Sylvain Tesson

@Plume
Je te réponds sans avoir encore lu le fil du forum et j'ai aussi vaguement suivi la polémique germanopratine...
J'ai découvert Sylvain Tesson avec La panthère des neiges en 2019, une quête magique, que j'ai fait lire autour de moi. Cet hiver j'y suis revenu avec Dans les forêts de Sibérie, une méditation par -30°. Ce mois-ci Bérézina qui décoiffe à 80km/h sur un side-car ! Et en ce moment Avec les fées que je rumine en longeant les côtes bretonnes orientées plein ouest (je vais voir l'océan matin et soir, histoire de vérifier...). Enfin m'attend sur l'étagère l'opus Sur les chemins noirs, recommandé par mon libraire (L'ivresse de lire à Quimper, si vous passez par là, n'hésitez pas...). Je crois qu'il y a encore pas mal de titres à lire et je ne vais pas me priver. La prose poétique de Sylvain Tesson me fait rêver, penser et marcher...

topocl a écrit:

Krisz a écrit: s'enfermer pendant un an dans une cabane avec deux batards et des bouquins, qui n'en rêve pas?

Moi !

M'enfermer dans une cabane avec ma LAL et comme voisins Topocl et Chamaco...

On se retrouve un de ces soirs pour un tarot à trois, Plume !

j'arrive, le tarot à 4 est le meilleur

Un petit mot sur le dernier livre de Sylvain Tesson. C'est un récit de voyage le long des côtes de l’Ouest de l'Europe du nord, avec des cartes élégantes qui permettent de suivre trois marins sur leur voilier, qui deviennent des marcheurs lors des haltes, et même des alpinistes pour l’ascension des « stacks » écossais... Le périple de jour et de nuit, ses embûches, les sensations devant les paysages, les atmosphères contrastées et chargées de mystère, tout déclenche la rêverie poétique et existentielle du narrateur avec tout un jeu polyphonique de réflexions historiques, philosophiques et littéraires.

Voici un extrait de l'Avant-propos de l'auteur qui donne un idée de la tonalité du texte :

L’été venait de commencer quand je partis chercher les fées sur la côte atlantique. Je ne crois pas à leur existence. Aucune fille-libellule ne volette en tutu au-dessus des fontaines. Le monde s'est vidé de ses présences. Au XIIe siècle, les hommes cheminaient au milieu visions.
Un Belge pâle, Maeterlinck, avait dit : « C’est bien curieux les hommes… Depuis la mort des fées, ils n’y voient plus du tout et ne s’en doutent point. »

Le mot fée signifie autre chose. C’est une qualité du réel révélée par une disposition du regard. Il y a une façon d’attraper le monde et d’y déceler le miracle. Le reflet revenu du soleil sur la mer, le froissement du vent dans les feuilles d’un hêtre, le sang sur la neige et la rosée perlant sur une fourrure de mustélidé : là sont les fées.
On regarde le monde avec déférence. Elles apparaissent. Soudain, un signal. La beauté d’une forme éclate. Je donne le nom de fée à ce jaillissement.
(…)
Les promontoires de la Galice, de la Bretagne, de la Cornouailles, du pays de Galles, de l’île de Man, de l’Irlande et de l’Écosse dessinaient un arc. Par voie de mer j’allais relier les miettes de ce déchiquetage. En équilibre sur cette courbe, on était certain de capter le surgissement du merveilleux.
(…)
Puisque la nuit était tombée sur ce monde de machines et de banquiers, je me donnais trois mois pour essayer d’y voir. Je partais. Avec les fées.

curieux ce livre ?