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Sait Faik Abasiyanik

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Nouvelle - Sait Faik Abasiyanik  Empty Sait Faik Abasiyanik

Message par bix_229 Ven 16 Déc - 18:44

Sait Faik Abasiyanik (1906-1954)

Nouvelle - Sait Faik Abasiyanik  Artist10
 
Sait Faik Abasıyanık est né en 1906 à Adapazarı, dans l’actuelle Turquie occidentale. Il publie ses premiers poèmes en 1925, alors qu’il est lycéen à Bursa, et sa première nouvelle en 1929, alors qu’il étudie à la Faculté des Lettres d’Istanbul. Il séjourne ensuite brièvement à Lausanne, puis plus longuement à Grenoble, où il suit des cours d’économie. Définitivement de retour à Istanbul en 1934, il fait de l’écriture son gagne-pain après la mort de son père, en 1939. Il a publié un recueil de poèmes, deux romans et, surtout, des nouvelles, d’abord parus dans des journaux et revues, puis recueillis en une dizaine de volumes. Elles lui vaudront une reconnaissance nationale, voire internationale. Le cinéma turc l’adapte, l’Académie Mark Twain (États-Unis) l’accueille. Il meurt à Istanbul en 1954.

Bibliographie française

- Un point sur la carte
- Un serpent à Alendag
- Le Café du coin
- Une histoire pour deux
- Le Samovar
- Un homme inutile

A l'exception du premier, tous les autres ouvrages sont édités par Bleu autour, excellent éditeur.
Abasiyanik a surtout écrit des nouvelles, son genre littéraire favori.
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Message par bix_229 Ven 16 Déc - 19:00

Alain Mascarou, l'excellent traducteur d'Abasiyanik écrit à son propos :

"Abasiyanik est avant tout un regard avide d'êtres, un rodeur affamé d'humanité, immergé dans le monde réel.
Peu de décors, mais des gens : porteurs, pecheurs, saltimbanques, écoliers, souvent des solitaires, des désoeuvrés, des marginaus, des délinquants malgré eux.
Le petit peuple d'Istanbul des années 40 à 60 pour qui, il témoigne en amoureux lucide. Il ne tombe jamais dans l' étude de moeurs, le misérabilisme, et il refuse le statut d' intellectuel...
Sa sociabilité anarchisante lui fait accepter l'irresponsabilité, la saveur simple du récit, la naissance même de la fiction. Il manipule le temps à son gré, qu'il s' agisse de fragments prélevés sur toute une vie ou du creux d' une après midi dans un café désert. Son approche psychologique est pudique, distancée, soucieuse de réserver la complexité des "simples".
Il dispose d'un art très sur du montage, de l'ellipse, de la stylisation, du contrepoint.
L'ambiance du récit, parfois oppressante, cotoie aussi un onirisme malicieux, une fantaisie légère, de plain-pied avec l' ingéniosité, la part de reve de ses laissés-pour-compte."
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Message par animal Ven 16 Déc - 22:48

c'est étrange j'ai l'impression que ma lecture est très fraîche alors qu'elle remonte à bientôt un an.


Nouvelle - Sait Faik Abasiyanik  51xqyz10

Le Café du coin

Si ça fait longtemps que l'on n'a pas lu de très courtes nouvelles on peut ressentir une pointe de frustration à la lecture de ce recueil. En effet ces nouvelles sont très courtes et puis elles ont une tonalité particulière qui fait qu'on se laisserait volontiers porter un peu plus longtemps. Pourtant à chaque nouvelle on repart, c'est vrai. Un chemin légèrement différent mais la même manière de déambuler et de décrire.

Adepte de l'ellipse et de la narration fragmentée l'auteur nous plonge dans un sentiment très "couleur locale" alors qu'il ne recourt pour ainsi dire pas à la description visuelle en dehors d'un minimum choisi de traits et d'objets. Une sorte de déambulation dans un espace connu de lui et qui se retrouve ainsi partager avec familiarité.

