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Hermann Ungar

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Message par bix_229 Sam 14 Jan - 18:23

Hermann Ungar
(1893-1929)

Hermann Ungar Ungar-10

Hermann Ungar est un écrivain tchécoslovaque (1893-1929) de langue allemande, romancier
Né dans une famille de petits industriels juifs cultivés, il suit à Brno une formation de juriste. Au sortir de la Première Guerre mondiale et parallèlement à une carrière diplomatique décevante menée pour l’essentiel à Berlin, il élabore en allemand, comme ses compatriotes Kafka, Perutz, Rilke et Weiss, une œuvre romanesque et dramatique qui lui vaut une notoriété presque immédiate et l’admiration de nombreux écrivains tels que Thomas Mann, Stefan Zweig, Alfred Döblin, Ernest Weiss ou Bertolt Brecht. En pleine maturité créative, il meurt à l’âge de trente-six ans, d’une crise d’appendicite mal soignée. En publiant après un demi-siècle d’inexplicable oubli, la totalité de ses livres : Enfants et meurtriers, La Classe, Les Mutilés, Le Voyage de Colbert, L’Assassinat du capitaine Hanika, La Tonnelle, les éditions Ombres ont permis, à l’œuvre intense et perturbante de ce singulier écrivain de retrouver la juste place qu’elle mérite.

Œuvres complètes de Hermann Ungar

Enfants et meurtriers (Knaben und Mörder, 1920), deux récits : Page 1
Les Mutilés (Die Verstümmelten, 1923 ) : Page 1
L'Assassinat du capitaine Hanika (Die Ermordung des Hauptmanns Hanika. Tragödie einer ehe 1925 ), récit
La Classe (die Klasse, 1927), roman
Le Général rouge (Der rote général 1928), drame
La Tonnelle (Die Gartenlaube, 1930), comédie
Le Voyage de Colbert (Colbert Reise, 1930), nouvelles et récits

Wikipedia

màj le 3/11/2017


Dernière édition par bix_229 le Sam 14 Jan - 18:45, édité 1 fois
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Message par bix_229 Sam 14 Jan - 18:42

Et puisqu' on a parlé de la revue Le Matricule des anges, un article sur Hermann Ungar.

"Tchèque de langue allemande et contemporain de Kafka, Hermann Ungar est un maître des destinées sordides. Nouvelle traduction de ses Enfants et meurtriers aux éditons Ombres

