Des Choses à lire
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Après tout une communauté en ligne est faite de vraies personnes, avec peut-être un peu plus de liberté dans les manières. Et plus on est de fous...


Je te prie de trouver entre mes mots le meilleur de mon âme.

Georges Brassens, Lettre à Toussenot

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La date/heure actuelle est Mar 19 Mar - 5:16

26 résultats trouvés pour québec

Ernest Chouinard

Ernest Chouinard
(1856 – 1924)

Ecrivain québecois.


Je n'ai pas trouvé plus malheureusement.


Tag québec sur Des Choses à lire Image45

L'arriviste (1919)

Un court roman qui pourrait commencer comme un Grand Meaulnes avec plus d'intérêt avec les années de lycée de deux camarades que tout pourrait opposer si n'était leur amitié. Un campagnard besogneux et un citadin argenté prêts à se lancer dans la vie. Leurs débuts se feront d'ailleurs dans la même étude.

Des deux c'est surtout "l'arriviste" qui nous intéresse. Les études laissant à la place à la politique on le verra se laisser aller et chercher à aller plus loin. Partie pas inintéressante mais moins séduisante que les années de jeunesse. La fin qui nous ramène à une intégrité plus contemplative, aux accents moralistes, ne manque pas de charme non plus.

Une étude psychologique satirique légèrement dépaysante qui en parlant de presse et de pouvoir fait penser que certaines choses ne changent pas !




Mots-clés : #politique #portrait #québec #satirique
par animal
le Dim 18 Déc - 18:46
 
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Sujet: Ernest Chouinard
Réponses: 0
Vues: 1150

Dany Laferrière

Comment faire l'amour avec un nègre sans se fatiguer

Tag québec sur Des Choses à lire Mythol11

Déjà, drôle de titre, de quoi s'agit-il ? On constate très vite, non sans mélancolie, qu'il ne s'agit pas d'un guide. Le narrateur, on s'en aperçoit, écrit (selon toute probabilité) le roman que nous sommes en train de lire :
C'est l'histoire de deux jeunes Noirs qui passent un été chaud à draguer les filles et à se plaindre. L'un est amoureux de jazz et l'autre de littérature. L'un dort à longueur de journée ou écoute du jazz en récitant le Coran, l'autre écrit un roman sur ce qu'ils vivent ensemble.

(et j'ajoute : c'est à Montréal).

Ce résumé est l'œuvre d'une présentatrice de Radio-Canada, qui accueille le narrateur pour un entretien autour de son premier roman, succès critique et de librairie. Ce n'est qu'un rêve imbibé, le roman est toujours sur le métier, mais le résumé est tout à fait valable.

Le titre n'est pas tout à fait mensonger : les scènes de sexe y sont (assez) nombreuses, et aussi crues que ce titre le laissait présager. Mais dans celles-ci, pas la moindre vulgarité, ce qui m'aurait agacé comme m'ont prodigieusement agacé les scènes de sexe d'Un tout petit monde de David Lodge. Sans doute l'humour du narrateur désamorce-t-il toute gêne, un humour qui feint de regarder droit devant soi, qui n'a pas vocation à mettre le narrataire dans sa poche ni à établir la moindre connivence, dans la manière de Ferdinand Bardamu (mais la comparaison s'arrête là bien sûr !)

L'un des sujets principaux du livre est celui du rapport entre les blancs et les noirs, souvent traité sur un mode délirant ou quasi-burlesque (pour mieux faire tomber les clichés je suppose ?); et d'ailleurs toutes les femmes avec qui le narrateur fait l'amour sont des blanches, ce qui n'est pas indifférent pour les théories qu'il énonce.
(Et non, je ne dis pas "Nègre" comme le narrateur : ce faisant ou ce ne faisant pas, j'ai vaguement l'impression d'être infidèle à l'esprit du livre, tant pis pour moi).
C'est ça, le drame, dans les relations sexuelles du Nègre et de la Blanche : tant que la Blanche n'a pas encore fait un acte quelconque jugé dégradant, on ne peut jurer de rien. C'est que dans l'échelle des valeurs occidentales, la Blanche est inférieure au Blanc et supérieure au Nègre. C'est pourquoi elle n'est capable de prendre véritablement son pied qu'avec le Nègre. Ce n'est pas sorcier, avec lui elle peut aller jusqu'au bout. Il n'y a de véritable relation sexuelle qu'inégale. La Blanche doit faire jouir le Blanc, et le Nègre, la Blanche. D'où le mythe du Nègre grand baiseur.


Le trouble vient sans doute de ce que le narrateur n'est pas forcément très fiable, qu'il est volontiers menteur comme il le suggère lui-même :
Elles sont tellement infectées par la propagande judéo-chrétienne que dès qu'elles parlent à un Nègre, elles se mettent à penser en primitives. Pour elles, un Nègre est trop naïf pour mentir. C'est pas leur faute, il y a eu, auparavant, la Bible, Rousseau, le blues, Hollywood, etc.


De sorte que l'on ne sait jamais très bien si on doit le prendre au sérieux où si l'on n'est pas l'objet d'une mystification.

Dans tout cela, le titre, que signifie-t-il, puisque ce n'est pas un guide ? "Faire l'amour" doit-il prendre un sens figuré (pénétration des lettres imprimées dans la rétine du lecteur, pénétration du texte dans son esprit, communion du lecteur et de l'auteur ?) Mais c'est bien oiseux : peut-être, Arturo, as-tu une explication plus convaincante ?

Par ailleurs, le narrateur répond souvent, lorsqu'on lui demande ce qu'il écrit, qu'il s'agit de fantasmes : sans doute est-ce une clé, quoique les fantasmes doivent être (presque) absents du texte qui est supposé raconter un été de sa propre vie. On aboutit à cette indécidabilité : raconte-t-il sa vie comme on le croit, où n'est-ce de la part du narrateur qu'une gigantesque fumisterie d'écrivain, une fiction purement fantasmatique, Bouba (son collocataire) ainsi que tout le reste n'existant que dans son texte ?

Le brouillage narratif intervient sur tous les plans, puisqu'il pourrait tout à fait s'agir des fantasmes (sexuels, ou plus vraisemblablement : d'écriture) de l'auteur lui-même qui se mettrait en scène en train d'écrire et en train de séduire (mais attention, terrain miné, je m'arrête ici).
D'ailleurs nous ne sommes même pas sûrs que le roman que nous lisons soit l'œuvre du narrateur : son livre s'intitule : Paradis du jeune dragueur Nègre (mais rien n'indique qu'il s'agisse du titre définitif, puisqu'il est en cours de rédaction, sous nos propres yeux).

