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Je te prie de trouver entre mes mots le meilleur de mon âme.

Georges Brassens, Lettre à Toussenot

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Quels souvenirs de vos lectures de Mars 2020 ?

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Message par Bédoulène Mer 1 Avr 2020 - 4:53




Quels souvenirs de vos lectures de Mars 2020 ? 77774210

Vos lectures vous ont réjouis ? déçus ?

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“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
― Le club des incorrigibles optimistes de Jean-Michel Guenassia



[/i]
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Message par Bédoulène Mer 1 Avr 2020 - 6:45

excellentes lectures !

Paysages de Papier de Vassili Axionov

Le vertige d'Evguénia Guinzbourg

Cheval Indien de Wagamese

La légende du buveur de Joseph Roth

Film : Mulan, la guerrière légendaire
       
loisirs créatifs et utiles  : des masques maison


Dernière édition par Bédoulène le Mer 1 Avr 2020 - 10:29, édité 1 fois

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Message par topocl Mer 1 Avr 2020 - 7:39

Double Nationalité de Nina Yargekov
et deux relectures à la hauteur des souvenirs:
Nemesis de Philip Roth
Le temps d'un soupir d'Anne Philip.

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Message par tom léo Mer 1 Avr 2020 - 12:21

Deux livres très bien, d’auteurs dont j’avais lu déjà d’autres livres… :
Brigitte Giraud – Une année étrangère ****
Arno Geiger – Le grand royaume des ombres/Unter der Drachenwand  ****

Cela m’a plu, mais pas autant que d’autres de ces mêmes auteurs :
Franz Hohler – Es klopft ***/*
Rick Bass – Dans les monts Loyauté ***/*
Elio Vittorini – Les hommes et la poussière  ***/*

Intéressant, voir intriguant, mais un peu « confus » ?
Pavel Vilikovsky – Un cheval dans l’escalier ***

Plusieurs bons films, partiellement des re-vues:
1917 - Sam Mendes
Une affaire de famille - Kore-Eda
Snowden - Olivier Stone
Lion - (j'ai oublié)
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Message par bix_229 Mer 1 Avr 2020 - 12:37

D'abord :

- Le Fléau : David van Reybrouck
- L'Honnète tricheuse : Tove Jansson
- Conversation extraordinaire avec une dame de ma connaissance : Carlos Drummond de Andrade


Puis :


- Si une nuit d'hiver un voyageur : Italo Calvino
- L'Apprenti sorcier : François Augieras
- La Part belle : Dominique Sigaud

-
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Message par Cliniou Mer 1 Avr 2020 - 12:52

J’en retiens 2:
- Seul dans Berlin de Fallada. Si j’ai du temps, car mes anciens étudiants viennent de m’appeler à la rescousse, je m’occuperai d’ouvrir un fil pour parler de ce magnifique roman.

- La vie à deux, de Dorothy Parker. L’analyse caustique et cinglante, l’humour grinçant et cynique de la grande Dame.
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Message par Invité Jeu 2 Avr 2020 - 16:16

La découverte de J L Borges en lisant Le Livre de sable et une folle envie de lire d'autres écrits de sa part, Fictions surement !
Un moment de lecture dépaysant et envoûtant, avec Kazuo Ishiguro, Les vestiges du jour.
Un bon moment passé avec Louise Erdrich, Ce qui a dévoré nos coeurs..
Un étrange voyage avec Antonio Tabucchi et Nocturne indien.

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Message par Avadoro Mer 8 Avr 2020 - 19:22

Jeu blanc (Richard Wagamese) *** 1/2

La ferme sur le rio Esmeraldas (Moritz Thomsen) ***

Le dernier contingent (Alain Julien Rudefoucauld) ** 1/2
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Message par Quasimodo Mer 8 Avr 2020 - 21:14

Pardo Bazán, Le Château d'Ulloa. Pas mal ?
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Message par Tristram Mer 8 Avr 2020 - 21:27

Sylvain Tesson, La panthère des neiges. Ça m'intéresse pour des raisons personnelles (vous choisissez les livres à lire pour des raisons autres que personnelles, vous ?)

