Pop music années 60-70

Cela fait un certain temps que je pensais à un fil sur la "Pop", à l'instar de celui de Bix sur le blues. D'ailleurs les deux fils trouveront des liens entre-eux puisque l'une des composantes essentielles de la Pop est le blues.
N'attendez toutefois pas de moi un exposé complet et rationnel sur le sujet, mais plutôt une balade au fil de mes goûts et de mes humeurs.

Je vous propose donc de commencer ce voyage par un moment emblématique :
1963 USA : J-F. Kennedy est président (il sera assassiné en novembre). Le pays est secoué par de violentes émeutes raciales dès avril, en particulier dans l'Alabama. En signe de protestation a lieu le 28 août la fameuse March on Washington for jobs and freedom qui rassemblera plus de 200 000 participants et qui est considéré comme un acte fondateur pour les noirs d'Amérique. Le dernier intervenant M Luther King y prononcera son célèbre discours "I have a dream".
Et voilà deux chanteurs : ils sont jeunes, ils sont beaux, ils ne savent pas qu'ils vont contribuer à révolutionner, à leur manière, cette période, et encore moins que l'un des deux sera quelques décennies plus tard Nobel de Littérature ! :


Joan et Bob feront un bon bout de chemin ensemble. Leurs chemins divergeront par la suite mais ils se retrouveront de temps à autre, pour se rappeler d'où soufflait le vent dans ces années.


J'en profite pour signaler que Joan Baez entame sa tournée d'adieux, non par lassitude mai qu'elle n'a plus la voix d’antan et qu'elle veut se consacrer à d'autres activités.


Madame Baez, nous allons probablement nous croiser à nouveau dans notre voyage, mais je voudrais vous saluer dès à présent : je vous admire non seulement pour vos qualités de compositrice, de musicienne, de chanteuse, mais mais aussi pour vos fortes convictions humanistes, défendues durant tant d'années. Vous faites partie de ma légende

A suivre.. (si vous le voulez bien )

merci Arensor pour ce fil et pour le commencer avec Joan Baez

Merci ami pour ce fil !

Sans trop réfléchir, je dirais, Credence Clearwater Revival, groupe daté et
pourtant indémodable.
Et qui, en tout cas reflète l' époque.

Merci pour votre participation qui m'incite à poursuivre le voyage

Continuons donc  avec Dylan et passons deux années :

1965 : Newport folk festival
Il y a deux festivals à Newport dans ces années là, celui consacré à la musique folk et celui consacré au jazz. Ils sont plus ou moins liés car fondés par la même personne.
En gros, Newport est une grand-messe de musique folk qui se déroule chaque année, l’été.
Le folk est une composante essentielle de la pop, au même titre que le blues et le rock.
Ce n’est pas facile de définir exactement cette musique populaire qu’est le folk. Elle reprend des airs traditionnels populaires agrémentés de textes de plus en plus critiques. C’est une musique que l’on peut associer aux petits blancs travailleurs, exaltant les valeurs des pionniers de l’Amérique. J’ose un parallèle osé, mais elle est peut-être une forme d’équivalent à ce que fut le blues pour les noirs, sans qu’il y ait la moindre trace de ségrégationnisme. Disons qu’il s’agit de deux traditions de musique populaire différentes qui se rejoindront avec la pop.
Probablement le chanteur de folk le plus connu est Woodie Guthrie, célèbre pour sa chanson This Land is your Land écrite en 1941


Woodie Guthrie a eu un talentueux comparse : Pete Seeger et un non moins talentueux émule : Bob Dylan
C’est Pete Seeger qui est le grand-prêtre du festival de Newport. Vous connaissez peut-être Turn, turn, turn de P. Seeger


Joan Baez participe à ce festival depuis sa fondation. En 1963, elle y introduit Bob Dylan. Le couple apparait comme le porte-flambeau des aspirations sociales de la musique folk.


