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Thomas Bernhard

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Message par Dreep Lun 21 Sep - 17:38

Thomas Bernhard
(1931 - 1989)

Thomas Bernhard Avt_th10

Thomas Bernhard est un écrivain et dramaturge autrichien.

Thomas Bernhard naît le 9 février 1931 à Heerlen aux Pays-Bas. Son enfance à Salzbourg au temps du nazisme triomphant est marquée par de nombreux événements et la maladie pulmonaire dont il souffrira toute sa vie.

Son premier roman "Gel" lui vaut de nombreux prix et une reconnaissance internationale. Plusieurs de ses pièces seront jouées dans de nombreux pays et en France à partir de 1960. Thomas Bernhard a obtenu en 1970 le prix Georg Büchner, la plus importante récompense littéraire d’Allemagne occidentale.

Entre 1975 et 1982, il publie un cycle de cinq œuvres autobiographiques : "L'Origine", "La Cave", "Le Souffle", "Le Froid" et "Un enfant".
Auteur au style singulier, misanthrope, vivant une relation d'amour et de haine avec son pays, Thomas Bernhard est un des auteurs les plus importants de la littérature germanique d'après-guerre.

Essentiellement connu comme dramaturge et romancier, son œuvre la plus marquante est probablement "Le Neveu de Wittgenstein".

Bibliographie :

- Gel (Frost) - 1962
- Amras - 1964 - Gallimard, 1987 (Contient Marcher (Gehen) initialement paru en 1971, repris dans l'édition de 1987.)
- Perturbation (Verstörung), 1967 (ISBN 978-2-07-070907-6)
- La Plâtrière (Das Kalkwerk), 1970
- Trois jours (Drei Tage), 1971 in Récits 1971-1982 - Gallimard,  coll. « Quarto »
- Corrections (Korrektur), 1975
- L'Origine (Die Ursache), 1975
- La Cave (Der Keller), 1976
- Oui (Ja), 1978
- Le Souffle (Der Atem), 1978
- L'Imitateur (Der Stimmenimitator), 1978.
- Les Mange-pas-cher (Die Billigesser), 1980
- Au but (Am Ziel, théâtre) - 1981
- Le Froid (Die Kälte), 1981
- Béton (Beton), 1982
- Le Neveu de Wittgenstein (Wittgensteins Neffe), 1982
- Un enfant (Ein Kind), 1982.
- Le Naufragé (Der Untergeher), 1983.
- Des arbres à abattre : Une irritation (Holzfällen), 1984
- Déjeuner chez Wittgenstein (Ritter, Dene, Voss, théâtre), 1984.
- Le Faiseur de théâtre (Der Theatermacher, théâtre), 1984.
- Maîtres anciens (Alte Meister), 1985
- Extinction (Auslöschung), 1986.
- Dramuscules, 1988
- L'Origine : Simple indication
- Récits 1971-1982
- Simplement compliqué (Einfach kompliziert, théâtre), 1986
- Place des Héros (Heldenplatz, théâtre), 1988
- Mes prix littéraires (Meine Preise)
- Sur la terre comme en enfer (Gesammelte Gedichte), recueil de poèmes
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Message par Dreep Lun 21 Sep - 17:38

Le Souffle

Thomas Bernhard Produc17

Des longues phrases qui décrivent une amplitude, celle de l'aberration ou du mal-être. Des petites phrases qui assassinent, répètent de manière obsessionnelle ce qui a déjà été craché. Ou des petites phrases qui introduisent un élément nouveau, comme un corps étranger, une respiration ― un souffle ? Une échappée mentale d'un lieu clos, le mouroir dans lequel le narrateur ― l'auteur lui-même ― a été enfermé. Le Souffle est en effet le troisième volet d'un récit autobiographique, troisième livre que j'ai préféré aux deux précédents. Thomas Bernhard n'est pas tant là pour nous raconter l'histoire de sa vie que pour construire quelque chose avec cette forme de monologue intérieur : un rapport aux autres (son grand-père et sa mère en particulier) un rapport au lieu, au monde. Bernhard polit certaines ambivalences ou les envoie valser à coups de phrases rancunières. À travers les cavités de ce style spasmodique, le narrateur s'échappe un moment de sa condition pour la recréer, en fonction d'une aspiration plus authentique et en cela émouvante. Reste l'invincible inquiétude de la mort...


Mots-clés : #autobiographie
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Message par Tristram Lun 21 Sep - 17:59

Mais oui, cet auteur n'avait pas son fil...
« Les maladies sont le plus court chemin de l'homme pour arriver à soi. »
« Perturbation »

« Nous qualifions de trépas la phase finale, la dernière phase de notre processus de trépas qui dure toute notre vie. »
« Le souffle – Une décision »

« …] il estimait qu’avoir dû vivre cinquante ans sur cette terre sans finalement qu’on vous ait jamais demandé votre avis, c’était, pour un être pensant, plus que suffisant. »
« Le prince », in « L’imitateur – Prose »

« Peu importe ce que vous lisez, cela revient au bout du compte ridicule et au bout du compte cela ne vaut rien. »
« Maîtres anciens »

_________________
« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
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Message par Invité Jeu 25 Mar - 11:31

Goethe se mheurt (récits)

Thomas Bernhard Produc14

La férocité de Thomas Bernhard fait rage dans les quatre récits rassemblés ici en un volume, selon le souhait de l’auteur. Qu’il s’agisse de Goethe mourant, de la haine de l’Autriche ou la détestation de la famille, l’humour et l’ironie du grand prosateur se révèlent toujours aussi percutants. Mais surtout, ces quatre miniatures contiennent tout l’univers de Bernhard et forment un condensé très maîtrisé des motifs qui traversent toute son œuvre.