C'est, enfin, un texte riche, d'une langue jouissive (tiens, tiens !), que j'ai savouré par petits morceaux (les chapitres sont très courts, de petites bouchées), dans lequel Laferrière esquisse ce qui semble bien être sa bibliothèque idéale.
Je suis bluffé. Même si c'est un court roman, peut-être pas ce qu'on appelle un chef d'œuvre, c'est l'oeuvre d'un grand auteur.
Quelques citations pour se régaler :

J'entends, distinctement, l'eau couler du lavabo. Eau intime. Corps mouillé. Être là, ainsi, dans cette douce intimité anglo-saxonne. Grande maison de brique rouges couvertes de lierre. Gazon anglais. Calme victorien. Fauteuils profonds. Daguerréotypes anciens. Objets patinés. Piano noir laqué. Gravures d'époque. Portrait de groupe avec cooker. Banquiers (double menton et monocle) jouant au cricket. Portrait de jeunes filles au visage long, fin et maladif. Diplomate en casque colonial en poste à New Delhi. Parfum de Calcutta. Cette maison respire le calme, la tranquillité, l'ordre. L'Ordre de ceux qui ont pillé l'Afrique. L'Angleterre, maîtresse des mers… Tout est, ici, à sa place. Sauf moi. Faut dire que je suis là uniquement pour baiser la fille. Donc je suis, en quelque sorte, à ma place, moi aussi. Je suis ici pour baiser la fille de ces diplomates pleins de morgue qui nous giflaient à coup de stick. Au fond, je n'étais pas là quand ça se passait, mais que voulez-vous, à défaut de nous être bienveillante, l'histoire nous sert d'aphrodisiaque.


Je l'ai achetée chez un brocanteur de la rue Ontario qui vend des machines à écrire avec pedigree. De vieilles machines. Il les vend à de jeunes écrivains car qui d'autre qu'un jeune écrivain serait assez gogo pour croire à un truc si vulgairement commercial. Et qui d'autre aussi se croirait écrivain parce qu'il possède une machine ayant appartenu à Chester Himes, James Baldwin ou Henry Miller ? Alors, lui, il vend des machines selon le style de bouquin que vous voulez écrire.


La toile, c'est "Grand intérieur rouge" (1948). Des couleurs primaires. Fortes, vives, violentes, hurlantes. Tableaux à l'intérieur du grand tableau. Des fleurs partout dans des pots de différentes formes. Sur deux tables. Une chaise sobre. Au mur, un tableau de l'artiste (L'Ananas) séparé par une ligne noire de démarcation. Sous la table, un chat d'indienne poursuivi par un chien. Dessins allusifs, stylisés. Flaques de couleurs vives. Sous les pieds arqués de la table de droite, deux peaux de fauve. C'est une peinture primitive, animale, grégaire, féroce, tripale, tribale, triviale. On y sent un cannibalisme bon enfant voisinant avec ce bonheur immédiat. Direct, là, sous le nez. En même temps, ces couleurs primaires, hurlantes, d'une sexualité violente (malgré le repos du regard), proposent dans cette jungle moderne une nouvelle version de l'amour. Quand je me pose ces questions - Ô combien angoissantes - sur le rôle des couleurs dans la sexualité, je pense à la réponse de Matisse. Elle m'accompagne depuis.



Merci beaucoup à toi, Arturo, pour cette très belle découverte. A ceux qui voudraient le lire, il est difficile de le trouver autrement que dans l'édition "intégrale" dont j'ai mis la couverture au début de ce commentaire. Mais alors, je le recommande sans réserve.


mots-clés : #creationartistique #humour #identite #québec #sexualité
par Quasimodo
le Mer 9 Jan - 16:11
 
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Sujet: Dany Laferrière
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Baron de Lahontan

Récup' de souvenirs pour une lecture qui laisse sa marque durablement. Dépaysant, riche, instructif, inhabituel, charismatique, ...

Tag québec sur Des Choses à lire 97823610

Un baptême iroquois
Les nouveaux voyages en Amérique septentrionale (1683-1693)


Une source oubliée des philosophes des Lumières ! Le récit initiatique d’un jeune aventurier français, le témoignage d’un des premiers explorateurs des immenses territoires la Nouvelle-France, une peinture pleine d’empathie du mode de vie et de la pensée des peuples autochtones, une réflexion philosophique sur l’idée de civilisation, une étude des mœurs politiques de la Colonie, et l’histoire vécue des premiers temps de la rivalité franco-anglaise au Nouveau Monde.
En 1683, à l’âge de 17 ans, le Baron de Lahontan embarque pour le Canada. Il y passe dix ans d’une vie libre et aventureuse, entre Québec et la région des Grands Lacs : officier auprès du gouverneur de la Nouvelle France, libertin en butte à l’autorité des jésuites, coureur des bois dans les vastes territoires de l’Amérique du Nord, il met en lumière le rôle du commerce des fourrures dans la guerre franco-anglaise, palabre avec les indiens dont il apprend les langues, les coutumes, les ruses et la philosophie.
Composé de lettres adressées à un lecteur inconnu, les Nouveaux voyages en Amérique déploient la verve d’un authentique libertin, l’esprit libre d’un homme curieux des mœurs et de la culture des peuples autochtones, la franchise politique d’un gentilhomme ruiné en rupture avec la cour du Roi Soleil.
Si l’ironie de son style, l’humanité de son regard et l’audace de ses observations annoncent la philosophie des Lumières, elles condamneront surtout son auteur à l’exil, et son œuvre à l’oubli et au mépris des partisans d’une histoire édifiante. Bien après Michelet qui vit dans ce « livre hardi et brillant le vif coup d’archet qui, vingt ans avant les Lettres persanes, avait ouvert le XVIIIe siècle », il faut attendre la fin du XXe pour qu’en France on redécouvre cet auteur au travers de Dialogues avec un sauvage.
Mais l’œuvre du baron de Lahontan ne saurait se limiter à ce livre et c’est pour rendre justice à cet écrivain de l’exil que nous rééditons les Nouveaux voyages en Amérique dans leur version originale de 1702.

lepassagerclandestin.fr


Pas facile de catégoriser ce livre entre voyage (professionnel), géographie et témoignage d'une histoire en train de se faire. C'est qu'en cette fin de 17è siècle le Canada pour un européen, et certainement pour la plupart de ses habitants, cela signifie beaucoup de points d'interrogation.

On découvre au fil des lettres adressées à un protecteur l'organisation politique et économique de la colonie française. Une économie qui repose pour beaucoup sur le commerce des peaux de la faune locale dont le prix grimpe à chaque étape les rapprochant de la France. Parmi les fournisseurs il y a des tribus indiennes, autre volet et peut-être le plus important de ce qu'on découvre dans cette lecture.

Fourrures contre breloques et matériel à un rapport avantageux mais pas pour les indiens mais surtout un regard curieux et attentif sur l'organisation politique des indiens et leurs pratiques. Les guerres et paix entre les tribus, la chasse et certains usages, plus ça va plus on sent notre baron à l'aise avec les sauvages comme il les appelle. Lassé sans doute des difficultés rencontrées avec une vie sociale et les politiques d'intrigues qui font que empêché à l'autre bout du monde il ne pourra jamais conservé ou reprendre ce qui lui vient de son père (puis pire encore qu'il ne soit promis au cachot). Plus à l'aise dans l'action et l'aventure, pas sans espoir de fortune mais sensible à la découverte le jeune homme prend de page en page de l'épaisseur.