Dylan revient sur scène en 1964, introduit ici par P. Seeger. Déjà des critiques se font sentir. On reproche au baladin de faire trop de place à l’introspection, à une poésie incompréhensible pour le peuple. C’est le début d’un terrible malentendu entre les tenants de la Protest-song et Dylan


La véritable révolution aura lieu le 25 juillet 1965. L’artiste qui vient de sortir l’album Like à rolling stone se présente sur scène avec lunettes de soleil et blouson et cuir et – Oh horreur ! – une guitare électrique. Il y interprète plusieurs chansons qui figurent aujourd’hui  parmi ses grands classiques : Maggie’s farm, Like a rolling stone .  On a beaucoup dit sur ce moment, les huées d’une partie du public, la fureur de Pete Seeger cherchant une hache pour trancher les câbles électriques (ce qu’il a démenti).


N’empêche, ce jour là marque une vraie rupture : La rencontre de Dylan et de l’électricité, la rencontre du folk et du rock. Un nouveau monde vient de naître.
Voici d'ailleurs la chanson de Seeger Turn Turn Turn réinterprétée par les Byrds et qui connaîtra un énorme succès :


1966 va être une année de folie pour Dylan, dans des tournées épuisantes, brûlant la vie par tous les excès, souvent confronté à la fois aux acclamations et aux huées (toujours l’électricité...


En juillet Dylan se vautre en moto, ce qui va l'éloigner de la scène pendant plusieurs années. Mais il continue à composer et nous risquons bien de le rencontrer à nouveau lors de notre voyage…
La fois prochaine, je vous propose d'aller voir de l'autre côté de l'Atlantique

ohhhh, chouette fil en vérité !!! On peut y mettre son grain de sel ?

kashmir a écrit:ohhhh, chouette fil en vérité !!! On peut y mettre son grain de sel ?

C'est fait pour ça Surtout tu n'hésites pas à intervenir

Hors sujet peut-être (parce que est-ce pop ?) mais des '70's assurément - presque 40 ans que je me demande comment Manfred Mann a pu ne pas atteindre à la célébrité grand public.
Attention, les deux morceaux ci-dessous ont leur encodage, et sont difficiles à interpréter (par interpréter je ne parle pas [nécessairement] musique, ça va de soi).
Et oui je fredonne Stranded in Iowa, et pas que sous la douche.

Merci Aventin
J'avoue que je n'ai pas souvenir de cet artiste C'est l'intérêt de ce fil aussi de faire redécouvrir de belles choses passées à la trappe...

Steve Miller The Joker



(Misère, quelle piètre qualité les illustrations du YouTubeur, il a pourtant dû se fouler pour aller les chercher )

Les paroles ?
Si ça c'est pas furieusement 70's ...

I'm a picker
I'm a grinner
I'm a lover
And I'm a sinner
I play my music in the sun
I'm a joker
I'm a smoker
I'm a midnight toker
I get my lovin' on the run
Whooo Whooooo

Ah oui, Steve Miller

1963 – London – Beatlesmania
L’histoire de la « pop » oscille entre les deux rives de l’Atlantique, les autres pays ne jouant qu’un rôle très mineur. Certes, il y eu des groupes de qualité en France : Ange, Gong, Magma…, mais dont l’audience resta assez confidentielle. La pop connut également un beau surgeon en Allemagne avec des groupes tournés vers l’électronique.
Entre 1963 et 1966, le vent vient de Grande-Bretagne (le fameux "swinging London", puis le courant s’inversa.
Bien sûr, à tout seigneur tout honneur, les Beatles, les Fab Four de Liverpool fontt un tabac dès 1962 avec « Love me do », puis les succès s’enchaînent les uns aux autres.
Leur apparition sur scène déclenche de véritables scènes d’hystérie collective : crise de larmes, hurlements, trépignements, évanouissements de teenagers en pamoison. Etrange phénomène sociologique !



En 1963, un autre groupe va rencontrer le succès, les Rolling Stones, bien sûr, dont le leader n’est pas à l’époque, M. Jagger ou K. Richards, mais bien Brian Jones.
Les Stones ont une composante « rythm and blues » plus prononcée que les Beatles, leur rock est plus sec, plus dur. Il n’en fallait pas plus pour que maisons de disques et médias opposent les gentils Beatles aux méchants Stones (alors que les membres des deux groupes ont toujours été très liés).



