Des Choses à lire
Visiteur occasionnel, épisodique ou régulier pourquoi ne pas pousser la porte et nous rejoindre ou seulement nous laisser un mot ?

Après tout une communauté en ligne est faite de vraies personnes, avec peut-être un peu plus de liberté dans les manières. Et plus on est de fous...


Je te prie de trouver entre mes mots le meilleur de mon âme.

Georges Brassens, Lettre à Toussenot

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Poésie

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Message par Chamaco Sam 22 Mai - 7:28

En 1973 Hachette éditait une "Anthologie de la poésie franèaise" de Georges Pompidou, President de la Republique Française comprenant des extraits d'oeuvres, acheté il y a longtemps sur les quais de Seine...
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Message par Jack-Hubert Bukowski Mar 25 Mai - 10:11

Je reviens à la charge avec Georges Schehadé :

Poésies III

IV

Quand l'oiseau se déchire avec son chant
Les feuilles incertaines de leur mélancolie
Parfois cessent leur plainte
L'air au loin finit et ne veut plus entendre
Nous passons alors avec nos chiens de dimanche
Sur le ciel et dans le verger
Et pour l'exil de nos images
Nous donnons une ombre à chaque enfant du soir

V

De l'automne jauni qui tremble dans le bois détélé
Il demeure une étrange mélancolie
Comme ces chaînes qui ne sont ni pour le corps ni pour
l'âme

Ô saison les puits n'ont pas encore déserté votre grâce
Ce soir nous avançons dans vos feuilles qui passent
Près d'une cascade de triste folie

Et voici dans un nuage de grande transparence
L'étoile comme une étincelle de faim

[...]

XV

Sous un feuillage indifférent à l'oiseau salarié
Je dis que les pommes sont justes et belles
Dans la tristesse du matin
Je parle d'une rose plus précieuse
Que les rides du jardinier

Parce que les livres sont dans les chambres
Parce qu'il y a de l'eau dans le corps des amants
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Message par bix_229 Jeu 27 Mai - 20:20

Je ne commente pas les poèmes. A mon avis, ils se suffisent à eux-memes quand on les apprécie.
Je n'aime pas beaucoup non plus les essais théoriques sur le théme de la  poésie.
Toutefois, il y a quand meme quelques poètes convaincants, éclairants, tels Octavio Paz ou Roberto
Juaroz.
De lui, je lis Poésie et réalité et je comprends mieux ce que je suis incapable de formuler.


Citation :


" Parler de poésie - et la poésie elle-meme - consistent aussi à parler de quelque chose qui ne
se comprend.
IL n'est pas possible de définir la poésie, pas plus qu'il ne l'est de définir la réalité. Mais peut-on
définir la vie, l'amour, la mort, la musique, la douleur, le reve ?
Peut-on définit quoi que ce soit ? Ou tout se résume-t-il à une petite approche de l'insaisissable,
au reve d'une formulation de l'inaccessible ?
Basho n'était pas seulement un maitre zen, c'était un des plus grands poètes de son temps.
Il ne comprenait pas le zen,  il ne comprenait pas la poésie (disait-il) mais il les vivait, les 
éprovaient, les créaient.
Est-il une autre forme d'accès au réel ?"


Roberto Juarroz : Poésie et réalité. - Lettres vives, 1967
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Message par bix_229 Ven 28 Mai - 15:50

IL Y A UN MOURIR



Ne m’emmène pas à l’ombre de la mort Où ma vie en ombre se changera, Où on vit seulement l’avoir vécu. Je ne veux pas vivre du souvenir. Donne-moi comme ceux-ci d’autres jours de la vie. Ô ne fais pas si hâtivement De moi un absent Et l’absent de moi. N’emporte pas mon Aujourd’hui ! Je voudrais encore rester en moi. Il y a un mourir si de ces yeux Le regard d’amour se renverse Et reste seul de vivre le regard. C’est le regard des ombres de la Mort. La Mort n’est pas la suceuse des joies.
Ceci est mort : oubli dans des yeux vivants.

