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Augusto Roa Bastos

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Message par Bédoulène Sam 3 Déc - 15:46

Augusto Roa Bastos (1917-2005)

Augusto Roa Bastos  Bastos10

Augusto Roa Bastos est un écrivain paraguayen du XXe siècle.
Il passe une partie de son enfance dans le monde rural indien d'Iturbe qui servira plus tard de cadre à la plupart de ses romans sous le nom d'Itapé.Iil s'enrôle à l'âge de 15 ans dans l'armée à titre d'assistant infirmier et participe à la guerre pour les terres du Chaco qui oppose le Paraguay et la Bolivie de 1932 à 1935.

Il est ensuite journaliste au quotidien El Païs et commence à publier quelques contes et poèmes. Il découvre les écrivains français (Valéry, Cocteau, Eluard, Breton, Aragon,...) et lit passionément Faulkner. Sa première nouvelle, Fulgencio Miranda, sort en 1941. Pendant la seconde guerre mondiale, il devient correspondant de guerre à Londres, où il donne aussi des cours de littérature, puis séjourne quelques mois en France avant de revenir diriger la rédaction d'El Païs.

Il est contraint de s'exiler au début de la guerre civile de 1947 qui aboutit à la dictature du général Alfredo Stroessner et s'installe à Buenos Aires (Argentine), où il vivra une trentaine d'année. It y écrit la majeure partie de son oeuvre littéraire.
En 1976, à la suite du putsch militaire, Augusto Roa Bastos doit quitter Buenos Aires. Il s'installe en France, à Toulouse, où il enseigne la littérature hispano-américaine à l'université. Il continue à publier. Il ne retourne au Paraguay qu'en 1989, après 42 années d'exil et la chute du dictateur Alfredo Stroessner, retrouvant sa citoyenneté d'origine dont le despote l'avait destitué en raison de son opposition au régime.
A sa mort le président paraguayen Nicanor Duarte a décrété trois jours de deuil national.

Source : http://www.republique-des-lettres.fr/10249-

Ouvrages traduits en français :

1960 : Fils d'homme (Hilo de Hombre)
1974 : Moi, le Suprême (Yo, el Supremo)
1992 : Veille de l'Amiral (Vigilia del Almirante)
1993 : Le procureur (El fiscal)
1994 : A contrevie (Contravida)
1995 : Madame Sui (Madama Sui)
1996 : Métaphorismes (Metaforismos)





Augusto Roa Bastos  416gf210

Fils d’Homme

Ce récit est celui de la vie d’hommes et de femmes  du Peuple vivant dans deux villages d’une même contrée au Paraguay  et dont les destins vont s’entrecroiser sur plusieurs décennies  dans les révoltes et les guerres.

Le narrateur, habitant lui aussi d’Itapé qui conte l’histoire dont il est le témoin et l’un des participants en tant que militaire, fasciné qu’il a été enfant par les vêtements rutilants.

Itapé : Les habitants d’Itapé ont adopté comme Fils de Dieu, la sculpture  en bois d’un Christ lépreux sorti des mains d’un musicien – Gaspar Mora -  qui le fit à son image et le laissa pour le remplacer quand il mourut de sa maladie. «  C’est son Fils il l’a laissé pour le remplacer dit Macario » C’est le Fils d’Homme !

Maria Rosa  aimera Gaspar jusqu’après sa mort jusqu’à la folie,  offrant sa belle chevelure au Christ lépreux.

Rancho


Augusto Roa Bastos  Bastos11




Sapukai : Ville tragique née l’année de la comète qui balaya la Terre de sa queue de feu, où la révolte agraire fut écrasée coûtant la mort des rebelles, trahis par le télégraphiste du village, et de la population. Les stigmates de la gare,  d’où devait partir le train des révoltés et qui  fut bombardée, ne s’aplanirent qu’au bout de plusieurs années. La conservation du  seul wagon encore debout devint pour Casiano,  évadé de la plantation où lui et sa femme Nati travaillaient comme des esclaves, le but de sa vie. Cette obsession, engendra chez leur Fils une volonté d’accomplir ce qu’il devait, que ce soit un nouveau soulèvement ou la guerre où s’engagea sa Patrie.

« Car maintenant il ne restait plus qu’à avancer, avancer toujours, avancer coûte que coûte à travers la jungle, le désert, les éléments déchaînés, la tête morte d’un ami, à travers ce trémolo où la vie et la mort se rejoignaient sur une ligne indéfinissable. C’était ça le destin. Et que pouvait donc être le destin pour un homme comme Cristobal Jara, si ce n’est de conduire son obsession comme un esclave, sur un étroit sentier de la jungle ou sur la plaine infinie, emplie de la sauvage odeur de la liberté ? »

Dans cette ville était arrivé un étranger qu’un jour la population du village découvrit comme étant médecin. Il vivait dans un rancho dans la forêt, s’occupa des lépreux, sauva plusieurs personnes dont Maria Regalada qui lui voua un amour et une reconnaissance inébranlable qui la conduisit,  alors que le docteur les avait tous abandonnés à s’occuper elle-même des lépreux et de son chien fidèle, alors même qu’il l’avait violée.

