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Jules Vallès

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Message par ArenSor Ven 2 Avr - 18:04

Jules Vallès
1832 - 1885

Jules Vallès Portra19

Né au Puy-en-Velay, Jules Vallès vit une enfance malheureuse, marquée par la pauvreté, entre un père instituteur intransigeant et une mère possessive et violente. Il devient un révolté permanent contre l'injustice et l'ordre établi. Alors qu'il est lycéen à Nantes, il prend part avec enthousiasme aux manifestations de la révolution de 1848.
Après avoir raté son baccalauréat, Jules Vallès mène à Paris, sous le second Empire, une vie de bohème et défend les idées révolutionnaires. En 1857, il publie son premier livre, "L'argent" et se fait remarquer par un article dans le Figaro, "Dimanche d'un jeune homme pauvre", qui lui ouvre des portes pour une activité de journaliste et de chroniqueur. Durant cette période, Jules Vallès fonde plusieurs journaux, dont "La Rue" et "le Peuple", et se bat pour la liberté de la presse. Il est emprisonné à plusieurs reprises et se présente sans succès aux élections législatives de 1869. Polémiste sans concession, il fait preuve d'une verve pleine de sensibilité et d'un enthousiasme passionné dans la défense des gens du peuple.
Jules Vallès est emprisonné  au début de la guerre de 1870. A sa libération, on le retrouve dans des manifestations d’extrême-gauche, notamment lors du mouvement insurrectionnel du 31 octobre.  Il participe également à la rédaction de « L’Affiche rouge ». Pendant la Commune de Paris (1871), Jules Vallès est élu dans le quinzième arrondissement et devient l'un des chefs de file de l'insurrection, siégeant à la commission de l'enseignement, puis à celle des relations extérieures. Favorable à la liberté d'expression, il fait partie de la minorité opposée à la dictature d'un comité de salut public. Il combat jusqu'à l'écrasement de la Commune ("La Semaine sanglante" où 20 000 insurgés sont fusillés) et parvient à s'enfuir en Angleterre.
Condamné à mort par contumace en 1872, Jules Vallès est contraint de rester réfugié à Londres où il vit dans la misère. Tout en envoyant de nombreux articles à Paris, publiés sous des pseudonymes, il met à profit son exil pour écrire son chef d'oeuvre, à la fois romanesque et autobiographique, plein de sensibilité, la trilogie "Jacques Vingtras" : "L'Enfant", "le Bachelier" et "l'Insurgé".
Amnistié par les lois de 1880, Jules Vallès ne retourne à Paris qu'en 1883. Il reprend ses activités de journaliste et fait à nouveau paraître "Le Cri du Peuple" pour y défendre avec passion la cause du prolétariat. Mort en 1885, épuisé par le diabète, il est accompagné au Père-Lachaise par presque cent mille personnes parmi lesquelles beaucoup d'anciens communards.
(d’après le site « La Toupie »)

Œuvre :

• « Le Testament d'un blagueur », 1869
• « Les Enfants du Peuple », 1879
• « Les Blouses », 1881
• « Souvenirs d'un étudiant pauvre », 1884
• « Un gentilhomme », feuilleton-roman de 1869,
• Trilogie autobiographique de « Jacques Vingtras » :
o « L'Enfant », 1879
o « Le Bachelier », 1881
o « L'Insurgé », 1886
• "Le Tableau de Paris", 2007
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Message par ArenSor Ven 2 Avr - 18:17

