Livres rares, livres secrets

Il y a des écrivains rares. Parce qu'on entend peu parler d'eux, déjà. On ne peut même pas dire qu'ils sont oubliés dans la mesure même où ils n'ont jamais connu de grands succès publics. Parce que leur oeuvre est numériquement peu considérable. Pourtant quand je pense à Charles Simmons ou à William Maxwell, tous deux nord-américains, ils font partie de mes auteurs personnels et secrets et dont j'ai du mal même à parler. Charles Simmons a écrit Les locataires de l'été et Rides. Il a écrit peut-etre d'autres livres, mais ce sont ceux-là que je retiens. William Maxwell a écrit surtout Comme un vol d'hirondelles et Au revoir, à demain. Ce sont des livres profondément humains, poignants, d'une grande honnêteté, d'une grande pudeur et d'une grande profondeur. J'ignore si ce sont des grands livres. Mais ils touchent en moi quelque corde secrète. Ils dévoilent des coins de magie inattendus. On ose à peine en parler parce qu'ils parlent de nous. Ils sont nous. Ils semblent avoir été écrits par nous. Ou pour vous...

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Je n' ai pas ouvert ce fil pour exprimer de la frustration, maisau contraire pour me réjouir de la chance d'avoir trouvé, parfois par hasard, quelques livres, souvent peu connus, mais qui était la source d' émotions secrètes, d' images jamais imaginées ou au contraire déjà vécues quelque part, mais où?

Mais comment parler d'une émotion subtile et inattendue, d'un spectacle irréel, d'un souvenir ténu mais lancinant, et dont on ose à peine parler de crainte d'en parler mal. Ou que s'évapore le parfum subtil de la mémoire. Les livres dont je parle répondent à des critères imprécis, mais toujours liés à un souvenir, une émotion, une sensation forte mais éphèmère et donc fragile.

Il peut s'agir de livres d'enfance, contes merveilleux, récits initiatiques qui ne semblent avoir été écrits que pour vous. En tout cas que vous essayez de sauver de l'oubli dans l'urgence parce qu'ils sont une part de vous-même, comme les rêves.

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Vous avez lu de tels livres? Vous pouvez en parler si vous le souhaitez...

Nous en parlions sur le fil d'Hakan Günday avec topocl, qui reprenait l'expression 'livre doudou' employée par Marie.

En avez-vous un, ou plusieurs de ces livres qui rassurent ?

Je crois que si j'avais un 'livre doudou' ce serait Les escaliers de Chambord de Pascal Quignard, ce livre a sur moi un effet totalement lénifiant, je me pelotonne en lui et il m'accueille avec sa douce odeur de bière légèrement caramélisée et ses gros pulls tout pelucheux et angora. Je ronronne !

Shanidar, regarde si ça ne pourrait pas coller avec le fil Ecrivains rares écrivains secrets.

Cioran " De l'inconvénient d'être né".

bix_229 a écrit:Shanidar, regarde si ça ne pourrait pas coller avec le fil Ecrivains rares écrivains secrets.

Je ne vois pas le rapport bix entre des écrivains oubliés et des livres qui rassurent...

shanidar a écrit:

bix_229 a écrit:Shanidar, regarde si ça ne pourrait pas coller avec le fil Ecrivains rares écrivains secrets.

Je ne vois pas le rapport bix entre des écrivains oubliés et des livres qui rassurent...

Ce n' est pas le fait qu' ils était plus ou moins oubliés ou sous estimés, mais l' importance personnelle et affective particulière à chacun qu' on leur accorde.
Mais peu importe... C' est sans doute autre chose que tu recherches.

Tu as raison bix, j'ai fusionné !

Je pense que chacun a un ou plusieurs livres qui ne correspondent meme pas forcément à ce qu'on appelle la qualité littéraire, mais qu'on garde en mémoire comme quelque chose d'intime et de forcémént subjectif... Et dont on ose encore moins parler que de toute autre chose...

Quelques exemples, après réflexion, Jerry dans l'ile de Jack London. Mon premier vrai livre que j'ai lu à 7 ans perché dans un cyprès. Où pour la première fois j'ai compris que les livres seraient une partie importante de ma vie. Et qu'en lisant, mais aussi en rêvant, en imaginant, en inventant, c'était le seul moyen de retrouver le pays de l'enfance. Et que lire aide à vivre... Et c'est peu dire.

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Il y a des écrivains qui sont rares ou secrets par nature pour ainsi dire,ou par vocation... Un matin d'été, vous vous promenez tôt dans la campagne, et soudain
quelque chose caresse votre oeil sans vous blesser, juste un éclat de lumière... Si la curiosité vous pousse à savoir ce qui en était la cause, vous aurez peut-être la chance de voir, tendue entre deux arbustes, la broderie miraculeuse tissée par une araignée. Vous êtes arrivé juste au bon moment. Une heure plus tôt, une heure plus tard, et vous l'auriez probablement manquée.

Walter De La Mare, c'est un peu ça... Une sorte de magicien, mais discret. Des résonances un peu étranges, des incitations visuelles et oniriques à l'imaginaire...
Il est facile de passer à coté... Mais avec un auteur, c' est toujours possible !

