Jean Rouaud
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Jean Rouaud
De 1962 à 1969, il fait ses études secondaires au lycée catholique Saint-Louis à Saint-Nazaire ; il passe un baccalauréat scientifique, puis étudie les lettres modernes à l'université de Nantes.
Après avoir obtenu une maîtrise, il occupe différents emplois provisoires, tels que pompiste ou vendeur d'encyclopédies médicales.
Il part ensuite à Paris, où il travaille dans une librairie, puis comme vendeur de journaux dans un kiosque. En 1988, il rencontre Jérôme Lindon, directeur des éditions de Minuit, qui deviendra son éditeur principal.
Son premier roman, Les Champs d'honneur, est publié en 1990, et reçoit le prix Goncourt.
Depuis 2015, il tient une Chronique hebdomadaire dans L'Humanité.
Œuvre
Autobiographie familiale
- 1990 : Les Champs d'honneur, Les Éditions de Minuit – prix Goncourt 1990
- 1993 : Des hommes illustres, éd. de Minuit
- 1996 : Le Monde à peu près, éd. de Minuit
- 1998 : Pour vos cadeaux, éd. de Minuit
- 1999 : Sur la scène comme au ciel, éd. de Minuit
- 2011 : Comment gagner sa vie honnêtement (la Vie poétique, 1), éditions Gallimard
- 2012 : Une façon de chanter (la Vie poétique, 2), éd. Gallimard
- 2014 : Un peu la guerre (la Vie poétique, 3), éditions Grasset
- 2015 : Être un écrivain (la Vie poétique, 4), éd. Grasset
- 2019 : Kiosque (la Vie poétique, 5), éd. Grasset
Essais
- 1999 : Cadou Loire-Intérieure, Nantes, Éd. Joca Seria, 1999, texte écrit par Jean Rouaud pour l'émission consacrée à René Guy Cadou dans la série de Bernard Rapp, Un siècle d'écrivains.
- 2001 : Les Corps infinis, Actes-Sud. Texte sur des peintures de Pierre-Marie Brisson., Éd. Gallimard
- 2007 : Préhistoires, éd. Gallimard, 101 p. Une préhistoire revisitée sur le thème sur la genèse de l'art pariétal.
- 2009 : Souvenirs de mon oncle, éd. Naïve, Revisite du film de Jacques Tati
- 2013 : Manifestation de notre désintérêt, éd. Climats
- 2015 : Misère du roman, Grasset,
- 2016 : Tout paradis n’est pas perdu, Grasset
- 2018 : La Splendeur escamotée de frère Cheval ou Le Secret des grottes ornées, Grasset
- 2020 : L'avenir des simples, Grasset
Livres illustrés
- 1999 : Carnac ou le Prince des lignes, Éd. du Seuil
- 2002 : La Belle au lézard dans un cadre doré, Éd. Albin Michel, illustrations de Yan Nascimbene.
- 2005 : Les Champs d'honneur, adapté en bande dessinée par Denis Deprez, éditions Casterman.
- 2007 : Moby Dick, scénario de Jean Rouaud, dessin de Denis Deprez, Éd. Casterman.
Autres
- 1997 : Les Très Riches Heures, Éd. de Minuit - (théâtre)
- 1998 : Le Paléo-circus, Éd. Flohic
- 2001 : La Désincarnation, Éd. Gallimard
- 2001 : Régional et drôle, Éd. Joca seria, Nantes
- 2004 : L'Invention de l'auteur, Éd. Gallimard
- 2006 : L'Imitation du bonheur, Éd. Gallimard
- 2006 : La Fuite en Chine, Éd. Les Impressions nouvelles, Bruxelles - (théâtre)
- 2008 : La Fiancée juive, Éd. Gallimard
- 2009 : La Femme promise, Éd. Gallimard
- 2010 : Évangile (selon moi), éditions des Busclats
- 2014 : Éclats de 14, éditions Dialogues
Merci à Wikipedia
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Flore Vasseur
topocl- Messages : 8546
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Re: Jean Rouaud
Comme un Philippe Delerm amélioré, Jean Rouaud nous dit les plaisirs minuscules, les petits rituels et les grands drames de son enfance. Avec une nostalgie douce et espiègle, un humour teinté de mélancolie il parle de son grand-père taiseux filant dans sa deux chevaux, sa tante bigote, sa mère effondrée par le deuil, le croque-mort benêt et philosophe, et la pluie, toujours la pluie dans le ciel de la Loire Inférieure. Sur ces personnages du passé plane la mémoire des ancêtres, notamment de ces deux jeunes hommes, Joseph et Emile, partis avec les autres, petits héros morts aux champs d’honneur d’une Grande Guerre.
