Ramuz Charles-Ferdinand
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Re: Ramuz Charles-Ferdinand
Un petit extrait :
"Mais ce qui surprenait le plus, c'est que tous n'étaient pas également frappés [par quelque malédiction] ; il y avait comme une justice à rebours : mieux on s'était conduit auparavant, plus il semblait qu'on fût sévèrement puni. Et là, au contraire, où régnaient les mauvaises passions, l'envie, l'avarice, la paresse, l'ivrognerie, ces maisons étaient épargnées ; souvenez-vous quand l'Ange dans la Bible vient et certaines portes sont frottées de sang, d'autres pas. Il y avait des étables où toutes les bêtes avaient crevé, il y en avait où pas une n'était atteinte."
Dernière édition par Barcarole le Ven 24 Jan - 18:09, édité 1 fois
Barcarole- Messages : 3019
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Re: Ramuz Charles-Ferdinand
Quel enthousiasme !
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"Et au plus eslevé trone du monde, si ne sommes assis, que sus notre cul." (Michel de Montaigne)
Armor- Messages : 4589
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Re: Ramuz Charles-Ferdinand
Eh oui ! chacun y va de son Ramuz préféré !
Barcarole- Messages : 3019
Date d'inscription : 02/12/2016
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Localisation : Tours
Re: Ramuz Charles-Ferdinand
ah! l'étranger bien sur ! merci Barcarole !
_________________
“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
― Le club des incorrigibles optimistes de Jean-Michel Guenassia
[/i]
"Il n'y a pas de mauvais livres. Ce qui est mauvais c'est de les craindre." L'homme de Kiev Malamud
Bédoulène- Messages : 21159
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Localisation : En Provence
Re: Ramuz Charles-Ferdinand
Quel titre étrange, presque effrayant...même si "séparation" est le maître-mot du titre, et même si "race" était d'un emploi beaucoup plus généraliste à l'époque d'écriture.
Une fin de saison dans les alpages, les hommes s'apprêtent à descendre. À la dernière veillée, le vin passe de mains en mains. Exploitant une fumeuse appropriation d'un pâturage, l'un d'entre eux (Firmin) projette le rapt d'une jeune femme, qui le subjugue et qu'il épie à la dérobée. Il faut dire que la crête, les cimes marquent un confins, entre deux cantons, deux langues, deux mondes, deux cultures, deux chrétientés différentes, des populations qui ne se rencontrent jamais, un pays riche avec de pauvres gens, un pays pauvre peuplé de gens aisés...
Ce drame (c'en est un) je ne le narrerai pas davantage, réservez la lecture de la préface pour après et plongez dans ce Ramuz de tout premier plan, très abouti, très maîtrisé, né, si j'ai bien compris, de l'insatisfaction de l'auteur à propos de Le Feu à Cheyseron (1912) et le besoin de tout détricoter, de remettre l'ouvrage sur le métier, ouvrage qui, pourtant, avait eu son petit succès en revue. Nous sommes trois et quatre années avant L’Amour du monde (1925) et La Grande peur dans la montagne (1926), pour encore un chef d'œuvre paysan, villageois et montagnard, où le vin et la viticulture se taillent une part belle.
Pour encore un drame violent, où le procédé littéraire consiste à temporiser la plupart du temps dans des pages naturalistes à déguster, mais tout à l'opposé à aller très vite dans les phases d'action et de drame.
La fin est, pour ainsi dire, précipitée, ce qui renforce l'impression de brutalité. Il y a un ton général, entre ébahi des plus petites choses et désabusé des plus grandes, que je ne trouve pas forcément ailleurs, je ne vois pas quel autre auteur pourrait entrer dans le jeu comparatif.
J'ai beaucoup aimé !
Chapitre IV a écrit:Une ou deux personnes, puis une, puis une encore passaient devant vous comme quand l'eau apporte une feuille, l'eau promène un morceau d'écorce, des brins de mousse, et puis il se fait des remous. Un homme tire son mulet par la longe; à un moment donné, le mulet s'arrêtait, parce qu'on ne sait jamais ce qui se passe sous leurs longues oreilles et il faut leur tordre le licou autour des mâchoires pour les faire avancer. Les sabots, les souliers à clous faisaient un bruit gras. Il y avait aussi les gouttes tombant des toits, soit une à une, soit se réunissant dans leur succession trop rapide en autant de petites fontaines qui chantaient. Et toujours, là-dedans, Mânu arrivait pour finir, et il s'arrêtait.
\Mots-clés : #ruralité #vengeance #xxesiecle
Aventin- Messages : 1984
Date d'inscription : 10/12/2016
Re: Ramuz Charles-Ferdinand
merci Aventin, une prochaine lecture dans quelques temps..............
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Bédoulène- Messages : 21159
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 79
Localisation : En Provence
Re: Ramuz Charles-Ferdinand
un projet pas encore concrétisé cette lecture là !