Voilà un titre à rajouter à sa biblio. Pour ma part, c'est une première lecture de l'auteur, qui en appelle d'autres. J'ai trouvé ça parfois un peu foutraque, et indigeste (quand il use du procédé de la répétition) mais également jouissif et fort bien écrit / pensé. Comme dit plus haut, cela semble une bonne introduction à cet auteur qui paraît rempli de seum et d'alcool, comme disent les jeunes.  Very Happy Enfin, je ne sais pas s'il buvait beaucoup, mais il a développé une misanthropie certaine. J'ai son roman Perturbation, je lirai ça par la suite.

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Message par bix_229 Jeu 25 Mar - 16:13

On a pris connaissance tardivement connaissance de la poésie de Bernhard en France.
C'est dommage parce que tout ce qui a été observé dans son oeuvre en prose   se trouve
trancendé, cristallisé dans sa poésie. Cf "Sur la terre comme en enfer"


Mon désespoir vient à minuit
et me regarde comme si j’étais mort depuis longtemps
noirs les yeux et le front fatigué de fleurs
le miel amer de ma tristesse goutte sur la terre malade
qui me tient souvent éveillé les rouges nuits,
pour voir la mort inquiétante de l’automne.

Mon désespoir vient à minuit
La vallée est différente, la lune nage sur les prairies,
Le croissant brisé de la soirée furieuse est adossé
Au rebord de la fenêtre et me regarde.
Je sais très bien que je suis fracassé
Tel ce croissant, personne ne me trompe maintenant,
Pas non plus le fleuve qui prononce son verdict

Avant le matin.


Dernière édition par bix_229 le Jeu 25 Mar - 16:17, édité 1 fois
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Message par bix_229 Jeu 25 Mar - 16:15

Tu ne sais rien, mon frère, de la nuit,

rien de ce tourment qui m'épuisait

comme la poésie qui portait mon âme,

rien de ces mille crépuscules, de ces mille miroirs

qui me précipiteront dans l'abîme.

Tu ne sais rien, mon frère, de la nuit

que j'ai dû traverser à gué comme le fleuve

dont les âmes sont étranglées depuis longtemps par les mers,

et tu ne sais rien de cette formule magique

que notre Lune m'a révélée entre les branches mortes

comme un fruit du printemps.
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Message par bix_229 Jeu 25 Mar - 16:31


Ceci n'est pas une interview et c'est parfait ainsi !
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Message par Tristram Jeu 25 Mar - 16:44

Il semble effectivement que ses poèmes vaillent la lecture !

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Message par ArenSor Jeu 25 Mar - 17:50

Thomas Bernhard avait beaucoup d'humour.
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Message par Invité Jeu 25 Mar - 19:17

Merci Bix pour les poèmes et la non-interview ! Thomas Bernhard 2126147062

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Message par Dreep Sam 29 Oct - 16:06

Le Froid

Thomas Bernhard Le-froid

Cette pentalogie sans titre ― pas un pour l’ensemble, mais cinq ― n’est-elle pas une forme moderne de bildungsroman ? Plus j’avance à l’intérieur, plus je m’aperçois que le personnage-narrateur de Thomas Bernhard chemine, en dépit de toutes les vicissitudes, toutes les claustrations qu’il subit. Ce qui m’ennuyait un peu avec cette œuvre était peut-être une erreur de perspective : je voyais ces cinq volets comme tournant autour du même personnage (et peut-être même autour de l’auteur ; toujours ce côté « autobiographique » que je préfère tenir à distance) ; je ne tenais pas suffisamment compte de la progression. Une progression se manifestant dans le style ― de concert avec les répétitions et non pas malgré elles ― un mouvement saccadé, hésitant, nerveux : un style vivant. Il ne s’agit nullement de faire disparaître les murs entre lesquels son personnage est confiné. Bien au contraire, il y a toujours cette unité de lieu dont l’emprise est reflétée de façon obsédante (que ce soit dans L’Origine, La Cave ou Le Souffle) ET cette lutte que le personnage mène de front contre elle. Visez un peu le sous-titre : Une mise en quarantaine. Avec Le Froid, on assiste à un esprit en train de se débattre, ballotté entre le désir de mort et le désir de vivre. Bernhard va même plus loin que cela, rend cette lutte d’autant plus retorse lorsqu’il compare la vie ― son monde, avec les spectres du national-socialisme et du catholicisme autrichien ― à un établissement pénitentiaire ; et ce même établissement à une société essentiellement gouvernée par l’incompétence, l’incurie ou le mépris de caste. C’est dur, c’est âpre, ce monde tout en noir et blanc crachats, est une foule qui piétine l’individu. Mais celui-ci se libère par la musique : il voulait être chanteur.