Les tribus amies pas forcément tendres sont souvent la proie des Iroquois qui s'entendraient donc mieux avec les Anglais (et qui menacent aussi les "villes" de Montréal et Québec), chaque camp profitant de ses alliances pour gêner le commerce de l'autre et tenter de s'imposer sur le territoire. De rivière en rivière et de fort en fort de Lahontan fait son job, ne manque pas d'idées (qui ne trouvent pas souvent d'oreilles) et exerce un regard critique sur la politique et les manœuvres françaises.

Mais c'est aussi le goût d'une nature riche voire débordantes en ressources et parfois rude avec des hivers rigoureux qui se transforme petit à petit en mélancolie. La terre d'accueil et de possibles se fermera malgré tout à lui sans qu'il puisse aller plus loin encore, la faute à la politique et au service d'un pays et d'un roi qui lui auront probablement mal rendu.

Le moins que l'on puisse dire c'est que c'est dépaysant. C'est aussi très instructif d'un point de vue historique et pour le rapport à l'autre, au sauvage pas si sauvage que ça sous certains aspects. Proposé dans un compromis de version originale et de modernisation le texte est agréable et facile à lire*, l'immersion favorisée par les notes qui proviennent pour bonne part d'autres écrits de l'auteur.

Bref, un drôle de truc qui mérite bien de revoir le jour !

*: le style ou genre épistolaire (de lettres qui ne nécessitent pas forcément de destinataire) fait très bien l'affaire.


mots-clés : #colonisation #historique #lieu #nature #québec #voyage
par animal
le Mer 26 Déc - 22:17
 
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Sujet: Baron de Lahontan
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Alice Rivard

Shrapnels :

Tag québec sur Des Choses à lire Shrapn10

Il y a des lectures qui demandent du recul. J’en ai eu besoin. Ce livre est un véritable projectile. C’est une suite de «calligrammes» en forme de projectiles de diverses formes, de la manière que le recueil est conçu dans sa mise en page. Alice Rivard a offert l’un des meilleurs recueils de L’Écrou et nous pouvons même remonter à Jean-Sébastien Larouche pour retrouver une œuvre aussi dense dans son ensemble circonscrit. J’y ai retrouvé des accents de Geneviève Desrosiers même s’ils sont dissipés. La confession d’Alice Rivard publiée en partie plus haut m’a permis de mieux comprendre son projet poétique, même si j’ai eu l’impression dans un premier temps d’un véritable OVNI littéraire. J’ai de la misère à concevoir Réjean Ducharme tel un OVNI, si on ne considère pas ce dernier opus d’Alice Rivard qui fera date.

Tout d’abord, Alice Rivard est sans pitié. Prenons en conscience :

On m’arrache les dents
Parce que tu m’as mal nourrie
Je ne me souviens pas de nourriture
Juste du chocolat
Ça me rendait heureuse pour un instant
Tu m’en donnais plus
Parce que pendant ce temps-là
Tu n’avais pas à te questionner
Tout était simple
Peut-être que tu avais peur
Que je morde la main qui me nourrissait à coups de strap.


Emblématique de la littérature québécoise comme de la littérature «at large», cette incarnation de la condition de mortalité prend une lueur caractéristique :

À dix ans
Elle est apparue
La première pensée
La première percée
Cette fois où j’ai découvert
Qu’il était possible de mourir par soi-même

*Well I swear that I don’t have a gun
No I don’t have a gun*


Impitoyable :

Tu es entrée
Je t’ai dit que tu n’avais plus le droit
J’étais dans le bain
J’étais souveraine
Tu étais fâchée
J’ai fermé le rideau
Je ne sais pas comment
J’en suis arrivée à te raconter ce qu’il m’a fait
Peut-être que je voulais t’éloigner
Tu as encore pleuré
C’est tout ce que tu savais faire
Tu n’avais plus ta violence
Tu n’avais plus d’emprise sur moi
J’étais déjà de la scrap
De la ferraille en train de rouiller dans le bain.


Alice Rivard a choisi de ne plus plaire au commun des mortels :

J’ai compris que je ne leur plairais jamais
Que je ne serais jamais eux
Malgré tous mes efforts
Malgré toutes mes larmes
Ces jours et ces nuits à me trouver trop ou trop peu
J’ai enfilé mon habit d’indifférence
Mes cargos verts, mes t-shirts, mes Converse
Et j’ai mis de la grosse musique sale dans mes oreilles
Ils disent que ce sont les rejects comme moi qui font des tueries
À date la seule personne qui est morte
C’est ben moi.

Il y a deux types de cartouches, à percussion annulaire et à
percussion centrale. Le percuteur frappe encore l’amorce.


L’Écrou est une véritable suite de «drop-outs» :

J’étudie en histoire
Tu étudies en sémiologie
On sait faire l’écreture
J’ai rencontré mon monsieur
Toi t’as quitté une connasse
Je me répare petit à petit
On se répare petit à petit
Ce n’est pas toujours facile
Mais tout va pas pire
Tout va pas pire.


Conscience très lucide :

Mais cette nuit j’ai rêvé à ta mère
Terrible et perdue dans un océan d’étrangers
Comme ce jour à côté
D’une boîte de cendres qui ne faisait pas de sens
Tu ne peux pas être cendres
Et nous ne pouvons pas être confinés
Relégués à tes jugements possibles dans un journal
Et moi, reléguée à la culpabilité, à la souffrance et à la haine
Tu ne peux pas être un placard
Tu ne peux pas être une ceinture
Tu ne peux pas être une pendaison
Tu ne peux pas être la mort
Ne peux pas être mon tortionnaire
Après avoir été une partie de moi, et moi une partie de toi
Tu ne peux pas être toutes ces choses
Auxquelles tu m’as condamnée à te réduire
À trembler devant
Tu ne peux pas être une chambre
Que je revisite constamment pour comprendre
Et pour essayer en vain de te sauver.


En parlant de plaies :

Plus tu fuckes tes plaies


Plus elles ouvrent
Plus elles mouillent
C’est facile une plaie
Béante
Salope béante
Ça reste toujours ouvert
Prêt à t’accueillir
On devient client de nos plaies
On en redemande.


Elle se dépasse :

Mes limites sont troublées
Elles ne savent pas qui elles sont
Elles font mal
Elles sont à vif
Comme un gratteux qu’on a trop gratté
On ne découvre rien en grattant trop
NUL si découvert
Mes limites ont tellement eu mal
Qu’elles ont déjà baisé tout ce qui bougeait pour être aimées
Qu’elles se sont déjà enivrées pour s’oublier
Mais mes limites c’est surtout de la nitroglycérine
Explosant dans ta crisse de face
Mes limites sont des supernovae
Implosant sur elles-mêmes.

Un choc brusque peut provoquer la mise à feu d’une arme à feu
Même si le mécanisme de sûreté est engagé.


