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Roger Vailland

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Message par Nadine Sam 3 Déc - 11:02

Roger Vailland
1907-1965

Roger Vailland Vailla10
Photo prise sur ce site : CLIC


Roger Vailland, né à Acy-en-Multien (Oise) le 16 octobre 1907 et mort le 12 mai 1965 à Meillonnas (Ain) (où il est enterré)2, est un écrivain, essayiste, grand reporter et scénariste français. Son œuvre comprend neuf romans, des essais, des pièces de théâtre, des scénarios pour le cinéma, des journaux de voyages, un journal intime et de nombreux articles de journaux rédigés tout au long de sa vie. Embauché en 1928 comme journaliste à Paris-Midi, il est, cette même année, cofondateur éphémère de la revue expérimentale Le Grand Jeu. Dandy et libertin, il continue son métier de journaliste jusqu'à la guerre et fréquente les milieux littéraires. Replié à Lyon après la défaite de 1940, il s'engage en 1942, après une cure de désintoxication, dans la Résistance aux côtés des gaullistes puis des communistes et écrit ses premiers textes comme Drôle de jeu (Prix Interallié, 1945) où s'associent désinvolture et Résistance.

Après la guerre, il s'installe dans l'Ain à Meillonnas et est inscrit quelques années au Parti communiste. Il écrit alors une série de romans engagés : Les Mauvais Coups (1948) - l’histoire d’un couple qui se défait -, Bon pied bon œil (1950) - la découverte du militantisme -, Beau Masque (1954) - le thème de la fraternité syndicale et de la lutte contre l’aliénation-, 325 000 francs (1955) - l'exploitation ouvrière - ou La Loi, (Prix Goncourt 1957) - jeux de pouvoir et de vérité dans la région des Pouilles en Italie du sud -. Il travaille également comme scénariste auprès de Roger Vadim ou de René Clément. (Merci Wikipedia)

Bibliographie

Romans
1945 : Drôle de jeu
1948 : Les mauvais coups : Page 1
1950 : Bon pied, bon œil : Page 1
1951 : Un jeune homme seul
1954 : Beau masque : Page 2
1955 : 325 000 francs : Page 1
1957 : La Loi (prix Goncourt)
1960 : La fête
1964 : La truite

Théâtre
1947 : Héloïse et Abélard
1948 : Appel à Jenny Merveille (pièce radiophonique)
1952 : Le Colonel Foster plaidera coupable
1954 : Batailles pour l'humanité
1959 : Monsieur Jean
1970 : Revue Entretiens, extraits de La bataille de Denain, (pièce inachevée)

Essais
1946 : Quelques réflexions sur la singularité d'être français
1946 : Esquisse pour un portrait du vrai libertin
1948 : Le surréalisme contre la révolution
1953 : Expérience du drame
1953 : Laclos par lui-même
1956 : Éloge du cardinal de Bernis
1962 : Les pages immortelles de Suétone
1945 – 1962 : Le regard froid : réflexions, esquisses, libelles

Récits
1937 : Un homme du peuple sous la Révolution (coécrit avec Raymond Manevy)
1940 : Suède 1940

Comme correspondant de guerre (1944 – 1945)
1945 : La dernière bataille de l'armée De Lattre
1945 : La bataille d'Alsace
1945 : Léopold III devant la conscience belge

Récits de voyage
1951 : Boroboudour, voyage à Bali, Java  et autres îles
1952 : Choses vues en Égypte
1964 : La Réunion
(Publiés ensemble en 1981 sous le titre L'ensemble des trois voyages)

Œuvres posthumes
Écrits intimes
Lettres à sa famille
Le Saint empire
La Visirova (paru en feuilleton en 1933)
L'épopée du Martin – Siemens
Cortés, le conquérant de l'Eldorado
N'aimer que ce qui n'a pas de prix
Les hommes nus (nouvelle écrite en 1924– 25)

