Une intime conviction

j'ai vu hier Une intime conviction de Antoine Raimbault. Incroyable mais vrai, mais qui suit tellement énervée par les coïncidences et impossibilités scénaristiques, je m'en suis totalement fichée tant ce film de procès, au discours passionnant et à l'image intelligente, m'a paru efficace. Olivier Gourmet est excellent, mais cela parait comme un pléonasme.

Et vous, vous avez vu des films bien, ces temps-ci?

pas au cinéma mais celui-ci fait partie de ceux qui pourraient bien me donner envie d'y retourner.

Un peu trop spectaculaire mais très efficace. Pas de temps mort, progression constante et modulation de l'ambiance, le personnage qui pâtit le plus de cette course est celui de Nora, la femme (ajout scénaristique) qui s'acharne pour faire acquitter l'accusé. On perçoit l'impact sur sa vie avec son gamin et on la voit se démener comme pas possible, poussant le grand avocat qui lui a l'éloquence et la maîtrise. Le personnage permet tout de même une des clés du film qui est l'ancrage dans le réel quotidien reconnaissable avec un travail fatigant, des pauses clope, des pavillons de banlieue et un break fatigué. Il y a de belles images sur le début du film (et une sonorisation bien fichue qui renforce cet ancrage (moteurs de voiture "de base", etc.),  qui se raréfient ensuite mais les acteurs sont très costauds, très présents... ils crèvent l'écran ? L'autre clé qui est la mise en perspective de l'exercice et de la notion de justice tourne très bien aussi... un avocat très monolithique et un jeu appuyé sur les émotions mais le film tient très bien la route et ça fait du bien. Il y a des artifices mais c'est du cinéma qui vous entraîne, ça fait partie du jeu.

Il a fait d'autres trucs le réalisateur ?

C'est un film que 'j’aurais facilement pu détester, en effet: ce personnage de Nora et cette temporalité totalement  improbables. Mais  c’est cette efficacité cinématographique dont tu parles qui m'a plu.

Et dans le caractère carré de la démonstration, le désir que chacun soit impliqué dans le mensonge , même l'avocat magnifique sur lequel finit par planer un doute (a t'il proposé d'être l'avocat de "l'amant" , ou refusé?), même Nora qui va tellement au-delà de son désir de vérité qu’elle tombe dans les excès de la partie adverse. Il faut se méfier de soi-même tout autant que des autres.

Tu as vu qu'Olivier Durantet demande le retrait des écrans : clic. Même le réalisateur serait suspect!!! Du grand art jusqu'au bout dans la démonstration !

Bon, vous vous bougez les chosiens, vous allez le voir qu'on en discute?

Je n'ai pas vu le film mais je n'aime pas, et c'est un euphémisme, l'original.

l'original de quoi qui ?

Dupond-Moretti.

Ca doit être compliqué, le métier d'avocat

Mais ça donne du pouvoir ! Et trop souvent, les avocats cherchent les grosses affaires, qui satisfont leur ego et trop rarement les pauvres types fauchés.
Voir les pools d'avocats qui défendent Servier et empechent que la justice soit
rendue.
Mais certains le font par vrai dévouement et humilité.
Notamment pour les ONG et Amnesty ou Greenpeace.

Je n'y connais rien. Ce que je vois dans le film, c'est qu'il a défendu un pauvre type fauché.

Servier a aussi droit à des avocats, c’est le prix de la démocratie.
Et je peux te dire que pour des petites affaires, les avocats se débrouillent aussi très bien pour que la justice ne soit pas rendue.

(tu m'étonnes).

même Nora qui va tellement au-delà de son désir de vérité qu’elle tombe dans les excès de la partie adverse.

Est-ce pour cela, pour cette très brillante démonstration ,que ce personnage a été ajouté?
Parce que sinon, le procès est fidèlement retranscrit, je viens de vérifier.
Excellent film, vraiment!

je pense qu’elle est ajoutée pour avoir une façon d'exposer les écoutes téléphoniques dans un dialogue avec l'avocat, et donner un personnage "vivant" hors de l'affaire, de façon à ne pas se réduire à un pur film de procès.

et comment vous voyez, dans le film, le père, ou la place qui lui est faite, qui est à la fois central(e) et très très en retrait ?

Oui, c’est frustrant, on aimerait le connaitre mieux, cet homme humble qui se tient ferme face à la justice.
C'est l'inconvénient du format film. en livre il y aurait eu la place pour plus le creuser.

Le père, il a subi une tentative de manipulation par le commissaire, le film est calqué sur la réalité.
je parlais du personnage de Nora car ce que j'ai trouvé de plus intéressant, c'est la scène dans laquelle elle réveille l'avocat en voulant absolument trouver un autre coupable , et sa réponse cinglante!

C'est une scène cruciale car elle montre que le film est non-manichéen . de même que la scène ou "l'amant" (je ne sais plus son nom) accuse l'avocat de lui avoir proposé de le défendre, ce que 'l’avocat a nié du début. On ne sait pas où est la vérité, mais cela lève le doute : tout le monde peut mentir et rien n'est simple.

C'est une scène cruciale car elle montre que le film est non-manichéen .

Oui, mais justement, je ne sais pas si moi, spectatrice, j'aurais aussi bien saisi l'importance de tout ce qui est dit dans la plaidoirie de D.M sans cette  première confrontation  entre deux personnes qui veulent la même chose, mais pas à n'importe quel prix pour l'avocat.
Je me demande si Nora avec son jusque boutisme n'a pas été rajoutée pour mieux mettre en avant cette divergence de vue.