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« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
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Message par Quasimodo Mer 8 Avr 2020 - 21:57

Homère, Dante, Cervantes, pour des raisons universelles ?
L'Étranger, pour des raisons impersonnelles ?
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Message par topocl Jeu 9 Avr 2020 - 4:50

Tristram a écrit:Sylvain Tesson, La panthère des neiges. Ça m'intéresse pour des raisons personnelles (vous choisissez les livres à lire pour des raisons autres que personnelles, vous ?)
Et bien je dois dire qu'actuellement, le critère de la disponibilité est important aussi.
La panthère des neiges, je l'ai abandonné, Tesson m'a furieusement agacée, alors que d'habitude il m'agace juste un petit peu, suffisamment peu pour que j'aime et pardonne.

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Message par Tristram Jeu 9 Avr 2020 - 7:31

Il y a de ça, mais heureusement qu'il y a mes raisons personnelles...
Tiens, je me suis trompé de fil, je croyais que c'était celui des lectures en cours. Ça ne fait rien, je posterai un commentaire sur le fil d'auteur.

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Message par animal Jeu 9 Avr 2020 - 14:54

Oulala, vite fait le tour du mois de Mars... du bon quand même, et dépaysant :
- Le livre des ruses
- Voyage vers le Nord de Karel Čapek

Bien mais un peu déçu :
- La clé de verre de Dashiell Hammett

Côté film, j'en oublie (et heureusement pour certains ?) mais je retiens volontiers :
- Escape to Victory de John Huston

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Message par Cliniou Jeu 9 Avr 2020 - 15:37

Ce livre des ruses, un jour, sera mien !
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Message par Dreep Mer 15 Avr 2020 - 13:36

Lais, Marie de France
Bien sûr tout cela est répétitif. Mais ce sont des chansons, on n’a pas la musique, mais on a dans cette traduction proposée par Françoise Morvan, les octosyllabes rimés. Ils entrent dans la tête comme une musique, qu’on serait presque tenté d’imiter, voire de chanter. J’ai de très loin préféré le premier lai (le Lai de Guigemar), dont la scansion avaient quelque chose de suave et les vers vraiment beaux. Le deuxième (le Lai d’Equitain) est comme une mauvaise blague, très cruelle. Aussi rebattue que puisse paraître l’histoire d’une princesse enfermée dans un donjon par un mari jaloux, le Lai d’Yonec qui la raconte m’a plu pour la beauté des images. D’autres histoires sont plus complexes, mais surtout à cause de nombreux antécédents, de nombreux personnages… j’ai quand même souvent besoin de souffler tant ces histoires me paraissent lointaines. Il n’en reste pas moins que l’ouvrage est précieux, rien que pour la restitution d’un rythme.

Le murmure des vagues de Eduard von Keyserling
J’aime me laisser porter par son style : ne pas être trop conscient de la technique, de la raison d’être de tous les petits détails que Keyserling a inséré dans ses récits. Où les paroles prononcées par ces personnages deviennent exactement comme du bruit. Le bruit de l’eau. Le murmure des vagues dont on parle tout le temps. Sous la plume de Keyserling, ces personnages deviennent des tâches de couleur aperçues à l’horizon, mêlées aux autres détails, scintillements, poissons, roches, débris, murs enduits à la chaux. S'il y a quand même une histoire, qui se met en place l'air de rien au cours d'un dialogue entre oisifs, l'auteur et donc le lecteur ne semble pas lui accorder plus d'importance que cela, mais ce dernier s'est fait avoir. Keyserling est malin, sous son regard ironique et attendri se déploie un abyme d’anxiétés humaines et de pulsions contradictoires. Toute cette adversité sur le genre de vie à adopter ― en gros, les préjugés du monde contre un idéalisme esbroufeur ― se trame sur fond de jalousies qui entourent la jeune Doralice.

