Poésie
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Re: Poésie
Robert Frost est un poète américain né en 1874 à San Francisco, d'un père journaliste originaire du Devon en Angleterre, et d'une mère d'origine écossaise.
Son père, rédacteur en chef du journal à San Francisco, a été candidat malheureux à la mairie de la ville. Quand il meurt en 1885, la famille part pour le Massachusetts.
Il a obtenu deux fois le Pulitzer.
Babélio
Son père, rédacteur en chef du journal à San Francisco, a été candidat malheureux à la mairie de la ville. Quand il meurt en 1885, la famille part pour le Massachusetts.
Il a obtenu deux fois le Pulitzer.
Babélio
bix_229- Messages : 15439
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Localisation : Lauragais
Re: Poésie
O! Solitude, my sweetest choice
Places devoted to the night,
Remote from tumult, and from noise,
How you my restless thoughts delight!
O Heavens! what content is mine,
To see those trees which have appear'd
From the nativity of Time,
And which hall ages have rever'd,
To look to-day as fresh and green,
As when their beauties first were seen!
Katherine Philips ( 1631 - 1664 )
La lecture du moment m'a entraînée vers ce poème, certains en diront davantage que je ne saurais le faire, sans aucun doute. Mais il m'a "parlé" intimement. Un beau poème pour s'éloigner, en somme...
Places devoted to the night,
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O Heavens! what content is mine,
To see those trees which have appear'd
From the nativity of Time,
And which hall ages have rever'd,
To look to-day as fresh and green,
As when their beauties first were seen!
Katherine Philips ( 1631 - 1664 )
La lecture du moment m'a entraînée vers ce poème, certains en diront davantage que je ne saurais le faire, sans aucun doute. Mais il m'a "parlé" intimement. Un beau poème pour s'éloigner, en somme...
Invité- Invité
Re: Poésie
Journal, 1945-1951 de Georges Séféris
Mardi [octobre 1950]
Tu te réveilles, tu tires les rideaux et tu es surpris par la mer automnale. Pendant que tu te rases tu vois dans le miroir un grand bateau avancer vers toi, tu as l'impression qu'il va entrer dans ta chambre. De nouveau cette familiarité; c'est ton pays, c'est quelque chose d'encore plus biologique, de plus primitif; l'attrait de la terre- quelque chose comme l'attraction du feu quand il gèle, comme la faim et le désir. Je n'avais jamais éprouvé ce sentiment de cette façon. (p.212-213)
Tu te réveilles, tu tires les rideaux et tu es surpris par la mer automnale. Pendant que tu te rases tu vois dans le miroir un grand bateau avancer vers toi, tu as l'impression qu'il va entrer dans ta chambre. De nouveau cette familiarité; c'est ton pays, c'est quelque chose d'encore plus biologique, de plus primitif; l'attrait de la terre- quelque chose comme l'attraction du feu quand il gèle, comme la faim et le désir. Je n'avais jamais éprouvé ce sentiment de cette façon. (p.212-213)
bix_229- Messages : 15439
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Localisation : Lauragais
Re: Poésie
Classique mais chouette, limpide.kashmir a écrit:O! Solitude, my sweetest choice
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Katherine Philips ( 1631 - 1664 )
La lecture du moment m'a entraînée vers ce poème, certains en diront davantage que je ne saurais le faire, sans aucun doute. Mais il m'a "parlé" intimement. Un beau poème pour s'éloigner, en somme...
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Keep on keeping on...
Re: Poésie
Une fois j' étais fatigué d' etre jeune.
Alors je me voulus changé en vieillard.
Mais j' étais mourant !
Les enfants se rassemblèrent autour de moi
en disant !
"Ne meurs pas.
Sortons, ayons encore un jour.
Regarde ! la lune nous pardonne
avec un nouveau soleil."
Mais j' étais encore en sueur et je dis :
"Il est temps.
Ce tronc s' est creusé de lui-meme
et m' attend.
Ma vieille ame a déjà enfilé ses chaussures."