Il faut dire aussi qu'il s'attarde à travers ses états d'âme ou ceux que l'on devine être les siens à travers ceux des personnages sur des marges et des recoins, ou plus précisément sur leurs habitants. Image d'une Istanbul cosmopolite et à la croisée des chemins de plusieurs peuples, Sait Faik Abasiyanik s'attarde auprès du pêcheur ou du marchant ambulant, il guette le sourire ou le regard d'une étrangère ou d'un vieillard.

Au fil des nouvelles on découvre une recherche de l'instant heureux d'une ouverture sereine à son environnement. Un exercice à la fois de faux semblants et de sincérité marqué sans doute par une grande volonté de tendresse qui n'exclut pas la lucidité, les gens peuvent être durs.  

Une langue très fluide, une esquisse lumineuse loin d'être brouillonne et quelques belles tournures ou beaux passages en font une lecture apaisée et apaisante qui ne masque cependant pas complètement ce qu'on retrouve dans la biographie de l'auteur proposée à la fin du volume. Une existence favorisée faite de contrastes, d'abus, de frustrations et de blessures autant que de littérature et d'épanouissements.

Et puis il y a la part de dépaysement géographique et temporel qui ne fait pas de mal non plus.

(Message téléporté dans lequel je n'ai rien à changé !).


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Message par bix_229 Sam 17 Déc - 15:52

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Le samovar

Quiconque lit Abasiyanik pour la première fois, est frappé, moins par son identité turque d'écrivain de la première moité du XXe siècle que par l'originalité de l'auteur.
Sur la façon bien à lui de conduire un récit, de faire preuve d'une extraordinaire liberté de ton et de style, de vocabulaire.

Comme l'écrit Nadim Gursel,  romancier turc contemporain dans la préface : "Sa syntaxe déroutante brouille les fontières de la réalité".

Et ailleurs :
"Sa singularité tient d'abord à sa langue. Dans la littérature turque, il est le seul écrivain qui recourt à ce qu'on pourrait appeler un "sabir" où se superposent le langage populaire de la grande ville et ce turc du Levant, où se mêlent des mots grecs, français, et même parfois judéo-espagnol"...

On imagine facilement le travail du traducteur s'arrachant les cheveux. De fait, ils se sont mis à trois. Mais on ne s'empêcher de penser que ce travail de virtuose perd une part de sa richesse et de son originalité à la traduction.
Si on ajoute que la vivacité de l'auteur nous fait passer du réalisme le plus franc à l' onirisme, Abasiyanik aimait se cacher, brouiller les pistes, créer l'ambiguité. Recourrant à l'élipse, à une certaine obscurité volontaire.

Les personnages du nouvelliste sont des marginaux, losers, gens du port, commerçants. C'est à travers eux et leur vie quotidienne, qu'on perçoit l'univers de l'auteur. Un être insomniaque, fébrile, en perpétuel vagabondage. Y compris dans sa tête. Souvent seul. Se parlant à lui-même ou à son double, Panjo.

Il faut découvrir cet écrivain qui, je l'ai lu, eut beaucoup d' influence sur ses contemporains et ses successeurs.

"La mort s'invita chez la mère d' Ali comme une âme coiffée d'un foulard, une dama dévote. Sa journée était occupée à préparer pour son fils le thé du matin et les deux plats du soir. Mais elle ressentait une douleur sourde dans un coin de son coeur ; l'après midi, quand elle grimpait en vitese les escaliers, son corps fripé manquait de souffle, transpirait dans la mousseline, était pris de langueur."
Le Samovar, pp. 16-17


Un matin, avant même le réveil d' Ali, un malaise l'avait prise près du samovar ; elle s'était effondrée sur la chaise à coté. Pour ne plus se relever.
Tout en s'étonnant que la mère ne l'eut pas réveillé ce matin-là, Ali fut long à réaliser que du temps avait passé...
Il bondit. S'arrêta sur le seuil de la pièce. Comtempla  la morte qui semblait sommeiller, les mains appuyées sur la table. Il croyait qu'elle dormait. Il s'avança à pas lents. Il la prit par les épaules. Quand il effleura de ses lèvres les joues qui commençaient à refroidir, il frissonna.
Il l'enlaça. Il l'emmena dans son prore lit. Il tira la couverture sur elle, tenta de réchauffer le corps qui commençait à refoidir… A cet être froid, il s' efforça de donner son corps, ses sensations...
Malgré toute son envie, il ne put pleurer ce jour-là. Les yeux lui brûlaient mais pas une larme ne vint..



