écoute la sensibilité de Hesse
Son style  coule, il est assez limpide, aussi je comprends mieux en quoi ma voracité de jeune fille n'y trouvait pas son compte : je lisais vite et la tonalité symbolique et conceptuelle manquait alors de poids pour mon âme pressée. Evidemment j'y trouve plus de subtilité que je ne croyais, aujourd'hui, plus attachée que je suis à lire chaque phrase avant que de la dépasser en galopant. Je méprise moins, aussi les "grandes idées" qui sont évidemment tout le squelette du roman.

Narcisse est un futur moine, il est passionné et brillant mais destiné à devenir moine sans aucun doute : une vie de retraite lui convient d'autant plus qu'il a l'esprit tourné à analyser et conceptualiser les grands mouvements de l'existence. C'est donc l'épure incarnée.
Lorsque Goldmund, très jeune homme, est accueilli dans le monastère pour y recevoir un enseignement de bon aloi, sa passion le porte naturellement à jouer le jeu à fond : il espère s'engager dans les ordres un jour, même si ses années d'apprentissage ne l'y obligent nullement. C'est encore sa passion innée qui lui fait trouver en Narcisse un guide et un ami, veritable booster emulatif pour lui.
Goldmund marche à l'humain, Narcisse au spirituel. En gros.

Le roman, délicatement, déroule la construction de leur rapport, de leur amitié, puis doucement accompagne le départ de Goldmund dans le Siècle. Le monastère et le souvenir vivace de Narcisse , tels un phare et une oxymore du présent, guident Goldmund dans son éloignement radical de ses premiers enseignements religieux .
Il s'abandonne aux corps à corps sensuels et l'auteur cisèle tout un beau chant à la féminité, au désir, et à la communion des corps.

Puis Goldmund rencontre l'opportunité d'apprendre un métier, sculpteur sur bois, alors qu'il est pourtant dans une totale auto suffisance de vagabond. C'est à partir de là que sa mémoire de la personnalité de Narcisse l'aide à construire du sens à son présent : toute la spiritualité que ce dernier incarne donne écho aux chocs esthétiques et sensuels que Goldmund tente de traduire en statues.
C'est le trait du roman qui m'a sans doute le plus plu, du point de vue de la mise en abyme d'une idée : j'aime qu'on brode sur le faire, sur les choix qui mènent du projet artistique à sa réalisation.

Hesse est de milieu protestant, à l'origine,
et pourtant le catholicisme tisse ses symboles tout du long, pour y introduire un regard que je dirais païen, à son imaginaire.
Catholique, car la représentation de Marie y est tout du long déclinée; Goldmund, en homme sensuel et affectif, est infiniment arrêté par cette figure de mère, mais aussi par les figures de femmes de la Bible.
C'est marrant que Hesse y donne , du coup, une si belle part.
Hesse a dialogué avec Jung, lis-je dans quelques notices biographiques, et en effet il amène à ces dialectiques tout un réseau de sens que de nos jours nous maitrisons facilement, la mère, la mort, la vie etc
Je ne développe pas ces apsects, ce qu'on trouve sur le net l'explicite assez comme ça , par ailleurs.

C'est un joli roman.
Très doux et très triste, il a l'air, aussi de vouloir incarner l'idée de fuite en avant qu'est une existence sans Foi. Goldmund a une Foi, certes, mais son identité est pétrie de sensualité, et de passion. Aussi le dernier tiers du roman est très dur car il dresse le bilan de ces deux destins, y introduit des Fois justement, mais n'élude aucunement un grand sentiment de vide et de vaine course, même si l'Art est proposé comme panacée et illumination.

J'ai aussi trouvé remarquable l'évocation de la grande peste. En fait Hesse tisse beaucoup d'idée mais il trouve mon coeur par le talent qu'il a à peindre plutôt le sensitif.

Je retiens un très joli tableau sous la lune, du premier partage sensuel de Goldmund avec une jeune fille, un très beau passage .Pour vous donner un extrait. C'est bien parce qu'il ne déflore pas les tonalités du dernier tiers, qui elles , donnent tout son meilleur corps au roman.

"Que tu es belle !"
Elle sourit comme s'il lui faisait un don, il la dressa à demi, il écarta doucement de son cou les vêtements, l'aida à s'en dégager, la pelant ainsi jusqu'à ce que les épaules et le buste, dans leur nudité, resplendissent sous la lumière froide de la lune. Des yeux et des lèvres, il suivait dans son ravissement les ombres délicates, les contemplant, les baisant; comme sous un charme elle restait sans mouvement, les yeux baissés, dans une attitude pleine de majesté, comme si, pour la première fois à cet instant, sa beauté se découvrait et se révélait aussi à elle-même.

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Message par Quasimodo Lun 9 Avr - 11:00

Comme tu en parles bien ! Hesse ne m'attirait pas du tout (après une expérience mitigée), mais grâce à toi je suis à nouveau sur la piste.
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Message par Quasimodo Lun 9 Avr - 11:02

C'est au Moyen Âge ?
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Message par Nadine Lun 9 Avr - 11:17

Oui Quasimodo.
Tu avais lu quoi toi, de lui ?
C'est quand même pas le type de psychologie créative qui me touche le plus, tu vois. Je ne sais pas trop comment le justifier. Je crois que ça tient à ce gramme de romantisme allemand, qui en peinture aussi me rend distraite et presque hostile. J'espere essayer dans moins de vingt ans un autre de ses romans car il connait en revanche bien son métier et cette psychologie que je critique reste une belle psychologie , à mon sens. Il cherche l'éthique , et a une forme de naïveté manichéenne qui n'exclue pourtant pas dutout les formes d'ambiguité dont tout sens est tissé.
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