Alors je rampai jusque dans le tronc
tandis que la lune commençait juste
à me pardonner.
Alors je me voulus changé en vieillard.
Mais j' étais mourant !
Les enfants se rassemblèrent autour de moi
en disant !
"Ne meurs pas.
Sortons, ayons encore un jour.
Regarde ! la lune nous pardonne
avec un nouveau soleil."
Mais j' étais encore en sueur et je dis :
"Il est temps.
Ce tronc s' est creusé de lui-meme
et m' attend.
Ma vieille ame a déjà enfilé ses chaussures."
Alors je rampai jusque dans le tronc
tandis que la lune commençait juste
à me pardonner.
Partition rouge. Anthologie. Poèmes et chants des Indiens d' Amérique du Nord.
Traduits et présentés par Jacques Roubaud et Florence Delay. - Seuil/Points Poésie
bix_229- Messages : 15439
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Localisation : Lauragais
Re: Poésie
extrait du blog poezibao, qui devrait plaire à Bix :
(Notes sur la création) Roberto Juarroz, Poésie et réalité
Le poète cultive les fissures. Il faut fracturer la réalité apparente ou attendre qu’elle se crevasse, pour capter ce qui est au-delà du simulacre. Nous sommes loin de la beauté cultivée en serre, de l’extase sentimentale, de la littérature transformée en jeu, en refuge hédoniste, en virtuosité ou en recherche de l’impact. Nous sommes loin du journalisme déguisé en actualisation de la vérité, de la critique qui prétend soumettre la création à une grille pseudo-scientifique ou à un système à la mode pour justifier ses interprétations et ses valeurs. Enfin, nous sommes également loin des disciplines comme la philologie ou la linguistique qui, même si elles étudient le langage avec un certain sérieux, ne pourront jamais rendre compte de la poésie, car elles oublient, entre autres choses, cette idée d’Emerson rappelée par Borges lors d’une de ses dernières entrevues, peu avant sa mort : « Le langage est de la poésie fossile ». Autrement dit : la poésie est la vie non fossilisée ou défossilisée du langage.
Oui, le poète cultive les fissures, surtout le poète moderne. Voilà pourquoi, peut-être, il est seul, car c’est uniquement ainsi qu’il peut remplir sa tâche. Il n’ignore pas le sens ultime du texte du rabbin Joseph Ben Shalom, de Barcelone : « L’abîme devient visible à chaque brèche. À chaque transformation de la réalité, à chaque mutation de forme ou chaque fois que s’altère un état de chose, l’abîme du néant est traversé et devient visible par la grâce d’un instant mystique passager. Rien ne peut changer sans qu’ait lieu le contact avec cette région de l’être absolu. » [...] Le poète est un mystique irrégulier, un étrange mystique qui parle, tout en sachant que le silence est à la base de tout – ou qu’il est la base de tout, y compris de la parole.
DIVIDENDES DU SILENCE
Que peut écouter une oreille
quand elle s’appuie sur une autre ?
L’absence de la parole
est un long signe moins
qui se dessaisit de son chiffre.
La couleur est une autre façon
de rassembler le silence.
La forme est un espace distinct
qui fait pression sur l’autre espace
comme le ferait une écorce.
Un oiseau recule
devant un soleil carré, noir
et s’arrête à l’envers sur le fil métallique
où se tait une pensée.
Et la pensée recule à son tour devant l’oiseau
comme l’élastique d’une fronde
qui lance des projectiles de silence.
Un poisson affolé
éparpille le cœur de l’eau
au centre de l’homme
pour y ouvrir l’espace
où peut nager
le silence du poisson,
son acrobatie d’absence.
Roberto Juarroz, Poésie et réalité – traduit de l’espagnol par Jean-Claude Masson – Éditions Lettres vives, 1987, 2e édition, p. 22-24.