« Le chien ramasse l’ayaka entre les dents et s’en retourne par le chemin, résigné à tout, aux coups de pieds du tenancier, aux crottes de boue qu’un gamin lui jette avec sa fronde pour exercer son adresse, ou aux serpents et crapauds morts que d’autres lui mettent furtivememnt dans le panier. Lui, il ne s’en rend même pas compte, occupé à sa trace. Il ne sait même plus aboyer. Rien que ce hurlement ténu qui lui sort encore de la gorge certaines nuits, au dernier quartier de la lune, avant de s’endormir roulé en boule contre la porte de la cabane vide.
La Maria Regalada l’attend toujours au croisement du chemin du cimetière pour l’aider pour adoucir les abus".


Les militaires qui étaient punis pour insubordination, conspiration  et les civils  emprisonnés pour soulèvement furent eux aussi mobilisés quand la guerre éclata entre le Paraguay et la Bolivie.  Parce que toute chair est bonne pour la guerre.  

« Près de mon abri git mon adjudant, les lèvres retroussées et bleues dans le dernier visage. Il me tend encore le pot de fer-blanc entre les clavettes de ses doigts, me montrant les dents pleines de terre. Les mouches vertes entrent et sortent par ses fosses nasales. De temps en temps il s’en détache une et elle fait une rapide virée de reconnaissance sur moi, pour voir si je suis déjà mur. J’ai comme l’impression que ma lenteur et ma résistance l’énervent. »

Le destin du narrateur Miguel n’est pas meilleur, considéré dans l’armée comme conspirateur et par la population de Sapukai de traitre, il ne parvient pas à contrôler sa vie tiraillé par sa position et par le sentiment que lui inspire les « révoltés », ces  hommes du peuple.

« Je pense aux autres êtres comme eux, dégradés jusqu’à l’extrême limite de leur condition comme si l’homme qui souffre, l’homme humilié, était toujours et partout le seul être fatalement immortel.
Il doit bien y avoir une issue à ce monstrueux contresens de l’homme crucifié par l’homme. Parce que sinon il faudrait penser que la race humaine est maudite à jamais, que ceci c’est l’enfer et que nous ne pouvons espérer de salut.
Il doit y avoir une issue, parce que sinon……. »


Il est important de lire la préface de l’auteur et la note de la traductrice.  Ouvrir un fil au nom de cet écrivain m’apparait évident.

L’écriture de l’auteur porte toutes les traces de l’histoire de son pays, il a participé à la guerre contre la Bolivie et les descriptions dans son livre sont des plus réalistes.  A travers la mémoire du personnage Macario  est rappelé que ce pays a subi plusieurs  dictatures, cause notamment  de deux soulèvements agraires, malheureusement écrasés par les troupes présidentielles.
Le fait qu'à certains moments les personnages s'expriment dans leur langue le guarani apporte du poids quant aux liens qui les unissent.
Il y a de belles figures de Femmes dans ce récit, femmes compagnes mais aussi "compagnonnes"

C’est une très bonne lecture et ce livre étant le premier d’une trilogie je continuerai donc ma connaissance de cet auteur.

L’un des camions porteur d’eau dans cette région où, en absence,  cet élément était l’un des plus cruels ennemis.


Augusto Roa Bastos  Bastos12



la route poussièreuse qui étouffait les combattants


Augusto Roa Bastos  Bastos13

"message rapatrié"




mots-clés : #guerre #insurrection #social

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Message par Quasimodo Ven 21 Fév - 14:27

Tiens, je ne savais pas que Moi, le suprême était le deuxième tome d'une trilogie (je me rends seulement compte que tu l'as suggéré hier sur un autre fil). Il faut donc que je commence par celui-ci, Bédoulène, et à dire vrai ton commentaire m'en a donné l'appétit Basketball
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Message par Quasimodo Ven 21 Fév - 14:56

Quelques aphorismes de Roa Bastos, extraits par lui-même de quelques uns de ses romans et réunis en recueil, à l'instigation d'une de ses étudiantes toulousaines :

Le renégat le plus subtil, c'est le transfuge de classe.


Il sortit du labyrinthe par lévitation naturelle. Ce fut là qu'il conçut sa théorie du doute méthodique et son célèbre apophtegme cogito, ergo sum, formule aujourd'hui remplacée par la suivante, plus logique : "je ne suis pas, donc je ne pense pas".


Toute révélation est un larcin au futur.


Le pouvoir de l'écriture n'est que dans l'écriture du pouvoir.


L'art est une conscience en quête de formes inconscientes d'elles-mêmes.


Chaque œuvre sécrète sa forme particulière. Victor Hugo l'exprima très exactement : "la forme, c'est le fond qui remonte à la surface".


Notre civilisation n'est pas la première à nier l'immortalité de l'âme. Mais sans doute est-elle la première à nier son importance.


C'est la question qui constitue l'essence du dialogue. Une bonne question porte en elle la réponse juste, éclairante.


