Texte anonyme : qui l'a écrit ?

Duras ! "La mort du jeune aviateur anglais".
(Bravo Ariane, pour le precedent coup !)

Je ne connaissais pas ce roman de Duras, Nadine.
C'est vrai qu'on dit, "un anglais, un aviateur"... mais non.

auteur Juif ?

Ariane S. a écrit:Je ne connaissais pas ce roman de Duras, Nadine.
C'est vrai qu'on dit, "un anglais, un aviateur"... mais non.

c'est plutôt un entretien qui a été filmé puis retranscrit. ça collait bien avec le style, pa tout à fait totalement durassien, je pensais à , du coup, un peu d'oralité.

Nadine a écrit:c'est plutôt un entretien qui a été filmé puis retranscrit. ça collait bien avec le style, pa tout à fait totalement durassien, je pensais à , du coup, un peu d'oralité.

Ah, c'est peut-être pour ça que je l'ai lu assez rapidement !

L'auteur n'est pas juif, je crois. Je ne l'ai pas lu même à Wikipédia.

Je suis sûre que quelqu'un a déjà lu. Et ceux qui l'ont lu pourront deviner avec ce deuxième extrait !

XXX a écrit:J’écoute, J’écoute des souffrances, des actes manqués, de faux espoirs. J’écoute des rêves, des piétinements, des élans. Aujourd’hui c’est un anneau d’une chaîne, d’une longue chaîne de paroles, de silences, de recherches. J’écoute le mieux que je peux et comme il y a en moi une forte présence de la mort j’entends leur parole de mort, de condamnation d’eux-mêmes qui s’élève en majeur sur un fond d’amour et d’espoir en mineur. Je pense : C’est bien d’être heureux, c’est bien de jouir. Mais il n’y a pas de devoir de jouir, pas de devoir d’être heureux. Je dis ça tout haut presque sans y penser et je sens que cette parole porte un peu.
Je prends le métro à Opéra, il faut que je me presse pour ne pas arriver trop tard à l’hôpital. Je suis maintenant enfermé dans un corps raidi comme shadow. Je suis devenu un monsieur, on m’a appris à devenir comme cela autrefois. On m’a appris à porter un costume, une cravate, J’ai résisté un peu mais pas longtemps. Pour demeurer, pour réussir dans la société qui était la mienne. Il fallait ça. J’avais des enfants. Pour faire l’argent nécessaire il fallait ça, je l’ai fait. Faire de l’argent c’est ce qu’on m’a surtout demandé dans la vie.

C'est écrit il y a moins de dix ans ? je dirais ?

Moins de dix ans ? Euh... En tout cas ça a été publié après 2000. Et l'auteur est déjà mort.

Non, ce n'est pas des éditions de Minuit, Bix.

Jean Cayrol ?

J'ai l'impression que quelques œuvres de Jean Cayrol étaient traduites en japonais. Je ne l'ai jamais lu, ni en français.

Mais l'auteur était à peu près à la même génération que Cayrol. Il était un petit peu plus jeune que J. C..
Et il n'est pas français.

Et l'auteur n'est pas japonais, non plus.

XXX a écrit:Lui, je le sens bien, vit aussi ses contradictions mais pas au niveau des mots. Je ne peux m’empêcher de lui demander : « Tu n’as pas répondu à ma question. Stéphane, Tu penses souvent à la mort ? » Il répond simplement « oui », en tirant sur sa petite pipe qui s’est éteinte et qu’il vient de rallumer avec un tison. Il ajoute : « Et toi ?
- Moi presque jamais.
- Toi, tu as des enfants, les enfants, c’est l’éternité. »
Cette idée me frappe. Je regarde sur la paroi nord de la grotte une sorte de couche de feuilles et de fougères.
« Tu viens parfois dormir ici ? » Il fait oui de la tête.
« Tu viens avec une fille ? »
Il hausse les épaules, marmonne : « Tu sais, les filles ne s’intéressent pas beaucoup à moi.
- Tu veux dire que tu ne t’intéresses pas beaucoup à elles. »
Il rit, il se lève pour prendre un peu de bois et le place méthodiquement sur le feu. Cela provoque un nuage de fumée et de vapeur. Le bois grésille, il reste debout en face de moi pour surveiller la façon dont le feu prend. Je me lève aussi, gêné par mon slip mouillé, je l’enlève et le pose à côté de mes autres vêtements sur une branche en face du feu. Je vois qu’il fait de même. Nous sommes séparés par le feu, je regarde Stéphane à travers un écran de fumée. Debout, très droit, plus grand que moi, tenant d’une main la pipe qu’il fume d’un air méditatif, il ne me regarde pas. Le visage et les bras bronzés par le soleil avec ses membres et ses muscles longs, la légère cicatrice qu’il porte au sommet du front, sa beauté me frappe. Non pas sa beauté à lui, Stéphane, mais celle de l’homme jeune, le bel équilibre des jambes, des hanches fines, des épaules larges.