Contribution de Jean-Nicolas Clamanges
(Notes sur la création) Roberto Juarroz, Poésie et réalité
Le poète cultive les fissures. Il faut fracturer la réalité apparente ou attendre qu’elle se crevasse, pour capter ce qui est au-delà du simulacre. Nous sommes loin de la beauté cultivée en serre, de l’extase sentimentale, de la littérature transformée en jeu, en refuge hédoniste, en virtuosité ou en recherche de l’impact. Nous sommes loin du journalisme déguisé en actualisation de la vérité, de la critique qui prétend soumettre la création à une grille pseudo-scientifique ou à un système à la mode pour justifier ses interprétations et ses valeurs. Enfin, nous sommes également loin des disciplines comme la philologie ou la linguistique qui, même si elles étudient le langage avec un certain sérieux, ne pourront jamais rendre compte de la poésie, car elles oublient, entre autres choses, cette idée d’Emerson rappelée par Borges lors d’une de ses dernières entrevues, peu avant sa mort : « Le langage est de la poésie fossile ». Autrement dit : la poésie est la vie non fossilisée ou défossilisée du langage.
Oui, le poète cultive les fissures, surtout le poète moderne. Voilà pourquoi, peut-être, il est seul, car c’est uniquement ainsi qu’il peut remplir sa tâche. Il n’ignore pas le sens ultime du texte du rabbin Joseph Ben Shalom, de Barcelone : « L’abîme devient visible à chaque brèche. À chaque transformation de la réalité, à chaque mutation de forme ou chaque fois que s’altère un état de chose, l’abîme du néant est traversé et devient visible par la grâce d’un instant mystique passager. Rien ne peut changer sans qu’ait lieu le contact avec cette région de l’être absolu. » [...] Le poète est un mystique irrégulier, un étrange mystique qui parle, tout en sachant que le silence est à la base de tout – ou qu’il est la base de tout, y compris de la parole.
DIVIDENDES DU SILENCE
Que peut écouter une oreille
quand elle s’appuie sur une autre ?
L’absence de la parole
est un long signe moins
qui se dessaisit de son chiffre.
La couleur est une autre façon
de rassembler le silence.
La forme est un espace distinct
qui fait pression sur l’autre espace
comme le ferait une écorce.
Un oiseau recule
devant un soleil carré, noir
et s’arrête à l’envers sur le fil métallique
où se tait une pensée.
Et la pensée recule à son tour devant l’oiseau
comme l’élastique d’une fronde
qui lance des projectiles de silence.
Un poisson affolé
éparpille le cœur de l’eau
au centre de l’homme
pour y ouvrir l’espace
où peut nager
le silence du poisson,
son acrobatie d’absence.
Roberto Juarroz, Poésie et réalité – traduit de l’espagnol par Jean-Claude Masson – Éditions Lettres vives, 1987, 2e édition, p. 22-24.
Contribution de Jean-Nicolas Clamanges
Invité- Invité
Re: Poésie
Merci Arturo !
Juarroz est un de mes poètes préférés et j'ai Poésie et réalité.
Tu fais bien de me le rappeler...
Juarroz est un de mes poètes préférés et j'ai Poésie et réalité.
Tu fais bien de me le rappeler...
bix_229- Messages : 15439
Date d'inscription : 06/12/2016
Localisation : Lauragais
Re: Poésie
Et c'est encore plus beau en musiquekashmir a écrit:O! Solitude, my sweetest choice
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Remote from tumult, and from noise,
How you my restless thoughts delight!
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From the nativity of Time,
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Katherine Philips ( 1631 - 1664 )
La lecture du moment m'a entraînée vers ce poème, certains en diront davantage que je ne saurais le faire, sans aucun doute. Mais il m'a "parlé" intimement. Un beau poème pour s'éloigner, en somme...
Burlybunch- Messages : 425
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Localisation : bas du Bas-Rhin
Re: Poésie
La rose d'hiver
Reçois William l'épître d'un vieillard
-----il est passé le temps des rêves russes
-----au noir des nuits la rime joue d'astuce
-----pour la corbeille et pour le corbillard
Le souvenir s'est souvenu trop tard
-----chargé de jours absurdes où se mussent
-----derrière un lit étroit piqué de puces
-----les toiles d'araignée de nos brouillards.