Je vais sûrement me souvenir de Shrapnels.


mots-clés : #poésie  #Québec
par Jack-Hubert Bukowski
le Mer 23 Aoû - 11:40
 
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Sujet: Alice Rivard
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Marie Uguay

Tag québec sur Des Choses à lire Marieu12

En lisant un peu mon recueil édition Boréal pour la première fois au hasard, j'ai essayé de sortir des sentiers battus pour re-découvrir une nouvelle Marie Uguay. Nous avons souvent d'elle cette image forte du Mont-Mégantic, elle qui est sensible à la nature. Nous pouvons émettre l'hypothèse selon laquelle sa situation géographique en ville l'a mise dans la conscience de la proximité de l'eau et de la montagne dans le Sud-Ouest de Montréal.

Je me suis donc attardé aux motifs qu'elle esquisse dans L'Outre-vie, notamment de la ville, de la fenêtre et d'une chaise :

La grande ville métamorphose s'élance
dans le blanc roide de l’hiver
ou de ses gratte-ciel aux vitres magiciennes
(Derrière une fenêtre le dos détendu
d’une chaise de paille
évoque le tressage heureux
d’un quelconque voyage au soleil)

Sur le noir le bouleau est un signe amoureux
une rivière divisible et l’attente
sa blancheur semble fendre une nuit lucide

De tous ces jours et de toutes ces nuits malades
je n’ai gardé que le harcèlement de mon amour
que cette destruction monotone du ciel
que ce lent étouffement de mes sens
Je ne reconnais plus mon corps
je suis entrée dans un univers maladroit
habité uniquement par la trépidation des rues

p. 48


Sa conscience urbaine est bien ancrée dans la mesure où le Sud-Ouest contient sa part de béton, ce qui lui donne un côté urbain irréductible. Elle précise néanmoins sur le motif de la chaise :

Une chaise est postée comme un guetteur
comme une grille de jardin
comme un tambour
comme un cœur matinal sur le linoléum
Une chaise pliante pour un souvenir
un tableau de vacances
l’été tu as pris un verre d’orange
qui reposait dans sa couleur
et tu l’as bu
La chaise a dérivé comme une île
comme un bouchon sur le fleuve
happée
comme un morceau de bois grugé par l’eau

p. 95


Marie Uguay a une conscience insulaire et près de l'eau, même en ville. Ça me fait l'apprécier davantage dans une sensibilité que je partage avec elle... fait à noter, elle a cité Marguerite Duras en ouverture de son recueil.

mots-clés : #poésie #québec
par Jack-Hubert Bukowski
le Mar 15 Aoû - 9:14
 
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Sujet: Marie Uguay
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Yves Boisvert

Classe moyenne :

J’ai particulièrement aimé ma lecture de ce recueil. Il s’agit d’un des derniers de Yves Boisvert qui est décédé en 2012. J’avais mieux apprécié mon expérience de lecture puisque j’étais immergé dans les bonnes conditions pour mieux saisir la matière dure de l’ouvrage. Yves Boisvert est un poète qui ne nous ménage pas, et est sans concessions. Nous l’adoptons d’emblée quand nous avons conscience de la vulnérabilité de la condition québécoise. Il a un regard très critique et acéré quant à la situation «coloniale» qui entoure les masses québécoises.

Pour l’instant, je vous livre quelques extraits. J’y reviendrai en temps utile pour en poster d’autres.

«Adresse au bonasse»

Il semble facile de laver la vaisselle
que ton entourage a salie.
Contrairement à certains éléments de la population
Salie s’accord en genre et en nombre
avec vaisselle
Un mot féminin singulier.
C’est un genre.
Chacun son genre.
Pour l’instant.

Pendant que tu laves les assiettes
les pots les utensiles les plats
les autres regardent la télévision
ils ont adopté une façon d’être
ils ont choisi une manière de se conduire
qui leur confère une apparence relativement sociétale
dans une maison privée
d’où s’échappe une lueur de magasin
artificielle et blafarde.

Chacun trouvera sa clarté dans l’espace
qu’on voudra bien concéder, prévient le monstre.

Les autres, ils ont le sens du loisir
de l’évachement sur le divan
du mangeage de chips nature et buvage de Pepsi diète
en regardant des films incluant Roy Dupuis.

Toi, t’as le sens des responsabilités
c’est pourquoi tu laves la vaisselle
que tu frottes que t’essuies que tu ranges
plutôt que de juger les comportements des amateurs de
télé
et de leur crier par la tête
qu’ils sont des restants de fainéantise
qui te coûtent ce que t’aurais pu donner
aux enfants de l’insuline en Afrique orientale.

T’es vraiment quelqu’un de concret
Discret, sympathique, serviable.

Espérons souhaitons envisageons pour les autres
que que que demain
ne tombera pas dans un de ces jours de suicide
comme c’est souvent le cas
dans des régions où les rues sont numériques
au lieu de porter des noms de végétaux.

Bonne fin de semaine, bonasse de mes deux.


Cette thématique est récurrente et Hubert Aquin n’est jamais loin des références qui reviennent…

«Les fatigués fourrables»

Revendiquer une double identité
c’est se prendre pour un autre.
Faites-moi ricaner de n’avoir jamais ri d’être si drôle
ou, si l’on préfère, si tant performant dans le comique.

Vu que le monde refuse de s’engager
de peur de se fatiguer ou de se faire fourrer
Ce court poème devrait «plaire»
à une majorité de «fatigués fourrables»
Non parce qu’il paraîtrait «plaisant»
mais parce qu’il est court
et moins c’est long
moins longtemps ça fait suer.
N’est-ce pas?!
N’est-ce pas!?

Bonsouair, car surgissent les vrais problèmes.


Que dire de plus...

«Tu parles trop»

Quand tu parles trop
c’est que t’as rien à faire
c’est avec tes mots
qu’tu fais l’tour d’la terre
ni vrai ni faux
mais tu parles trop

si tu parles trop
près de la rivière
entre la rue Minto
et le bord de la mer
ça prendrait un bateau
mais tu parles trop

si tu parles trop
comme toutes les commères
t’as la face dans le dos
sens devant derrière
ni bas ni haut
pa’ce tu parles trop

quand tu parles trop
on pense à l’envers
équations d’oiseaux
l’aut’bord du miroir
ça pourrait être beau
mais tu parles trop

si tu parles trop
en r’gardant dans ‘es airs
comme des intellos
dans les séminaires
c’est pas un défaut
mais ça parle trop

quand on parle trop
de c’qui va d’travers
quand on dit tout haut
c’qui nous désespère
i’ est trop tard trop tôt
pa’ce qu’on parle trop

si tu parles trop
quand il faudrait se taire
allergique à l’eau
tu jases à ta bière
quand t’es b’in chaud
là tu parles trop

quand tu parles trop
seul dans l’univers
t’es un numéro
dans l’imaginaire
t’approcherais zéro
mais tu parles trop.