Macedonio Fernandez 

Macedonio Fernández était un romancier, nouvelliste, poète et philosophe argentin. C'est un précurseur de l'avant-garde argentine.
Il commença une carrière d'avocat en 1898. Il épouse Elena de Obieta en 1899. À la mort de celle-ci en 1920, Macedonio abandonne sa carrière d'avocat et ses enfants, et commence une vie d'errance consacrée à l'écriture et à l'amitié.
En 1928 il publie pour la première fois, à l'instigation de ses amis, un traité de métaphysique "Tout n'est pas veille lorsqu'on a les yeux ouverts" (No toda es vigilia la de los ojos abiertos). Dans cet ouvrage mi-sérieux, mi-fantaisiste, Macedonio affirme l'équivalence du rêve et de la réalité. Babelio


Macedonio Fernadez eut ne importance décisive sur Borges. Mais MF ne se souciait ni de lui-meme ni de son oeuvre. On crut un temps qu'il était une invention de Borges. B
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Message par Tristram Jeu 3 Juin - 13:19

Bashô a écrit:
Beaucoup de choses
dans mon cœur. Laissons-les aller
au gré des mouvements du saule.

_________________
« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
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Message par Tristram Sam 5 Juin - 13:52

Ransetsou a écrit:
À chaque fleur qui s’ouvre

aux branches du prunier,

le Printemps s’attiédit un peu plus.

_________________
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Message par Tristram Mer 9 Juin - 20:00

Tchigetsou – Ni, disciple de Bashô a écrit:

Le chant des insectes

que le vent emporte

et rapporte.



La luciole volante,

comme la veuve se consume

Sans se plaindre.

_________________
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Message par Tristram Jeu 10 Juin - 14:14

Otsouyou, disciple de Bashô a écrit:

À la fin tout n’est plus

qu’un squelette d’éventail,

quand souffle le vent d’automne.

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Message par bix_229 Mer 16 Juin - 0:17


COSÌ SIAMO



Dicevano, a Padova, «anch’io»
gli amici «l’ho conosciuto».
E c’era il romorio d’un’acqua sporca
prossima, e d’una sporca fabbrica:
stupende nel silenzio.
Perché era notte. «Anch’io
l’ho conosciuto».
Vitalmente ho pensato
a te che ora
non sei né soggetto né oggetto
né lingua usuale né gergo
né quiete né movimento
neppure il né che negava
e che per quanto s’affondino
gli occhi miei dentro la sua cruna
mai ti nega abbastanza

E così sia: ma io
credo con altrettanta
forza in tutto il mio nulla,
perciò non ti ho perduto
o, più ti perdo e più ti perdi,
più mi sei simile, più m’avvicini.




Andrea Zanzotto, Intermezzo, IX Egloghe, Mondadori, Milano, 1962, in Andrea Zanzotto, Tutte le poesie, Oscar Mondadori, Collezione Oscar poesia del Novecento, 2011, p. 196.*



NOUS SOMMES COMME ÇA



À Padoue, ils disaient, les amis :
« moi aussi, je l’ai connu ».
Et il y avait le grondement tout proche d’une eau
sale et d’une usine sale :
prodigieux dans le silence.
Parce que c’était la nuit. « Moi aussi,
je l’ai connu ».
Avec force j’ai pensé
à toi qui désormais
n’es ni sujet ni objet
ni langage courant ni jargon
ni repos ni mouvement
pas même le ni qui niait
et pour lequel mes yeux
s’enfoncent dans son chas
sans jamais te nier suffisamment.

Qu’il en soit ainsi : mais moi,
je crois avec d’autant plus
de conviction dans tout mon néant ;
c’est pour cela que je ne t’ai pas perdu
ou plutôt, que plus je te perds plus tu te perds,
plus tu me ressembles, plus tu m’es proche.




Traduction inédite de Thierry Gillybœuf
pour Terres de femmes
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Message par bix_229 Mar 22 Juin - 19:22

John Donne – Nul homme n’est une île

poésie - Poésie - Page 34 John_donne_by_isaac_oliver


Nul homme n’est une île, complète en elle-même ; chaque homme est un morceau du continent, une part de l’ensemble ; si un bout de terre est emporté par la mer, l’Europe en est amoindrie, comme si un promontoire l’était, comme si le manoir de tes amis ou le tien l’était. La mort de chaque homme me diminue, car je suis impliqué dans l’humanité. N’envoie donc jamais demander pour qui le glas sonne : il sonne pour toi.
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Message par Bédoulène Mer 23 Juin - 8:10

quel extrait !