Tandis que l’image des uns ― des pêcheurs au loin, un couple ou Doralice se promenant à l’autre bout de la plage ― s’est mille fois imprimée dans la rétine des autres, Doralice, elle, tergiverse, rejoindre l’un ou l’autre, ou rester seule. L’abondance des éléments, le côté excessif de ces personnages capables d’envisager le suicide par romantisme… Le murmure des vagues devient un bain de nervosité où l'on est noyé. Mais il y a des changements d'air très perceptibles, des intervalles de silence, des pauses, où l’on dirait que tout s’est tu. Ces intervalles sont magiques, et par bonheur il y en a dans toute l’œuvre de Keyserling. Ces personnages, aussi étriqués soient-ils (d’ailleurs ils ne le sont pas tous), deviennent émouvants.

"Les nuits de Doralice étaient agitées. Longtemps elle restait éveillée, prêtant l’oreille à tous les bruits qui parcouraient la maison. Quand elle entendait une porte grincer et des pas résonner sur le sol, elle savait que Hans partait pour la mer. Il le faisait de plus en plus souvent, prétextant devoir l’étudier, même la nuit, mais Doralice savait bien que lui aussi dormait mal, qu’il souffrait aussi, et cette découverte l’agitait et la remplissait d’une joie fébrile."

Le pont flottant des songes de Tanizaki

Bien qu’ayant lu Années d’enfance, — ce qui me fait penser que Tanizaki n’y parle qu’assez peu de ses parents ― je me suis fait avoir, croyant que Le pont flottant des songes était une autobiographie... la narration est hésitante, évoquant la confusion des premiers souvenirs, et les doutes qui sont survenus plus tard. Tadasu s’interroge, voire analyse ses souvenirs. Et pourtant il ne défait jamais tout à fait le voile d’une illusion, et même d’une manipulation pour être tout à fait exact, d’autant plus perverse qu’elle est empreinte de la tendresse parentale ainsi que d’une douceur tactile. L’enquête de Tadasu ne poursuit aucun but, il prévient dès le début qu’il ne sait pas ce qui le pousse à écrire, et que tout sera probablement brûlé. Se fait-il complice de l’illusion ? On est troublés par ce narrateur presque complaisant, tandis que l’on traverse des ponts (comme l’indique le titre) des chemins tout simple par lesquels Tanizaki, connaisseur averti du japon ancestral, nous guide dans ce dernier…

La Modification de Michel Butor

Un vent de liberté, soufflant sur les pages de La Modification ? Hm. Pas si évident que ça. C’est tout le long un voyage en train, et pour être plus précis, la trajectoire d’un ego. Un ego que Butor propose au lecteur d’enfiler comme un vêtement, puisque l’auteur ne cessera pas de l’appeler « vous »… concernant l’ego, disons « le sujet », c’est cet éternel ballottage entre une femme et une autre, ces histoires de jalousies, de mensonges, de promesses faites un peu trop à la légère… prévenons-le tout de suite « vous » aurez beaucoup d’indulgence envers « vous » et c’est en cela que ce voyage, pour « vous » grand espoir de liberté, ne se révélera n’être qu’une vaste illusion. C’est vraiment ce qui m’a moins intéressé dans ce bouquin qui pourtant, malgré cela, m’a beaucoup plu. Oui, pour la « trajectoire ». C’est-à-dire, non pas le trajet entre Paris et Rome, mais la trajectoire de la pensée, rapide, tandis que celui qui produit cette pensée se débat laborieusement avec son corps et les objets, ou tandis qu’il se morfond.