Connaissez vous Hélène Bessette ? Moi non... Mais j' entends parler régulièrement d'elle. En tout cas elle mérite bien de figurer dans cette rubrique, puisque elle est passée complètement inaperçue de son vivant. Elle est morte en 2000 à l' age de 82 ans, misérable, épuisée et seule. Elle avait pourtant été découverte grace à Michel Leiris et publiée par Raymond Queneau. Marguerite Duras disait : «Lisez Hélène Bessette» en vain! Pourtant elle a gardé des partisans. Parmi eux, l'éditeur Léo Scheer, qui a publié un inédit en 2006 : Le bonheur de la nuit, et a entrepris de republier l'oeuvre d'Hélène Bessette. Il faudrait peut-etre l'aider...

bix_229 a écrit:

shanidar a écrit:

bix_229 a écrit:Shanidar, regarde si ça ne pourrait pas coller avec le fil Ecrivains rares écrivains secrets.

Je ne vois pas le rapport bix entre des écrivains oubliés et des livres qui rassurent...

Ce n' est pas le fait qu' ils était plus ou moins oubliés ou sous estimés, mais l'importance personnelle et affective particulière à chacun qu' on leur accorde.
Mais peu importe... C' est sans doute autre chose que tu recherches.

Le titre prête un peu à confusion. Je me suis fait la même réflexion que Shanidar. Livres refuges ?

Je ne sais pas comment préciser davantage. J' ai donné des exemples.

Des premières lectures. Des livres qui vous ont laissé une empreinte inoubliable.
Des Livres qui semblent avoir été écrits par et par vous.
Que vous avez lus dans un moment de crise, de maladie, de fièvre, d' exaltation.
Avec cette impression d' émerveillement qu' on n' éprouve qu' une fois. Et pas forcément à cause du
livre mais des circonstances...
Du lieu...

Je ne sais pas moi ...

Je vais ouvrir un fil en pensant à un auteur, mais il risque de ne valoir que pour moi...
Il s' agit de Walter de la Mare, écrivain anglais du début du 20e siècle.

bix_229 a écrit:Je ne sais pas comment préciser davantage. J' ai donné des exemples.

Des premières lectures. Des livres qui vous ont laissé une empreinte inoubliable.
Des Livres qui semblent avoir été écrits par et par vous. Que vous avez lus dans un moment de crise, de maladie, de fièvre, d' exaltation. Avec cette impression d'émerveillement qu' on n' éprouve qu' une fois. Et pas forcément à cause du livre mais des circonstances... Du lieu... Je ne sais pas moi ... Je vais ouvrir un fil en pensant à un auteur, mais il risque de ne valoir que pour moi... Il s' agit de Walter de la Mare, écrivain anglais du début du 20e siècle.

Oui, je comprends bien le concept, pas de souci. Simplement, lorsque je vois un titre «livres rares» je pense tout de suite à bibliophilie. Mais c'est subjectif.

C' est vrai, je n'avais pas pensé à l' ambiguïté du terme «rares». La bibliophilie, la vraie, se perd, et c' est dommage. J'ai eu l'occasion de voir de très belles éditions...
Que j'aurais bien aimé avoir... Ceci dit, je n' ai rien contre les éditions de poche !

Livre rare, livre secret...

Il a fallu que je végète une bonne année et que je me retrouve au Salon du livre de Montréal et qui sait à quel point c'est une rareté pour moi de m'y pointer avant que je réussisse à repérer des recueils de poésie de Michel Beaulieu à vendre, tant chez Noroît qu'à L'Hexagone. J'émets une préoccupation quant à l'inexistence de ses titres en librairie de livres neufs. Bien sûr, il y a eu Kaléidoscope qui est paru à la maison d'édition Bibliothèque Québécoise depuis ce temps, mais outre ses titres à Noroît, je ne vois pas beaucoup de travail de promotion pour faire promouvoir et rayonner son oeuvre qui est parvenue à un point d'aboutissement assez étonnant tenu compte qu'il fut décédé dans la quarantaine à peine entamée.

Jack-Hubert Bukowski a écrit:Livre rare, livre secret...

Il a fallu que je végète une bonne année et que je me retrouve au Salon du livre de Montréal et qui sait à quel point c'est une rareté pour moi de m'y pointer avant que je réussisse à repérer des recueils de poésie de Michel Beaulieu à vendre, tant chez Noroît qu'à L'Hexagone. J'émets une préoccupation quant à l'inexistence de ses titres en librairie de livres neufs. Bien sûr, il y a eu Kaléidoscope qui est paru à la maison d'édition Bibliothèque Québécoise depuis ce temps, mais outre ses titres à Noroît, je ne vois pas beaucoup de travail de promotion pour faire promouvoir et rayonner son oeuvre qui est parvenue à un point d'aboutissement assez étonnant tenu compte qu'il fut décédé dans la quarantaine à peine entamée.

D' autres coups de coeur dans le temps ? Meme loin en arrière ?

Écrire l'humain isolé de Louis Hamelin. J'avais la vingtaine à l'époque. J'avais aimé le Journal d'Ann Frank à l'âge de 7-8 ans. Pas vraiment de «méconnu-e-s» là-dedans...

Le propre d' un livre rare et secret c'est de le rester une fois sa lecture achevée...
Et qu' on y repense encore... Je ne pourrai donc vous parler en détail de La Verrerie de Menis Koumandareas (Hachette), parce qu' il remplit ces conditions-là. Ce livre se passe sous la dictature des colonels, mais l' anecdote est rare et l'essentiel n' est pas là. Évidemment, il y a Beba et ses cavales dans sa petite Citroen, mais chut! Tout ce que je peux dire c' est que sur ce-livre là plane un mystère indicible. Une atmosphère entêtante sur laquelle il serait vain de mettre un nom. Et que pour suggérer à ce point sans le dire il faut être écrivain. Et Koumandaréas l'est justement!

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