Jean-Paul Sartre

Tristram a écrit:En quoi n'est-ce point un "couple libéré " ??

Oui, c'est vrai, ce n'est pas si facile d'être une femme libérée

(au moins il fait parler ce Sartre ! )

Spoiler:

Dans son autobiographie (Les mots), où il revient sur sa prime jeunesse, et la naissance de sa passion pour la littérature, et même de sa dimension religieuse (ce qu'il n'a pas trouvé dans la religion catholique, il semble le trouver chez les littérateurs), Sartre se met en scène et propose quelques passages savoureux :

Les écrivains d'âge mûr n'aiment pas qu'on les félicite avec trop de conviction de leur première oeuvre : mais c'est à moi, j'en suis sûr, que ces compliments-là font le moins plaisir. Mon meilleur livre, c'est celui que je suis en train d'écrire ; tout de suite après vient le dernier publié mais je me prépare, en douce, à bientôt m'en dégoûter. Que les critiques le trouvent aujourd'hui mauvais, ils me blesseront peut-être, mais dans six mois je ne serais pas loin de partager leur avis. A une condition pourtant : si pauvre et si nul qu'ils jugent cet ouvrage, je veux qu'ils le mettent au-dessus de tout ce que j'ai fait avant lui ; je consens que le lot soit déprécié en entier pourvu qu'on maintienne la hiérarchie chronologique, la seule qui me conserve la chance de faire mieux demain, après-demain mieux encore et de finir par un chef-d'oeuvre.

J'éprouve le même ressenti que lui à ce sujet, après avoir commis quelques scribouillages.

Ben oui tout cela n'est que normal et partagé je suppose par la majorité .
On ne naît pas ceci ou cela .On le devient .

merci pour cet extrait Arturo, qui me parait honnête.

Jérémy a lancé en page 1 un extrait superbe. Je relis le fil parce que je me suis prise d'envie d'exhumer l'origine de la phrase ""L'important n'est pas ce qu'on fait de nous, mais ce que nous faisons nous-même de ce qu'on a fait de nous. "
C'est dans le texte "L'existencialisme est un humanisme".

https://www.eudes-semeria.fr/api_website_feature/files/download/2557/Sartre-Existentialisme.pdf

Je suis la première à aimer appréhender la vie civile des gens qui écrivent pour mieux les ressentir, mais tout de même : si j'avais compris dans Les mots que Sartre avait la grâce de transmettre sans problème ce que son être pensant, même infantile, pouvait avoir de force (car c'est rare.) je n'avais pas compris la rigueur dans laquelle il inscrivait sa démarche. J'en avais bien moultement lu des louanges, mais cela me restait assez abstrait. Rien ne remplace la fréquentation des sources, décidément.
Je n'ai pas encore tout lu de ce texte, ci dessus mis en lien, mais il me semble que ses histoires de queue ou d'engagement politique ne valent que pauvre poids face au fait qu'il sache exceller dans la restitution didactique d'une pensée. Qui vaut.