_________________
“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
― Le club des incorrigibles optimistes de Jean-Michel Guenassia



[/i]
"Il n'y a pas de mauvais livres. Ce qui est mauvais c'est de les craindre." L'homme de Kiev Malamud
Bédoulène
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Message par Tristram Sam 26 Juin - 12:25

Descends, Moïse, et va vers le rivage,
Parle au vieux roi du peuple égyptien,
Dis-lui que Dieu t'a sorti d' l'esclavage,
Dis-lui : not' Dieu va délivrer les siens !

Vous n' peinerez plus sur la terre étrangère,
L' vieux Pharaon ne vous tourmentera plus ;
Descends, Moïse, et va vers la rivière,
Le Seigneur Dieu va sauver l' peuple élu !

L' vieux Pharaon va s' mettre à vot' poursuite,
Il se noyera dans les eaux d' la Mer Rouge ;
Le Seigneur Dieu va protéger vot' fuite,
Vous n' mourrez pas dans les grands flots qui bougent.

Les opprimés ne s'ront plus dans la peine,
Descends, Moïse, parle au nom d' Jéhovah ;
C'est l' Seigneur Dieu qui va briser nos chaînes,
Dis au vieux roi que not' peuple s'en va...

L'or de vos maîtres, vous l' prendrez pour salaire ;
Vous bénirez l' Seigneur qui vous sauva ;
Descends, Moïse, au bord de la rivière,
Dis au vieux roi que not' peuple s'en va...

Marguerite Yourcenar, Fleuve profond, sombre rivière. Les Negro Spirituals

_________________
« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
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Message par bix_229 Dim 27 Juin - 21:04

Jour et nuit (Lydie Dattas)


Ma jeunesse a été si absolument pure :

j'ai traversé la nuit sans craindre de mourir


quand la nuit n'était rien qu'absolument la nuit,


j'ai marché dans la nuit sans douter de l'aurore

lorsque la nuit doutait de ses propres étoiles.

J'ai marché dans la nuit comme au milieu du jour :

le ciel était couvert entièrement d'étoiles,

les étoiles éclairaient autant que le soleil,

ce terrible soleil qui éclaire la nuit.

La nuit me consacrait ses heures les plus belles,

la nuit avait pour moi la beauté de l'azur,

je buvais la rosée dans la coupe des roses,

les étoiles étaient aussi jeunes que moi.

La beauté jour et nuit se tenait près de moi :

je craignais la beauté plus que ma propre mort,

je ne préférais rien à la beauté des anges.

La neige jalousait la pureté de l'âme :

la neige me devait en partie sa beauté,

la neige qui laissait sa beauté dans mon âme.



Lydie Dattas, Le Livre des Anges II, Arfuyen, 1995

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Message par bix_229 Mar 13 Juil - 19:06

Portugal
Fernando Pessoa
(1888) — 1935, Lisbonne)
 
Não basta abrir a janela
Não basta abrir a janela
Para ver os campos e o rio.
Não é bastante não ser cego
Para ver as árvores e as flores.
É preciso também não ter filosofia nenhuma.
Com filosofia não há árvores: há ideias apenas.
Há só cada um de nós, como uma cave.
Há só uma janela fechada, e todo o mundo lá fora;
E um sonho do que se poderia ver se a janela se abrisse,
Que nunca é o que se vê quando se abre a janela.
Fernando Pessoa
Poemas Inconjuntos
1913-1915
Pour découvrir d’autres poèmes de Pessoa (en portugais), 
cliquez ici
Il ne suffit pas d’ouvrir la fenêtre
Il ne suffit pas d’ouvrir la fenêtre,
pour voir les champs et la rivière.
Il ne suffit pas de n’être pas aveugle
pour voir les arbres et les fleurs.
Il faut également n’avoir aucune philosophie.
Avec la philosophie il n’y a pas d’arbres : il n’y a que des idées.
Il n’y a que chacun d’entre nous, telle une cave.
Il n’y a qu’une fenêtre fermée, et tout l’univers à l’extérieur ;
Et le rêve de ce qu’on pourrait voir si la fenêtre s’ouvrait,
Et qui jamais n’est ce qu’on voit quand la fenêtre s’ouvre.
Fernando Pessoa, 1913-1915
[Poèmes désassemblés

in Fernando Pessoa, Anthologie des hétéronymes,
coll. « L’œil du poète », éd. Textuel, Paris 2004, page 51