Histoires à l'étouffée

Depuis 1987 et à intervalles réguliers, les éditions Ombres nous donnent des nouvelles de Hermann Ungar (1893-1929), des nouvelles jamais très longues, souvent sous forme de récit, mais que l'on se jure à chaque envoi de ne plus vouloir recevoir. Cet univers malsain, glauque, peuplé d'avortons humiliés par l'existence, de frustrés sexuels, de meurtriers miséreux, de destinées persécutées et cruelles effraie le lecteur bien portant et le renvoie systématiquement à un troublant acte voyeuriste, voire masochiste. Mais la tentation est grande et par faiblesse, on y succombe à tous les coups. Dernier en date : la nouvelle publication d'Enfants et meutriers dans la collection Petite bibliothèque Ombres.
Après avoir eu le privilège d'exhumer les oeuvres complètes de Hermann Ungar (1) d'un demi-siècle de curieux oubli, l'éditeur toulousain présente là une nouvelle traduction de ses deux premiers récits, écrits en 1920 (qu'Ombres avaient publié il y a sept ans) et dont la seule traduction française remonte à 1926. Dépoussiéré de quelques lourdeurs et certainement moins étriqué dans son interprétation, ce nouveau travail de relecture mené par François Rey, à qui l'on doit déjà la traduction de La classe, Le voyage de Colbert et L'assassinat du capitaine Hanika apporte davantage de fluidité et renforce l'éclat du style si particulier d'Ungar, basé sur la puissance du verbe et l'économie des mots.
Hermann Ungar n' a rien à voir avec ses héros. Né en Moravie, il suit tranquillement le chemin d'un jeune homme issu d'une riche famille d'industriels juifs pour endosser à 28 ans une carrière diplomatique. Ses amis le décrivent, note François Rey, comme "un homme au visage d'éternel collégien, joyeux, drôle, parfois très caustique, peu versé dans l'abstraction, et n'ayant rien d'un ermite". Il est marié à une belle femme, a un enfant et côtoie Joseph Roth, Stefan Zweig, Werfel, Weiss, Döblin. A partir de 1920, il acquiert peu à peu une belle notoriété qui n'est pas sans rapport avec l'admiration que lui porte Thomas Mann. Puis tout s'accélère. Le 10 octobre 1929, il demande un congé sans solde de six mois au ministère des Affaires étrangères pour se consacrer uniquement à la littérature et quitte son poste de secrétaire de légation à l'ambassade de Tchécoslovaquie à Berlin. Cinq jours avant la naissance de son second fils. Le 28 octobre, il meurt d'une crise d'appendicite aigüe.
A l'origine, il y a toujours un déchirement qui rend socialement ses héros inadaptés. Ungar excelle dans le tracé du destin tortueux des âmes nourries du cancer de la différence. Dans le premier récit, Histoire d'un meurtrier, son personnage perd rapidement sa mère. Laid et mal foutu, il se retrouve, après avoir été congédié de l'école militaire, apprenti chez un coiffeur bossu. Torturé par la honte d'un père menteur et raillé qu'il doit supporter, il finit assassin à l'issue d'une scène d'une paillardise troublante et aussi gaie que la froideur d'une épitaphe. "J'ai l'impression que ce n'est pas moi qui ai commis cet acte, écrit-il en prison. Il m'apparaît si lointain, si étranger! Comme une flagellation monastique que je me serais infligée un jour, à moi, non à ma victime, et dont mon dos porterait encore les cicatrices". "Peut-être était-ce mon lot, mon destin...de devenir l'instrument de la destruction", poursuit-il un peu plus loin.

Baigné d'un fatalisme à toute épreuve que seul le châtiment apaise, on l'a compris, les personnages d'Ungar aiment souffrir. La haine et le sadisme alimentent alors et justifient l'humiliation, elle-même basée la plupart du temps sur un défavorable rapport de domination.
Un homme et une servante, le second récit, n'est pas d'un autre augure. Orphelin de naissance, le narrateur passe son enfance dans un hospice en compagnie de trois vieillards. "Je crois que cette maison n'a jamais entendu un rire", se souvient-il. Il sera obsédé par la servante, malgré "son regard muet d'animal". Parti s'enrichir en Amérique, il revient la chercher, la confie à une maison close, enrage ensuite d'avoir perdu sa trace, puis apprenant sa mort, recueille son petit garçon qu'il place dans l'hospice de son enfance.
Que pensez de tout cela? Rien. Sinon qu'Ungar est un démiurge de la perdition. Et les demiurges ne sont pas si nombreux dans la littérature pour s'en désintéresser.
Philippe Savary
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Message par animal Sam 14 Jan - 22:07

Hermann Ungar, la suggestion réflexe si on me demande une lecture qui débotte, qui dérange, assez crade. A la base suggestion du libraire. Très content de me mettre dans les mains un livre affreux, avec le sourire !