Cervantes, manchot, écrivit la première partie du Quichotte de la main droite; et la seconde, bien supérieure à la première, de la main qui lui manquait.


Tous les héros de justes causes sont morts jeunes. Les anti-héros sont condamnés à la longévité.


Toute histoire contemporaine est suspecte. Mal informé, qui se proclame son propre contemporain.


Dernière édition par Quasimodo le Ven 21 Fév - 15:03, édité 1 fois
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Message par bix_229 Ven 21 Fév - 15:00

Il a enseigné à Toulouse Roa Bastos ?
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Message par Quasimodo Ven 21 Fév - 15:02

Oui, au Mirail ! Je l'ignorais complètement !
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Message par bix_229 Ven 21 Fév - 15:09

Quasimodo a écrit:Oui, au Mirail ! Je l'ignorais complètement !
ça ne m'étonne pas, l'université du Mirail a toujours été tournée vers l'Amérique Latine.
C'est grace à elle que j'ai pu écouter Juan Rulfo himself. 
Heureusement, j'avais avec moi une traductrice en simultané !
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Message par Quasimodo Ven 21 Fév - 15:10

Le rêve Shocked
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Message par bix_229 Ven 21 Fév - 15:15

Quasimodo a écrit:Le rêve Shocked
Ah ah, je me doutais de ta réaction !  Very Happy 
C'est l'avantage (douteux) de l'age d'avoir rencontré Rulfo !  Augusto Roa Bastos  2441072346


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Message par Quasimodo Ven 21 Fév - 18:32

Ça donne envie d'aller étudier à Toulouse Augusto Roa Bastos  1304972969
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Message par Romain Ven 21 Fév - 19:16

Fils d'homme ne m’avait pas vraiment emballé, j’avais eu beaucoup de mal à rentrer dedans. Je ne sais pas bien pourquoi... J’aimerais réessayer.

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Message par Bédoulène Ven 21 Fév - 23:27

est-ce que tu apprécies, en général, les auteurs d'amérique du sud ?

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Message par Romain Ven 21 Fév - 23:29

Oui, justement. C’est vraiment ce que je dois lire le plus. De là ma déception...

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Message par Bédoulène Ven 21 Fév - 23:45

je comprends, mais parfois ce n'est pas le bon moment !

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Message par Romain Ven 21 Fév - 23:47

Oui peut-être. J’avais lu le livre juste après Juan Rulfo de mémoire.

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Message par Avadoro Sam 22 Fév - 22:42

J'ai été touché par Fils d'homme, mais je me souviens que l'immersion dans l'écriture et le contexte n'avait pas évidente. C'est une invitation au voyage, au dépaysement, à l'image de la littérature sud-américaine dans toute sa richesse et sa diversité.
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Message par Armor Sam 22 Fév - 22:59

Avadoro a écrit:J'ai été touché par Fils d'homme, mais je me souviens que l'immersion dans l'écriture et le contexte n'avait pas évidente.

Tout pareil !

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Message par Dreep Mer 24 Mai - 14:52

Moi, le Suprême

Augusto Roa Bastos  Moi-le-supreme

Au Paraguay, il est une figure historique encore très présente dans l’imaginaire collectif : José Gaspar Rodrigez de Francia (1766 – 1840), celui qui œuvra pour l’indépendance du pays, son premier tyran, aussi. Figure ambiguë, complexe et fascinante telle que nous le présente Augusto Roa Bastos dans Moi, le Suprême. À l’appui d’un impressionnant appareil de notes sourcé, qui fait corps avec le roman et sans le rendre du tout aride (témoignages, anecdotes humoristiques etc) on entre dans l’intimité de l’exercice du pouvoir, dans la tête de cet étrange dictateur. Nourri par les idées des lumières entre autres, il ne peut cependant s’empêcher de penser en despote. Le roman s’articule de façon névrotique sur les questions de représentation, du commun, du « agir pour bien du peuple » tout en étant sanguinaire, pour la justice l’égalité ou la prospérité ― et c’est là le tour de force de Roa Bastos, faire de chaque paradoxe, de chaque écueil une source de tensions entre différentes voix : la voix du « Suprême » celle de son secrétaire, de collaborateurs, d’ambassadeurs, ou des voix que Francia intériorise, comme celles des morts. Les voix des autres se mélange à celle du dictateur, sans séparation, sans guillemets, tiret, ou saut à la ligne. La langue est également prise à parti avec une inventivité proche de celle de João Guimarães Rosa ou de Rabelais. Bastos créé des néologismes, décomposent et recomposent les mots de façon ingénieuses et parfois très drôle, invoquant toute une ménagerie de volatiles, de créatures ou des détails grotesques pour servir son discours. C’est l’expérience très immersive de ce flux de conscience qui englobe tout, qui nous fait rentrer dans un système plus ou moins rationnel et nous rapproche de ce personnage, rendu humain par son désespoir, sa solitude ou sa paranoïa à mesure qu’il s’approche du Styx.
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Message par Bédoulène Jeu 25 Mai - 16:43

merci Dreep, il faut que je le lise puisque suite de ma première lecture

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