On ne voit plus les phares se parler
-----qui comprendra que le stylo ailé
-----recouvre d'arabesques ses grimoires
Les flocons maigres fondent flasques lourds
-----mais la rose d'hiver fleurit toujours
-----c'est l'amitié vivante la mémoire
Iliazd, 29 janvier 1963, traduction André Markowicz
Invité- Invité
Re: Poésie
Un jour, dans le jardin, plus aucun tremblement ni sursaut dans les feuilles.
Plus de feuilles.
Ni brindille chapardée, ni plume perdue dans l'herbe.
Plus de frôlements près de la vasque ;
finis, les sifflements, les roulades, les éclats,
les appels.
Le buisson est vide.
Ils se cachent.
Ils se taisent.
Ils manquent.
Issu d'un joli petit livre : Poids Plumes de Nicole Malinconi ( qui, je l'imagine, plairait beaucoup à Bix ! )
Invité- Invité
Re: Poésie
Imagine, imagine, Kashmir, il en restera toujours quelque chose et merci à toi !
bix_229- Messages : 15439
Date d'inscription : 06/12/2016
Localisation : Lauragais
Re: Poésie
Pied possible avec Conseils aux chasseurs de vipères de William Henry Hudson
_________________
Keep on keeping on...
Re: Poésie
Chaque matin, je reçois le bonjour d’un lézard sur le seuil de la maison dont les portes restent ouvertes sur le jardin. A leur guise, vent et soleil entrent et sortent. Il en est ainsi de la lumière, de mes pensées.
Le lézard me regarde dans les yeux quelques secondes puis regarde le ciel où le bleu est si pur. Son corps est souple comme un nuage. Il détend ses pattes minuscules afin de laisser glisser les heures sous son ventre. Il connaît par cœur la leçon du jour et sait ainsi que l’attente est vertu. Sa peau regorge de soleil. Rien ne le dérange plus sauf une pauvre fourmi qui veut grimper sur son flanc droit. En vain.
Le lézard est le premier poème écrit sur la pierre du matin. Sous l’ombre qu’il dessine sans bouger, je lis les rigueurs de l’hiver dernier où mon cœur était empli de neige, de mauvais souvenirs.
by jean-paul 2 | 22 mai 2015 · 10 h 14 min
Les images habitées
http://www.lelitteraire.com
Le lézard me regarde dans les yeux quelques secondes puis regarde le ciel où le bleu est si pur. Son corps est souple comme un nuage. Il détend ses pattes minuscules afin de laisser glisser les heures sous son ventre. Il connaît par cœur la leçon du jour et sait ainsi que l’attente est vertu. Sa peau regorge de soleil. Rien ne le dérange plus sauf une pauvre fourmi qui veut grimper sur son flanc droit. En vain.
Le lézard est le premier poème écrit sur la pierre du matin. Sous l’ombre qu’il dessine sans bouger, je lis les rigueurs de l’hiver dernier où mon cœur était empli de neige, de mauvais souvenirs.
Joel Vernet
by jean-paul 2 | 22 mai 2015 · 10 h 14 min
Les images habitées
http://www.lelitteraire.com
A l’image de la vie que l’on ne peut retenir, pour Joël Vernet chaque livre est un signe, un départ et un adieu : multiple et un, significatif et jamais préparé. L’œuvre du poète du Massif central est un « interminable journal inachevé, inachevable ».
bix_229- Messages : 15439
Date d'inscription : 06/12/2016
Localisation : Lauragais
Re: Poésie
merci Bix, j'aime beaucoup le poème et les lézards (même les tarentes )
_________________
“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
― Le club des incorrigibles optimistes de Jean-Michel Guenassia
[/i]
"Il n'y a pas de mauvais livres. Ce qui est mauvais c'est de les craindre." L'homme de Kiev Malamud
Bédoulène- Messages : 21125
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Age : 79
Localisation : En Provence
Re: Poésie
LE VENT TOURNE
Telle est la manière dont le vent tourne :
Comme les pensées d'un vieil être humain,
Qui pense encore avec égale ardeur
Et avec désespoir.