Hermann Ungar 28414210

Les mutilés

quatrième de couverture a écrit:Deux romans, douze nouvelles, trois pièces de théâtre, un essai : l’œuvre complète d’Hermann Ungar (1893-1929) encombre moins de dix centimètres de rayonnage d’une bibliothèque. Et pourtant, elle a du poids... Le pouvoir d’évocation de l’écrivain, son aisance à extérioriser des abîmes de non-dit, à les cristalliser dans des scènes crues et viscérales, confèrent à sa prose une violence rare, bien incongrue à notre époque de consensus cotonneux. Naturellement, le phénomène Ungar n’est pas isolé. C’est un phénomène. Disons qu’il incarne une tendance extrême au sein d’un art déjà outré en soi : l’expressionnisme allemand de l’entre-deux guerres. Biographiquement comme thématiquement, tout le rapproche de Franz Kafka ou de Franz Werfel : juif de langue allemande, né et élevé en Bobême-Moravie (province de l’empire austro-hongrois, qui devint en 1918 la Tchécoslovaquie indépendante). Mais malgré un succès critique certain dans les années 20 –  des écrivains comme Thomas Mann ont célébré son talent –, Ungar reste le plus méconnu des écrivains de sa génération. Il ne figure dans aucun dictionnaire, dans aucune histoire de la littérature. Mais depuis quelques années, Ungar devient un écrivain culte en France. Car on ne peut rester indifférent à l’énergie subversive de sa prose, bien plus réaliste et actuelle que la prose poétique de ses contemporains surréalistes français. L’aspect visuel de l’expressionnisme allemand nous est aujourd’hui plus familier que sa dimension verbale. Mais bien que jamais officialisé sous forme de mouvement, il domina l’avant-garde littéraire de la Mittel-Europa des années 20. Les écrivains expressionnistes sont comme des scientifiques subjectifs de la littérature. Ils ont chacun leurs spécialités : Kafka est par exemple un logicien de l’ego ; Ungar, lui, plus âpre et moins abstrait, est le biologiste qui donne corps aux pulsions et aux fantasmes tout en les stigmatisant. Il met à vif l’aspect répressif de la société avec un sadomasochisme aussi bien physique que psychologique. »

Vincent Ostria (Les Inrockuptibles, 1993).

C'est l'histoire d'un employé de banque, Franz Polzer, de milieu modeste, le type lambda, qui travaille, qui dort, qui n'a pas une vie extraordinaire... qui stress pas mal, pour le travail, la vie en général, mais "ça va"... enfin, ça a l'air. Entre sa logeuse Klara Porges (dont il devient en quelque sorte l'esclave), son ami d'enfance très gravement malade et amputé, Karl Fanta ou ses collègues de bureau... le cauchemar se dessine au fur et à mesure. L'angoisse est perpétuelle, faire les choses a peu près convenablement, conserver les apparences d'une certaine sécurité. C'est dingue, et ça empire de page en page. Le bonhomme tombe sous la barre de la normalité, voir médiocrité pour tomber dans la catégorie acteur de son propre cauchemar... tout est une angoisse, un problème, se préserver à tout prix, chercher un peu de tranquillité. Et il n'est même pas vraiment sympathique. c'est Horrible. Et ça nous entraîne avec un mélange de gêne et de bonheur un peu plus loin...

Le cauchemar se justifie par les comportements des autres dont les peurs et les folies se dévoilent à leur tour. Horreur psychologique, dégoût physique... avec malgré tout de l'humour... "malin plaisir" ? c'est possible. Toujours est il que des rapprochements bizarres se font avec naturel et ne laissent pas indifférents. Aussi terribles que soient les situations, des superpositions de personnage se font (femme, sœur, mère...), de leurs images et apportent avec habileté de la densité à ce qui pourrait couler dans la farce cruelle de mauvais goût. Plus ça va et plus l'escalade d'une folie tendant à l'absurde se justifie et sonne "vrai". ça ressemble sûrement au fil des pages à un monde connu, avec ses mécanismes, ses obsessions, ses angoisses et les mélanges bizarres qui sommeillent parfois dans nos esprit.

Il charge franchement la balance dans le "pas beau" mais c'est très bien articulé et très dynamique et il se maintient incontestablement du bon côté (abrasif mais tout de même). Je ne suis pas accro au cradingue pour le plaisir ou à la surenchère de vacheries gratuites, c'est lassant, j'ai eu quelques craintes de saturer... craintes non justifiées.

Le dénouement de cette histoire ressemble à du policier, un suspens de meurtre et de meurtrier.

