Des Choses à lire
Visiteur occasionnel, épisodique ou régulier pourquoi ne pas pousser la porte et nous rejoindre ou seulement nous laisser un mot ?

Après tout une communauté en ligne est faite de vraies personnes, avec peut-être un peu plus de liberté dans les manières. Et plus on est de fous...


Je te prie de trouver entre mes mots le meilleur de mon âme.

Georges Brassens, Lettre à Toussenot

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Romain Gary

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Message par Bédoulène Mar 30 Juil - 13:06

merci Tristram !

"un photographe mâle de sexe inconnu"

je pense lire...................dans un certain temps

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“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
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enfance - Romain Gary - Page 7 Empty Re: Romain Gary

Message par Plume Mar 30 Juil - 14:19

Je placerais Gary entre Proust et Celine...
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Message par Tristram Mar 30 Juil - 16:09

Difficile de la positionner dans un univers à dimensions multiples, mais je pense qu'il joue effectivement dans la cour des grands écrivains !

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enfance - Romain Gary - Page 7 Empty La promesse de l'aube - le film

Message par Plume Jeu 1 Aoû - 11:34

La promesse de l'aube - le film

Un très bon film! De belles images. Belle prestation de Charlotte Gainsbourg.
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enfance - Romain Gary - Page 7 Empty Re: Romain Gary

Message par Bédoulène Ven 16 Aoû - 8:26

terminé la danse de Gengis Cohn, lecture qui m'a enthousiasmée et apprécié un peu plus l'auteur.

je m'exonère de commentaire ; celui de Tristram étant pointu, je vais ajouter des extraits :

Gengis Cohn le dibbuk de Schatz !
"Évidemment, personne ne comprend nos rapports, qui sont un peu particuliers.
À force d'être inséparables, nous nous sommes
formé un petit monde intime, bien à nous, où il
est très difficile de pénétrer, lorsqu'on n'est pas
un initié : Schatz a pour moi un attachement, en
quelque sorte, sentimental, dont je ne suis
d'ailleurs nullement dupe. Je sais qu'il va régulièrement voir un psychiatre pour essayer de se
débarrasser de moi. Il s'imagine que je ne suis
pas au courant. Pour le punir, j'ai trouvé un
petit truc assez marrant. Je lui fais le coup de la
bande sonore. Au lieu de me tenir simplement
là, en silence, devant lui, avec mon étoile jaune
et mon visage couvert de plâtre, je fais du bruit.
Je lui fais entendre des voix. C'est surtout aux
voix des mères qu'il est le plus sensible. Nous
étions une quarantaine, dans le trou que nous
avions creusé, et il y avait naturellement des
mères avec leurs enfants. Je lui fais donc écouter,
avec un réalisme saisissant – en matière d'art, je
suis pour le réalisme – les cris des mères juives
une seconde avant les rafales des mitraillettes,
lorsqu'elles comprirent enfin que leurs enfants
ne seraient pas épargnés. Ça fait au moins mille
décibels, une mère juive, à ces moments-là. Il
faut voir mon ami se dresser alors sur son lit, le
visage blême, les yeux exorbités. Il a horreur du
bruit. Il fait une tête épouvantable."


Schatz raconte à l'un de ses hommes à propos de Gengis ce dibbuk qui l'habite

"Celui-là ne
s'est pas laissé faire comme les autres. Il s'est
défendu.
       – Avec quoi ?
       – Avec quoi, avec quoi ! Il a fait un geste obscène.
       – Un geste obscène ?
       C'est exact. Je me suis toujours demandé ce
qui m'avait poussé à montrer mon cul nu aux
représentants du Herrenvolk à un moment pareil.
Peut-être pressentais-je qu'on allait un jour
reprocher aux Juifs de s'être laissé massacrer
sans résister : j'ai donc utilisé la seule arme,
purement symbolique, certes, que nous avions
réussi à conserver à peu près intacte à travers les
âges et que j'allais perdre dans un instant. Je ne
pouvais rien faire d'autre. Il n'était pas question
de sauter hors du trou et de se jeter sur les SS
quitte à tomber en route, noblement : le trou
était trop profond. Mais je tenais à m'exprimer.
Avant de recevoir les balles dans le cœur, je voulais quand même manifester, envoyer un message à l'Allemagne, aux nazis, à l'humanité, à la
postérité. Je me suis servi d'abord d'un vieux
geste insultant connu du monde entier. C'est
même curieux que ce geste soit tellement universel. Il s'effectue avec le bras : la main gauche
vient frapper la partie supérieure du bras droit,
en même temps que l'avant-bras est replié violemment... C'est très expressif.
       – Il s'était avancé, se plaçant devant les
autres, et il a fait ce geste obscène, alors que mes
hommes le visaient déjà. Aucune dignité. J'ai été
tellement outré par une telle attitude de chien
sans honneur face à la mort, que j'ai perdu une
seconde ou deux avant de crier Feuer ! et ce
salaud-là en a profité avec une rapidité éclair, et
qui prouve bien qu'il avait l'habitude de l'insulte... C'est à peine croyable, étant donné qu'il
allait mourir dans un instant, mais...
       – Mais ?
       – Enfin, il m'a tourné le dos, il a baissé sa
culotte, il nous a montré son cul nu et il a même
eu le temps de crier Kisch mir in tokhès ! avant de
tomber. Une vraie hutzpé, un culot monstre.."