Le vent tourne de telle sorte :
Comme un être humain sans une illusion,
Qui sent encore des choses irrationnelles en elle.
Le vent tourne de telle sorte :
Comme des humains à l'approche fière,
Comme des humains à l'approche hargneuse.
Telle est la manière dont le vent tourne :
Comme un être humain, lourd de tout son lourd,
Qui n'en a cure.
Wallace Stevens In Babelio
(...) Le chemin qui a mené Stevens de la poésie post-victorienne du début du XXe siècle à la poésie d’Harmonium semble long : il s’est étalé sur une quinzaine d’années. Toutefois, ce laps de temps peut paraître court si l’on considère que la poésie américaine était alors à son plus bas étiage. Oubliés le ton indépendant d’une Emily Dickinson ou d’un Walt Whitman et leurs innovations radicales. Les poètes des Etats-Unis étaient retombés dans la fade imitation des aînés qui avaient fait la gloire de l’Angleterre victorienne, les Rossetti, Tennyson ou Swinburne. Ils avaient une tendance marquée aux effets sentimentaux, n’exprimaient face au monde moderne qu’une vague désolation et une postulation plus vague encore à l’idéal, coulées dans des formes conventionnelles.
Claire Malroux, traductrice de W. Stevens. In José Corti éd.
Telle est la manière dont le vent tourne :
Comme les pensées d'un vieil être humain,
Qui pense encore avec égale ardeur
Et avec désespoir.
Le vent tourne de telle sorte :
Comme un être humain sans une illusion,
Qui sent encore des choses irrationnelles en elle.
Le vent tourne de telle sorte :
Comme des humains à l'approche fière,
Comme des humains à l'approche hargneuse.
Telle est la manière dont le vent tourne :
Comme un être humain, lourd de tout son lourd,
Qui n'en a cure.
Wallace Stevens In Babelio
(...) Le chemin qui a mené Stevens de la poésie post-victorienne du début du XXe siècle à la poésie d’Harmonium semble long : il s’est étalé sur une quinzaine d’années. Toutefois, ce laps de temps peut paraître court si l’on considère que la poésie américaine était alors à son plus bas étiage. Oubliés le ton indépendant d’une Emily Dickinson ou d’un Walt Whitman et leurs innovations radicales. Les poètes des Etats-Unis étaient retombés dans la fade imitation des aînés qui avaient fait la gloire de l’Angleterre victorienne, les Rossetti, Tennyson ou Swinburne. Ils avaient une tendance marquée aux effets sentimentaux, n’exprimaient face au monde moderne qu’une vague désolation et une postulation plus vague encore à l’idéal, coulées dans des formes conventionnelles.
Claire Malroux, traductrice de W. Stevens. In José Corti éd.
bix_229- Messages : 15439
Date d'inscription : 06/12/2016
Localisation : Lauragais
Re: Poésie
N'avions-nous pas un fil maisons d'écrivain ?
Si l'histoire petite et enjolivée place la maison maltaise de Samuel Taylor Coleridge à San Antonio (ce superbe palais ci-dessous), et, effectivement, il y séjourna,
C'est plutôt dans cette jolie maison de ville XVIIIème, très avenante mais plus modeste, qu'il demeura plus durablement jusqu'à son départ de Malte en 1805 (le 4 septembre), elle est située à La Valette, dans la citadelle:
___________________________________________________________________________________________________________________________________________
To Asra (= Sara Hutchinson, vraisemblablement ? - poème perdu et ré-écrit ultérieurement par Coleridge, initialement composé à Malte)
Assez long poème, de construction bizarre avec ses deux strophes en chapeau.
Romantisme très standard dans sa thématique, Coleridge fut un des principaux porte-étendards du mouvement.
Est-ce dans ce poème-là en particulier que Baudelaire a puisé le terme Spleen (strophe III, vers 6)?
C'est, ma foi, assez possible...
