LIM Chul-Wo
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LIM Chul-Wo
LIM Chul-Wo
Né en 1954
Né en 1954
source : bibliomondeNé en 1954 sur l'île de Wando dans le Jeollanam-do (Corée du Sud), Lim Chul-woo s'installe avec sa famille à Gwangju en 1964 et intègre le lycée Sung-il. Il fait des études de littérature anglaise à l'université Jeonnam puis à l'université Sogang. Il enseigne actuellement la création littéraire à l'université de Hanshin.
Il est l'auteur d'œuvres fortes qui lui ont valu de prestigieux prix littéraires et une notoriété internationale. En Corée, il passe pour un auteur subversif qui a soutenue les manifestations pro-démocratiques des années 1980. Le soulèvement de Gwangju, comme la guerre de Corée, ont inspiré une bonne partie de son œuvre. Je veux aller dans cette île, directement inspiré du monde de son enfance, a fait l'objet d'un film (Kŭ sŏm'e kago sipta /To the Starry Island) dont il a été le coscénariste avec Lee Chang-dong et dont le réalisateur est Park Kwang-su.
Ouvrages traduits en français :
Terre des ancêtres
Je veux aller dans cette île
Dernière édition par Armor le Sam 1 Juil - 21:10, édité 1 fois
Armor- Messages : 4589
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Age : 42
Localisation : A l'Aise Breizh
Re: LIM Chul-Wo
Je veux aller dans cette île
De sa morne cité de banlieue, un homme regarde les étoiles. Elles lui rappellent les légendes que sa grand-mère lui racontait autrefois, et de fil en aiguille, c'est toute son enfance, passée avec elle sur une île, qui lui revient en mémoire.
Le roman est constitué d'une suite de récits ayant pour protagonistes les différents personnages qui ont marqué sa jeunesse. La vie est rude : les hommes sont pauvres, les terres rares et peu fertiles, la pêche n'est en rien miraculeuse. Les femmes sont souvent battues, les filles sont délaissées sciemment au détriment des garçons, infiniment plus précieux. Les infirmes et les simples d'esprit sont moqués. Et puis, les rumeurs et autres ragots vont bon train, gare à celle qui aura le regard un peu trop aguicheur et la cuisse un peu trop légère !
A priori donc, aucune raison d'être nostalgique de cette vie.
Et pourtant… Il règne là une atmosphère bien particulière, faite de prises de bec mémorables suivies de réconciliations rieuses, de moments de pure amitié, de belles preuves de solidarité. Ici tout le monde se connaît, et les lieux sont si exigus que la vie de chacun se déroule sous les yeux des autres. Ce qui ne se fait pas sans heurts, ni sans amour... L'auteur, aussi lucide que tendre et malicieux, ressuscite sous nos yeux ce microcosme îlien, pour notre plus grand bonheur.
La traductrice s'est retrouvée face à un défi de taille : traduire en français le dialecte parlé dans cette région de Corée. Dans la préface, on nous explique qu'elle s'est inspirée du travail du traducteur de Camillieri et je dois dire que bien lui en a pris : ces dialogues sont tellement vivants qu'on s'y croirait. Là où j'avoue avoir eu plus de mal, c'est avec le choix de retranscrire systématiquement "de" par "eud", à la "picarde". Ce parti pris m'a gênée, pour moi il alourdit inutilement le récit, déjà chargé de tournures syntaxiques inhabituelles, et au début, j'ai peiné sur certaines phrases.
« Fi ! Tu crois que je connas mâme pas ça ! Tu me prends vraiment pour une idiote, ou quoi ! Le matin du 15 du mois, après qu'on s'a lavée proprement, il suffit d'aller devant le pavillon Tang, eud se prosterner devant Grand-Mère Tang et eud lui demander : « Grand-Mère, donnez-moi seulement un beau bébé. » Tu sas mâme pas ça ? Uhihi !
Heureusement, très vite, tout s'est mis à couler de source, et ce bémol mis à part, j'ai été conquise par la fluidité et la cohérence de l'ensemble.