Poèmes traduits du portugais par Maria Antonia Câmara Manuel, Michel Chandeigne, Armand Guibert et al.
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Message par Jack-Hubert Bukowski Ven 16 Juil - 11:39

Lydie Dattas... Je vais retenir son nom... Wink
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Message par Jack-Hubert Bukowski Dim 18 Juil - 9:34

Il y a plusieurs Ossip Mandelstam. Il y en a un efficace dans la brièveté d'expression et l'autre plus ample, près de la prose... Il est très luxuriant :

O belle Saïma, tu berçais ma barque sur tes eaux,
Tu berçais ma souple nacelle, effilée et joueuse,
Et devant les rochers déserts, pareils à des jumeaux,
Mon âme écoutait le doux clapotis de ta berceuse.
L'antique chant du Kalevala résonnait autour,
Chant de fer et de pierre de l'exploit douloureux du Titan ;
Et le banc de sable, proie de la vague en fin du jour,
Blanchissait, telle une fiancée, sur les eaux pourpres du camp.
Les flèches d'un soleil ivre pleuvaient sans bruit et lestes,
Et plongeaient vers le fond du lac pour l'incendier ;
Et le soleil restait vif, comme au sommet de l'arbre céleste
Un fruit trop mûr, mais les étoiles commençaient de clignoter.
J'accostai et pris pied sur la rive chenue, bouclée,
Je ne sais combien de temps,
ni vers qui montèrent mes prières...
L'inoubliable Saïma en flots de lave coulait,
Une vapeur blanche s'élevait lentement dans l'air.


1908

La Pierre, p. 191.
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Message par Jack-Hubert Bukowski Dim 18 Juil - 11:10

Je vais revenir sur Lydie Dattas. Il est dommage qu'il n'y ait pas beaucoup de poèmes disponibles sur Internet.

Je vais vous laisser quand même ça en accompagnement :

Si je vous parle, ce n’est pas depuis une
conscience lumineuse, mais depuis cette région
de l’âme tissée de nuit et d’épouvante
où la pensée n’est plus la marque d’une richesse
intérieure ou d’ une supériorité morale,
mais la trace humiliée d’une misère spirituelle
si grande qu’elle fut toujours occultée, misère
d’autant plus grande qu’elle ne sait pas son nom
et qu’ elle est faite précisément de l’ignorance
de sa propre malédiction.

***

Lydie DattasLa nuit spirituelle (1996)
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Message par bix_229 Dim 18 Juil - 13:41

Content qu'elle te plaise, Lydie Dattas, Jack Hubert.
Intensité et ferveur, on la reconnait.
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Message par bix_229 Dim 25 Juil - 15:50

La Petite fille
C’est moi qui frappe aux portes,
Aux portes, l’une après l’autre.
Je suis invisible à vos yeux.
Les morts sont invisibles.
Morte à Hiroshima
Il y a plus de dix ans,
Je suis une petite fille de sept ans.
Les enfants morts ne grandissent pas.
Mes cheveux tout d’abord ont pris feu,
Mes yeux ont brûlés, se sont calcinés.
Soudain je fus réduite en une poignée de cendres,
Mes cendres se sont éparpillées au vent.
Pour ce qui est de moi,
Je ne vous demande rien :
Il ne saurait manger, même des bonbons,
L’enfant qui comme du papier a brûlé.
Je frappe à votre porte, oncle, tante :
Une signature. Que l’on ne tue pas les enfants
Et qu’ils puissent aussi manger des bonbons.


Nazim Hikmet


Dernière édition par bix_229 le Jeu 29 Juil - 0:24, édité 1 fois
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Message par bix_229 Jeu 29 Juil - 0:22

La descente aux profondeurs
(quatrième version)

Sous les sombres voûtes de notre mélancolie
Les ombres d'anges morts jouent dans le soir.
Au-dessus de l'étang blanc
Se sont envolés les migrateurs.

Rêvant sous des saules d'argent
Des étoiles jaunies caressent nos joues
Entre en s'inclinant le front de nuits passées.
Toujours nous fixe la face de nos tombes blanches.

Tout bas s'effondrent les airs sur la colline solitaire,
Les murs nus du bosquet automnal.
Sous une voûte de ronces
Ô frère nous grimpons, aiguilles aveugles, vers minuit.

Georg Trakl, poète météore mort à 27 ans
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