La langue de Coleridge est quasi-désuète, déjà, lorsqu'il écrit ces vers: c'est bien sûr pour un effet recherché de décalage par rapport au temps, rejoignant, là encore, un souci esthétique romantique qu'on aurait sans doute tort de prendre pour une simple préciosité.
La façon de reprendre un appui de diction au milieu de certains vers, comme:
Il s'avère très fluide à la diction et assez musical.
__________________________________________________________________________________________________________________________________________________
Tentative de traduction maison, je n'ai pas trouvé de traduc' sur le web, et ne suis pas certain, au reste, que ce poème figure dans les quelques ouvrages de Coleridge traduits en français et disponibles facilement - votre indulgence particulière est requise une fois de plus, c'est ardu et même casse-figure à traduire, pas seulement le deuxième vers de la strophe IV, j'ai pas mal extrapolé et fossoyé toute la musicalité...
À Asra.
L'épanouissement du palmier-dattier solitaire
I
Sous le feu d'un soleil tropical les pics des montagnes sont Trônes de Gel en l'absence d'éléments réfléchissant les rayons.
"Ce qu'aucun avec nous ne partage paraît à peine nôtre". La présence de l'UNIQUE.
La mieux-aimée, celle qui m'aima le mieux, en est le cœur, tel l'air soutenant de l'intérieur le globe creux à charpente suspendue. Le priver de cela serait dénuer tout ce qui l'aurait encouragé à s'élever jusqu'au siège des dieux, et devient un poids qui l'écrase platement.
II
Au plus affiné des perceptions du beau et du ravissant, et au plus juste et au plus beau d'une chose offerte aux sens. À la plus exquise d'entre les occasions de joie, et au pinacle des possibilité de réjouissance, plus pesamment ressentira-t-il la douleur de la solitude, des plus inconsistants devient le festin répandu autour de lui.
Quelle importance pour lui, que les mets et les grâces tutélaires fussent floues ou réelles, lui qui n'a ni mains pour les saisir ni bras pour les enlacer ?
III
Espérance, Imagination, buts honorables,
La Libre Communauté avec son chœur ne peut mourir
Science et Chant, délices en de petites choses,
L'enfant plein d'entrain demeurant sous l'état d'homme
Champs, forêts, antiques montagnes, océan, ciel,
Avec toutes leurs chorales -- Ô oserai-je accuser
Mon lot sur terre aussi coupable que mon spleen,
L'avarice de ma destinée ! Ô non ! non !
C'est sa grandeur, et son excès,
Que cette incomplétion, me plongeant dans le marasme !
IV
Lors qu'aucune trille d'allégresse ne me touche le cœur
Mais débute une rêche réjouissance
Tel un Arabe aveugle dont le sommeil commence
Dans une tente solitaire, j'écoute ta voix,
Bien-aimée ! Ce n'est pas la tienne ! Ton Art n'est pas là !
Et se mélange la bulle à l'air épais
Et à désirer sans espoir je désespère sans repos.
V
La mère avec une joie attendue
Sourit au-dessus de l'enfant, qui, debout contre sa chaise,
Et aplatit la rondeur de sa joue contre son genou
Il regarde en l'air et de ses lèvres roses s'apprête
À se moquer des sons qui viennent. À ce doux spectacle
Elle entend sa propre voix avec un délice renouvelé;
Et si le poupon par hasard zézaie correctement les sons,
VI
Elle en reçoit une joie décuplée !
Mais que la maladie ou la fortune sur l'enfant chéri s'abatte
Qui profite alors de ces chansons, quelles douceurs de jadis
N'étaient douceurs que pour la douceur de leur écho ?
Ma chère ! pas de petit bavard aux genoux de sa mère
Cependant aussi chèrement prisé que je t'apprécie:
Pourquoi étais-je fait pour l'Amour et l'Amour m'a-t-il rejeté ?