Les écrits journalistiques
Chronique des années folles à la libération : 1928 – 1945
Chronique d'Hiroshima à Goldfinger : 1945 – 1965

Cahiers Roger Vailland
Marat – Marat ; Le conservateur des hypothèques ; Comment travaille Pierre Soulages ?
L'émigrant ;  Éloge de la politique ; Le cinéma et l'envers du cinéma dans les années 1930
Quelques réflexions sur la singularité d'être français ; Aphorismes ; De l'amateur ; Avant les 24 heures du Mans

màj le 2/11/2017
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Message par Nadine Mar 3 Jan - 21:17

Roger Vailland Images98

je viens de commencer Bon pied bon oeil aujourd'hui. Et pour l'instant j'aime beaucoup.

Déjà j'ai apprécié qu'un prologue de l'auteur nous brosse le chemin de vie de ses protagonistes , puisqu'un precedent livre les met en scène, apparemment. c'est intéressant qu'il assume cette vie fictive dont il faudrait rendre compte.
Ensuite j'en aime les postures : deux amis de la resistance se retrouvent.
Le passé tisse leur lien, au delà de leur evolution respective.
Franc parlé
L'un accompagne l'autre dans sa tournée de distribution de presse communiste :

-Crois-tu que vous pourrez jamais compter sur des gens de cette sorte ?
-Ils lisent les journaux, c'est déjà un premier pas. Ils finiront par comprendre.
-ça ne leur donnera pas du caractère.
-Question de circonstances. Il y a des pantouflards qui se sont fait fusiller héroïquement.
-Un taureau trouillard n'acquiet jamais de couilles. J'ai appris ça à faire de l'élevage. Je m'en doutais déjà.
- Les hommes ne sont pas des taureaux. Tu ne parviens pas à surmonter en toi l'aventure. Tu as une conception fasciste du monde.
-Je t'emmerde, dit Lamballe.
-Ta gueule, dit Rodrigue.

Peut-être que le propos ne sera pas supra fin, mais il y a un effet de fluidité et de réalisme moderne. je lis ça le midi pour l'instant, durant ma pause déjeuner, et je suis embarquée directement vers l'ailleurs.
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Message par Bédoulène Mer 4 Jan - 11:25

c'est un auteur que je lirai, merci Nadine pour ton ressenti

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Message par Nadine Mer 4 Jan - 20:33

Je continue. c'est très fluide.
Ya pas tellement de presence de la souffrance sur la guerre, on dirait deux grands enfants qui parlent des femmes de maniere crapuleuse, car à present il est question d'une tuile, un mariage obligé avec une seductrice pas commode qui infléchit les objectifs de ce celibataire.Je ne sais dans quelle mesure l'intrigue va perdurer au coeur de l'après guerre. mais c'est bien mené. ça me rappelle des lectures d'adolescence puisées dans la bibliothèque paternelle, quand l'écriture masculine ne se formalisait pas d'être un peu vacharde envers les femmes. ça sent le poil, quoi. Je souris souvent, c'est vachard mais bien mené. A suivre donc.
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Message par Nadine Dim 5 Fév - 13:33

Je viens de finir Bon pied bon oeil.
suite du commentaire précédent, donc.

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J'aurai vraiment disséminé mon commentaire, désolée.
Très intéressant, pour le ton. j'ai eue le sentiment de lire quelque chose de vraiment moderne, et à la fois pourtant , de manière très impalpable se mesure le décalage évidemment creusé d'avec alors sur le plan des mentalités et des postures intellectuelles et politiques.

Ce ton, familier, donc,  est à relier au ton que la jeunesse des années 90 (la mienne, donc) pouvait manier, en etant étudiante : sûreté de soi dans le regard historique, le sentiment sans faille d'être lucide par le biais le plus sûr, le désenchantement des codes homme/femme payé de camaraderie. Il me semble ne pas me tromper en avançant que nous en sommes revenus.