- Tu trouves vraiment vraiment que je parle trop?
Peut-être devrais-je m’exercer au raffinage de la
conjugaison.



mots-clés : #poésie #québec
par Jack-Hubert Bukowski
le Sam 12 Aoû - 11:43
 
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Sujet: Yves Boisvert
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Vues: 1395

Ariane Audet

Ariane Audet
(Date inconnue)

Tag québec sur Des Choses à lire Ariane10

Ariane Audet est une poétesse de grand talent. J'ai lu son premier recueil de poésie, Déjà la horde de chair se tait, et un essai intitulé Présences intermittentes des Amériques. Elle trace un parallèle entre l'expérience des diverses poésies évoluant en contexte minoritaire en terre d'Amérique. Elle évolue maintenant aux États-Unis. Elle a un doctorat en études littéraires à l'UQAM.


Œuvre :

Poésie
Déjà la horde de chair se tait, 2016

Essai
Présence intermittente des Amériques, 2017

Mots-clés : #poésie #québec
par Jack-Hubert Bukowski
le Lun 7 Aoû - 10:13
 
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Sujet: Ariane Audet
Réponses: 4
Vues: 874

Sébastien B Gagnon

sébastien b gagnon
(Né en 1978)

Tag québec sur Des Choses à lire Sebast11

Sébastien B Gagnon s'est illustré sur la scène musicale avant de s'y mettre du côté de la poésie. Il a tout d'abord publié des poèmes en anglais en s'identifiant comme indépendantiste québécois. Puis, Mèche est survenue. Il anime la maison d'édition Le Cosmographe. Nous pouvons le considérer comme prenant part à une mouvance d'avant-garde dans la mesure où il signe des œuvres subversives.


Œuvres

Revolt and disgust and poems mostly written in english by an indépendantiste, Rodrigol, 2012
Mèche, L'Oie de Cravan, 2016

Mots-clés : #Québec #poésie
par Jack-Hubert Bukowski
le Mer 2 Aoû - 8:10
 
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Sujet: Sébastien B Gagnon
Réponses: 1
Vues: 749

Natasha Kanapé Fontaine

Bleuets et abricots (2016) :

J'ai lu les trois recueils de Natasha Kanapé Fontaine. J'ai notamment aimé Manifeste Assi. Je préfère quand même le degré d'aboutissement de sa démarche dans Bleuets et abricots. Elle sort des âges pour se mettre dans la posture de la femme autochtone qui revendique, et nous le sentons tout au long de sa démarche poétique. Jugeons en par les extraits :

Ton nom surgit
corps d'écume
allongé sur le rivage
cailloux ouverts sur la mer
les plaques tectoniques
s'engouffrent en moi
la nature t'a si bien fait
le calcaire retentissant
sous mes robes
femelle première

Hommage à la vie
hommage à l'amour

Je dis je
pour dire les autres
la souffrance des miens
collines et fleuves
levant et couchant
pétris par les Perséides
promesses de l'aube

Parvenu
à mon archipel
récit égorgé

(p. 16)


J'y vais images par images, pour montrer ce qu'elles évoquent :

J'ai mangé le livre
j'ai redonné naissance à ma grand-mère
j'ai redonné naissance à ma naissance

Aujourd'hui je suis ivre
ma douleur est sourde
les animaux ne savent pas dire
mercure
je bois la source de l'orage
les barrages sont mes chaînes
le rhum brun assouvit ma soif
je jure sur le nom de la canne
mon canot renversé ma risée
mes collines pillées mon or

Je me souviens
des premiers déportés
du soleil brûlé des Antilles
je remonte le courant
les temples du sacrifice
les plages glorieuses

(p. 28)


À propos des bleuets :

Je marche vers le Sud

Je me nourris de bleuets et d'abricots
les rivages ne se répondent pas
je dois parler par le commencement
je dois concocter des confitures
je mangerai la peau bleue des baies
pour garder ma chaleur
j'offrirai des fruits
à la froidure
apprendre le nom
de mon pays

Je cours pieds nus vers le rivage
dans le sable chaud du Nord
je transperce la mer
tu t'es arrêté sur le bord
souviens-toi

(p. 31)


Il me semble avoir cité ce poème quelque part :

Mon peuple est un peuple de nuages
nous ne les pelletons pas l'hiver
la neige nous élève en êtres insurgés
raquettes aux pieds, joues saillantes
miel de sapins sur les lèvres

Guidés par les neiges
les ères glaciaires notre espace
nous sommes dignes
nous sommes vivants

Je déguste les cumulus
immeubles de béton clôtures de bois
je dois étirer le cou

Je sirote les cirrus
les autres parlent
une autre langue
une autre pensée
une autre vie

L'horizon a un nom
ici
que je ne connais pas

(p. 39)


À certaines occasions, j'ai senti que Natasha Kanapé Fontaine s'est référée à Anne Hébert, mais ce n'est qu'une impression...

Où as-tu échappé ta vertu?
où as-tu égaré ton peuple?

Je t'entends toussoter
je descends de mon bûcher
- on me dit sorcière -
de la croix des écoles
je te donnerai le sein
tu boiras au lait
de ma mamelle gauche

Je ne me souviens plus de ton nom
je cache mon visage dans mes mains
épelle-moi le nom de ma terre
épelle-moi le nom de ma mère
mes paupières sont closes
depuis trop de siècles

M'offriras-tu de ces bijoux d'or
pour me lier les poignets?

Mon nom fut inventé par la révolte.

(p. 45)


Il y a une tendresse natale qui se ressent jusqu'à la composition:

J'écris un poème
sur la hanche de l'aube

l'aube que j'imagine
pendre à mes seins
la bouche
de mon amant

une nuit un rêve
mon fils lui dirai-je
tu dois retrouver
la route

vers les pieds
de ta mère

(p. 48)


Son plaidoyer subsiste :

Écoutez le monde
s'effrondrer
ponts de béton
routes d'asphalte

Aho pour la joie
Aho pour l'amour

Surgit la femme
poings serrés
vers la lumière

Voici que migrent
les peuples sans terre
nous récrirons la guerre
fable unique

Qui peut gagner sur le mensonge
construire un empire de vainqueurs
et le croire sans limites

Ce qui empoisonne
ne méritera pas de vivre
ce qui blesse ne méritera pas le clan
cinq cents ans plus tard
sept générations après

(p. 58)


Je me sens plus proche de Natasha Kanapé Fontaine de par la manière qu'elle nous interpelle à propos des enjeux de la nation autochtone. Elle a tout de même un certain côté ludique dans son jeu et son maniement des motifs poétiques, mais elle n'égalera pas le plaisir que j'ai ressenti à l'énergie de la lecture des vers de Marie-Andrée Gill. Il reste quand même que je la sens plus franche, authentique dans son engagement. Natasha Kanapé Fontaine figurera dans les livres de l'histoire.


mots-clés : #poésie #quebec
par Jack-Hubert Bukowski
le Sam 15 Juil - 9:39
 
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Sujet: Natasha Kanapé Fontaine
Réponses: 18
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David Goudreault

S'édenter la chienne (2014) :

Tag québec sur Des Choses à lire Davidg10

Juste en relisant le recueil à tête reposée, j'ai eu l'impression que David Goudreault s'est inscrit dans la lignée des Josée Yvon, Denis Vanier, Yves Boisvert, Lucien Francoeur et Patrice Desbiens. J'avance une telle affirmation avec le recul des œuvres déjà lues.