la religion :

"– Ils ne se rendent même pas compte que ce
n'était pas notre faute, dit Schatz, que c'était le
pape qui n'avait rien fait. Si le pape Pie XII avait
dit un mot, nous aurions au moins eu une
excuse pour ne pas tuer les Juifs. Un alibi...
Tout ce qu'on voulait, c'était un alibi, pour ne
pas les tuer. De mes propres mains, je ne les
aurais pas tués ! Mais non, le pape ne nous a pas
tendu la main. Alors, on n'avait pas d'excuse, on
était obligé de les bousiller. Et maintenant, nous
sommes occupés, Guth, ils ont occupé l'Allemagne, tous les cinq millions...
       – Six, dit Guth"

"On a tort de dire que nous croyons, nous
autres, à un Dieu sévère, impitoyable. Ce n'est
pas vrai. Nous savons que Dieu n'est pas inaccessible à la pitié. Il a ses moments de distraction,
comme tout le monde : parfois, il oublie un
homme, et ça fait une vie heureuse"

"je dis
donc qu'il est possible que notre Église, par cette
atmosphère abstraite, étiolée, pudibonde et désincarnée qu'elle a créée autour de Dieu et de Sa
vertu, par cette surveillance constante dont elle
L'a entouré, ait réussi à Lui donner des complexes, et, sinon à Le rendre impuissant, du moins
à L'intimider. Notre vieille Église judéo-chrétienne a peut-être réussi à convertir Dieu lui-même, et à le dégoûter du corps et de ses besoins.
On conçoit alors que lorsqu'il s'agit de faire le
bonheur physique et terrestre de l'humanité, et
non simplement son bonheur posthume, Dieu ait
fini par éprouver de sérieuses difficultés et des
scrupules, qu'Il soit devenu prisonnier de nos préjugés et de notre culte de la douleur, qu'Il soit
ainsi complètement inhibé et n'ose plus se manifester dans toute Sa Puissance. En attendant, Lily
souffre dans tout son pauvre corps.
       – Il faut peut-être la prévenir, dis-je à Schatz.
Il ne faut pas que ce soit un choc. Cela risque de
la traumatiser définitivement et elle ne sortira
plus jamais du froid.
       Schatz est de plus en plus abattu.
       – Et supposez qu'elle ne Lui plaise pas ?
murmure-t-il. Il ne l'a encore jamais vraiment
vue sous cet angle. C'est toujours de son âme
qu'il s'agissait, jamais de son côté physique. Supposez qu'Il jette un coup d'œil sur elle et qu'Il
prenne la fuite ?"




Culture
"cet art est agressif, envahissant, il
cherche une fois de plus à miner le moral renaissant du peuple allemand. Schatz se voit pris dans
un véritable musée des horreurs. La réalité est
déformée par des mains impies, comme si
quelque affreux Chagall s'était emparé d'elle.
Un khassid du ghetto de Vitebsk, assis sur les classeurs, et qui a la tête de Gengis Cohn, joue du
violon, cependant qu'une vache, tous pis dehors,
vole au-dessus du portrait officiel du président
Luebke. D'affreux Soutine se tordent sur les
murs, des nus du Juif Modigliani crachent leur
obscénité dans les yeux de nos vierges aux tresses
innocentes. Freud se glisse dans la cave et va
réduire en ordure nos trésors artistiques. Des
masques nègres grimaçants s'engouffrent à sa
suite, en même temps qu'une salière et une bicyclette, et se composent déjà en un tableau cubiste
dégénéré. Ils reviennent."