La "thèse " de l'auteur m'est complexe à cerner, sur le plan de l'histoire pure.
ça casse pas mal une figure de femme qui au commencement parait fade, puis gagne en force, pour finir par être critiquée, évidée je dirais, même, de la substance que le recit semblait lui prêter. Moi je commencais à bien l'aimer cet amour, et voilà qu'on le galvaude sans pitié Very Happy Cruel .

J'ai lu qu'il voulait avant tout , avec ce livre, inaugurer un tournant réel dans son écriture, et faire un livre communiste dans le sens fort du terme.
C'est à aller voir, ne serait-ce que pour ce ton, sec et pertinent, familier et dépassé, libre. Et immature, immature comme on peut l'être lorsqu'on est entier, paradoxalement.

J'ai le sentiment d'avoir visité l'enfance de ma maturité.
Je vais tâcher de lire d'autres trucs de ce Roger Vailland.
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Message par Quasimodo Mar 7 Fév - 19:02

Bon pied bon œil, il me reste encore à le lire ... Mais ce que tu en dis, ça correspond tout à fait à ce que j'ai ressenti à la lecture de Roger Vailland. C'est toujours un plaisir singulier de lire cet auteur rafraîchissant, acéré, pessimiste mais plein d'appétit et de vitalité ... et pas tout à fait dénué de tendresse, étonnamment.
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Message par Nadine Mar 7 Fév - 21:46

N'hesite pas à brosser quelques traits de ceux que tu as lu, j'aimerais affiner, et autant que ce soit toi qui me donne quelques repères plutôt que google.. Smile Ce sera plus enrichissant !
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Message par Quasimodo Mar 7 Fév - 22:05

Le dernier que j'ai lu, c'est La Loi, il y a un an. Pour celui-là, je vais réfléchir à ce que je peux en dire. Mais ceux que j'ai préférés, Drôle de jeu et 325 mille francs, c'est trop loin ...
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Message par Nadine Mer 8 Fév - 16:50

Des titres, c'est déjà parfait : merci Quasimodo .
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Message par Nadine Mar 14 Mar - 20:46

Roger Vailland 0410

Roger Vailland Unknow11

325000 francs

Un court roman de Vailland :

325 000 francs, c'est la somme que doit se procurer Bernard Busard . Busard est un coureur cycliste, un bon. mais aussi un homme amoureux. Il courtise apparemment en vain une femme amère.

Il va s'atteler, avec un jeune paysan, à l'une des presses à injecter de l'usine d'une petite ville jurassienne pour fabriquer sans discontinuer, pendant six mois, des objets en plastique.
Parce qu'il a trouvé une solution pour que cette femme lui sourit enfin pleinement.

C'est un livre assez dur,
on y parle vélo, chiffres, beaucoup.
Un monde ouvrier s'y déploie, avec , je trouve, véracité. Des années 50/60.

Le ton de Vailland, qui m'avait accrochée, se retrouve intact ici :
un style direct, factuel.
(j'ai pensé à Céline Minard, pour son Grand Jeu, à cause de l'excellent talent à décrire le technique de celui-ci. On baille mais on est captivé tout à la fois.)

Amateurs d'évasion : passez.
Ici tout est foi, mais rênes. Talent, mais destin ?

J'ai beaucoup aimé, malgré que je ne goûte en soi guère le cyclisme et les productions industrielles.

Je pense que ce qui m'a plu tient à la maitrise du récit que Vailland démontre. On s'attend bien à un certain nombre de choses, pas de chute à proprement parler, mais sous ses airs factuels, ce roman naturaliste a des stries aux couleurs du Fatum.