Voyageant de souvenirs en souvenirs ou les incursions d’épisodes hors du temps de la narration : c’est là, j’admets, que le style de Butor manifeste ce qu’il a de plus faible, les conversations sont creuses, vains les apitoiements ; on passe… étrange que ce sommet du « Nouveau Roman » donne l’arrière-goût d’un Svevo naïf, celui de "Senilità" (perdonami ! Ettore !). Bon, sinon, mon admiration était inconditionnelle : des éclats de pure beauté dans ces projections, Butor ne se contente pas de guider son lecteur à Paris ou Italie, il nous perd un peu partout, il accumule énormément de choses entre ses virgules : lumières, éclaboussures, visages, ruelles, animaux et feuillages… le voilà ce vent de liberté, même s’il est seulement dans « votre » imagination…

La Plaisanterie de Milan Kundera
Comme Giono, mais avec beaucoup plus de transparence, Kundera fait se succéder les narrateurs au cours de son roman, La Plaisanterie. L’en-tête des chapitres précise tout cela, mais de toute façon Kundera met bien en relief la personnalité, les préoccupations de chacun pour montrer différentes façons de s’aveugler. Les personnages de La Plaisanterie sont obsédés par plusieurs choses, ou plutôt pas les choses (ou les personnes) en elles-mêmes, mais l’idée ou l’image qu’ils s’en font. On touche à une problématique exactement similaire à celle d’Elena Balzamo dans Triangle Isocèle : en gros le syndrome de la « carte postale », qu’elle a tiré du décalage qu’elle ressentait lorsqu’elle comparait la Suède réelle, et la Suède qu’elle imaginait découvrir lors de son premier séjour dans le pays : la Suède de Strindberg, ou la Suède de Nils Holgersson. Kundera et Balzamo parlent de gens qui ont cru vivre le rêve communiste, et qu’une réalité hyper oppressive n’a pas — ou pas avant longtemps — dessiller les yeux.

C’est pour cela que, pointant d’abord les ressorts de cette oppression, Kundera change sensiblement d’approche au cours de son roman et La Plaisanterie se concentre, selon l’obsession de Ludvik (c’est de loin celui qui s’exprime le plus je crois), sur quelques figures féminines. Lucie est touchante, centrale, mais Lucie n’est pas un personnage, c’est une image — rien que cela produit un drame. Le temps s’accélère sur des jalousies d’adolescents, des mesquineries et sur des élucubrations de vengeance c’est en quelques sortes « l’abyme dans lequel s’est engouffré notre jeunesse ». Tout s’engouffre dans une sorte de légèreté coupable et un peu caricaturale. En soit ça n’est tellement problématique mais Kundera en rajoute un peu des tonnes avec ces aventures sans consistances. Je suis peut-être un peu injuste car j’étais un peu agacé à force, il faut reconnaître qu’il y a souvent une justesse psychologique très simplement exprimée chez Kundera. Le moment le plus fort dans La Plaisanterie, reste celui où Ludvik est contraint de travailler pour « se corriger ».

Un roi sans divertissement de Jean Giono
Il y a un souffle qui nous plonge dans la torpeur : celle qui s’installe ce village isolé du Trièves, celle qui s’installe dans la tête du lecteur frustré de ne pas comprendre. On a résumé l’histoire un peu partout — difficile de se garder de connaître la fin avant d’y arriver, ce qu’on peut déplorer — mais pour le reste, souvent, on ne sait plus qui parle dans cette succession de narrateurs. On avance tout en essayant de reconstituer les ramifications dans ce ces différents personnages murmurent. On avance tout en craignant de se laisser distancer par les événements pourtant fort peu nombreux. On guette l’un de ces moments de pure beauté qu’il y a dans le roman ; fautif, on guette l’espoir de comprendre et l’on se heurte à des tournures stylistiques imprévues, par exemple cette oralité qui, moi, je l’avoue, m’a fait souffler d’ennui. Oui c’est âpre, non, ça n’est pas flatteur pour le lecteur qui est obligé de reconnaître que le souffle est pourtant magistral.