L’Insurgé

Jules Vallès Insurg11

Il s’agit donc du dernier opus de la trilogie autobiographique de Jacques Vingtras, alias Jules Vallès, comprenant également « L’Enfant et « Le Bachelier »
L’ouvrage a été édité en 1886, postérieurement à la mort de l’auteur, et mis en forme définitive par son amie, la journaliste Séverine.
Le récit commence en 1863 lorsque Vallès quitte son poste de répétiteur à Caen et revient à Paris. Il se termine fin mai 1870 avec la semaine sanglante et l’écrasement de la Commune. La Commune n’occupe que les derniers chapitres (30 à 34), mais ce qui précède y est intimement lié.
Je pense qu’il est bon de préciser que le lecteur d’aujourd’hui gagnera beaucoup en ayant au préalable quelques notions sur les évènements et leur chronologie. En effet, Vallès s’adressait à un public qui avait vécu ces moments ou qui n’en était pas si éloigné dans le temps. Il ne s’embarrasse donc pas d’explications détaillées, d’autant plus que son style est du genre lapidaire. L’édition Garnier-Flammarion que j’ai utilisée, bien que dépourvue de notes, comporte une chronologie de la vie de Vallès et un index des noms de personnes citées, outils qui se sont avérés fort utiles.
Ceci dit, les faits principaux sont bien repérables : assassinat et obsèques de Victor Noir, chute de l’Empire, mouvement insurrectionnel du 31 octobre, « L’Affiche rouge », l’échec de la reprise des canons par les Versaillais le 18 mars qui donne naissance à la Commune, et la suite…
Vallès est souvent un acteur de premier plan de ces évènements, participant à des réunions, des manifestations, assumant des fonctions officielles, souvent de manière éphémère, et déployant une activité inlassable de journaliste. A ce sujet, les journaux qu’il dirige, notamment « Le Cri du peuple », sont régulièrement interdits et leur directeur…mis à l’ombre !
La lecture de « L’Insurgé » révèle la richesse de la vie politique de l’époque, nourrie par les rancœurs de l’Empire, de l’invasion prussienne et  du siège de Paris, ainsi que la diversité des opinions : républicains bon teint, proudhoniens, blanquistes, internationalistes, anarchistes etc. Cette extrême division explique d’ailleurs en partie l’échec de la Commune. A noter également le souvenir ancré, non seulement du coup d’état du 2 décembre, mais surtout de la répression de juin 1848 qui avait été une première tentative de République sociale.
N’ayons pas peur des mots, la Commune a été une véritable guerre civile : province contre Paris, bourgeoisie contre peuple. D’où son caractère encore sensible de nos jours.
La dernière partie du livre, celle qui relate la semaine sanglante, est la plus intense. Une fois les Versaillais entrés dans Paris, le sort des Fédérés ne fait guère plus de doute et ils en ont bien conscience. C’est donc une sorte de marche funèbre, un sinistre Götterdämmerung, parmi les barricades, les incendies, les exécutions sommaires, les morts et les blessés. S’y révèle la vraie valeur des hommes.
« Je regarde le ciel du côté où je sens Paris. Il est d’un bleu cru, avec des nuées rouges. On dirait une grande blouse inondée de sang. »
Le style de Vallès se ressent de son métier de journaliste : aller à l’essentiel et le sens de la formule. En voici quelques exemples
« Il faudra des faits, non des phrases ! – la meule de l’éloquence qui écrase du grain, et non le moulin que le vent des grands mots fait tourner ! »
« Tiens ! quand on ne croit ni à Dieu, ni à diable, on devrait se faire prêtre ! On a au moins des hosties à manger. »
« Encore une tuerie en dehors de la bataille !
Je les comprenais abattant l’archevêque comme on décapita le roi. L’idée le voulait, ils pensaient qu’il fallait l’Exemple. Mais c’est fait ! La bible plébéienne a son signet et ses tranches rouges, comme un missel gothique. »
L’œuvre étant autobiographique, la personnalité de l’auteur se trouve mise en lumière.
« J’ai pris des morceaux de ma vie, et je les ai cousus aux morceaux de la vie des autres, riant quand l’envie m’en venait, grinçant des dents quand des souvenirs d’humiliation me grattaient la chair sur les os – comme la viande sur un manche de côtelette, tandis que le sang pisse sous le couteau. »
Manifestement Vallès est un grand cœur, parfois un peu « grande gamelle », toujours prêt à discuter au mastroquet avec ses copains :
« - Maî, il est tooquaî, çait hôômme ! dit Courbet, qui fume dans un coin. Il parle de Peurrouddhon ? moâ, seul l’ai côônnu. N’y avait que nous deusse de praîts en Quarante-huit ! Haî pourquouâ que vous criaî côômme çââ ? nom d’un paitit bonhôômme ! »
Sans oublier de partager la pitance :
« Corrompu que je suis ! Je voulais dîner royalement avant de partir ! Il m’est bien permis de me gargariser la gorge et le cœur avec un petit peu de vin vieux, avant qu’on me lave la tête ou qu’on me rince les entrailles avec du plomb !
A Commune ne sera pas perdue pour si peu !... Et j’aurai eu la veine de finir comme un viveur, après avoir vécu comme un meurt-de-faim ! »
Il a conscience de ses limites, notamment dans les fonctions officielles qu’il assume, et fait preuve d’une belle dose d’autodérision.
On ne peut lui daigner également une lucidité politique. Ainsi, le comportement de la foule lors de la déclaration de guerre contre la Prusse
« Et voilà que c’est sur les talons des soldats qu’elle marche à présent, cette foule ! Elle emboîte le pas aux régiments, elle acclame des colonels dont les épaulettes sont encore grasses du sang de Décembre – et elle crie « A mort ! » contre nous qui voulons boucher avec de la charpie le pavillon des clairons !
Oh ! c’est la plus grande désillusion de ma vie. »
Bref, une personnalité que j’ai trouvée attachante.
Enfin, « L’Insurgé » est un des rares exemples de récit littéraire d’un auteur qui a joué un rôle de premier plan dans la Commune de Paris.
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Message par bix_229 Ven 2 Avr - 19:11

Avec Courbet pour la peinture. Et quel peintre !
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Message par Bédoulène Ven 2 Avr - 19:16

merci Arensor, je le lirai bientôt !

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“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
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