Oh, c'est beau, les hommes nus.

Allemand, russe ?
L' auteur a-t-il participé à la guerre et le texte a-t-il un caractère autobiographique ?

Ni allemand ni russe.
Ah ? C'est difficile ? Pourtant il est assez célèbre. Même si vous n'avez rien lu de lui, je pense que tous les chosiens connaissent son nom.
Il a reçu pas mal de prix littéraires et son œuvre principale est traduite en une vingtaine de langues (ce n'est pas ce roman).
Il est né un peu après Jean Cayrol (né 1911).  Il était donc déjà adulte à la Seconde Guerre. Il a écrit ce roman après l'an 2000. Ce roman a reçu un prix aussi.
C'est une fiction. Mais je suis sûre qu'il a mêlé ses souvenirs vécus dans ce roman.
Qui est mort récemment ? Henning Mankell, Günter Grass, Michel Tournier, Benoîte Groult, Jorge Semprun, François Nourissier... etc. etc.
Mais il n'est pas français et est mort à 99 ans.

XXX a écrit:« ….Nous les suivions, nous étions plusieurs centaines, peut-être un millier sur deux trottoires. Quand ils recevaient des coups, on hurlait. Arrivées près de la gare, toutes les femmes se sont mises à crier. Je ne sais pas qui a commencé. Ce n’était pas des paroles, pas des injures ou des revendications, rien qu’un cri. Après un moment je me suis aperçue que je criais comme les autres. Tout bas d’abord, puis un peu plus fort, puis très fort. Et les prisonniers se sont mis à crier aussi. On se répondait. Nous avions mal, très mal au ventre, plusieurs se sont mises à vomir le long des maisons. Nous étions très pâles et les soldats devenaient très rouges, ils criaient des choses en allemand. Nous avions de plus en plus peur et nous criions de plus en plus fort. Alors ils ont commencé à taper plus fort sur les prisonniers pour les pousser vers la porte de la gare, mais eux sans résister – avec quoi ? - n’avançaient qu’à tout petits pas. Ils recevaient des coups de crosse, mais n’avançaient pas plus vite. Des SS sont arrivés avec des matraques, les rangs des soldats se sont ouverts pour les laisser passer. Il y a eu une bousculade, quelques jeunes prisonniers ont jeté leurs paquets à la tête des soldats et se sont rués vers nous. On a ouvert, on a ouvert je ne sais quoi, nos rangs sans doute, ils sont passés en vitesse, se sont sauvés dans les petites rues, ont filé par des cafés, il y en a une vingtaine qui se sont sauvés. Jean-Jacques était de l’autre côté, ceux-là ne pouvaient rien faire.
Nous sur le trottoir, on s’est serrées après le passage des garçons. Et quand les soldats et les SS sont arrivés avec leurs fusils et leurs matraques, ils se sont trouvés devant des femmes qui n’attaquaient pas, qui ne faisaient pas mine de se défendre. Qui criaient, qui criaient rien du tout. De plus en plus fort, dans quelle panique ! Et les voix s’élevaient vers l’aigu, tu connais la mienne, elle montait, elle montait, il me semble qu’on n’entendait plus qu’elle et peut-être c’était vrai. Mais les autres, elles me l’ont dit, sentaient la même chose. Ils étaient là devant nous, les soldats d’occupation et les terribles SS, j’en ai vu deux qui avaient de longs fouets, je les ai montrés aux voisines et toutes nous avons regardé ces fouets. On ne pouvait pas s’empêcher de reculer un peu et sur trois rangs on a été très lentement le dos au mur mais nous hurlions de plus en plus fort. Nous hurlions rien du tout, les femmes sont comme ça, on se foutait des « Vive » et des « A bas ». On criait à cause de quelque chose qui n’aurait jamais dû se vivre, quelque chose de honteux…. »