Difficile de dire ce qui reste de ce petit voyage, de cette petite descente tout en bas des gens et du quotidien, d'une petite cruauté. De ces peurs continuelles et de toutes ces images corporelles Les personnages tiennent des discours d'explications, il est notamment question, à travers l'inquiétant boucher devenu infirmier d'expiation (en plus de tablier, de couteau et de sang de veau). Le Franz Polzer s'affirme presque, c'est à voir, la fin est ouverte. En acceptant le pire (et en l'exprimant), en ayant gagné le réflexe de douter de tout et de tout le monde, abandonné l'espoir d'un peu d'ordre, de sécurité, les choses finalement se calme et c'est à se demander si elles sont plus moches ?

En profitant de détails supplémentaires sur l'auteur et d'une fin supplémentaire ajoutée au livre, on reste sur ces impressions et on découvre que cet univers est inspiré en partie d'épisodes de la vie de l'auteur, au moins pour leur contexte.

Étrange, à la fois horrible et pas moche. Je précise que le commentaire est "soft" ainsi que l'extrait suivant :

Franz Polzer se hâta de rentrer. Il était nerveux et inquiet. Il se préparait là des changements dont on ne pouvait prévoir l'issue. Si le malade devait déménager chez lui, dans quelle chambre Madame Porges l'installerait-elle ? Sans doute pas dans la pièce aux beaux meubles. En fin de compte, il serait obligé, lui, Polzer, de s'installer dans la chambre de la veuve et de dormir tous les jours, lit contre lit, à côté d'elle. Quel coup lui tomberait dessus, alors ? Les pleurs de Dora résonnaient encore à ses oreilles. Si Karl déménageait, elle finirait par faire des choses qui risquaient de semer le désordre et la consternation. En la voyant fixer l'eau du fleuve, il avait eu l'impression qu'elle pensait à la mort. Mardi prochain, il fallait absolument qu'il amène Madame Porges. Aussi pénible que ce fût, c'était peut-être le mieux à faire. Il était vraisemblable que Madame Porges ne serait pas d'accord avec le projet de Karl de déménager chez elle. Peut-être réussirait-elle à convaincre Madame Fanta de prendre un infirmier pour lui. Il était possible que les deux femmes s'entendent bien. A l'occasion, il dirait tout à Madame Porges. La certitude qu'il ne serait pas obligé d'aller seul chez Karl la prochaine fois lui était agréable. En effet, la présence de Madame Porges le protégerait des confessions fiévreuses de Karl et Dora Fanta, qui le laissaient perplexe et désarmé. La veuve maintiendrait le calme, peut-être même pourrait-elle tout arranger.
Le lendemain, Franz ayant dit qu'il passerait prendre ses devoirs, Polzer se leva de bonne heure. Il rédigea les devoirs proprement, sur du papier ministre blanc et sans la moindre rature. En sortant de la banque, il se hâta de rentrer pour ne pas manquer Franz. Il entendit sa voix dans la cuisine. Il alla dans sa chambre et attendit que Franz le rejoigne. Il avait fait exprès du bruit en fermant la porte et s'est raclé la gorge dans le vestibule, pour qu'on entende son arrivée de la cuisine.
Il arpenta nerveusement sa chambre pendant un quart d'heure environ avant que Franz n'entrât.
Polzer lui remit les devoirs. Franz y jeta un coup d'oeil rapide.
- Il n'y a pas de fautes, Polzer ?
- Je crois qu'il n'y a pas de fautes. Comment va ton père, Franz ?
- Ah, mon Dieu, dit Franz,mon père ! Tu vois, Polzer, je crois que mon père n'ira jamais mieux.
- Il faut toujours garder l'espoir, Franz.
- Oui, oui... Dis-moi, Polzer, il parîat que je ressemble à ce qu'il était avant. Tu crois qu'un jour je serai aussi malade que lui ?
Polzer attira le garçon contre lui. Il pressa sa tête sur sa poitrine. La question de Franz Fata l'avait ému. Sa main s'attarda un instant sur ses cheveux soyeux. Il l'en retira vivement, envahi soudain par une brume de souvenirs où se mêlaient le père du garçon, des devoirs pris dans le Livre d'exercices, des larmes et une lointaine tendresse.
- Il nous torture, ma mère et moi, dit Franz. Maman croit que tu pourrais nous aider.
Polzer tenait toujours fermement le garçon. Il sentait ses membres sveltes contre son corps. Il sentait la poitrine de Franz Fanta se soulever et s'abaisser au ryhtme de sa respiration.
Le garçon regarda Franz Polzer.
Polzer évita son regard. Il sentait battre le pouls de Franz. Il avait déjà vu ce visage. Dora avait raison. Polzer était bouleversé, angoissé, par des ressemblances oubliées.
- Est-ce que tu m'aimes, Polzer ? dit Franz Fanta.
Alors, effrayé, Polzer lâcha le garçon.