"Je baisse les yeux vers le tas d'insectes à ses
pieds.
       – Vous n'êtes pas difficile. Vous prenez n'importe quoi.
       Il devient un peu morose.
       – On ne peut pas toujours travailler dans le
sublime. Il y a une crise en ce moment. Le marché est saturé. Personne ne veut plus payer. Les
commandes se font rares. Même au Vietnam, ils
ne lâchent ça qu'au compte-gouttes. Vous savez
ce que ça coûte, une grande fresque historique ?
Des millions. Rien que pour Stalingrad, ils m'ont
payé trois cent mille. Les Juifs ont craché six millions. Et puis, ça prend du temps. Pour vous
offrir Guernica, j'ai dû travailler trois ans. Et
qu'est-ce que ça m'a rapporté ? Un million et
demi. Ce n'était pas une affaire. Une bonne épidémie me rapporte davantage. Et pourtant, la
guerre civile espagnole, c'est une de mes œuvres
maîtresses. Tout y est, l'Espagne, la cruauté,
Goya, la lumière, la passion, le sacrifice..."

à propos de Lily qu'aucun home n'arrive à satisfaire :

"Plus je pense au bouc et plus il me semble que
c'est là une solution possible du problème de
Lily. Je suis convaincu que Rabbi Zur lui aurait
conseillé de l'essayer. Il est vrai qu'elle l'a peut-être déjà fait, puisque l'époque ne manque pas
de grands esprits, Dieu merci, et que de Staline à
Hitler, le bouc a déjà laissé beaucoup de gens
heureux, après son départ."

un flic au commissaire :

– Ben, il a quelque chose à proposer... Une
solution. L'Église, quoi.
       – L'Église... Ah oui, c'est vrai... Nom de
nom, mais en quoi ça regarde l'Église, tu peux
me le dire ? Cette créature est dévorée par un
besoin effrayant que rien ne parvient à satisfaire
et qui la pousse au désespoir, et tu me proposes
l'archevêque coadjuteur ?
       – Ben, ils ont le bon Dieu.
       – C'est vrai, ils ont... Quel rapport, nom de
nom, quel rapport ?
       Le flic lui cligne de l'œil.
       – Non mais, qu'est-ce que ça veut dire ?
       – Ben, Il est tout-puissant...
       – Il est...
       – Ben, oui. Il peut. Il peut y arriver.


le passé pèse lourd :

"Le Commissaire se rappelle qu'il est entouré
d'espions. On veut le forcer à se trahir, à avouer.
Ils veulent sa peau. Il est dans une situation sans
issue : d'un côté, les commandos de tueurs israéliens, de l'autre, le Renouveau allemand. S'il se
trahit, s'il avoue qu'il s'est enjuivé, sa carrière
sera terminée, le Miracle allemand passera à
côté, la Renaissance ne voudra de lui à aucun
prix. Le N.P.D. est implacable avec les Allemands complexés. Le parti du Renouveau n'accepte pas ces poids lourds dans ses rangs.


Il sort un mouchoir de sa poche et s'éponge le
front. Il faut faire face. Il convient avant tout de
donner une impression d'assurance, de fortitude. Il reste encore la démocratie chrétienne,
ils ne sont pas antisémites. Ils n'exigent pas la
pureté raciale. Schatz sait qu'il a encore une
chance de ce côté-là. Il respire. Il a beau avoir du
Juif en lui, les démocrates chrétiens ne vont pas
le rejeter, au contraire. Ils sont pour la pitié : ils
comprennent son martyre. Il se sent mieux. Ses
soupçons étaient absurdes. Les nerfs. Les deux
personnalités qui l'aident à mener son enquête
sur les crimes de la forêt de Geist sont trop
honorablement connues et jouent en Allemagne
un rôle culturel et social trop éminent pour se
prêter à des besognes d'obscure provocation et à
des machinations au service de ses ennemis.
Schatz est tout à fait rassuré. Il va leur montrer
qu'il domine la situation. Du sang-froid. De l'aisance. De la lucidité."

les trous Juifs

"Je connais bien la forêt de Geist. Ce chemin
entre les chênes qui, jadis, menait à une maison
en ruine – il y a là maintenant une résidence de
luxe et un jardin d'enfants —je ne cesse de le
parcourir, malgré moi, comme si je pouvais
encore y retrouver la trace des miens. Ils sont
partis en fumée, mais on peut encore voir les
tombes que les SS nous avaient fait creuser avant
de nous abattre. La mienne est là, sous ce sapin,
pour vous servir. Il n'y a pas de guide, mais un
gamin de Licht s'offrira toujours pour vous montrer ce qu'on appelle ici « les trous juifs »

"Schatz demeurait immobile au fond du trou,
serrant des mottes d'herbe juive dans ses mains.
J'étais assez gêné par cette offre expiatoire, par
ces rôles soudain inversés. Je ne pouvais rien
pour lui : il n'y avait personne pour crier Feuer !
et je n'avais pas de mitraillette. De toute façon,
je n'aurais pas tiré. Je me demande parfois si je
ne suis pas un peu méchant"

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