Thomas Bernhard a écrit:Ainsi, ces dimanches, debout à côté de l’harmonium sur lequel jouait mon ami chef d’orchestre, je chantais une messe de Schubert. Les dimanches, à six heures du matin, une dizaine ou une douzaine de malades se rassemblaient ici pour chanter dans leurs robes de chambre, leur pull-overs râpés de laine bon marché et chantaient avec la ferveur de l’amateur la messe de Schubert à la gloire et en l’honneur du Dieu éternel. Trois ou quatre sœurs de la Sainte Croix stimulaient ces pauvres voix sortant de gorges amaigries et tremblantes, les poussaient dans le Kyrie et continuaient ainsi, inflexiblement et inexorablement, tout le long de la Messe jusqu’à l’Agnus Dei où le plus haut degré d’épuisement était alors atteint.
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Message par Tristram Sam 29 Oct - 16:51

Il me semble qu'il y a dans ce volume des textes que l'ai déjà lus, comme La cave ou Le souffle.
« La vérité, je le pense, n'est connue que par celui qu'elle concerne, s'il veut en faire part, il devient automatiquement un menteur. Tout ce qui est communiqué ne peut être autre chose qu'altération et falsification, on n'a donc jamais communiqué que des choses altérées et falsifiées. […] Comme il n'est pas possible de communiquer, donc de montrer la vérité, nous nous sommes satisfaits de vouloir écrire et décrire la vérité tout en sachant que la vérité ne peut jamais être dite. […] La raison m'a depuis longtemps interdit de dire et écrire la vérité parce qu'en le faisant on n'a dit et écrit qu'un mensonge mais l'écriture est pour moi une nécessité vitale. C'est pour cela, c'est pour cette raison, que j'écris même si tout ce que j'écris n'est pourtant rien qu'un mensonge qui est transporté par moi comme une vérité. »
Thomas Bernhard, « La cave – Un retrait »
« L'artiste, l'écrivain en particulier, qui ne va pas de temps en temps dans un hôpital, donc ne va pas dans un de ces districts de la pensée, décisifs pour sa vie, nécessaires à son existence, se perd avec le temps dans l'insignifiance parce qu'il empêtre dans des choses superficielles. »

« La question était de savoir si, d'une façon générale, il existait des maladies effectives, si toutes les maladies n'étaient pas des maladies inventées parce que la maladie en soi était une invention. »
Thomas Bernhard, « Le souffle – Une décision »

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Message par Dreep Sam 29 Oct - 19:53

Oui, il y a toute la pentalogie dont j'ai parlé : L'Origine, La Cave, Le Souffle, Le Froid, Un Enfant.
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Message par Tristram Mer 7 Aoû - 13:11

Le Neveu de Wittgenstein ‒ une amitié

Thomas Bernhard Le_nev10

L’auteur est hospitalisé en pneumo-phtisiologie dans le pavillon Hermann « en mille neuf cent soixante-sept au Wilhelminenberg », important établissement de soins viennois, et dans le pavillon Ludwig, celui des soins psychiatriques, l’est son ami Paul, apparenté au philosophe Wittgenstein, à cause de sa « prétendue maladie mentale ». Il est aussi visité par Irina, leur amie commune, et son « être vital », une femme âgée non nommée. Thomas Bernhard évoque leur amitié avec Paul, féru de musique, mais aussi de compétition automobile et de voile, avec qui il avait coutume d’observer et de « dénigrer » dans un café de Vienne, souvent le Sacher.
« J’ai toujours détesté les cafés viennois et je suis toujours allé dans les cafés viennois que je détestais, je les fréquentais tous les jours, car, bien qu’ayant toujours détesté les cafés viennois, et justement parce que je les détestais, j’ai toujours souffert à Vienne du syndrome du pilier de café, et j’ai toujours davantage souffert de ce mal que de tous les autres. Et, à franchement parler, je souffre encore aujourd’hui de ce syndrome du pilier de café, car il s’est avéré que ce syndrome du pilier de café était, par excellence, le plus incurable de mes maux. J’ai toujours détesté les cafés viennois, parce que j’y ai toujours été confronté à des gens comme moi, c’est la vérité, et je ne veux pas être confronté en permanence à moi-même, et surtout pas au café, où je vais pour me fuir, mais c’est justement là que je suis confronté à des gens comme moi. Je ne me supporte pas moi-même, et, moins encore, une meute de gens comme moi. »
Ce texte relativement bref est constitué d’un seul paragraphe, et les redites évidemment volontaires lui donnent un ton musical (qui peut rappeler Imre Kertész). Il est basé sur des évènements personnellement vécus et des personnages réels, mais s’éloigne fréquemment de toute exactitude.

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Message par Bédoulène Jeu 8 Aoû - 11:12

merci Tristram

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