Il est possible que ce soit assez cru et polymorphe pour qu'on s'y retrouve et s'y mélange.

(récup. ça date mais ça reste).

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Message par animal Sam 14 Jan - 22:09

les premières lignes :

le début qu'il me semblait avoir déjà lu (en librairie alors ??? ) à moins que ça ne "ressemble trop" ????

Depuis sa vingtième année, Franz Polzer était employé dans une banque. Chaque jour, à huit heures moins le quart du matin, il partait pour son bureau. Jamais une minute plus tôt ou plus tard. A l'instant où il sortait de la ruelle dans laquelle il habitait, l'horloge de la tour sonnait trois coups.
Franz Polzer, depuis tout le temps qu'il était à la banque, n'avait jamais changé de poste ni de logement. Il occupait toujours la même chambre, où il s'était installé après avoir abandonné ses étude et débuté dans sa profession. Sa logeuse, une femme à peu près de son âge, était veuve. Quand il avait emménagé chez elle, elle portait encore le deuil de son mari.
Jamais, au cours de ces nombreuses années, il ne s'était trouvé dans la rue entre huit heures et midi, en dehors des dimanches. Il ne savait plus ce que c'est qu'une matinée de semaine, quand les magasins sont ouverts et qu'une foule pressée se bouscule dans les rues. Il n'avait jamais manqué un seul jour à la banque.
Les rues par lesquelles il passait le matin offraient chaque jour la même image. Les rideaux de fer se levaient sur les vitrines des magasins. Devant les portes, les commis attendaient leurs patrons. Chaque jour il croisait les mêmes gens, garçons et filles se rendant à l'école, demoiselles de comptoir flétries, hommes de mauvaise humeur qui se hâtaient vers leurs bureaux. Il marchait parmi eux, les gens de son heure, comme eux se hâtant, ignoré de chacun et les ignorant tous : l'un des leurs.

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Message par bix_229 Sam 14 Jan - 23:04

Merci Animal !
Un auteur dérangeant, c' est certain ! Peut etre maso, malsain...Mais pas complaisant.
Franchement original en tout cas !
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Message par animal Sam 14 Jan - 23:46

il ne risque pas de laisser indifférent (pour reprendre cette facilité) !

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Message par Invité Ven 18 Aoû - 18:29

Connais pô le bonhomme. Je mets ça dans la LAL ! Hermann Ungar 1798711736

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Message par animal Ven 18 Aoû - 19:07

Mince, j'avais oublié que le fil existait déjà, occasion néanmoins pour en remettre une couche :