Pour arriver à ce constat, il a fallu que je lise S'édenter la chienne une première fois. J'ai pris du recul, lu des poésies et j'ai fini par revenir à S'édenter la chienne. Entretemps, j'ai eu l'occasion de lire Premiers soins et j'ai fini par lire Testament de naissance. S'édenter la chienne sera difficile à dupliquer. Je dirais qu'il s'agit d'une œuvre qui deviendra une œuvre classique de poésie québécoise. David Goudreault s'y est dépassé et j'ai l'impression qu'il a beaucoup donné de lui dans cette œuvre.

La poésie comme telle est assez simple à comprendre et assimiler. On n'a pas l'impression d'être en face de métaphores opaques. Nous pourrions dire que ce genre d'écriture a tout pour réconcilier avec la poésie. Je pourrais d'ailleurs comprendre pourquoi cette poésie ne m'a pas sauté aux yeux dans un premier temps. Je vous laisserai donc avec quelques extraits en guise d'avant-goût, car elles ne sont pas nécessairement représentatives du projet d'ensemble, mais répondent plutôt à un critère d'éclat et de motifs poétiques.

Pomper le frein

T'ai vu venir
Comme un accident
À la dernière seconde
En pompant le frein
Suspendu dans le temps
Nos gueules et nos cœurs brisés
Sur le bord de la route
Avant même qu'on se touche
Je glisse en toi
Comme une ambulance
Sur une plaque de glace

(p. 39)


Dans ce dernier extrait, on peut voir l'influence de Patrice Desbiens... Dans l'extrait qui suit, je sens se profiler l'ombre d'autres poètes :

Cinq

Lave roches et cendres
Crache sur mes seins
Chaude tu disais crache
Fais-toi glisser mais
Tu pleurais souvent après

Tes amours impossibles
Les fumées enchevêtrées
Volutes et corps parfait

Crache tu disais crache
Tes seins magnifiques aussi
Toute chaleur en cendres suspendues
Je ne te crachais jamais sur le coeur

(p. 55)


Comme amateur de poésie végé, cet extrait me parle :

Non merci

Je boirai vos femmes
Fumerai vos viandes
Baiserai vos cendres
Et cracherai de la boue
À force de mordre la poussière

Sans lendemain ni fermer l'œil
Je m'empalerai sur vos sourires
Et attendrai encore une offre
Encore un petit verre
Encore une fois

(p. 108)


En tant que travailleur, je suis tombé au hasard sur cet extrait :

La chaîne

Des travailleurs
Vont chercher la matière première
D'autres la transportent
Et d'autres encore la transforment
Des travailleurs
Transforment encore d'autres matières
Pour emballer la première transformée
D'autres travailleurs l'entreposent
D'autres encore la transportent
Sur des milliers de kilomètres
D'autres travailleurs l'enregistrent
D'autres encore te la vendent
Un dollar
Un
Dollar

La valeur de ton achat

(p. 136)


Là-dessus, je vous réfère aux poètes nommés plus haut :

Tel que je le conçois

Dieu est une déesse émotive
Poétesse hépatique
Touillant nos sexes amourachés
Les chiens font chiennes chattes
Font les meilleures histoires
Argile ayant tendance à saisir
Le soleil n'a rien de spécial à y voir
Et la marée lave les péchés
De père en fils
À cycle doux

(p. 156)


Pour clore le tout :

Égotisme bien ordonné

En canne en boîte je conserve
Mes photographies de mal-aimées
Mes lettres en éclats lyriques
Certains dessous mémorables

J'installe ma chanson triste
Tamise mes armures
Me roule en croix
Jouis de mes plaies

Laisse-moi me reposer
Dans un état critique

(p. 187)


Retenez bien ce titre. On ne reverra pas un S'édenter la chienne de sitôt.

mots-clés : #poesie #quebec
par Jack-Hubert Bukowski
le Mer 12 Juil - 10:17
 
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Sujet: David Goudreault
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David Goudreault

David Goudreault
Né en 1980

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David Goudreault s'est d'abord fait connaître comme artiste slammeur et poète. Il s'est mis au roman sur le tard. Son œuvre est déjà assez accomplie dans la mesure où il s'est fait connaître dans différents réseaux. Il a endisqué certaines de ses performances slam. Il poursuit un genre d'engagement social à travers les performances qu'il mène. J'ai eu l'occasion de lire une entrevue qu'il a réalisée en compagnie du poète Patrice Desbiens dans le cadre du numéro anniversaire de la revue Les libraires. Ils ont tous deux partagé des références communes et David Goudreault a rappelé l'importante dette contractée à Yves Boisvert.


Bibliographie :

Poésie
- Premiers soins, 2012
- Mines à vacarme, 2012
- S'édenter la chienne, 2014
- Testament de naissance, 2016

Romans
- La bête à sa mère, 2015
- La bête et sa cage, 2016
- Abattre la bête, 2017

Théâtre
- 21 manches cubes, 2015

Discographie
- Moins que liens, 2009
- ÀpprofonDire, 2011
- La faute au silence, 2014

Mot-clé : #quebec
par Jack-Hubert Bukowski
le Mer 12 Juil - 9:43
 
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Sujet: David Goudreault
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Marjolaine Beauchamp

Marjolaine Beauchamp
(Née en ?)


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Marjolaine Beauchamp est une poète et slammeuse québécoise. En tant que poète-slammeuse qui publie, elle a eu l'occasion de s'illustrer à L'Écrou. Elle avait écrit Aux plexus en 2010. Elle vient de persister et signer avec Fourrer le feu à la fin 2016. Sa poésie est poignante. Elle n'y va pas avec le dos de la cuiller et n'y va pas moins sans douceur. Comme la plupart des écrivain-e-s de cette maison d'édition, les données biographiques semblent être absoutes de leur registre mémoriel.


Œuvres

- Aux plexus, 2010
- Fourrer le feu, 2016

Mots-clés : #poésie #Québec
par Jack-Hubert Bukowski
le Ven 3 Mar - 9:57
 
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Jonathan Lamy

Jonathan Lamy

Tag québec sur Des Choses à lire Jonath10

Jonathan Lamy est un poète qui prend le parti de faire connaître la poésie québécoise et de la réaliser en suivant certains contextes précis - performances slam, participation aux événements institutionnels et des démarches d'enseignement - il est détenteur de stages postdoctoraux. Il a écrit Le vertige dans la bouche, Je t'en prie et La vie sauve aux éditions Le Noroît.


Bibliographie

- Le vertige dans la bouche, 2005
- Je t'en prie, 2011
- La vie sauve, 2016

Mots-clés : #poésie #québec
par Jack-Hubert Bukowski
le Ven 13 Jan - 6:30
 
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Daphné B.