Très différent de Bon pied Bon oeil. Mais il claque bien fort. Dans son genre.
Un court roman aux semences de fresque.


mots-clés : #social
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Message par Quasimodo Mar 14 Mar - 22:12

Merci pour ton commentaire très juste. Ca me donne envie de le rouvrir et d'en lire des passages ...
J'y retrouve tout ce que j'ai aimé dans ce livre. Et pourtant, il ne faudrait pas chercher plus loin que le cyclisme ou l'industrie pour me guérir à tout jamais de mes insomnies !
Mais Roger Vailland écrit avec tant d'appétit et d'une plume si sûre qu'on (que je ?) ne peut que le suivre avec confiance et curiosité. En tout cas les thèmes des romans de Roger Vailland, c'est secondaire pour moi. Les personnages un peu cyniques et machos, je ne les aime pas beaucoup d'ordinaire, mais chez lui le charme opère ! Et surtout, comme il raconte bien Very Happy (c'est peut-être la première raison de mon attachement)
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Message par Bédoulène Mar 14 Mar - 23:44

dans ma PAL donc pour plus tard, merci Nadine !

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Message par Nadine Jeu 27 Avr - 21:48

Je continue mon exploration de l'auteur avec cette fois :
les mauvais coups

Roger Vailland 51-idi10

dont a été tiré un film d'ailleurs, à l'époque. Le livre a été écrit en 1948.

Toujours très intéressant, bien que je n'ai eue aucune empathie pour les personnages.
Toujours cette qualité du style, une efficacité discursive en quelques sortes.


Vailland développe le thème de la déchéance amoureuse, passé à travers le prisme des affranchis  : un couple libre ( sinon officiellement, officieusement) se trouve, s'aime, se lie au sens propre du terme, pour finir 15 ans après par se voir se donner en spectacle, dans un entre deux rural à sa vie citadine, intellectuelle.
L'occasion pour l'auteur de dresser un portrait de la Femme égale de l'homme, virile, passionnée, libérée des peurs du qu'en dira-t'on.Répulsive pour tout cela, au final. Roberte, la compagne de Milan, est en effet tannée par le temps, mais ne craint pas de boire sec dans un bar, seule, ni de parler du fond de ses instincts.
Pour autant, au fil de la tragédie, par touches épithètiques, son portrait entier et intègre se teinte de péjoratives nuances; elle dort, ainsi, la bouche ouverte, menton affaissé, de plus en plus souvent, saoule.
Milan son compagnon mène le discursif, avec un oeil objectif envers talents et déchéances tout à la fois, conscient du passé , du présent , et de l'avenir de son attache à elle.
Son style actif, efficace, viril , aurais-je envie de dire, nous accompagne encore une fois, mais , cette fois, et à croire les biographies que l'on peut lire sur Vailland, cette fois sur des schèmes autrement plus proches de son vécu : alcool étroitement lié au diapason du quotidien, manière de vivre ou subir les passions du jeu, du corps ou de l'âme sous le sceau de l'auto-analyse, prima du désenchantement dans l'action, pour mieux peindre le bagne du couple.

ça finit mal, ou bien, comme dans une tragédie le drame sonne le renouveau, le never more autant que la liberté.

J'ai pas aimé ce livre, mais il m'a beaucoup intéressée :
j'aime pas les archétypes des protagonistes, l'esprit "moderniste", sans doute très séduisant, à l'époque et mêm encore après,
relatif au cynisme des attaches affectives :
jeune fille j'ai lu beaucoup d'auteurs qui m'ont "prévenue" à ce propos. malheureusement, aurais-je envie de dire.