Au deuxième extrait, j'ai coupé une phrase exprès pour brouiller les pistes. Je l'ajoute pour vous donner un indice.

XXX a écrit:Je suis dans le petit bureau où je reçois mes patients. J’écoute, J’écoute des souffrances, des actes manqués, de faux espoirs. J’écoute des rêves, des piétinements, des élans. Aujourd’hui c’est un anneau d’une chaîne, d’une longue chaîne de paroles, de silences, de recherches. J’écoute le mieux que je peux et comme il y a en moi une forte présence de la mort j’entends leur parole de mort, de condamnation d’eux-mêmes qui s’élève en majeur sur un fond d’amour et d’espoir en mineur.

C'est Bauchau alors ? (mort tres vieux)
Mince j'aurais pas reconnu, si c est lui, j ai lu son Antigone et son Diotime et les lions,
si j ai trouvé, mazette je vais ecouter une amie, Beatrice, qui l'aime enormement, j'ai beaucoup apprécié, déjà, mais ce que je veux dire c'est que je croyais son style monolithique, or il n en est donc apparemment rien (ah les idees reçues de nadine.. )

Bravo Nadine ! C'est Henry Bauchau, "Le Boulevard périphérique" !
Il est francophone mais berge !

C'est ton tour maintenant !

Merci Ariane pour cette semi-victoire ! (J'aurais préféré reconnaitre le style ! )
Je prends volontiers la main.
Donnez moi une bonne heure, que je vous trouve un truc bien "casse pipe".

ps : je viens de rigoler comme une sorciere, apparemment je suis contente d'avoir la main Ariane hihi)

Maintenant personne ne lira le quatrième extrait. Mais cette scène était vraiment émouvante et palpitante dans ce roman de Bauchau.
Les soldats allemands et les SS sont en train de mettre des prisonniers dans une gare. Et des gens commencent à protester très fort, surtout des femmes, millier de femmes commencent à crier devant la gare.
C'était très impressionnant.
Et je crois que même si l'auteur n'a pas assisté à cette scène, quelqu'un devait lui raconter ce qu'il a vécu.

Tu as raison, du coup j ai lu, il est essentiel.
En général je lis, même après, mais là la quête du prochain extrait m'avait fais, en effet complètement occulter la lecture de tout ton post : perspicace...

C'est quand même dingue, j'avais déjà pensé ça en lisant les titres cidessus evoqués, Bauchau parle pour les femmes sans aucune etrangeté, il tombe pile.
J ai crié une fois, face à un truc "qui n'aurait jamais dû se vivre", deux hommes tabassaient le fils de ma voisine dans la rue, seul le cri a pu les figer, c etait une sirene à ce point,
seulement, ça a marché,
que là, dans ce récit,
c'est autrement plus atroce.

Je l'avais adoré "Le Boulevard périphérique". Il faudrait que je le relise .

Ariane S. a écrit:Bravo Nadine ! C'est Henry Bauchau, "Le Boulevard périphérique" !
Il est francophone mais berge !

C'est ton tour maintenant !

Ni berge ni barge, belge !

bix_229 a écrit:

Ariane S. a écrit:Bravo Nadine ! C'est Henry Bauchau, "Le Boulevard périphérique" !
Il est francophone mais berge !

C'est ton tour maintenant !

Ni berge ni barge, belge !

Je n'avais pas osé relevé moi ....