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Nivaria Tejera

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Message par Bédoulène Dim 15 Jan - 15:10

Nivaria Tejera
(1929-2016)

guerredespagne - Nivaria Tejera Nivari10

Nivaria Tejera, née le 30 septembre 1929 à Cienfuegos à Cuba et morte le 6 janvier 2016 à Paris, est une poétesse et romancière cubaine.

Nivaria Tejera est née de mère cubaine et de père espagnol à Cuba. Elle a passé son enfance à Tenerife, aux îles Canaries où la guerre civile surprend sa famille. Son père est emprisonné dans les prisons franquistes jusqu’en 1944. Elle retourne à Cuba sans lui. Quittant sa ville natale pour Paris en 1954, elle y revient en 1959 lors de la révolution socialiste, elle sera d’abord secrétaire d’État à la culture de ce pays, puis attachée culturelle à Paris, à Rome, avant de rompre définitivement avec Cuba lors de l’avènement du Parti unique en 1960. Elle s'est alors installée à Paris.

Nivaria Tejera fut d'abord éditée à Cuba (trois recueils de poésie entre 1949 et 52), puis découverte en France par Claude Couffon (qui traduisit le livre) et Maurice Nadeau (qui publia aux Lettres nouvelles en 1958 son premier roman, Le Ravin).

Elle meurt le 6 janvier 2016 (à 86 ans) dans un hôpital parisien des suites d'un cancer du pancréas.

Œuvres traduites en français


Romans
Le Ravin
Somnambule du solei
Fuir la spirale
Trouver un autre nom à l'amour

Poésies
Paris Scarabée

Essai
J'attends la nuit pour te rêver


Dernière édition par Bédoulène le Dim 15 Jan - 15:16, édité 2 fois

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Message par Bédoulène Dim 15 Jan - 15:14

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Le ravin

C’est la guerre ! Les Franquistes investissent la ville de La  Laguna aux îles Canaries. Qu’est-ce pour cette fillette d’une dizaine d’années ? le bruit, les soldats qui violent sa maison, qui ennuient son chien, qui bousculent le Grand-père, cet admirable vieil homme, l’émoi de sa mère et de sa tante, et pour elle l’incompréhension dans la peur ; mais surtout la disparition de son Père !
Ce sera la nouvelle de l’incarcération de Santorio(le père journaliste Républicain), puis son internement dans un camp, lieux où la fillette lui rendra visite avec la famille, et la présence du « ravin » qui la hante,  là où l’on jette les corps des prisonniers, des Républicains « des rouges ».
Pour la fillette c’est un bouleversement du quotidien, abandon de la maison pour se réfugier dans celle du grand-père, les tickets d’alimentation pour survivre et les vilenies des autres enfants devant le dénuement visible qui la marque. Plus rien n’est comme avant, la fillette a grandi en quelques mois de plusieurs années .
Sa mère, accablée par la perte de tout, l’absence prolongée de Santorio et la  mort du petit frère, Chicho, n’assume et n’assure plus rien,  elle charge  la fillette de  trop de poids, ce qui est terrible pour un enfant.
Après la prison, le camp de concentration, un télégramme laconique annonce un exil de quarante ans sur l’île de Fer pour Santorio. C’est la fin, il ne pourra revenir, mais la fillette  se réfugie à nouveau auprès de son grand-père, avec lui elle peut laisser ses pensées, ses sentiments s’envoler.

Tout d’abord j’ai été surprise par le ton de l’écriture, cette enfant qui parlait soit avec des mots d’adulte ou au contraire avec une niaiserie pas de son âge. Je n’avais certainement pas la bonne manière d’appréhender cet étrange style. (ce n’était pas aussi le bon moment pour moi, trop occupée et donc moins sensible).

Ensuite j’ai été emportée, cette fillette qui portait trop de poids sur ses épaules m’a bouleversée. J’ai compris que ses « élucubrations » étaient pour elle une révolte et une aide à supporter le malheur.

Je l’ai accompagnée, j’ai compris aussi que les passages ambigus sur ses rapports et pensées avec son père révélaient une proche puberté et  l’éveil de sa sexualité.  

Je m’en veux un peu de n’avoir pas trouvé rapidement la porte pour entrer dans  ce récit surprenant.

et pour moi l' admirable figure du grand-père.

Ce sera une lecture qui laissera son empreinte.

Extraits :

« Quand j’étais plus petite il n’y avait pas de défilé patriotiques. La Patrie existait, mais elle était silencieuse et il n’était pas nécessaire de crier les noms des héros ; chacun connaissait son devoir et veillait sur elle. Mais ensuite il y a eu la guerre qui a fait surgir des soldats, et quand ils ont invoqué la Patrie ils se sont rendu compte qu’elle était cachée et ils ne l’ont pas trouvée, ce qui les a obligés à faire des « Mouvements » comme on fait exploser des mines. « Et le bruit des mines est terrible maintenant ; il les rend fous et  ils marchent à l’aveuglette ; d’un seul coup ils ont plongé la Patrie dans les ténèbres et nous sommes tous fichus, tous fichus », dit grand-père. Et il ajoute entre ses dents, d’une voix rauque et ferme : « Bandits, Bandits ! »
Grand-père devrait être général. »

« Un tintement dur, qui par moments faiblissait, sonnait les adieux d’un mort : puis la corde reprenait sa tranquillité. « Il n’y a plus de place où déposer tout ce fumier », disait le sonneur. Et il ajoutait : « le comble, c’est qu’il faut encore envoyer au-dessus de cette pourriture toute une harmonie céleste pour qu’elle dorme bien et ne nous tracasse pas la nuit. » Puis, tandis qu ’il continuait de tirer la corde à la manière d’un trapéziste, il conseillait à son ami de le laisser, parce qu’il en était à son troisième mort et qu’il y en avait encore huit en tout. « A croire qu’il y en a qui meurent plusieurs fois, les salauds !» ajoutait-il. »

« Je voudrais dormir mais je sais que c’est impossible. Depuis que Papa n’est plus là, maman m’oblige à coucher dans le grand lit où je les entendais autrefois, elle et papa. Avec moi dedans le lit ne s’agitera plus comme avant, ce qui provoquait ma rage, quand je vivais dans la pièce voisine. Parfois, lorsque maman dort, elle me couvre de sa jambe, ce qui me semble étrange. Elle voudrait, bien sur, que je sois papa. Ce que je voudrais qu’elle soit, moi aussi. »

« Mais quand il s’arrête devant moi et refuse de me laisser passer, j’ai beau avoir l’air de ne rien remarquer, je vois bien le mouvement de ses mains ; j’en ai la nausée et je voudrais pouvoir lui cracher au visage. Lorsque j’arrive à la maison, je tâte le bas de mon corps pour savoir ce qu’il a pu sentir. Un courant soudain me traverse, toute, mais comme je dois guetter en même temps par la fente de la porte pour voir si personne ne vient je me raidis de peur et le courant cesse. Cette sensation est plus intense encore quand je reviens de voir papa. Je pense qu’il nous a abandonnés pour toujours. »


(message récupéré)


mots-clés : #guerredespagne


Dernière édition par Bédoulène le Mer 10 Mai - 23:33, édité 1 fois

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Message par Chamaco Dim 15 Jan - 15:49

Belle découverte Merci Bédoulène...
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