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Keep on keeping on...
Re: Ramuz Charles-Ferdinand
Les poèmes de ce premier recueil, Le Petit village, (que je ne connaissais pas) sont intimes, familiers, naifs comme des reves d'enfants.
Le jour de notre noce, j'y pense tout le temps,
il fera un soleil comme on n'a jamais vu ;
il fera bon aller en char
à cause du vent frais qui vous souffle au visage,
quand la bonne jument va trottant sur la route
et qu'on claque du fouet pour qu'elle aille plus fort.
On lui donnera de l'avoine,
en veux-tu, en voilà ;
on l'étrillera bien qu'elle ait l'air d'un cheval
comme ceux de la ville ;
et trotte ! et tu auras ton voile qui s'envole,
et tu souriras au travers
parce qu'il aura l'air
de faire signe aux arbres,
comme quand on agite un mouchoir au départ.
On se regardera, on dira : « On s'en va,
on commence le grand voyage ;
heureusement qu'il n'y a pas
des océans à traverser. »
Et quand nous serons arrivés,
la cloche sonnera, la porte s'ouvrira,
l'orgue se mettra à jouer ;
tu diras oui, je dirai oui ;
et nos voix trembleront un peu
et hésiteront à cause du monde
et parce qu'on n'aime à dire ces choses
que tout doucement à l'oreille.
il fera un soleil comme on n'a jamais vu ;
il fera bon aller en char
à cause du vent frais qui vous souffle au visage,
quand la bonne jument va trottant sur la route
et qu'on claque du fouet pour qu'elle aille plus fort.
On lui donnera de l'avoine,
en veux-tu, en voilà ;
on l'étrillera bien qu'elle ait l'air d'un cheval
comme ceux de la ville ;
et trotte ! et tu auras ton voile qui s'envole,
et tu souriras au travers
parce qu'il aura l'air
de faire signe aux arbres,
comme quand on agite un mouchoir au départ.
On se regardera, on dira : « On s'en va,
on commence le grand voyage ;
heureusement qu'il n'y a pas
des océans à traverser. »
Et quand nous serons arrivés,
la cloche sonnera, la porte s'ouvrira,
l'orgue se mettra à jouer ;
tu diras oui, je dirai oui ;
et nos voix trembleront un peu
et hésiteront à cause du monde
et parce qu'on n'aime à dire ces choses
que tout doucement à l'oreille.
A noter l'illustration de Marfa Indoukaeva
bix_229- Messages : 15439
Date d'inscription : 06/12/2016
Localisation : Lauragais
Re: Ramuz Charles-Ferdinand
Ah oui, ça fait du bien ce Petit village...
Le Vieux Jean-Louis
Le vieux Jean-Louis il n'a qu'un oeil,
on le dirait pas,
le vieux Jean-Louis sait marquer le pas
dans les danses.
Son accordéon est comme pas un,
avec un soufflet d'un mètre de long
et tout nickelé
et une musique à faire danser
deux ou trois villages.
Ça fait des accords, ça siffle, ça ronfle,
avec des sonnettes et des trémolos
qu'on entend de loin, au milieu du bruit,
sur le pont de danse.
Il faut voir les doigts du vieux Jean-Louis
courir sur les notes
et les yeux qu'il fait, sa tête qui penche,
tant il a plaisir.
Le Vieux Jean-Louis
Le vieux Jean-Louis il n'a qu'un oeil,
on le dirait pas,
le vieux Jean-Louis sait marquer le pas
dans les danses.
Son accordéon est comme pas un,
avec un soufflet d'un mètre de long
et tout nickelé
et une musique à faire danser
deux ou trois villages.
Ça fait des accords, ça siffle, ça ronfle,
avec des sonnettes et des trémolos
qu'on entend de loin, au milieu du bruit,
sur le pont de danse.
Il faut voir les doigts du vieux Jean-Louis
courir sur les notes
et les yeux qu'il fait, sa tête qui penche,
tant il a plaisir.
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Re: Ramuz Charles-Ferdinand
"La terre tout entière est un radeau de la Méduse avec cinquante jours de vivre."
Questions, 1935
Ramuz écolo ou prophète ?
Questions, 1935
Ramuz écolo ou prophète ?
bix_229- Messages : 15439
Date d'inscription : 06/12/2016
Localisation : Lauragais
Re: Ramuz Charles-Ferdinand
En ce moment, Derborance, de Francis Reusser, 1985, sur ARTE (qui curieusement ne mentionne pas Ramuz). Au moins de belles images, dont une impressionnante paroi, Aventin !
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« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
Tristram- Messages : 15643
Date d'inscription : 09/12/2016
Age : 67
Localisation : Guyane
Re: Ramuz Charles-Ferdinand
@Aventin, Tristam te parle
Nadine- Messages : 4866
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 48
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