Valentine Goby
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Re: Valentine Goby
Ah Topocl, encore un fil de littérature contemporaine que l'on doit à ton esprit prospectif, merci.
Je viens de lire "Devenir Montagne", un livre d'entretien avec Valentine Goby, mené par Fabrice Lardreau :
super agréable que l'expression calme et choisie de cette auteure. Je me suis du coup rappelée avoir lu d'elle Kinderzimmer. Il me faudra explorer d'autres de ses livres. Elle est chouette cette femme, j'aime beaucoup.
J'ai acheté Devenir Montagne pour une amie, je l'ai épluché en catimini avant que de lui offrir . L'édition est belle.Je conseille, si vous aimez comme moi suivre des conversations tenues et libres.
Nadine- Messages : 4882
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Flore Vasseur
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Re: Valentine Goby
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Re: Valentine Goby
La résistante Mila est déportée à Ravensbrück, enceinte.
L’accent est mis sur la corruption des corps.« Il n’y a pas un bébé dans ce camp, pas une mère parce que mettre au monde c’est mettre à mort. »
Elle « fait la stèle » pendant « l’Appell », n’est pas mordue par un chien, décharge les « wagons de pillage », prend soin de Lisette sa cousine malade jusqu’à sa mort. Teresa se lie d’amitié avec elle et son fils James quand elle accouche.« Le corps rejette une urine claire, des selles liquides, du pus, s’écoule par les plaies, furoncles perçant la peau, fluides échappés des écorchures de gale, des morsures de pou, d’égratignures infectées, glaires épaisses sorties de la gorge. L’avitaminose ouvre les mollets comme la peau d’un kaki trop mûr, blessures au mieux bouchées par du papier gaufré, on ne trouve rien d’autre au Revier. Tu colles le papier sur la plaie, le papier devient ta peau de rechange, si tu le retires tu arraches tout, la croûte ou le voile à peine formé qui couvre le trou, fine peau de flanc, et ça pisse hors de toi. Tout ce qui sort pue, est pourri. Tu te dévores et tu te vides. »
« Remplir le corps. Aux wagons, Mila et Lisette organisent des chiffons, qui deviennent une monnaie de mouchoirs, et avalent, pour franchir sans encombre les trois fouilles du soir, des petites pièces faciles à retrouver au Waschraum, la main sous l’anus : boutons, pendentifs, perles, échangées contre des aiguilles de pin ou des bourgeons de sapin rapportés par la colonne des bûcheronnes. Ça craque sous la dent, ça a un goût de vert, de sève, un peu amer, de médicament pour la toux ; ça se mange. Mila ne se nourrit pas pour vivre mais pour ne pas avoir mal : calmer son estomac vrillé, la mort atroce par l’estomac. »
James mort, elle adopte le bébé d’une Russe morte. On sait que le débarquement est survenu, et les « sélections », les « transports noirs » s’accélèrent, bientôt c’est l’extermination.« Dans ses chaussettes des ampoules fortifiantes, dans ses chaussures un livre, sous sa robe une chemise volée au stock tchèque, dans l’intestin des perles, dans l’utérus un bébé, de quoi mourir cinq fois et cinq fois elle réchappe, claudiquant pourtant, soulevant à peine les pieds de peur de perdre ses pantines pleines à ras bord du texte de Corneille, cinq fois plus vivante au retour. »
Avec quatre autres mères elle est envoyée dans un ferme s’occuper des cochons (elle prendra soin des truies pleines).« L’horizon c’est le présent, la minute, la seconde, on l’a su avant mais à cause de l’avancée des Alliés on s’est laissé tenter par des projections folles ; on aurait dû s’en tenir au présent. Mila y est ancrée, elle, depuis des mois, craignant la suite, ignorant tout, ne se forgeant aucune certitude et encline à penser le pire. Le présent te sauve de l’idée du pire. »
Elles prennent des notes avec les dates afin de témoigner ; puis c’est le retour en France, et la vie de Suzanne Langlois aves Sacha-James.« Les femmes avancent en file d’un compartiment à l’autre, Katrien traduit les paroles de Frau Müller, ici une truie, là un verrat, maintenant une truie pleine, ce sont des mots qu’elles comprennent ceux-là, immédiatement, habituées aux insultes des Aufseherins de Ravensbrück hurlant Schweinerei ! cochonnerie, Sauhund ! sales truies. Mila a ce sourire léger devant le renversement de langue, les mots retournent à leur sens premier, animalier, une truie est une truie, une cochonnerie relève du cochon, et toi, tu bascules dans le monde des humains. »
« Quand elle retournera dans cette classe au lycée, Suzanne Langlois dira exactement cela : il faut des historiens, pour rendre compte des événements ; des témoins imparfaits, qui déclinent l’expérience singulière ; des romanciers, pour inventer ce qui a disparu à jamais : l’instant présent. »
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« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
Tristram- Messages : 15926
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Re: Valentine Goby
J'ai le même ressenti qu'Églantine, comment écrire sur les camps lorsqu'on n'est pas personnellement impliqué, alors que je suis le premier à dire qu'aucun thème ne peut échapper au roman. Le malaise du passage des derniers témoins directs de l'horreur de la déportation au roman, qui rend d'autant plus souhaitable cette approche (en plus de l'Histoire évidemment).
Sinon ce n'est pas mal écrit du tout, un peu de pathos, comme dans le premier extrait, mais comment faire autrement ?
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Re: Valentine Goby
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“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
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"Il n'y a pas de mauvais livres. Ce qui est mauvais c'est de les craindre." L'homme de Kiev Malamud
Bédoulène- Messages : 21639
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Re: Valentine Goby
Premier roman de Valentine Goby.
Une jeune provinciale tombe amoureuse de son voisin violoncelliste gay.
Après un début séduisant racontant les premiers émois en entendant les bruits - et musique – de l’autre à travers la cloison, le récrit s’essouffle vite dans une banale description du sentiment amoureux..
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Flore Vasseur
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Bédoulène- Messages : 21639
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