Beatles et Stones sont alors et resteront probablement les deux meilleurs groupes de la musique dite « pop », le second poursuivant toujours sa trajectoire. Ils ont su au cours de leur histoire se renouveler en assimilant quantité d’influences musicales.

De nombreux groupes naissent en Angleterre dans ces années là, au succès plus ou moins éphémère.

The Animals avec Eric Burdon



The Kinks avec les frères Davies



Them avec Van Morrison et un hit bien connu, repris bien souvent, en particulier par Patti Smith.



Je mettrai à part deux groupes qui vont avoir une influence toute particulière : les Yardbirds et les Who et qui feront l’objet de mon prochain post.

Merci ArenSor: il promet d'être de longue haleine ton balayage
une petite précision à propos de:

ArenSor a écrit:1963 – London – Beatlesmania
Certes, il y eu des groupes de qualité en France : Ange, Gong, Magma…, mais dont l’audience resta assez confidentielle

Attention, à part peut-être Ange (à la limite), Gong ou Magma ne donnent ni dans la pop ni dans le rock.

Hors-sujet, mais:
Magma, (un des plus fabuleux concert auquel il me fut jamais donné d'assister, c'était au début des '80s, de la tournée dont est extrait le YouTube ci-dessous), est dans un ailleurs alternatif, avec le chant en Kobaïen, langue de leur invention, recherche le cri, l'influence auto-revendiquée est clairement Jazz & Free Jazz, John Coltrane ou, comme dans ce masterpiece "Otis", Otis Redding.
J'ajoute le grand Frank Zappa (qui avait son fil, absolument exceptionnel, sur le forum précédent) dans les influences/fraternités.

Aventin a écrit:Merci ArenSor: il promet d'être de  longue haleine ton balayage
une petite précision à propos de:

ArenSor a écrit:1963 – London – Beatlesmania
Certes, il y eu des groupes de qualité en France : Ange, Gong, Magma…, mais dont l’audience resta assez confidentielle

Attention, à part peut-être Ange (à la limite), Gong ou Magma ne donnent ni dans la pop ni dans le rock.  

Hors-sujet, mais:
Magma, (un des plus fabuleux concert auquel il me fut jamais donné d'assister, c'était au début des '80s, de la tournée dont est extrait le YouTube ci-dessous), est dans un ailleurs alternatif, avec le chant en Kobaïen, langue de leur invention, recherche le cri, l'influence auto-revendiquée est clairement Jazz & Free Jazz, John Coltrane ou, comme dans ce masterpiece   "Otis", Otis Redding.
J'ajoute le grand Frank Zappa (qui avait son fil, absolument exceptionnel, sur le forum précédent) dans les influences/fraternités

Tu as tout à fait raison Aventin. Ta remarque est intéressante car, lorsque j'étais adolescent, ces groupes étaient incorporés dans le pop par les rares médias dont nous disposions : Le "Pop club" de José Arthur, "Poste restante" de J-B. Hebey ou, version papier : "Best" ou "Rock and folk".

A propos des années 64-65, The Animals, ci-dessous deux de leur titres à inonder le fil "Reprises...", viennent irriguer la scène anglaise de leur forte influence US-mais-sudiste, et encore, quand on dit sudiste, avec un centre de gravité bien plus proche du bayou et de la Nouvelle-Orléans que de Memphis, quant à New-York ou London, c'est en un lointain ailleurs:

ça me parle !

Dans le paysage du rock français des années 1970 il y avait Ganafoul ("T'as bien failli crever" reste une référence - une référence sûrement très peu consultée !).

Le TonTube ci-dessous pour illustration, aussi pour Antoine de Caunes à la brève intro et aux commentaires de transition précis et percutants -incisifs si vous voulez- d'une émission que je ne ratais pas, Chorus, ce jour-là avec le bob un rien Tour-de-France et les lunettes noires l'Antoine.
C'était Ganafoul en version non métal mais hard-rock, je n'affirmerai pas anglicisante mais peu s'en faut, curieux que tout cela n'ait pas fait tant d'enfants revendiqués que ça, je m'interroge   :