Abbas photographe iranien
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Abbas photographe iranien
Abbas, photographe emblématique de l’agence Magnum, est mort
Yasmine Youssi
Publié le 26/04/2018
Abbas en 1973 au Vietnam.
A. Abbas / Magnum Photos
Connu pour avoir photographié la révolution iranienne, le photojournaliste Abbas est mort ce 25 avril. Il laisse derrière lui un immense corpus consacré aux religions. Mais c’est probablement l’image qu’il avait réalisée en Afrique du Sud en 1978 qui restera.
Et si la religion avait finalement été la grande affaire de son existence ? Athée, le photojournaliste et reporter de guerre Abbas Attar, connu sous le nom d’Abbas, mort ce 25 avril à l’âge de 74 ans, y a finalement baigné toute sa vie. Né en Iran en 1944, l’enfant quitte son pays pour l’Algérie française au début des années 1950, fuyant ainsi avec ses parents, bahaïs, les persécutions auxquelles font face ces derniers. Car cette religion monothéiste à vocation universelle issue du chiisme, fondée en Iran en 1863, proclamant l’unité spirituelle de l’humanité, appelle les fidèles à se détacher de l’islam. C’est donc loin de sa terre natale que grandit Abbas, avant d’y retourner en 1971.
Entre-temps, il est tombé dans la marmite du photojournalisme, faisant ses classes pendant les Jeux olympiques de 1968 au Mexique. On le retrouve ensuite sur tous les fronts. Au Biafra, au Bangladesh, au Chili, au Vietnam, au Moyen-Orient ou à Cuba. Ses photos, de facture classique, toujours en noir et blanc – « puisque la vie, elle, est en couleur » disait-il –, au plus près des hommes et des femmes, des civils ou des milices, s’inscrivent dans la veine du photoreportage de guerre édictée par Robert Capa. Il rejoindra d’ailleurs en 1980 l’agence Magnum, fondée par ce dernier, après avoir travaillé pour Sipa et Gamma dans les années 70. Ces agences, basées à Paris où il s’installe, sont alors considérées comme la Mecque du photojournalisme, étant réputées pour accueillir la nouvelle génération de photographes de guerre.
Afrique du Sud, 1999, des prêtres de l’Église chrétienne de Sion dans le township de Khayelitsha baptisent des nouveaux fidèles.
Afrique du Sud, 1999, des prêtres de l’Église chrétienne de Sion dans le township de Khayelitsha baptisent des nouveaux fidèles.
A. Abbas / Magnum Photos
Les religions dans son viseur
De retour dans son pays, Abbas ne va cesser de documenter le quotidien de ses concitoyens. Il donne à voir l’Iran du Chah, plonge au cœur de la révolution qui survient en 1979. Ses photos transmettent à merveille l’effervescence des premières manifestations, la violence qui surgit très vite, la dévotion à l’égard de Khomeini. Le photographe est l’un des premiers à comprendre que « la vague de passion religieuse » provoquée par le Mollah « allait se répandre dans tout le monde musulman ». Le voilà donc parti pour ce qui aura été son grand œuvre : la traversée de vingt-neuf pays musulmans, dont les photos sont regroupées au sein d’un livre Allah O Akbar paru aux éditions Phaïdon en 1994. Toutes les autres religions passeront ensuite dans son viseur. Du christianisme à l’hindouisme, sans oublier le judaïsme.
Yasmine Youssi
Publié le 26/04/2018
Abbas en 1973 au Vietnam.
A. Abbas / Magnum Photos
Connu pour avoir photographié la révolution iranienne, le photojournaliste Abbas est mort ce 25 avril. Il laisse derrière lui un immense corpus consacré aux religions. Mais c’est probablement l’image qu’il avait réalisée en Afrique du Sud en 1978 qui restera.