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Message par bix_229 Sam 19 Juin - 21:26

Abasiyanik, une approche :


Nouvelle - Sait Faik Abasiyanik  Sait-f10
MEDYATURK | Publié le 13 septembre 2020 à 13h09. Mis à jour le 13 septembre 2020 à 13h09
Le miroir de plage de Sait Faik Abasıyanık
Sait Faik Abasıyanık est l’un des représentants les plus importants de la narration turque. Ses écrits et ses narrations ont inspiré de nombreux écrivains et de nombreux amateurs de littérature ont adopté le genre de l’histoire. Nous partageons avec vous, un passage de l’histoire de Sait Faik Abasıyanık « Le miroir de plage » écrite en 1950.

L’Idée principale du livre est que, différents événements qui affectent des personnes, peuvent conduire à d’autres événements encore plus différents. Par exemple, un moment de colère peut avoir de mauvaises conséquences.

-As-tu une maman ?

-Sûr que j’en ai une !

-Elle travaille ?

-Oui, elle est lavandière.

-Et toi que veux-tu faire quand tu seras grand ?

-Moi ? Dit-il …

Il leva ses yeux vers moi et l’on se fixa du regard.

-Je veux peindre, dit-il.

-Que veux-tu peindre ?

-Je veux être cireur de chaussures !

-Pourquoi cireur de chaussures ?

-Que veux-tu que je fasse d’autre ?

-Sois médecin ?

-Non, me répond-il.

-Pourquoi ?

Je n’aime pas les docteurs
-Bah, j’aime pas les docteurs.

-Mais pourquoi donc ? Comment ne peux-tu pas aimer les docteurs ?

-Et bah bien sûr que je ne les aime pas, dit-il. Ma maman est tombée malade, le docteur est venu à la maison. On a cassé la tire-lire. On lui a donné toutes nos pièces de 25 centimes. Il ne nous restait que des 5 centimes et avec eux nous avons pu avoir une ordonnance, et ça de force.

-Mais ta mère était guérie.

-Ma maman était guérie mais on n’avait plus d’argent. Je n’ai rien mangé durant 2 jours.

-Bon d’accord, alors sois enseignant.

-Je ne vais pas à l’école, moi.

-Pourquoi ?

-Le maître me tape.

-Pourquoi ?

-Car je fais des bêtises.

-Et bien arrête de faire des bêtises dans ce cas !

-Mais moi je ne sais pas ce que ça veut dire de faire des bêtises.

-Les bêtises sont ce que ton enseignant te demande de ne pas faire.

Les bêtises changent tout le temps
-Mais ça change toujours !… Un jour un camarade de classe m’a dit « bâtard de lavandière » et bah moi je l’ai tapé et le maître m’a tapé. Après ce jour, tout le monde m’appelait « bâtard de lavandière » et moi je n’ai tapé personne car c’était des bêtises apparemment. Puis quelques jours après, mon camarde de classe d’à coté avait 2 feutres. J’en ai pris un. Ils m’ont traité de voleur et Ils m’ont tapé. Mais moi je n’avais pas de feutre alors je l’ai pris, ça aussi c’est faire des bêtises et c’est très grave apparemment. Je leur ai dit que plus jamais je ne prendrai le feutre de quelqu’un. Bah du coup j’ai pris son cahier ! Cette fois-ci, ils m’ont tapé et ils m’ont renvoyé de l’école.

-Tu as été très vilain.

-Oui j’ai été vilain, mais moi je ne veux pas devenir adulte.

-Bien que veux-tu devenir alors ? -Bah je t’ai déjà dit : cireur de chaussures. »

Le miroir de plage/ Sait Faik Abasıyanık

Traduit par Sibel Karaku
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