Excellente lecture, sobre et délicate, livre d’heures d’une famille banale et donc attachante, la sienne.
(commentaire de 2013)
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topocl- Messages : 8546
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Re: Jean Rouaud
Vous vous souvenez, pour les plus vieux d’entre nous (pas les jeunots et les gamins), Jean Rouaud à Apostrophe en 1990 ? le kiosquier propulsé Prix Goncourt ? Ce jeune homme pas vraiment à l’aise dans le jeu des médias, aussi sidéré que nous de le voir là ?
Et bien le revoilà 30 ans plus tard, écrivain reconnu et prolifique, qui nous livre les souvenirs qui ont fait de lui ce qu’il est aujourd’hui.
Jeune provincial monté à Paris dans le grand but de devenir écrivain, trouvant cet emploi de kiosquier pour subvenir à ses besoins et garder du temps pour écrire, voyant avec les années la peur grandir de ne rester que ce qu’il est. Comprenant peu à peu l’inanité de son projet d’écriture poétique conceptuelle. Se frottant à la vie, aux rencontres, aux lectures pour peu à peu garder la spécificité de son écriture, et la frotter au réel, à la vie maintenant et passée. Comprendre que la singularité c’est parler de soi et des autres à sa façon…
C’est un livre tout à fait charmant truffé de portraits détonants, touchant à l’histoire de la presse et d’un kiosque parisien, de l’auteur et d’un monde évanoui, le monde qui fut le sien dans sa ville natale et dans ses débuts parisiens, revenant encore et toujours à la béance laissée par son père et son oncle, héros de la Grande Guerre.
L’écriture est un peu alambiquée avec de longues phrases un peu échevelées cela participe à l’attrait de ce livre très personnel, qui éveille une réelle sympathie pour son auteur.
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Flore Vasseur
topocl- Messages : 8546
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Re: Jean Rouaud
« C'est en subissant la loi de tels petits faits obtus que l'enfance bascule, morceau par morceau, dans la lente décomposition du vivant. »
« …] l'ordre n'est qu'une variation algorithmique subjective du désordre [… »
« [cheville] sur lequel, par un effet de synecdoque, il suffirait de capitaliser la somme des désirs, religieusement, hypnotiquement, pour qu'il devienne possible d'aimer la même femme toute une vie. »
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« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
Tristram- Messages : 15927
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Re: Jean Rouaud
« …] il m’apparaissait comme une évidence désastreuse que je venais de rater une chance historique, comme si les courbes de la rencontre venaient de passer par un point tangentiel avant de s’incurver à nouveau et de s’éloigner irré-médiablement l’une de l’autre. »
Jean Rouaud, « Le monde à peu près »
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Re: Jean Rouaud
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"Et au plus eslevé trone du monde, si ne sommes assis, que sus notre cul." (Michel de Montaigne)
Armor- Messages : 4589
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Re: Jean Rouaud
Et il le mérite !
bix_229- Messages : 15439
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Re: Jean Rouaud
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Re: Jean Rouaud
bix_229- Messages : 15439
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Re: Jean Rouaud
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Tristram- Messages : 15927
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Re: Jean Rouaud
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“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
― Le club des incorrigibles optimistes de Jean-Michel Guenassia
[/i]
"Il n'y a pas de mauvais livres. Ce qui est mauvais c'est de les craindre." L'homme de Kiev Malamud
Bédoulène- Messages : 21642
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Re: Jean Rouaud
Invité- Invité
Re: Jean Rouaud
Les ingrédients qu'on doit retrouver assez souvent dans son œuvre :
un petit côté anar mais soft.
un ancrage dans le passé, un mode de vie qui était plus raisonnable que le nôtre, un monde de petites gens ( que je ne peux comparer à Michon que je n'ai pas lu, et avec un humour plus décalé que Pagnol)
un hommage à son père mort alors qu'il était jeune et aux morts de la guerre
une façon d'appréhender le monde avec recul, un positionnement sociétal mais sans l'amertume de Houellebecq et de vivre les deux pieds dans l'urbain contrairement à Giono.
Tout ceci n'est qu'impression, à compléter avec d’autres lectures de l'auteur.