Histoires vraies et d'autres textes de Lucien de Samosate
On possède plus de quatre-vingt textes de Lucien (récits en prose, dialogues, traités…) polygraphe du deuxième siècle de notre ère, fou des classiques de son époque (Homère et Aristophane restent les patrons), aimant à en parler avec admiration ou dérision, ou les deux à la fois, surtout, les deux à la fois. Vu ma culture très insuffisante en littérature antique, je me suis dit que Lucien pourrait être une sorte d’éclaireur. Un drôle d’éclaireur, certes, puisque sa passion se colore toujours de légèreté et d’irrévérence. On retrouve cette attitude dans sa manière de raconter les histoires de son crû, ou celles qu’il a reprises (comme l’histoire de l’homme qui se transforme en âne, dans Loukios l’âne). On se rend compte que sa patte est difficile à saisir en traduction (parfois j’ai eu l’impression de lire des textes du dix-neuf ou vingtième siècle…) on sent toutefois l’orateur — qu’il a réellement été, c’était son boulot — se muer constamment en conteur et inversement : Lucien met fréquemment sa narration en scène, ses inventions délirantes (qui ont beaucoup plus à Swift…) soutiennent une démonstration esthétiques : on y repère quelques moments de bravoure ou de drôleries par rapport à un ensemble relativement ennuyeux.

Le fils de la servante d'August Strindberg
Dans son terrible roman Inferno, Strindberg dit (citation approximative, je n’ai plus le texte sous la main) : « Si tu ne crois pas, lecteur, à tout ce que je dis, si tu pense que j’invente, lis Le fils de la servante et Le plaidoyer d’un fou. » Le fils de la servante et Le plaidoyer d’un fou sont deux romans autobiographiques. Des thématiques comme celles des classes sociales, du piétisme, du mysticisme, la chimie, la botanique, ou la mer, tournent toujours, chez l’écrivain suédois, de façon obsessionnelle. Tout cela, c’est lui, c’est Strindberg ; cet étrange génie, glaçant, mais curieusement attachant. Strindberg ne cherche jamais à séduire : il s’impose, lui et ses fantasmes. En termes d'expositions de ses démons intérieurs Inferno constituait une sorte de paroxysme ― et à vrai dire, c’était trop. Parce que dans ce fragment qui n’est au fond pas tout à fait autonome, Strindberg, misant tout sur la démonstration de son tourment, ne manifestait plus que discrètement la froide lucidité d’une analyse détachée de soi, lucidité analytique qui en revanche fait toute la valeur du magnifique Au bord de la vaste mer ou de son roman Le fils de la servante. Pour ce dernier il faut noter que le personnage principale n’est pas August Strindberg, mais un dénommé Jean à la troisième personne du singulier.

Mais il devient déjà (!) difficile pour moi de juger les livres de Strindberg indépendamment d'un tout cohérent.

Le fils de la servante diffère complètement d’Inferno dans la forme. Dans Le fils de la servante, il n’y a pas précisément un étalage de sa vie entière. S’il on voit, comme dans un « Bildungsroman », l’évolution d’un personnage, Strindberg ne s’impose pas une progression rigoureusement chronologique. Il laisse probablement des blancs, mais raconte tout ce qui fait le plus mal, ou parfois tout ce qu’il fait le plus de bien. C’est à partir de ces quelques épisodes-clés que se manifeste toute sa lucidité (ou sa sincérité, si l’on préfère) et la finesse de son analyse. C’est au travers de toutes ces obsessions (dont j’ai parlé plus haut) qu’il parle de ce qu’il a mis dans une sorte de prison mentale ― principalement par l’intermédiaire du père ― et qui a continué de le poursuivre ; mais aux travers desquels il a aussi fini par se libérer un peu : ces thématiques sont son tourment, sa respiration, son regard d’acier bleu et dur.