Daphné B.
(Née en)

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Daphné B. est assez avare de données autobiographiques. Je l'ai également déjà dit à propos de Zéa Beaulieu-April. Pour sa part, Daphné B. suit la griffe de la maison d'édition L'Écrou. Daphné B. est un «fit» naturel avec la maison d'édition comme la plupart des auteurs de l'écurie. J'ai déjà lu Jean-Sébastien Larouche qui a réédité ses recueils dans la première anthologie présentée en recueil à L'Écrou. Souvent, les auteurs de cette maison d’édition participent à des concours de SLAM Poésie. Daphné B. vient de publier Bluetiful. Je l'ai lu il y a un bout. Je le gardais secrètement et en réserve lorsque je jugerais le moment opportun d'en parler.


Oeuvre :

- Bluetiful, 2015

Mots-clés : #poésie #Québec

(fil de lecture retouché et rapatrié)
par Jack-Hubert Bukowski
le Ven 6 Jan - 16:41
 
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Shawn Cotton

Shawn Cotton
Né en 1983


Tag québec sur Des Choses à lire Shawn_10

Shawn Cotton a une oeuvre naissante. Il n'est connu que dans les milieux undergrounds et toutefois, la reconnaissance littéraire se fait assez spontanément en ces milieux-là. Après avoir écrit Jonquière LSD, il a lancé le 11 octobre 2012 à la librairie Port de tête, le recueil moins connu Les armes à penser. Doctorak go l'a reconnu à titre honorifique au cours de l'un des galas qu'ils présentent annuellement.


Oeuvres :

Jonquière LSD, 2010
Les armes à penser, 2012

Mots-clés : #poésie #québec

Fil rapatrié
par Jack-Hubert Bukowski
le Jeu 5 Jan - 15:12
 
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Dany Laferrière

Dany Laferrière
Né en 1953


Tag québec sur Des Choses à lire Image250

Dany Laferrière, né Windsor Klébert Laferrière à Port-au-Prince (Haïti) (où il passe toute son enfance et son adolescence) le 13 avril 1953, est un intellectuel, écrivain, et scénariste haïtien et québécois, résidant principalement à Montréal.

Né à Port-au-Prince le 13 avril 1953, Dany Laferrière passe son enfance à Petit-Goâve avec sa grand-mère Da, un des personnages marquants de son œuvre. Marie Nelson, sa mère, l'y envoie vers l’âge de quatre ans par crainte qu’il ne subisse des représailles de la part du régime de François Duvalier (Papa Doc), en raison des idées politiques de son père, Windsor Klébert Laferrière (maire de Port-au-Prince, puis sous-secrétaire d’État au Commerce et à l’Industrie), alors en exil au Québec.

À onze ans, il retourne vivre avec sa mère à Port-au-Prince, où il fait ses études secondaires. Il devient ensuite chroniqueur culturel à l’hebdomadaire Le Petit Samedi Soir et à Radio Haïti-Inter. Le 1er juin 1976, son ami journaliste Gasner Raymond, alors âgé de vingt-trois ans comme lui, est assassiné par les Tontons Macoute. À la suite de cet événement, craignant d'être « sur la liste », il quitte de manière précipitée Haïti pour Montréal, n'informant personne de son départ, à l'exception de sa mère. En 1979, il retourne pendant six mois à Port-au-Prince et y rencontre Maggie, son épouse avec qui il a eu trois filles – la première (Melissa) est née à Manhattan, où vivait alors Maggie, les deux autres (Sarah et Alexandra) sont nées à Montréal.

Lors de son arrivée à Montréal en juin 1976, il  travaille entre autres dans des usines, jusqu’en novembre 1985, date à laquelle est publié pour la première fois un de ses romans, intitulé Comment faire l’amour avec un Nègre sans se fatiguer. La publication du roman lui donne une place immédiate dans les médias. Il sera adapté pour le cinéma par Jacques W. Benoît en 1989, en plus d’être traduit en de nombreuses langues. Par la suite, il travaille pour diverses stations de télévision en tant que chroniqueur, ainsi qu’en tant qu’annonceur météo, tout en continuant son activité d’écriture à saveur autobiographique. Autodidacte, il suivra néanmoins des cours à l'Université du Québec à Montréal (UQAM).

À partir de 1990, il vit à Miami avec sa famille en poursuivant son travail d'écriture, puis il se réinstalle à Montréal en 2002. À l'été 2007, il propose une chronique matinale sur Radio Canada . Par la suite, il occupe le poste d'éditorialiste à l'émission de Marie-France Bazzo, Bazzo.tv, pendant la saison 2008-2009.En novembre 2009, il reçoit le prix Médicis pour L'Énigme du retour.

Le 12 décembre 2013, face notamment à Catherine Clément, Arthur Pauly et Jean-Claude Perrier, il est élu au premier tour de scrutin au 2e fauteuil de l'Académie française.  .

wikipedia


Œuvres

Romans et récits

   Comment faire l'amour avec un nègre sans se fatiguer, 1985 : Page 1
   Éroshima,  1987.
   L'Odeur du café, 1991 .
   Le Goût des jeunes filles,  1992
   Cette grenade dans la main du jeune Nègre est-elle une arme ou un fruit ?, 1993 : Page 2
   Chronique de la dérive douce, 1994
   Pays sans chapeau, 1996 ;
   La Chair du maître,  1997.
   Le Charme des après-midi sans fin, 1997 ;
   Le Cri des oiseaux fous,  2000
   Je suis fatigué,  2001
   Les Années 1980 dans ma vieille Ford, , 2005.
   Vers le sud, 2006.
   Je suis un écrivain japonais,  2008 : Page 1
   L'Énigme du retour, Montréal, Boréal, 2009 : Page 1
   Tout bouge autour de moi, 2010
   L’Art presque perdu de ne rien faire,  2011
   Journal d'un écrivain en pyjama,  2013 :  Page 1
   Tout ce qu'on ne te dira pas,  2015.
   Mythologies américaines, Grasset, 2016

Littérature jeunesse

   Je suis fou de Vava, illustrations de Frédéric Normandin, 2006
   Le baiser mauve de Vava, illustrations de Frédéric Normandin, 2014.
   La Fête des morts, illustrations de Frédéric Normandin,  2009

Mot-clé : #québec

màj le 08/11/2019
par topocl
le Mar 3 Jan - 18:57
 
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Sujet: Dany Laferrière
Réponses: 32
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Olyvier Leroux-Picard

Tag québec sur Des Choses à lire Olyvie11

Olyvier Leroux-Picard est un poète qui se lit et dont on déguste la poésie jusqu'au dernier mot. J'ai lu ses deux recueils. Je commence aujourd'hui avec Tantales. Pour avoir lu Fondations en premier, j'estime qu'Olyvier a trouvé chaussure à son pied en passant à la Tournure. Il continue son évolution poétique.

