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David Grossman

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Message par Ouliposuccion Mar 24 Jan - 17:17

David Grossman
Né en 1954


psychologique - David Grossman Tylych58

David Grossman, né à Jérusalem, est l'auteur réputé de huit romans abondamment primés dont récemment Une femme fuyant l'annonce, couronné par le prix Médicis étranger et le grand prix de l'héroïne de Madame Figaro. Il est aussi l'essayiste engagé de trois essais qui ont ébranlé l'opinion israélienne et internationale, notamment Le Vent jaune, qui a précédé la première Intifada. En 2010, il a reçu en Allemagne le Prix de la Paix des libraires allemands. David Grossman est Officier de l'Ordre des Arts et des Lettres.
Il est édité chez Seuil.
source : Seuil

Bibliographie :

1991 : Voir ci-dessous : Amour
1994 : Le Livre de la grammaire intérieure
1998 : Le Sourire de l'agneau
2003 : Quelqu'un avec qui courir
2004 : L'Enfant zigzag
2011 : Une femme fuyant l'annonce : prix médicis : Page 1
2012 : Tombé hors du temps : Page 1
2015 : Un cheval entre dans un bar : Page 1

màj le 17/11/2017
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Message par Ouliposuccion Mar 24 Jan - 17:23

Une femme fuyant l'annonce

psychologique - David Grossman 41pbmq10

Ora, une femme séparée depuis peu de son mari Ilan, quitte son foyer de Jérusalem et fuit la nouvelle tant redoutée : la mort de son second fils, Ofer, qui, sur le point de terminer son service militaire, s’est porté volontaire pour « une opération d'envergure » de vingt-huit jours dans une ville palestinienne. Comme pour conjurer le sort, elle décide de s’absenter durant cette période : tant que les messagers de la mort ne la trouveront pas, son fils sera sauf. La randonnée en Galilée qu’elle avait prévue avec Ofer, elle l’entreprend avec Avram, son amour de jeunesse, pour lui raconter son fils. Elle espère protéger son enfant par la trame des mots qui dessinent sa vie depuis son premier souffle, et lui éviter ainsi le dernier.

À travers le destin bouleversant d’une famille qui tente à tout prix de préserver ses valeurs et ses liens affectifs, l’auteur nous relate l’histoire de son pays de 1967 à nos jours et décrit avec une force incomparable les répercussions de cet état de guerre permanent sur la psyché des Israéliens, leurs angoisses, leurs doutes, mais aussi la vitalité, l’engagement, et l’amour sous toutes ses formes.  


Dès le prologue, on constate une puissance narrative, David Grossman ne fait pas qu’écrire et conter, il transbahute son lecteur sur un terrain miné qui tord les tripes. Il ressort de chaque personnage une extraordinaire humanité, une sensibilité singulière, un esprit divin.   Je n’ai pu me détacher de ce chef d’œuvre à la construction si parfaite qu’elle en est bien rare. Comment aborder le conflit Israélo-Palestinien sans tomber dans une gigantesque lourdeur ? C’est un homme ayant perdu son enfant tombé au Liban qui nous offre ce texte colossal, sans trébucher dans le sentimentaliste, juste un hymne admirable, une éloquence  de toute beauté. Un conflit abordé au travers d’une mère, Ora, fuyant de chez elle afin d’éviter l’éventuelle annonce des messagers de la mort alors que son fils s’est porté volontaire pour se battre, une manière de conjurer le sort  ne pouvant se résoudre à l’attendre. Pas d’annonce, pas de mort. C’est en ayant le ventre lacéré par ses entrailles que débute une élégie maternelle lors de son voyage en Galilée avec l’un de ses  amours de jeunesse, une introspection du destin de trois personnes brutalisées par un combat survivant dans la noirceur des sévices moraux et physiques. Ora  ou l’aura absolue, souveraine dans son royaume d’Israël fait de cendres et de  poussières, d’une force  admirable, les étincelles  d’une souffrance immarcescible. De cette guerre qui consume, incendie les âmes, calcine les espérances jaillit ce roman flamboyant , éblouissant.
Un livre  monumental et d’une profonde maîtrise dont on ne ressort pas indemne face à l’évidence que la guerre coule dans les veines, nourrit dès la plus jeune enfance  ceux d’une « terre promise », mais à qui ?