Si l'histoire petite et enjolivée place la maison maltaise de Samuel Taylor Coleridge à San Antonio (ce superbe palais ci-dessous), et, effectivement, il y séjourna,
C'est plutôt dans cette jolie maison de ville XVIIIème, très avenante mais plus modeste, qu'il demeura plus durablement jusqu'à son départ de Malte en 1805 (le 4 septembre), elle est située à La Valette, dans la citadelle:
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To Asra (= Sara Hutchinson, vraisemblablement ? - poème perdu et ré-écrit ultérieurement par Coleridge, initialement composé à Malte)
THE BLOSSOMING OF THE SOLITARY DATE-TREE
I
Beneath the blaze of a tropical sun the mountain peaks are the Thrones of Frost, through the absence of objects to reflect the rays. `What no one with us shares, seems scarce our own.` The presence of a ONE,
The best belov`d, who loveth me the best,is for the heart, what the supporting air from within is for the hollow globe with its suspended car. Deprive it of this, and all without, that would have buoyed it aloft even to the seat of the gods, becomes a burthen and crushes it into flatness.
II
The finer the sense for the beautiful and the lovely, and the fairer and lovelier the object presented to the sense ; the more exquisite the individual`s capacity of joy, and the more ample his means and opportunities of enjoyment, the more heavily will he feel the ache of solitariness, the more unsubstantial becomes the feast spread around him. What matters it, whether in fact the viands and the ministering graces are shadowy or real, to him who has not hand to grasp nor arms to embrace them ?
III
Hope, Imagination, honourable Aims,
Free Commune with the choir that cannot die,
Science and Song, delight in little things,
The buoyant child surviving in the man;
Fields, forests, ancient mountains, ocean, sky,
With all their voices--O dare I accuse
My earthly lot as guilty of my spleen,
Or call my destiny niggard ! O no ! no!
It is her largeness, and her overflow,
Which being incomplete, disquieteth me so!
IV
For never touch of gladness stirs my heart,
But tim`rously beginning to rejoice
Like a blind Arab, that from sleep doth start
In lonesome tent, I listen for thy voice.
Belovéd ! `tis not thine ; thou art not there!
Then melts the bubble into idle air,
And wishing without hope I restlessly despair.
V
The mother with anticipated glee
Smiles o`er the child, that, standing by her chair
And flatt`ning its round cheek upon her knee,
Looks up, and doth its rosy lips prepare
To mock the coming sounds. At that sweet sight
She hears her own voice with a new delight ;
And if the babe perchance should lisp the notes aright,
VI
Then is she tenfold gladder than before!
But should disease or chance the darling take,
What then avail those songs, which sweet of yore
Were only sweet for their sweet echo`s sake?
Dear maid ! no prattler at a mother`s knee
Was e`er so dearly prized as I prize thee:
Why was I made for Love and Love denied to me?
Assez long poème, de construction bizarre avec ses deux strophes en chapeau.
Romantisme très standard dans sa thématique, Coleridge fut un des principaux porte-étendards du mouvement.
Est-ce dans ce poème-là en particulier que Baudelaire a puisé le terme Spleen (strophe III, vers 6)?
C'est, ma foi, assez possible...
La langue de Coleridge est quasi-désuète, déjà, lorsqu'il écrit ces vers: c'est bien sûr pour un effet recherché de décalage par rapport au temps, rejoignant, là encore, un souci esthétique romantique qu'on aurait sans doute tort de prendre pour une simple préciosité.
La façon de reprendre un appui de diction au milieu de certains vers, comme:
et d'en hacher carrément certains autres, comme:Science and Song, delight in little things,
déglace beaucoup l'ensemble, qui n'est pas de facture très classique, c'est là un de ses intérêts, je trouve. Le souci de la rime (moins prisée en vers anglais qu'en vers français), le thème lui-même (orientalisant, dans le titre et certaines allégories), quelques jolies trouvailles allitératives, comme ce jeu des n et des o:Fields, forests, ancient mountains, ocean, sky,
À souligner aussi, et c'est du modernisme par rapport à la poésie XVIIIème mais aussi vis-à-vis d'auteurs du romantisme français naissant, ce poème est davantage exclamatif que déclamatif.[...] ancient mountains, ocean, sky,
With all their voices--O dare I accuse
My earthly lot as guilty of my spleen,
Or call my destiny niggard ! O no ! no!