Des cinq sclérosés qui passent à la sclérose, j'ai opté pour le troisième sclérosé :

sclérosés

à border le vertige
avec ses draps d'oubli

surtout ne pas s'en faire

meubler le temps
jusqu'au grenier

l'abri tombeau


Comme nous pouvons voir, la poésie d'Olyvier cultive une unicité dans sa quête. Il n'en reste pas moins membre de la communauté des poètes :

mes mains       coulées d'outre-mer
ne tracent plus les lignes
qui en toute alchimie achèvent        le doute
en fibres certaines

je m'avise de l'intenable


Le poète se tient sur la pointe des pieds, habile quand même :

j'écris
sur le point toujours
de ne pas me distendre        la partition
sur le point toujours
de ne pas s'acharner

sur le bout de la langue        ma présence
dans tes bras peut-être


Olyvier Leroux-Picard n'a rien à envier à Gaston Miron et aux poètes des années 1970 :

ma langue lambeaux
dérobée dans l'entre-ligne
avant les mots         les ratures
mêlées d'empreintes
et d'adresses

je m'adonne        avec elle
au plus souple des foutoirs


Quand je vous disais que Miron...

je laisserai ma gorge
défigurer les attentes

rien à suivre
d'établi d'avance

le cri se passera de diction


Parfois, il arrive de ces fulgurances :

crier
comme le verbe appel d'air       se fraye incendie
du torse à la mâchoire

j'attends tes lèvres pour parler



* Les italiques sont de Kim Doré


Puisqu'il nous faut conclure, complétons cette entrée en matière dans l'univers des Choses :

nos images
se produiront encore       comme une chose
qui aime à s'étendre
dans ce qui nous sépare


Je trouve la poésie très douce et quand même vive, parfois sans ménagement dans ses effets. Il y a quand même une élévation d'âme. Nous sentons la griffe de l'équipe de la Tournure. Ça prenait quand même Olyvier Leroux-Picard pour y arriver.


mots-clés : #poésie #quebec
par Jack-Hubert Bukowski
le Ven 30 Déc - 11:47
 
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Sujet: Olyvier Leroux-Picard
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Clara B.-Turcotte

Clara B.-Turcotte
Née en 1985


Tag québec sur Des Choses à lire Clarab11

Aujourd'hui, je lisais un recueil poétique de Clara B.-Turcotte. Je viens d'apprendre qu'Élise Turcotte n'est nulle autre que sa mère. L'analyse d'une de ses oeuvres est donc venue avant l'analyse de sa biographie. Mon avis sera donc plus objectif en quelque sorte. J'ai eu la chance d'apprendre l'existence de Clara B.-Turcotte alors qu'elle avait fait publier Demoiselles-cactus il y a peu de temps. Elle avait fait publier antérieurement un recueil de poésie, Mes soeurs siamoises et elle vient de publier Ciels transitoires en 2016.


Oeuvre :

Roman
- Demoiselles-cactus, 2015

Poésie
- Ciels transitoires, 2016

Poésie jeunesse
- Mes soeurs siamoises, 2014

Mots-clés : #poésie #québec
par Jack-Hubert Bukowski
le Jeu 29 Déc - 8:09
 
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Sujet: Clara B.-Turcotte
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Paul-Marie Lapointe

Paul-Marie Lapointe
(1929-2011)

Tag québec sur Des Choses à lire Paul-m10

Sur l’autre forum, je vous ai soumis la nomination de Paul-Marie Lapointe. De longue date, je vous dirais que son exemple demeure l’une des références poétiques classiques sûres. Avec Hector de Saint-Denys Garneau et Marie Uguay, Paul-Marie Lapointe a bien traversé les générations. Il a écrit une œuvre qui a fini par s’imposer envers et contre toutes. Surréaliste en parallèle, il a reçu l’appui de Claude Gauvreau pour la publication du recueil Le vierge incendié en 1948. Il ne fut pas signataire du Refus global, il l’a tout juste manqué de peu. Le long silence qui a suivi la publication de son premier recueil laisse préfigurer un «prochain épisode» fécond. Son recueil Pour les âmes fera figure de classique inattaquable. Son parcours jusqu’à écRiturEs tient du tour de force. Il aura eu assez d’indépendance pour assumer l’héritage poétique qui est le sien.


Œuvre

- Le vierge incendié, 1948
- Choix de poèmes. Arbres, 1960
- Pour les âmes, 1964
- Le réel absolu. Poèmes 1948-1965. Comprenant toutes les œuvres précédemment citées, 1971
- Tableaux de l’amoureuse suivi de Une, Unique, Art égyptien, Voyage et autres poèmes, 1974
- Bouche rouge, 1976
- Arbres, 1978
- Tombeau de René Crevel, 1979
- écRiturEs (2 volumes), 1980
- Le sacre, 1998
- Espèces fragiles, 2002
- L’espace de vivre. Poèmes 1968-2002, 2004

#poésie #québec
par Jack-Hubert Bukowski
le Lun 19 Déc - 23:03
 
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Sujet: Paul-Marie Lapointe
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Marie-Ève Comtois

Marie-Ève Comtois
Née en 1980

Tag québec sur Des Choses à lire Comtoi10

Plus ça va, plus j'enchaîne les fils d'auteurs de poésie avec un sens du synchronisme qui épouse bien les questionnements sous-jacents à ma quête poétique.

Marie-Ève Comtois est née en 1980. Elle est issue des arts visuels et elle a publié en 2007 son premier recueil, Le Windex de Narcisse, chez Michel Brûlé éditeur. Il ne serait pas exact de prétendre qu'il s'agit de poésie post-2010. Elle fait partie des précurseurs du courant, un peu comme Geneviève Desrosiers et Jean-Sébastien Larouche pour en citer deux. Kim Doré animait la collection de poésie chez Michel Brûlé Éditeur avant de transférer les opérations dans une nouvelle maison de poésie indépendante dénommée les Poètes de brousse. Marie-Ève Comtois a publié son deuxième recueil - Je te trouve belle mon homme - chez les Écrits des Forges, une maison d'édition basée à Trois-Rivières.

J'ai connu Marie-Ève Comtois par l'entremise de Doctorak Go. Mathieu Arsenault a écrit à son sujet :

La poésie de Marie-Ève Comtois reprend la formule de l'intimisme des années 80, celui de François Charron, d'Élise turcotte et de tant d'autres. Mais elle arrive à une époque où l'ancrage dans la réalité du monde, le quotidien ordinaire, les intérieurs rangés de la demeure sont devenus des rêves inaccessibles. L'époque de Je te trouve belle mon homme est celle d'un décalage perpétuel par rapport à la réalité, celle des antidépresseurs et de sa subjectivité coupée du présent immédiat. La voix du recueil n'arrive à parler que d'une voix étrangement modulée, faussement naïve, faussement insouciante, meublant par des images farfelues cette difficulté de franchir cette distance qui nous sépare désormais des autres. Et malgré cela, la poésie de Comtois reste enjouée, drôle même et forte d'une ironie sourde et ambiguë qui n'arrive à révéler la lassitude de vivre qu'en faisant mine de la cacher.

Source : http://productionsarreuh.blogspot.ca/2013/03/marie-eve-comtois-je-te-trouve-belle.htmL


Oeuvre :

- Le Windex de Narcisse, 2007
- Je te trouve belle mon homme, 2012
- Roucouler comme des raisins sauvages, 2016

Mots-clés : #poésie #Québec
par Jack-Hubert Bukowski
le Mar 13 Déc - 6:00
 
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Sujet: Marie-Ève Comtois
Réponses: 13
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