Jean Rolin

Comme d'habitude, avec talent et ironie, Rolin arrive à meler des éléments apparemment hétérogènes,
des personnages de l'Histoire, des évènements qui auraient pu se produire,
des hommes célèbres ou moins, et qui, grace à lui et sans leur consentment, se trouvent
épinglés en compagnie d'un petit oiseau, pour moi inconnu,le traquet.
Ne vous privez pas de lire ce petit livre.

merci Bix !

La frontière belge



Je dois à Topocl la (re)lecture de ce petit roman, vainement recherché dans le commerce puis (re)découvert dans ma bibliothèque, édition (originale) 1989 JCLattès (sur le site desquelles on ne trouve pas trace de l’ouvrage).
Le charme en est effectivement dû au contraste entre le style soutenu et le contenu plus sordide.
Dans les Hauts-de-France (on songera à propos au cinéaste Bruno Dumont), les mésaventures farfelues d’un narrateur appartenant au groupe quasi-familial du Père (peut-être ancien marin), une maisonnée-bric-à-brac au propre (sic) comme au figuré, tournent autour de Lilas la disparue, maîtresse du quincaillier, trouvée tuée au début du roman, et qui ne sera qu’un des fils de vague intrigue du livre.

« Tout ce qui procédait de l’accumulation, de l’amoncellement, de l’empilement, du tas et du fourbi, comme de faire tenir ensemble énormément de choses disparates dans un espace trop petit pour les contenir, ou de les en extraire, puis les y refourrer et ainsi de suite, le Père s’y entendait à merveille, au point qu’en d’autres circonstances, avec une autre naissance, peut-être, ou du moins une éducation raffinée, moins soumise aux nécessités matérielles et plus attentive aux choses de l’esprit, il eût peut-être fait un collectionneur de talent, étant entendu que l’on ne voit guère, de toute manière, pourquoi la collection devrait être considérée comme un art. »

Phrase peu claire, où j’aime cependant à reconnaître une parenté entre le goût des listes littéraires, des collections savantes et celui du ramas d’objets de rebut…

merci Tristram, je prévois un retour vers l'auteur

Ah, Jean Rolin, merci pour ce fil ! Quel plaisir d'être à Gennevilliers, près du cimetière des chiens et des Chanteraines.

Le Traquet kurde m'a fait froid dans le dos car je me suis rêvée ornithologue.

J'adore le rapport que Jean Rolin entretient avec la marginalité, ses gens et ses lieux, la Seine...

Terminal Frigo



C’est d’abord Saint-Nazaire, et l’histoire du Jean-Bart, cuirassé en construction fuyant l’avancée allemande le 19 juin 1940.
Ensuite Jean Rolin rapporte la scission du syndicat cégétiste des dockers de Dunkerque puis de Saint-Nazaire dès 1992, d’un côté la CGT inspirée par le PC qui continue à mener la lutte des classes, et de l’autre une dissidence qui préfère se concerter avec la direction pour maintenir l’activité des ports en compétition avec leurs concurrents européens. C’est en tout cas ce que je pense avoir compris, l’exposé étant confus. Au fait, je pense que ce qui me gêne dans le style de Jean Rolin, ce sont les phrases longues pour des propos vasouillards.

« Après cette station, le bus aux trois quarts vide a longé le terminal conteneurs, au-dessus duquel se profilait la silhouette du portique "super-over panamax", conçu pour des navires d’une taille inédite, dont l’opérateur venait de se doter, puis le terrain destiné à l’extension prochaine de ce terminal, et sur lequel, dans la nuit, folâtraient encore des lapins, avant de déposer les derniers marins, et de recueillir les derniers Merry Christmas ! à hauteur du quai à pondéreux Ouest (le long de celui-ci étaient amarrés deux vraquiers, le Red Fern et le Rubin Ace). »

Un passage à Calais nous rappelle qu’en 2003 de nombreux migrants tentaient déjà de gagner l’Angleterre à partir de la Côte d’Opale.
Puis c’est Le Havre, Royan, un peu Sète et Lavera.
Une inconsistance dont ici le charme m’échappe.

C'est un peu l'essence même du charme, c'est indéfinissable, et soit ça passe, soit ça ne passe pas.

Farpaitement ; et tant pis pour moi sur ce coup-là...