LC Le grand Meaulnes

Tu n'as pas tout à fait tort : sans le narrateur, on ne saurait rien.

Tristram a écrit:Tu n'as pas tout à fait tort : sans le narrateur, on ne saurait rien.

J'ai même complètement raison .

Pour rebondir sur ce que disait animal sur le fil Gary, que Meaulnes serait une ode à la masculinité. c'était un gag, mais c’est intéressant.
Meaulnes a ceci de virile qu'il est un battant qui part à l'aventure et ne lâche rien.
François a ceci de "non virile" qu'il reste, qu'il assume le quotidien (il soutient Yvonne après le départ de Meaulnes, et que deviendrait la petite fille sans lui après?), qu'il est celui, indispensable, sur lequel on s'appuie. Mais c'est sûr, c'est moins brillant et cela donne l'impression qu'il a moins de valeur. C'est Meaulnes qui donne son titre au roman et pos lui. Bref que d’archétypes dans cette échelle de valeurs.
J'aime personnellement beaucoup les fidèles, obscurs mais toujours là à se remonter les manches alors que les autres batifolent et attirent l'attention sur eux.

Le Grand Meaulnes, ou la revanche des obscurs...

Ben non, car le héros c'est bien Meaulnes, le pauvre François passe à la trappe...
Heureusement que je suis là pour lui redonner sa vraie place!

C'et bien ce que je dis, don Quichotte !

Tu veux bien être mon Sancho Panza ?

Le gag, c'est Frantz de Galais, insupportable personnage, surtout lorsqu'il se pointe le lendemain des noces n°2. Capricieux, orgueilleux et carrément irresponsable. Envie de le baffer pendant la lecture (phénomène assez rare).

François et Augustin me sont apparus comme des personnages complémentaires. Augustin apporte une dimension d'aventure et de rêve dans la vie de François. Quant à ce dernier, je rejoins topocl, il est celui qui reste, qui assume le quotidien et ses côtés sombres, et qui porte le corps d'Yvonne sans vie. Passage qui m'a bouleversée, j'en avais les larmes aux yeux, c'est court, mais très intense. J'étais en totale empathie avec François.

Donc, oui, le récit est construit en miroir, mais il y a un basculement au cours de la deuxième partie qui donne un nouveau rôle à François, beaucoup plus important, le seul des trois amis à avoir vraiment atteint l'âge adulte et qui semble le plus capable de rapporter (et même de porter) tout ça. Son regard paraît beaucoup plus critique par rapport au comportement de Frantz, par exemple.

Augustin Meaulnes ne peut renoncer au rêve et à l'aventure, on le voit bien durant "la partie de plaisir", il reste bloqué dans ses souvenirs enchantés. Et puis il épouse Yvonne sur un coup de tête, et hop là ! Et puis il se tire au bout de quelques jours... Seulement parce qu'il est loyal ? Ou bien aussi parce qu'il ne peut plus imaginer que le bonheur soit de ce monde, et surtout pas dans la routine ? Et puis enfin il revient et retrouve les bras de l'enfance à travers sa fille.

Il faut un peu des deux en soi pour trouver le bon équilibre, non ?  L'émerveillement tenace d'Augustin Meaulnes et la responsabilité courageuse de François Seurel ?

Oui, toujours la voie du milieu !!!

Cette opposition entre le fou qui fait rêver et l'obscur qui assume et dont on pourrait croire que ce côté fidèle est terre à terre et méprisable me fait toujours penser aux Enfants du paradis qaund où Maria Casarès tient ce discours prodigieux à Jean-Louis Barrault : qui est ce qui était là pour te protéger quand tu avais la fièvre, à tenir à tes côté dans l'adversité quotidienne etc... Elle ne paye pas de mine, elle non, plus face à la sublime et fantasque Arletty, mais oui, elle est bien là au jour le jour. C'est elle qui a tenu la barre.

Ce que dit Louvaluna me fait remarquer que ce roman, c'est un peu aussi la fin du romantisme, ce côté éthéré qui provoque des drames.

Ma blague sur le fil Gary ne concerne pas exclusivement Meaulnes en fait. Il y a bien une projection sommaire dessus mais le portrait en triptyque peut être envisagé comme un portrait (avantageux ?) de (la) masculinité. (Plus ou moins).

J(e vous presente mes excuses plates, je ne vais pas continuer à relire Le grand Meaulnes, j'ai trop de livres en train, et vos retours que j'ai lu m'ont comblée d'avantage que les moments où je m'y colle. C'est la dure loi de la jungle livresque :p )

C'est terminé, j'ai commencé à prendre des notes. J'écrirai un commentaire quand je serai un peu moins sonné

Purée, Nadine et Quasi, à vous lire, on sent que la vie de lecteur passionné est souvent loin d'être de tout repos ! ;-)

J'ai fini de relire Meaulnes et posté sur son espace (je ne sais pas si c'est le bon terme) ce que j'en ai tiré. Je lis en ce moment la correspondance publiée dans la Pléiade, elle concerne essentiellement ses échanges avec Jacques Rivière et permettent de mieux comprendre le projet et les admirations pour d'autres écrivains en particulier Jammes et surtout Claudel (ce qui renverrait à une autre forme de romantisme ?? je ne suis pas assez experte pour le dire). Je prends quelques notes qui me paraissent éclairer certains aspects du livre.
Assez d'accord sinon sur les deux rôles masculins, François vit par procuration...
A suivre donc

Nous parlons généralement de "fil", mais "espace" me plaît bien !
Dans l'attente de tes notations, Pinky !

Ah oui, Pinky, très bonne idée d'aller voir sa correspondance, je lirai tes remarques avec beaucoup d'attention.

Louvaluna a écrit:Purée, Nadine et Quasi, à vous lire, on sent que la vie de lecteur passionné est souvent loin d'être de tout repos ! ;-)

hihi

dis donc Pinky tu vas me faire le reprendre en main, à ce train là. c'est bête d'arrêter me dis-je. je ne lis rien sur le fil-souche, dans l'eventualité d'une reprise de ma part...

Cette fois, j'ai terminé ma lecture de la correspondance et je pose sur le "fil-souche" comme dit Nadine mes extraits qui, à mon avis, éclairent, confortent ou pas les interprétations qu'on peut faire du livre, sachant que chacun le lit aussi à sa façon. En tous cas, certains choix sont assumés par l'auteur.
J'aurais pu en choisir d'autres mais il faut bien faire des choix...
A suivre sur le fil-souche....

L'art de donner l'eau à la bouche, Pinky. Cela dynamise les fils et je te lis avec plaisir.

Merci Louvaluna, c'est sur le fil-souche...