" En l’écoutant bredouiller des explications, les yeux baissés, Ora découvrit avec horreur que personne ne lui avait demandé de rempiler. Officiellement, il était libéré de ses obligations militaires et redevenu un civil. C’était son initiative, admit Ofer, le front buté, virant à l’écarlate, il n’allait pas manquer l’aubaine ! Pas question ! « Durant trois ans, j’en ai bavé pour me préparer à ce genre d’opération. » Trois années de barrages et de patrouilles, au cours desquelles il s’était fait matraquer à coups de pierres par les gamins des villages palestiniens ou des colonies, sans parler du fait qu’il n’était pas monté dans un tank depuis six mois, et maintenant, avec la déveine qui le caractérisait, il allait louper une expédition pareille avec trois unités blindées ! Il en avait les larmes aux yeux. On aurait dit qu’il lui demandait la permission de rentrer tard d’une soirée avec ses camarades de classe. Comment pourrait-il se prélasser à la maison ou se promener en Galilée pendant que ses camarades iraient au casse-pipe ? Bref, elle comprit qu’il s’était porté volontaire de son propre chef, pour vingt-huit jours."





mots-clés : #conflitisraelopalestinien #guerre #psychologique #voyage
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Message par Ouliposuccion Mar 24 Jan - 17:27

Un cheval entre dans un bar

psychologique - David Grossman Captur52

Sur la scène d’un club miteux, dans la petite ville côtière de Netanya, en Israël, le comique Dovale G. distille ses plaisanteries salaces, interpelle le public, s’en fait le complice pour le martyriser l’instant d’après. Dans le fond de la salle, le juge Avishaï Lazar, un homme qu’il a convié à son one man show − ils se sont connus à l’école −, écoute avec répugnance le délire verbal de l’humoriste. Mais peu à peu le discours part en vrille et se délite sous les yeux des spectateurs médusés. Car ce soir-là, Dovale met à nu la déchirure de son existence : le choix terrible et fatal qu’il a dû faire à l’adolescence. La scène devient alors le théâtre de la vraie vie. Le récit évolue sur une frontière mouvante entre réalité et inconscient, sentiments violents et actes inaboutis, tandis que l’humour et la dérision colorent les épisodes poignants. Dans ce livre vibrant, porté par un souffle dévastateur, David Grossman le magicien se coule dans ses personnages, reproduit leurs propos, du plus cru au plus délicat, exhume les souvenirs refoulés. Tient, en somme, la comptabilité des âmes.

David Grossman, encore une fois, explore les profondeurs , la violence des sentiments , des ressentis , et cette fois sous forme de One Man Show des plus atypiques , des plus poignants.
Si l'humour est bien présent , c'est pour mieux mettre en évidence les déchirures de l'âme et jamais cette citation n'a eu autant de résonance " porter le masque de comédie pour cacher la tragédie de l'âme".
Pourtant un jour , le masque tombe , laissant les traumatismes , stigmates de la vie s'épandre autour de tablées ébahies , ne saisissant pas le mal d'autrui , le malaise des existences déchirées et décimées.
Puis il y'a cette beauté , toujours cette rhétorique propre à David Grossman qui transcende , fait du pathétisme de cette situation un moment indéfinissable , entre malaise et enchantement , ces ressentis qui jaillissent d'une page à l'autre , entre rire et mélancolie on oscille , et toujours cette tendresse qui nous inonde pour ces personnages jamais insipides , toujours fouillés , qui prennent vie et nous prennent en otage, spectateur de leur vie , de la Shoah à cette petite mort intellectuelle que s'inflige Dovalé à coup de cynisme aiguisé.
Petite mort intellectuelle mise en scène pour mieux saisir la teneur de ce livre brillant qui paradoxalement n'est qu'une réflexion sur les conflits et la société , sur le regard que chacun porte sur soi et autrui.
Intelligemment et formidablement bien orchestré.