Seul les dialogues sont retranscrits en patois. Le reste du récit respecte le langage d'un narrateur désormais citadin et débarrassé de son dialecte natal. Mais son style n'en reste pas moins vivant et imagé, alerte, et terriblement authentique.
La mère Opsun était une pauvre femme. Pour ce qui était du bonheur, elle ne devait pas être née avec seulement autant que la petite queue d'un cochon. Elle vivait tellement accablée de larmes et de soupirs que même des gosses comme moi en éprouvaient de la pitié.
(…)
Vraiment, les rossées du père Nam étaient terrifiantes. On avait du mal à croire que la mère Opsun pouvait encore respirer après avoir reçu tant de coups, au point d'être aplatie comme un gâteau de riz. Pas un seul jour le corps de la mère ne fut épargné. Décharné comme celui d'un fantôme, il était abîmé autant qu'il pouvait l'être. Même quand elle marchait, c'était le dos voûté. Et c'était la terreur qui dominait toujours dans son regard à moitié perdu.
Et puis, quelle heureuse idée que d'avoir conservé les onomatopées coréennes qui ponctuent le récit ! Cela contribue vraiment à plonger le lecteur dans l'ambiance. Encore une fois, on s'y croirait...
Et si les gens ne s'étaient pas jetés sur lui pour le retenir, la mère Nopto serait certainement morte sous les coups. Pourtant, elle ne poussa pas un seul cri de douleur, kkik et, comme un merlan jaune séché, p'ok p'ok, elle subit la rossée. En la voyant, les femmes du village trépignaient, tongtong, de colère et les hommes secouaient la tête en se disant que c'était une femme vraiment forte.
Je ressors conquise de cette lecture. La nostalgie et la tendresse du narrateur pour ces êtres imparfaits mais ô combien humains transparaît à chaque ligne, le portrait qu'il fait d'eux est à la fois juste, plein d'humour, et terriblement touchant. Vraiment, je me suis régalée.
(Ancien commentaire remanié)
PS : Maintenant, topocl, tu peux le dézinguer !
mots-clés : #insularite #nostalgie
Dernière édition par Armor le Mer 27 Fév - 21:33, édité 5 fois
Armor- Messages : 4589
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 42
Localisation : A l'Aise Breizh
Re: LIM Chul-Wo
Pas (encore) lu, mais ressurgit le problème de la traduction, bien abordé ici semble-t-il avec les conservation des onomatopées.
D'une manière générale, je ne suis pas certain qu'il soit judicieux de "traduire" également les métaphores-clichés, comme par exemple "fumer comme un pompier" pour l'anglais "fumer comme une cheminée"...
D'une manière générale, je ne suis pas certain qu'il soit judicieux de "traduire" également les métaphores-clichés, comme par exemple "fumer comme un pompier" pour l'anglais "fumer comme une cheminée"...
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« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
Tristram- Messages : 15559
Date d'inscription : 09/12/2016
Age : 67
Localisation : Guyane
Re: LIM Chul-Wo
Merci, Armor, tes suggestions sont rares et donc précieuses...
bix_229- Messages : 15439
Date d'inscription : 06/12/2016
Localisation : Lauragais
Re: LIM Chul-Wo
Rho dis-donc, c'est ma journée, merci !
C'est vrai que ça doit être un casse-tête, de traduire un tel texte. Franchement, hormis les "eud" qui selon moi sont de trop, c'est très réussi.
Le problème des expressions idiomatiques se pose en effet. Faut-il remplacer par l'expression française équivalente, ou bien traduire littéralement (dans les deux cas une note explicative en bas de page peut être intéressante).
J'ai déjà rencontré les deux options, je pense que choisir l'une ou l'autre dépend vraiment du texte.
C'est vrai que ça doit être un casse-tête, de traduire un tel texte. Franchement, hormis les "eud" qui selon moi sont de trop, c'est très réussi.
Le problème des expressions idiomatiques se pose en effet. Faut-il remplacer par l'expression française équivalente, ou bien traduire littéralement (dans les deux cas une note explicative en bas de page peut être intéressante).
J'ai déjà rencontré les deux options, je pense que choisir l'une ou l'autre dépend vraiment du texte.
Armor- Messages : 4589
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 42
Localisation : A l'Aise Breizh
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