Aphra Behn
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Aphra Behn
Peu d’informations concrètes sont disponibles en ce qui concerne la vie d’Aphra. Elle pourrait avoir intentionnellement brouillé les pistes. Il est remarquable de noter que son nom n'apparaît dans aucun registre d'impôt ou d'église.
Les versions sur son enfance varient :Dans les années 1660, elle pourrait avoir voyagé jusqu’à une colonie anglaise de canne à sucre au Suriname, ce qui lui aurait inspiré son célèbre roman Oroonoko. La réalité de ce voyage reste cependant incertaine.
- Spoiler:
L'écrivain Germaine Greer qualifia Aphra Behn de « palimpseste » qui se serait effacée elle-même. La biographe Janet Todd note qu'Aphra est « une combinaison mortelle d'obscurité, de secret et de théâtralité qui la rend difficile à intégrer dans un récit, qu'il soit spéculatif ou factuel. Elle n'est pas tant une femme à démasquer qu'une combinaison infinie de masques ».
D'après Ann Finch, une de ses contemporaines, elle serait née à Wye, dans le Kent, près de Canterbury, le 10 juillet 1640, et aurait été la « fille d’un barbier ». Le colonel Thomas Colepeper, la seule personne prétendant l'avoir connue enfant, écrivit dans Adversaria qu'elle est née à « Sturry ou Canterbury » d'un M. Johnston et qu'elle a une sœur nommée Frances. Une autre version de la vie d'Aphra raconte qu'elle serait la fille d'un barbier nommé John Amis et de sa femme Amy. Enfin, The Histories And Novels of the Late Ingenious Mrs. Behn (1696 - par un auteur inconnu dont le pseudonyme était « One of the fair sex ») affirme qu'elle est la fille de Bartholomew Johnson, un barbier, et d'Elizabeth Denham, une nourrice.
On suppose qu'Aphra reçut une éducation catholique. Elle affirma un jour qu'elle avait été « conçue pour être une religieuse ». Elle avait de nombreuses relations catholiques ce qui lui aurait porté préjudice durant la vague d'anti-catholicisme des années 16804. Monarchiste, elle avait une affection particulière pour le Duc d'York, visible dans sa pièce The Rover II.
En 1658, Aphra prend le nom d'un homme que l'on considérera comme son époux et qui était peut-être marchand néerlandais. A partir de cette date, Aphra se fait appeler « Mme Behn ». Johan Behn meurt (à moins que le couple ne se soit séparé) en 1666, alors qu'Aphra n'a que 26 ans.
Elle s'attache alors à la cour royale, et certains indices semblent montrer qu’elle est dépêchée à Anvers par Charles II en tant qu’espionne. Le nom de code qu’elle reçoit à cette occasion, « Astrea », lui sert par la suite pour signer la plupart de ses œuvres. Son rôle est de se rapprocher de William Scot, fils de Thomas Scot, un régicide exécuté en 1660, dans l'espoir d'en faire un espion qui pourrait rendre compte des agissements d'exilés anglais complotant contre le roi. Mais elle échoue dans sa mission, William l'ayant dénoncée aux Néerlandais.
La deuxième guerre anglo-néerlandaise éclate peu après entre l’Angleterre et les Pays-Bas, en 1665. Les services rendus par Aphra ne lui sont pas rémunérés et Charles II refuse de payer son billet de retour. En décembre 1666, elle emprunte l'argent pour la traversée. En 1668, sans ressources, elle est jetée en prison pour dette. Libérée dans des circonstances inconnues, elle jure de ne plus dépendre financièrement de quelqu'un et en 1670 sa première pièce de théâtre The Forc'd Marriage (Le mariage forcé) est produite à Londres. Dès lors, elle gagne sa vie par l'écriture de pièces de théâtre puis de romans. Elle cultive l’amitié de nombreux dramaturges, et elle publie à partir de 1670 nombre de pièces ou de romans, ainsi que des poèmes et des pamphlets. Sa comédie L'Écumeur établit sa réputation sur la scène londonienne à partir de 1677. Virginia Woolf constate qu'elle fut la première femme anglaise à vivre de sa plume et qu'elle mérite la reconnaissance de toutes celles qui sont venues après elle.
Appauvrie et endettée, Aphra Behn voit sa santé décliner dès 1685 et elle a du mal à tenir sa plume, mais elle continue malgré tout à écrire. En 1688, un an avant sa mort, elle publie A Discovery of New Worlds, la traduction d'Entretiens sur la pluralité des mondes, par Bernard le Bovier de Fontenelle, une vulgarisation de l'astronomie sous la forme d'un roman. Durant ses derniers jours, elle traduit le dernier livre d'Abraham Cowley, Six Books of Plants.
Elle meurt le 16 avril 1689 et est enterrée en l’abbaye de Westminster. Sur sa pierre tombale est inscrit :
Here lies a Proof that Wit can never be
Defence enough against Mortality.