je me dis : si un quelconque scientifique israélien, juste pour donner un exemple, découvrait un remède contre le cancer, hein ? Un remède qui pourrait éradiquer une fois pour toutes la maladie, eh bien je vous garantis à mille pour cent que des voix s’élèveraient aussitôt dans le monde entier, qu’il y aurait des protestations et des manifestations et des votes à l’ONU et des articles dans la presse européenne : pourquoi s’en prend-on comme ça au cancer ? Et pourquoi aussitôt l’« éradiquer » ? Pourquoi ne pas tenter la voie du compromis ? Pourquoi le recours immédiat à la force ? Et si nous restions droits dans nos bottes d’abord, juste pour voir, et que nous acceptions le cancer dans sa différence, que nous acceptions de nous mettre à sa place pour voir comment il vit, lui, la maladie ? N’oublions pas qu’il a aussi des aspects positifs. C’est un fait, beaucoup de gens vous diront que le cancer les a rendus meilleurs ! Sans oublier que la recherche sur le cancer a eu des effets collatéraux sur le développement de médicaments pour d’autres pathologies, et maintenant tout ça va s’arrêter, et être « éradiqué » en plus ! Donc, aucune leçon n’a été tirée du passé ? Aucun souvenir des « années de tourmente » ? Justement, poursuit-il avec un air pensif, qu’y a-t-il au fond chez l’homme de supérieur au cancer qui lui donne le droit de l’« éradiquer » ?
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Message par Tristram Mar 24 Jan - 19:21

Suis passé sur ce fil en pensant à Vassili Grossman... et me retrouve encore devant un écrivain inconnu (de moi), et à lire ! Oulipo, tu es décidément douée... pour l'inflation des PAL !
Je suppose que la dernière citation n'est sionismo-centrée qu'hors contexte ? humour juif ?

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Message par Ouliposuccion Mar 24 Jan - 19:35

C'est toujours à double interprétation , l'auteur s'en amuse beaucoup dans ce livre , le cynisme l'habite Smile
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Message par Bédoulène Mar 24 Jan - 20:52

j'ai Une femme fuyant l'annonce, le cheval dans le bar et le livre de la grammaire intérieure dans ma PAL

merci pour tes commentaires

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Message par topocl Mer 25 Jan - 11:20

J'avais été moins séduite qu etoi, olipossucion, par :

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Une femme fuyant l'annonce

J'aime penser que les moments les plus importants de l'Histoire ne se produisent pas sur les champs de bataille ou dans les palais, mais dans les cuisines ou les chambres d'enfants.


Ce livre, écrit par un militant de la paix dont le fils est mort dans les derniers jours de la guerre… , raconte l'histoire d’Ora, dont le fils est parti en opération militaire et qui préfère fuir plutôt que de prendre le risque de se voir annoncer une tragédie. Il mérite tout notre respect.

Ora se livre à une randonnée pédestre à travers les sublimes paysages d’Israël, havres de paix pour elle, en compagnie de son amant de jeunesse auquel elle se raconte, et raconte ses fils. La partie randonnée est très bien décrite, la relation des personnages aux paysages, les rencontres, les déambulations, les sacs-à-dos (qui ressemblent un peu trop au sac de Marie Poppins mais, baste…).

À travers le dialogue d’Ora et de son ami, David Grossman nous montre comment on vit dans un pays perpétuellement en guerre, cette guerre qui trouble les amours et amitiés, effraye et pervertit les enfants pour finir par vous  les prendre. Cette douleur, chez une femme déchirée, passionnée, versatile et dépossédée inspire un livre riche, foisonnant, plein de mystère, de non-dits, et de retours en arrière.

Je suis curieusement restée assez extérieure à tout cela. Si j'ai bien compris de la douleur d’Ora, elle ne m'a guère inspiré de sympathie ou d'empathie. J’ai trouvé qu'une bonne part du récit rapporte des souvenirs assez artificiels, lourdement démonstratifs, trop longuement détaillés, rapportés avec une certaine complaisance. Je n'ai trouvé aucune cohérence à la plupart des personnages masculins. Bien qu'Ora nous parle de ses fils à longueur de pages, je ne suis absolument pas arrivée à sentir à quoi ils ressemblent .

Je regrette beaucoup, il doit y avoir une inadéquation entre ce roman et moi, il m’est resté étranger. Je ne dis pas que c’est un mauvais livre, il est possible que ce soit même  un grand roman, mais il ne m'a pas parlé.