"C’était le paysage qui lui convenait, le vrai milieu de sa nature : des îlots stériles, rocailleux, de terre grisâtre, avec des forêts de pins, jetés sur de grands fjords agités, avec la mer infinie à l’arrière-plan, à une distance suffisante"

Choses dont je me souviens de Sôseki
Sôseki détourne souvent notre attention de l’intrigue qu’il a constituée. Ses romans s’épanouissent dans une forme de poésie qui accumule les notations de détails qui font tout, qui marquent. On se souvient autant de ces objets ou de ces éléments — étroitement liés à des impressions fugitives ou à un climat psychologique — que de la résolution d’une intrigue. Aussi lorsque le romancier écrit des textes où l’intrigue est quasiment inexistante, comme dans Oreiller d’herbes ; ou quand il n’y en a pas du tout — puisque ici il s’agit seulement de recueillir des souvenirs personnels — l’effet est aussi fragile que délicat. On prend notes des quelques poèmes, des quelques haïkus insérés dans ces impressions, on se souvient peut-être de la manière dont il parle du haut mal de Dostoïevski, on se souvient d’un homme qui se réjouit des petites choses de la vie alors qu’il est sur le point de mourir.

"Je tente de me souvenir
Depuis que le grillon a commencé de chanter
Combien de soirs déjà"

Histoire du roi de Bohème et de ses sept châteaux de Charles Nodier
Vous pensez qu'il n'existe plus rien de nouveau en littérature ? Lisez donc Histoire du roi de bohème et de ses sept châteaux ― Oui, bon, d'accord, c'est un roman écrit en 1830 ― ; son auteur, Charles Nodier, a probablement lu tous les livres qu'il aurait voulu écrire, il n'est réellement d'aucune école, si ce n'est celle des plagiaires. Sauf que le plagiat, avec Nodier, c'est ni plus ni moins toute la littérature, depuis la nuit des temps. Il ressort de tout cela un très étrange roman fait d'une fantaisie du narrateur qui consiste à se diviser en trois personnages distincts (Mémoire, Jugement et Imagination) ; un livre fait de contes impromptus, de digressions et de listes, de bizarreries typographiques. Nodier interpelle son lecteur, plus encore il déclame, il chante.

Cette "histoire du roi de bohème..." est en constante mutation car on affaire à une comédie qui joue sur une variété de formes et de tons. Il y a chez Nodier une tendance à vouloir tout englober, dévorer le monde pour le recréer. Une tendance, ou une sympathique folie, un peu similaire à celle de l'auteur de L'An 2440. Du reste, Nodier, Mercier, c'est le jour et la nuit : ce dernier reste un rêveur optimiste, l'autre demeure un éternel ironiste, un pessimiste amusé. Nodier ne prend personne au sérieux, encore moins lui-même, tandis qu'avec Mercier on pouvait avoir des doutes. Suivant cette logique de l'irrégularité formelle, mon enthousiasme a connu des hauts et des bas. Mais je dois dire qu'il y a plusieurs morceaux d'anthologie... comme celui des perruques vides...

"moi, plagiaire des plagiaires de Sterne ―
Qui fut plagiaire de Swift ―
Qui fut plagiaire de Wilkins ―
Qui fut plagiaire de Cyrano ―
Qui fut plagiaire de Reboul ―
Qui fut plagiaire de Guillaume des Autels ―
Qui fut plagiaire de Rabelais ―
Qui fut plagiaire de Morus ―
Qui fut plagiaire d'Erasme ―
Qui fut plagiaire de Lucien ― ou de Lucius de Patras ― ou d'Apulée ― car on ne sait lequel des trois a été volé par les deux autres, et je ne me suis jamais soucié de le savoir..."