(Ci-gît une preuve que l'esprit n'est jamais
Une défense suffisante contre la mort.)
Ouvrages traduits en français :
- Oroonoko : ou la véritable histiore de l'esclave royal (Oroonoko, 1688)
- Récits : La belle infidèle, ou les amours de Miranda et du Prince Tarquin
- Le petit maître (The Town Fop, 1676), théâtre
- Une heureuse occasion (The Lucky Chance, 1686), théâtre
sources : Wikipédia, Bnf et autres
Dreep- Messages : 1539
Date d'inscription : 08/12/2016
Age : 31
Re: Aphra Behn
Oroonoko
Parce qu’il est beau, parce qu’il est fort et intelligent, parce qu’il a eu une vie extraordinaire, Aphra Behn souhaite écrire l’histoire d’Oroonoko, originaire de Cormantine (extrême-ouest du Ghana actuel). Il y a sûrement aussi l’envie de renouveler le genre picaresque, de la part de cette dramaturge britannique du XVIIe siècle. Beaucoup de péripéties en l’espace de quelques lignes et les réactions émotionnelles qu’elles suscitent : colère, tristesse, joie, amour. Des rencontres où ce que dégage un personnage, ses intentions cachées ou sincères sont en relief. Pendant une bonne partie du livre, le récit d’aventures supplante l’ancrage historique et politique. On pourrait alors dire que si on parle de l’esclavage, pas un des personnages ne s’oppose à l’idée de l’esclavage (pas même Oroonoko, qui ne veut simplement pas être esclave lui-même). Seulement, la fin et seulement la fin, contredit ce que je viens de dire . L’écriture reste quelquefois un peu aride toutefois, mais c’est très court.
Mots-clés : #ancienregime #esclavage
Parce qu’il est beau, parce qu’il est fort et intelligent, parce qu’il a eu une vie extraordinaire, Aphra Behn souhaite écrire l’histoire d’Oroonoko, originaire de Cormantine (extrême-ouest du Ghana actuel). Il y a sûrement aussi l’envie de renouveler le genre picaresque, de la part de cette dramaturge britannique du XVIIe siècle. Beaucoup de péripéties en l’espace de quelques lignes et les réactions émotionnelles qu’elles suscitent : colère, tristesse, joie, amour. Des rencontres où ce que dégage un personnage, ses intentions cachées ou sincères sont en relief. Pendant une bonne partie du livre, le récit d’aventures supplante l’ancrage historique et politique. On pourrait alors dire que si on parle de l’esclavage, pas un des personnages ne s’oppose à l’idée de l’esclavage (pas même Oroonoko, qui ne veut simplement pas être esclave lui-même). Seulement, la fin et seulement la fin, contredit ce que je viens de dire . L’écriture reste quelquefois un peu aride toutefois, mais c’est très court.
Mots-clés : #ancienregime #esclavage
Dreep- Messages : 1539
Date d'inscription : 08/12/2016
Age : 31
Re: Aphra Behn
Merci pour le commentaire. Je croyais bien l'avoir vue citée dans A Room of One's Own de Woolf.
Invité- Invité
Re: Aphra Behn
Est-ce que ce ne serait pas la caractéristique d'un classique, d'ailleurs ?
Un livre dont d'autres écrivains parlent.
Sôseki aussi parlait d'Aphra Behn, dans l'un de ses romans.
Un livre dont d'autres écrivains parlent.
Sôseki aussi parlait d'Aphra Behn, dans l'un de ses romans.
Dreep- Messages : 1539
Date d'inscription : 08/12/2016
Age : 31
Re: Aphra Behn
Il est sur ma PAL. Tu m'incites à le faire remonter.
_________________
"Et au plus eslevé trone du monde, si ne sommes assis, que sus notre cul." (Michel de Montaigne)
Armor- Messages : 4589
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 43
Localisation : A l'Aise Breizh
Re: Aphra Behn
A propos d'Oroonoko, lu sur Gallica :
"Son roman servira de modèle aux abolitionnistes et inspirera à Voltaire son Candide (1759), participant aux luttes contre l’esclavagisme à une époque où le commerce triangulaire se développait fortement."
"Son roman servira de modèle aux abolitionnistes et inspirera à Voltaire son Candide (1759), participant aux luttes contre l’esclavagisme à une époque où le commerce triangulaire se développait fortement."
bix_229- Messages : 15439
Date d'inscription : 06/12/2016
Localisation : Lauragais
Re: Aphra Behn
Hélas, j'ai lu trois fois Candide (et pas forcément y a longtemps) et je me souviens de rien. Cela dit pour Oroonoko sur l'opposition à l'idée d'esclavage, y a quand même des choses qui clochent.
Dreep- Messages : 1539
Date d'inscription : 08/12/2016
Age : 31
Des Choses à lire :: Lectures par auteurs :: Écrivains européens de langues anglaise et gaéliques
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