(commentaire récupéré)

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Message par Marie Jeu 26 Jan - 2:59

psychologique - David Grossman 5111vd10

Tombé hors du temps
traduit par Emmanuel Moses

Dans beaucoup de langues, il n'existe pas de mots pour qualifier ceux qui ont perdu un enfant. Parce que ce n'est pas dicible?Le mot existe en hébreu, mais qu'est-ce qu'un simple mot pour faire part du tsunami d'émotions qui nous noie à un instant donné, et dont les vagues ne cesseront jamais de nous submerger au fil du temps ( eux sont " tombés hors du temps", très belle image) jusqu'à notre propre mort, même si leur violence diminue.
David Grossman a donc perdu son fils, Uri, pendant qu'il écrivait un livre au titre prémonitoire, Une femme fuyant l'annonce.
Il est resté longtemps, tel le centaure-écrivain du texte, à chercher " les mots pour le dire".
Est ce que ces mots existent?
Il existe en tout cas une imposante littérature du deuil . Et dans celle-ci, beaucoup de livres , tous dignes d'intérêts, témoignant de la perte d'un enfant. Des parents qui ont cherché aussi à communiquer leur immense douleur.
Victor Hugo avait aussi écrit de la poésie , Demain dès l'aube, pour sa fille Léopoldine.
Un musicien s'exprimera par la musique , tel Mahler dans ses déchirants Kindertotenlieder.
Un écrivain cherchera les mots, d'autres ont creusé encore et encore dans toute leur oeuvre , et je pense à Philippe Forest,  l'incompréhension devant cette injustice suprême qu'est la mort d'un enfant.

Et puis il y a beaucoup de témoignages, David Grossman a reçu beaucoup de lettres de témoignages , et c'est peut être l'origine de ce conte tragique ," récit pour voix".

Un duché, avec son Duc et sa duchesse, un chroniqueur, la voix off, chargé de rapporter au Duc les actions des habitants.
Et puis un homme et sa femme. Cinq ans se sont écoulés depuis la mort du fils. Et, soudain, l'homme se lève et se met à marcher. Parce qu'il le faut.
La femme ne le suit pas, elle semble, elle, avoir parcouru pendant ces cinq ans, le chemin du deuil et ses étapes:
Mais nous nous le sommes promis
Nous en avons fait le serment
Nous serons, nous aurons le mal
De lui, il nous manquera
Et nous vivrons.
Alors que se passe-t-il, maintenant,
Que s'est-il passé tout d'un coup
Pour que tu déchires tout
Comme ça?"

Mais, à la suite de l'homme, d'autres voix se lèvent d'un peu partout dans ce Duché ( même celle du Duc, de sa femme et du chroniqueur de la ville..) et on s'aperçoit que ce lieu ne regroupe que des parents en deuil. Ils sont tous différents, s'expriment de manière différente ( tout n'est pas poésie, dans le texte) et ont chacun leur histoire. Dont ils n'ont pas pu parler. Et la parole d'un homme libère la leur, et cela devient un choeur, très dissonant au départ, mais comme dans tous les choeurs, leurs voix vont se rejoindre et se répondre, chacun trouvant à sa manière les mots pour le dire.
En fait, on retrouve très bien les cinq étapes du deuil , telles que décrites cliniquement:
La sidération, ou le déni: pendant 5 ans ( plus pour d'autres), ils n'en ont pas parlé.
La colère: l'homme se lève et part, le " ce n'est pas possible"
Le marchandage: les revoir, une fois..
La dépression: ici, la muraille à laquelle ils se heurtent
L'acceptation et la parole possible qui implique de réaliser :

"
Je veux apprendre à séparer
La mémoire
De la douleur. du moins en partie,
Autant que possible, afin que tout le passé
Ne soit pas à ce point imprégné de douleur.
"

Il faut accepter de se laisser porter par ce texte , déconcertant au départ, de l'arrêter, d'y revenir, il est vraiment déchirant. Et magnifique.
Un grand bravo aussi au traducteur,Emmanuel Moses.