Pour autant : me prend l'envie de n'avoir jamais vécu une certaine forme de détachement
face aux unions premières,
que la littérature m'offrait sur un plateau, à méditer.
Ce livre aurait fait un carnage en moi si je l'avais lu à 15 ans. Il y a eu ses pendants. Aujourd'hui je peux distancier et goûter la cohérence du personnage de Milan. Plus jeune j'aurais souffert sans relever la mise en scène, par touches , du mépris. Et n'aurais pas compris en somme.
Aussi cette lecture m'a énervée, quasiment, je n'aime pas ces trois protagonistes, lui trop cynique, elle trop agressive, l'autre, enfin, le faire valoir et détonateur, ou disons axe dramatique, institutrice au départ peinte comme sans tâche dans un monde conventionnel, virant peu à peu vers la fronde discrète, puis sotte.
Seul Milan semblerait avoir une dignité véritable, point trop galvaudée, de bonne guerre si l'on croise des commentaires sur la bio de l'auteur Vailland : il aurait exorcisé son premier mariage dans cet opus, et n'aura plus jamais qu'exprimé effroi envers le phénomène de la passion qui pousse à considérer autrui comme sa propriété, au prix de tout.
Et en effet, Vailland est un styliste hors pair, donc nous transmet parfaitement cette bassesse des passions qui un temps sont incandescentes pour cent ans être de monstrueuses mises en scènes d'une perdition conjointe et violente.
Vaillnd orchestre magnifiqueent tout cela, etavec une intégrité de voix qui ne s'invente guère.
Mes réticences sont politiques, et d'une revenue, en quelques sortes, de ces frondes revenchardes et libertaires. Aussi, si je n'ai pas aimé, je continuerai à lire cet auteur, qui, en trois livres lus me démontre qu'il maitrise totalement et l'art du récit, et le protéiforme du réel, avec, toujours, cette musique particulièe, ce ton très présent, au présent je veux dire, ce ton de retranscription, qui n'ajoute jamais d'implicite, et qui explicite sobrement, toujours, jusqu'au pire des jugements.


je vais vous chercher un extrait intéressant.


Dernière édition par Nadine le Jeu 27 Avr - 22:21, édité 1 fois
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Message par Nadine Jeu 27 Avr - 22:18

René Ballet, sur Vailland : a écrit:"Comme le Marat  de Drôles de jeu, le Milan des Mauvais coups est typiquement un homme d'avant-guerre, marqué par le surréalisme, l'amour passion, l'alcool.(...) les mauvais coups est un roman de rupture, Vailland libère Milan,l'homme d'avant-guerre. Il liquide Roberte la femme d'avant-guerre. Vailland rompt avec sa jeunesse".

Un extrait: (c'est compliqué, il n'est pas marquant. Tant pis)
le couple rencontre sa voisne la plus proche de leur villégiature, ils sont en bon terme, ils s'aiment bien. Radiguette les connait depuis quelques années.

Les mauvais coups a écrit:
-Bonjour Radiguette !
-bonjour , Madame Radiguette, dit Milan;
-Alors ? demanda Radiguette.
-Un geai et une givre ! répondit Milan. Nous pourrons bientôt ouvrir un musée des oiseau de la région.
-Vous faites de drôles de chasseurs, dit Radiguette.
Elle réfléchit un instant.
-Bien sûr , vous vous amusez...
-Radiguette ! crie Roberte, ne dis pas cela. Il me le reproche déjà assez!
-Nos hommes , continua Radiguette, ne savent pas s'amuser.
-Ils ne savent pas encore, dit Milan.
-Eux aussi, ils pourraient s'amuser. Depuis la guerre nous avons gagné un peu d'argent. ça ne durera pas, c 'est déjà fini, les ravitailleurs ne viennnet plus. Tout de même, maintenant, nous avons un peu d'argent. Nous avons peut-être même plus d'argent que vous ?
Elle regarda attentivement Milan.
-C'est probable, dit-il. Nous, nous dépensons tout ce que nous gagnons à mesure.
-Je m'en doutais.
-ça se voit.
-Nous, reprit-elle, si notre cheval crève, il faut pouvoir le remplacer. Enfin, même s'il nous faut racheter un cheval, il nous restera un peu d'argent. Mais même maintenant, Radiguet ne sait pas prendre de plaisir...
-Le plaisir, dit Milan, c'est comme un métier. Cela s'apprend, mais peut-être faut-il  commencer très jeune.