It is her largeness, and her overflow,
Which being incomplete, disquieteth me so!
Il s'avère très fluide à la diction et assez musical.
__________________________________________________________________________________________________________________________________________________
Tentative de traduction maison, je n'ai pas trouvé de traduc' sur le web, et ne suis pas certain, au reste, que ce poème figure dans les quelques ouvrages de Coleridge traduits en français et disponibles facilement - votre indulgence particulière est requise une fois de plus, c'est ardu et même casse-figure à traduire, pas seulement le deuxième vers de la strophe IV, j'ai pas mal extrapolé et fossoyé toute la musicalité...
À Asra.
L'épanouissement du palmier-dattier solitaire
I
Sous le feu d'un soleil tropical les pics des montagnes sont Trônes de Gel en l'absence d'éléments réfléchissant les rayons.
"Ce qu'aucun avec nous ne partage paraît à peine nôtre". La présence de l'UNIQUE.
La mieux-aimée, celle qui m'aima le mieux, en est le cœur, tel l'air soutenant de l'intérieur le globe creux à charpente suspendue. Le priver de cela serait dénuer tout ce qui l'aurait encouragé à s'élever jusqu'au siège des dieux, et devient un poids qui l'écrase platement.
II
Au plus affiné des perceptions du beau et du ravissant, et au plus juste et au plus beau d'une chose offerte aux sens. À la plus exquise d'entre les occasions de joie, et au pinacle des possibilité de réjouissance, plus pesamment ressentira-t-il la douleur de la solitude, des plus inconsistants devient le festin répandu autour de lui.
Quelle importance pour lui, que les mets et les grâces tutélaires fussent floues ou réelles, lui qui n'a ni mains pour les saisir ni bras pour les enlacer ?
III
Espérance, Imagination, buts honorables,
La Libre Communauté avec son chœur ne peut mourir
Science et Chant, délices en de petites choses,
L'enfant plein d'entrain demeurant sous l'état d'homme
Champs, forêts, antiques montagnes, océan, ciel,
Avec toutes leurs chorales -- Ô oserai-je accuser
Mon lot sur terre aussi coupable que mon spleen,
L'avarice de ma destinée ! Ô non ! non !
C'est sa grandeur, et son excès,
Que cette incomplétion, me plongeant dans le marasme !
IV
Lors qu'aucune trille d'allégresse ne me touche le cœur
Mais débute une rêche réjouissance
Tel un Arabe aveugle dont le sommeil commence
Dans une tente solitaire, j'écoute ta voix,
Bien-aimée ! Ce n'est pas la tienne ! Ton Art n'est pas là !
Et se mélange la bulle à l'air épais
Et à désirer sans espoir je désespère sans repos.
V
La mère avec une joie attendue
Sourit au-dessus de l'enfant, qui, debout contre sa chaise,
Et aplatit la rondeur de sa joue contre son genou
Il regarde en l'air et de ses lèvres roses s'apprête
À se moquer des sons qui viennent. À ce doux spectacle
Elle entend sa propre voix avec un délice renouvelé;
Et si le poupon par hasard zézaie correctement les sons,
VI
Elle en reçoit une joie décuplée !
Mais que la maladie ou la fortune sur l'enfant chéri s'abatte
Qui profite alors de ces chansons, quelles douceurs de jadis
N'étaient douceurs que pour la douceur de leur écho ?
Ma chère ! pas de petit bavard aux genoux de sa mère
Cependant aussi chèrement prisé que je t'apprécie:
Pourquoi étais-je fait pour l'Amour et l'Amour m'a-t-il rejeté ?
Aventin- Messages : 1984
Date d'inscription : 10/12/2016
Re: Poésie
eh bien, quel boulot ! (j'ai regardé dans l'édition nrf poésie que j'ai, ce poème ne semble pas y figurer).
Invité- Invité
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