récup


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Message par Ouliposuccion Lun 5 Fév - 20:33

psychologique - David Grossman 61uvdh10


Elles sont trois : Véra, sa fille Nina, sa petite-fille Guili, soudées par les liens du sang et déchirées depuis des décennies par un terrible secret. Le jour du quatre-vingt-dixième anniversaire de Véra, célébré avec faste au kibboutz, Guili, brûlant de mettre au jour l’histoire de sa famille, décide de tourner un film sur sa grand-mère. C’est ainsi que les trois femmes s’embarquent pour un long voyage vers le passé, dans la Croatie natale et sur les lieux de souffrance de Véra. Pendant leur périple, celle-ci livre pour la première fois le récit de son existence. Que s’est-il réellement passé, lorsqu’elle a été condamnée à trois ans de travaux forcés sur l’île-goulag de Goli Otok par la police secrète de Tito ? Et pourquoi, refusant de trahir la mémoire de son mari Milosz, exécuté comme espion stalinien, a-t-elle dû abandonner sa fille Nina, alors âgée de six ans, laquelle, jamais remise du traumatisme, a abandonné plus tard sa propre fille, Guili ? C’est par la voix de cette dernière et l’écho de quelques autres que nous cheminons à rebours, sur les traces d’un destin tragique, à la croisée de ces moments de l’Histoire qui forcent les individus à faire des choix impossibles.

                       --------

Après avoir lu " Une femme fuyant l'annonce" et "Un cheval entre dans un bar", il était évident que je renoue avec David Grossman tant son écriture sans détour aborde les contours de la psychologie avant de se lover dans chaque anfractuosité de celle-ci.
Avec " La vie joue avec moi", nul repli de sa part, les sinuosités de l'esprit sont abordées à travers le portrait de trois femmes, trois générations, et ce sous forme d'excursion cinématographique.
Des insensibilités craquelées naissent les abasourdissements des non-dits, des abandons persistent les rancoeurs écrasantes. Les traversées de trois vies se heurtent, naviguent en eaux troubles à l'instar de chalutiers n'ayant connus que les tempêtes.
Regarder dans son rétroviseur un passé morcelé, décider d'entamer une rétrospective afin de combler les fissures béantes, se reconstruire ou se réinventer, telle est l'epreuve d'une famille fauchée par un secret et la brutalité de l'existence.

Les flots de pensée distribués telle une salve d'artillerie peuvent rendre cette lecture fastidieuse pour certains, me concernant, ils n'ont fait que me précipiter au creux d'une vague scélérate, ballottée par la puissance des mots, bouleversée par cette justesse d'une éloquence rarissime, puis rejetée, sonnée, sur la rive telle une écume disloquée.
J'ai bu la tasse, non pas celle que l'on sert lors d'une Bat Mitzvah, mais  celle qui nous   coupe le souffle, délivrant un concentré de destruction tant physique que morale et d'amours indisposés.
Une douleur qui se niche dans chaque interstice de ses êtres se prostitue avec le mensonge pour mieux duper la réalité, enduie d'amertume elle protège les apparences bientôt écaillées à jamais dans
un baraquement de Goli Otok.

Un roman tourmenté qui excelle tant par ses descriptions que par l'intensité des émotions retranscrites , un espace temps d'une exécution parfaite à l'instar de la mise en lumière du régime communiste yougoslave de Tito.
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Message par Tristram Lun 5 Fév - 21:11

Présenté comme ça, voilà décidément un auteur que je dois aborder...

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Message par Ouliposuccion Lun 5 Fév - 23:02

Je n'ai jamais été déçue pour le moment, Tristram.
Je serais curieuse d'avoir votre avis de lecture !
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Message par Bédoulène Mar 6 Fév - 14:01

merci Ouliposucion ! beaucoup de psychologie dans ce roman ?

je n'ai jamais lu l'auteur

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Message par Avadoro Mar 6 Fév - 23:58

Merci pour ce commentaire, un auteur qui m'a marqué et cela donne envie de se replonger dans son univers.
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Message par Ouliposuccion Mer 7 Fév - 7:47

Bédoulène a écrit:merci Ouliposucion ! beaucoup de psychologie dans ce roman ?

je n'ai jamais lu l'auteur

David Grossman est un auteur qui traite très souvent les failles, les profondeurs humaines et ce toujours avec beaucoup de justesse. Je ne peux que te le recommander.
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Message par Bédoulène Mer 7 Fév - 18:49

par lequel je commence ?

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Message par Ouliposuccion Mer 7 Fév - 19:24

Bédoulène a écrit:par lequel je commence ?

J'ai bien envie de vous dire "Une femme fuyant l'annonce"!
Mais je n'ai lu que 3 livres de cet auteur... ( tous beaucoup aimés)
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