L'An 2440 de Louis-Sébastien Mercier
Eh bien oui, c'est un livre très surprenant. Non pas qu'il s'agisse à proprement parler de science-fiction (il y est question de science, parmi mille autres sujets) mais on ne peut mieux qualifier Louis-Sébastien Mercier que de rêveur. La politique est un sujet central dans cette utopie, d'ailleurs, le "traité" a tendance à envahir l'espace de la fiction au début, ce qui rend aride les premiers chapitres, les premiers "tableaux" de L'An 2440. Il n'y a pas d'autres intrigue que celle d'un personnages venu du XVIIIe siècle marchant dans le Paris du XXVe siècle et discutant, avec un homme de ce dernier siècle de leurs époques respectives. Et puis non, finalement Mercier ne parle pas tant que ça du XXVe siècle (pas plus que Montesquieu parle des persans) il parle plutôt en creux, mais de façon constante, du XVIIIe siècle.

"J'ai lu dans une pièce de vers ceux-ci :
« Ces rois enorgueillis de leur grandeur suprême
Ce sont des mendiants que couvre un diadème »
En effet, ils demandant sans cesse et c'est le peuple qui paie la robe de l'auguste mariée, le festin, le feu d'artifice, la broderie du lit nuptial ; et dès que le poupon royal sera né, chacun de ses cris se métamorphosera en nouveaux édits.

Toi qui traverses les campagnes en songeant peut-être au vaisseau qui porte tes trésors et sillonne les mers, arrête, imprudent ! Tu foules aux pieds une herbe obscure et salutaire qui ferait germer dans ton cœur la joie et la santé. C'est un plus riche trésor que tous ceux dont ton navire peut être chargé."

Les tableaux de L'An 2440 décrivent toutes les institutions, les mentalités, tous les rouages de cette société qui n'a rien d'idéal* à mes yeux mais qui est cohérente ― à vrai dire inhumainement cohérente ― ; les notes de bas de pages de Mercier (celles qui sont indiquées par une lettre de l'alphabet chez La Découverte) répondent à cet exposé qui serait souvent ennuyeux sans cela (Mercier est parfois très drôle) : c'est l'énergie-même du texte qui est celle d'une conversation, non pas entre deux personnages mais entre l'auteur et son livre, en quelques sortes. Il y a chez Mercier une folie qui se joint bien à sa foi exubérante en l'homme : celle d'embrasser tous les sujets possibles pour recréer le monde (sciences, donc, mode, littérature et instruction, santé, criminalité, religion le tout avec cette teinture d'encyclopédiste à la Robert Burton). Il y a aussi dans cette belle langue de Mercier, avec son cachet dix-huitième, un lyrisme qui, déjà, fleure bon le dix-neuvième et le romantisme.

*: La monarchie existe toujours, les hommes sont devenus vertueux (et donc chrétiens) en règle général, ceux qui se rendent coupable d'actes ou d'idées mauvaises subissent l'exclusion et l'opprobre.
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Message par animal Mer 15 Avr 2020 - 14:19

J'en avais un peu ch... avec L'An 2440 !

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Message par Armor Mer 15 Avr 2020 - 14:49

Tu m'as donné une fois de plus envie de découvrir Sosêki et de lire à nouveau Tanzaki.
Par contre, quand tu auras retrouvé une connection, ça serait super si tu pouvais poster ces commentaires étayés sur les fils des auteurs. Wink

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Message par Bédoulène Mer 15 Avr 2020 - 18:36

merci Dreep !

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Message par Dreep Jeu 16 Avr 2020 - 10:00

animal a écrit:J'en avais un peu ch... avec L'An 2440 !

J'avoue que ça devient plus facile quand on a compris que l'auteur est un fou What a Face tu lisais les notes ? c'est vraiment le plus intéressant...

Armor a écrit:Tu m'as donné une fois de plus envie de découvrir Sosêki et de lire à nouveau Tanzaki.
Par contre, quand tu auras retrouvé une connection, ça serait super si tu pouvais poster ces commentaires étayés sur les fils des auteurs. Wink

Bien sûr, ça se fera en temps voulu, je m'excuse de vous avoir un peu bombardé de commentaires !
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