Hermann Ungar 97829012
Enfants et meurtriers

quatrième de couverture a écrit: Salué dès sa parution en 1920 par Thomas Mann comme « l’aube d’un très grand talent » Enfants et meurtriers, premier livre d’Hermann Ungar, se compose de deux récits « Histoire d’un meurtre », description minutieuse de l’enfance d’un criminel, une enfance piétinée, sans amour où la solitude et la honte sont telles que l’assassinat seul l’apaise alors. « Un homme et une servante », le second récit, retrace la vie d’un orphelin humilié par sa condition, sa frustration sociale et sexuelle, sa relation obsessionnelle pour la servante de l’hospice et qui ne trouve d’issue que dans la cruauté et la mortification.
Ces deux textes antérieurs aux Mutilés, moins démonstrativement ignobles dans l'ensemble et plus facilement identifiables sont attachés à l'enfance. Une enfance où les frustrations et une violence sociale et humaine transforment ce qu'il pourrait y avoir d'amour en un refuge de haine et de méchanceté,  non sans quelques hésitations et questionnements. On peut aussi dire vengeance, et cruauté.

Si la lucidité de ces témoignages (il s'agit de témoignages-confessions des intéressés à la première personne) ne cherchant ni pardon et ni excuses ne rejettent pas le lecteur, si le "malin plaisir" de l'auteur à aller fouiller les recoins sombres de l'âme humaine (et à écrire des trucs potentiellement bien crades) ne l’écœure pas, c'est que son talent est déjà là. Progression des récits, détails, caractères et que la tension entre une lueur fragile et le besoin bestial de refuge dans un rapport de force sont parfaitement bien racontés et expliqués.

Un petit mot sur la deuxième nouvelle, Un homme et une servante, qui aborde en plus en sombre et désillusionné l'émigration en Amérique et un mélange d'ascension sociale et d'industrialisation. Un élargissement de l'horizon et une autre preuve de la sagacité de l'auteur...

Moins horrible que les Mutilés malgré des passages difficiles, une autre lecture marquante (ça fait réfléchir là où se crée le malaise) et encore un superbe petit livre de la Petite Bibliothèque Ombres...

mots-clés : #psychologique

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Message par Dreep Ven 18 Aoû - 21:30

Je me souviens que tu m'en avais parlé, Animal, quand nous nous sommes vus. (Il faudra d'ailleurs que je te rende London Orbital... l'ironie c'est qu'il était introuvable, mais plus maintenant, réédité chez Actes Sud.)

J'ai lu La Classe il y a quelques mois.
Edité chez Ombres, 236 pages. (Je l'ai trouvé dans une boîte à livres !)

Ungar ne perd pas de temps pour mettre son lecteur dans le bain. Tout semble tomber sur le dos à ce professeur qui doit maintenir la discipline – il n'est jamais question d'enseignement – dans une classe d'élève qui le méprise. Ou le croit-il ? C'est difficile de démêler le vrai d'une totale paranoïa de Josef Blau qui croit que des forces obscures sont contre lui. Des forces si nerveuses qu'une tonalité ou la vitesse d'un mouvement quelconque pourrait avoir des conséquences irréversibles : la narration tombe dans un délire incontrôlable. C'est que Josef Blau voudrait être hors du monde, mais qu'il l'intériorise.

Hermann Ungar a écrit:Du ventre de la mère sortirait peut-être un être mutilé, avec des tâches de vin, un bec d'oiseau, des lèvres fendues, un visage couvert d'écailles, des membres paralysés, une queue de singe, un dos cassé, deux têtes, quatre pattes d'animal – comme il l'avait lu et entendu. Ces images ne se laissaient pas repousser, quelque volonté qu'il eût de les bannir, sachant que la chose pensée advient au monde et peut se transformer en malédiction, et que l'on doit faire taire ce genre de pensées, de même qu'on ne raconte pas de mauvais rêves pour éviter que le mal n'advienne au monde et se réalise, conformément à la vieille croyance née du pressentiment qu'il existe entre toutes choses des liens obscurs.
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Message par animal Ven 18 Aoû - 22:24

Je te ferai signe, je finirai par avoir l'occasion de repasser du côté de par chez toi. Wink

Elles ont l'air bien les boites à livres cet été...

(Dommage que London Orbital ne t'ai pas accroché !)

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