L'extrait est pas très vendeur. Excusez moi, c'est difficile à dire, mais rien n'est notable mais le tout est très bien ciselé. Je crois que cela tient à l'économie de toute psychologie au profit des paroles transcrites, et des descriptions des gestes, dans l'ensemble du roman.
J'ai cependant préféré le tableau des deux précédents romans, plus retranscrits, moins proches du vécu direct de l'auteur. Je trouve qu'ici, à part le dernier chapitre, qui est beau parce qu'il sonne fort, on se trouve mal à l'aise au milieu de ce couple qui exhibe ses echecs. c'est pourtant précisément l'objectif , je pense. Et une curieuse critique de l'auteur par lui-même.
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Message par Tristram Jeu 27 Avr - 23:58

Nadine a écrit:ça sent le poil, quoi
C'est un mot à toi, ou une expression régionale ??
René Ballet a écrit:un homme d'avant-guerre, marqué par le surréalisme, l'amour passion, l'alcool.
Vous auriez quand même pu me dire que la guerre était finie !

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Message par Bédoulène Ven 28 Avr - 14:18

j'y viendrais à cet auteur Nadine ! merci pour ton commentaire argumenté malgré (ou parce que) le fait que tu n'aies pas aimé ce livre

mais peux-tu m'expliquer "jeune fille j'ai lu beaucoup d'auteurs qui m'ont "prévenue" à ce propos. malheureusement, aurais-je envie de dire."

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Message par Quasimodo Ven 28 Avr - 14:20

Wahou, je suis encore une fois bluffé par tes commentaires sur Roger Vailland !
J'ai découvert Roger Vailland avec Les mauvais coups, alors j'y suis plutôt attaché. Mais je suis tout à fait d'accord avec ce que tu en dis.
Tu m'as fait réfléchir à une chose : peut-être qu'en général je n'aime pas ses romans (en exceptant Drôle de jeu). C'est autre chose. Un mélange d'attirance, de fascination et de répulsion.
Je regarde du côté de Bon pied, bon œil ... ton commentaire me le remonte tout en haut de la PAL.
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Message par Nadine Ven 28 Avr - 17:24

Tant mieux Quasimodo, et c'est vrai il y a quelque chose comme des parti pris qui sonnent trop, mais déroulés avec un ton très attirant.
Je vais essayer Drôle de jeu dés que possible.

Tristram a écrit:
Nadine a écrit:ça sent le poil, quoi
C'est un mot à toi, ou une expression régionale ??
Euh..un mot à moi. cat  C'est bien non ?  rendeer

Bédoulène a écrit:
mais peux-tu m'expliquer "jeune fille j'ai lu beaucoup d'auteurs qui m'ont "prévenue" à ce propos. malheureusement, aurais-je envie de dire."
Oui, disons que j'ai lu beaucoup d'auteurs du XXeme ayant une posture à la fois libertaire et cynique vis à vis de la notion d'amour. Dans ma génération c'était un peu la "bonne pause", pas trop de romantisme, l'amitié sensuelle avant tout.
J'ai donc été prévenue, avant même d'être majeure. Je trouve ça dommage avec la distance que ma quarantaine amène, parce qu'il me semble que les premieres attaches, vues d'ici , furent les plus belles, parce qu'elles donnaient sans calcul aucun, notamment.
Seulement lorsque mon premier compagnonnage a prit fin, je n'ai pas douté que cela fusse dans l'ordre des choses. L'idée de privilégier la connaissance mutuelle acquise, ou de travailler à surmonter des crises ne me venaient pas à l'esprit. Dans mon milieu social en tous cas.
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Message par Bédoulène Sam 29 Avr - 10:24

merci Nadine je comprends mieux ! et tes expressions "perso" sont sympas ! Smile

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Message par Nadine Sam 29 Avr - 13:19

J ai trouvé ce matin sur le marché aux livre Beau Masque. A suivre.
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