Et si la religion avait finalement été la grande affaire de son existence ? Athée, le photojournaliste et reporter de guerre Abbas Attar, connu sous le nom d’Abbas, mort ce 25 avril à l’âge de 74 ans, y a finalement baigné toute sa vie. Né en Iran en 1944, l’enfant quitte son pays pour l’Algérie française au début des années 1950, fuyant ainsi avec ses parents, bahaïs, les persécutions auxquelles font face ces derniers. Car cette religion monothéiste à vocation universelle issue du chiisme, fondée en Iran en 1863, proclamant l’unité spirituelle de l’humanité, appelle les fidèles à se détacher de l’islam. C’est donc loin de sa terre natale que grandit Abbas, avant d’y retourner en 1971.
Entre-temps, il est tombé dans la marmite du photojournalisme, faisant ses classes pendant les Jeux olympiques de 1968 au Mexique. On le retrouve ensuite sur tous les fronts. Au Biafra, au Bangladesh, au Chili, au Vietnam, au Moyen-Orient ou à Cuba. Ses photos, de facture classique, toujours en noir et blanc – « puisque la vie, elle, est en couleur » disait-il –, au plus près des hommes et des femmes, des civils ou des milices, s’inscrivent dans la veine du photoreportage de guerre édictée par Robert Capa. Il rejoindra d’ailleurs en 1980 l’agence Magnum, fondée par ce dernier, après avoir travaillé pour Sipa et Gamma dans les années 70. Ces agences, basées à Paris où il s’installe, sont alors considérées comme la Mecque du photojournalisme, étant réputées pour accueillir la nouvelle génération de photographes de guerre.
Afrique du Sud, 1999, des prêtres de l’Église chrétienne de Sion dans le township de Khayelitsha baptisent des nouveaux fidèles.
Afrique du Sud, 1999, des prêtres de l’Église chrétienne de Sion dans le township de Khayelitsha baptisent des nouveaux fidèles.
A. Abbas / Magnum Photos
Les religions dans son viseur
De retour dans son pays, Abbas ne va cesser de documenter le quotidien de ses concitoyens. Il donne à voir l’Iran du Chah, plonge au cœur de la révolution qui survient en 1979. Ses photos transmettent à merveille l’effervescence des premières manifestations, la violence qui surgit très vite, la dévotion à l’égard de Khomeini. Le photographe est l’un des premiers à comprendre que « la vague de passion religieuse » provoquée par le Mollah « allait se répandre dans tout le monde musulman ». Le voilà donc parti pour ce qui aura été son grand œuvre : la traversée de vingt-neuf pays musulmans, dont les photos sont regroupées au sein d’un livre Allah O Akbar paru aux éditions Phaïdon en 1994. Toutes les autres religions passeront ensuite dans son viseur. Du christianisme à l’hindouisme, sans oublier le judaïsme.
bix_229- Messages : 15439
Date d'inscription : 06/12/2016
Localisation : Lauragais
Re: Abbas photographe iranien
J'ai découvert ce photographe par hasard à la télé dans une émission passionnante à lui consacrée.
L'homme m'a paru aussi interessant que le photographe.
Humain, plein d'humour et de sagese, de lucidité, malgré la maladie. Il est vrai qu'il était en confiance avec le metteur en scène, iranien lui-meme et qui le sollicitait depuis longtemps pour une émission.
Sentant la mort venir, il a fini par accepter mais en choisissant lui-meme les thèmes et les photos.
En plus ce film présente un éventail très large de ses photos.
Ici https://www.polkamagazine.com/abbas-par-abbas-le-film-qui-rend-hommage-au-grand-photographe-de-magnum/
L'homme m'a paru aussi interessant que le photographe.
Humain, plein d'humour et de sagese, de lucidité, malgré la maladie. Il est vrai qu'il était en confiance avec le metteur en scène, iranien lui-meme et qui le sollicitait depuis longtemps pour une émission.
Sentant la mort venir, il a fini par accepter mais en choisissant lui-meme les thèmes et les photos.
En plus ce film présente un éventail très large de ses photos.
Ici https://www.polkamagazine.com/abbas-par-abbas-le-film-qui-rend-hommage-au-grand-photographe-de-magnum/
bix_229- Messages : 15439
Date d'inscription : 06/12/2016
Localisation : Lauragais
Re: Abbas photographe iranien
merci Bix !
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“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
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Bédoulène- Messages : 21144
Date d'inscription : 02/12/2016
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