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Flore Vasseur
topocl- Messages : 8546
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Re: Jean Rouaud
Émouvant hommage à sa mère décédée , « petite silhouette ombreuse » qui ne lira plus ses livres, petite bourgeoise nantaise, déclassée en épousant un commerçant de village très amoureux, dévouée corps (on suppose) et âme à son mari puis, devenue veuve, à son commerce provincial, plus douée à assumer le quotidien de ses enfants qu’à leur exprimer sa tendresse. Une femme vouée à la simplicité, à l’emprise du quotidien, mais le faisant obstinément, à cheval sur ses opinions et ses principes.
Un très beau récit pour qui aime l’ordinaire passion de l’amour filial, et apprécie les longues phrases gigognes, les digressions discursives qui disent l’imbrication et la complexité des histoires de famille et des sentiments impalpables.
Dernière édition par topocl le Lun 5 Oct - 10:19, édité 1 fois
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topocl- Messages : 8546
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Re: Jean Rouaud
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Bédoulène- Messages : 21642
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Age : 79
Localisation : En Provence
Re: Jean Rouaud
Et les commentaires sont incitatifs !
bix_229- Messages : 15439
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Re: Jean Rouaud
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topocl- Messages : 8546
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Age : 64
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Re: Jean Rouaud
J'en suis convaincu ! Et tu es convaincante aussi...topocl a écrit:Très attachant en tant qu'homme, d'après cette dernière lecture, ça ne m'étonne pas que tu aies de la sympathie pour lui, bix.
bix_229- Messages : 15439
Date d'inscription : 06/12/2016
Localisation : Lauragais
Re: Jean Rouaud
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Armor- Messages : 4589
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Re: Jean Rouaud
« Elle ne lira pas ces lignes, notre miraculée des bombardements de Nantes, la jeune veuve d’un lendemain de Noël, qui traversait trois livres sur ses petits talons, ne laissant dans son sillage qu’un parfum de dame en noir. Même si sa vie ne se réduisait pas à cette silhouette chagrine, comprenez, il m’était impossible d’écrire sous son regard. Cet air pincé par lequel se manifestait son mécontentement, j’avais dû l’affronter pour avoir ravivé, en dépit d’une prudence de Sioux, une rivalité amoureuse vieille de cinquante ans à propos d’un homme mort depuis trente. À présent qu’elle régnait dans son magasin et qu’éclatait son grand rire moqueur, je n’allais pas lui gâcher son triomphe tardif. »
Aurait-elle apprécié l'hommage de son fils, l'écrivain ? L'aurait-elle compris seulement ?
J'en doute.
Elle aurait sans doute froncé le sourcil et hoché la tete d'un air sévère.
Apprenez à etre simple. Telle était son injonction.
Elle n'aurait jamais voulu entendre une "vérité" dite par son fils de on vivant.
Et surtout pas une remise en question de l'image et du role qu'elle avait exercé en tant
que femme de devoir, une grande partie de sa vie.
Après dix années de mélancolie et de retrait, suite à la mort de son mari à l'age de quarante
ans.
Et la reprise en main de la droguerie/faiençerie que son mari avait laissée en mourant.
Lieu de son triomphe. Au point que la boutique était devenue son ultime unique raison
de vivre.
Le magasin, c'était son repère, son antre, son lieu de rencontres et d'échanges, son bureau
des pleurs et des joies, son fief, sa vraie vie.
Meme si en dehors du monde.
A la fois son tombeau et son royaume.
"Sa quete d'immobilisation du temps."
Aurait-elle compris que son fils avait sacrifié des jours et des fetes pour lui tenir compagnie ?
Et donc qu'il l'acceptait ainsi telle qu'elle était et jusqu'à la mort ?
Bien entendu son fils était un drole d'oiseau, et qui, après avoir été kiosquier, avait obtenu
le prix Goncourt. Etait devenu un écrivain connu et reconnu.
Voyez-vous ça !
Quand mem, elle aurait peut etre perçu à travers l'humour et l'autodérision, à travers
ces phrases longues, la malice et la tendresse qu'elle ne réclamait pas ouvertement.
Qu'il laissait entendre que, malgré ses contradictions de mère, son manque apparent de
tendresse ostensible, elle était une petite femme intrépide, courageuse, héroique, unique
enfin.
Cntrairement à ceux qui pensent que le style de Rouaud est trop alambiqué, je pense
au contraire qu'il est parfaitement en adéquation à son propos.
En tout cas dans ce livre.
bix_229- Messages : 15439
Date d'inscription : 06/12/2016
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