Roger Ekirch

Roger Ekirch est University Distinguished Professor of History à Virginia Tech. Spécialiste de l’histoire transatlantique et de l’histoire coloniale de l’Amérique du Nord, il est lauréat de la bourse Guggenheim.

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Bibliographie
- Poor Carolina": Politics and society in Colonial North Carolina, 1729-1776, 1981.
- Bound for America: The Transportation of British Convicts to the Colonies, 1718-1775, 1987.
- Sleep We Have Lost: Pre-Industrial Slumber in the British Isles, 2001.
- At Day's Close: Night in Times Past, 2005.
- Birthright: The True Story of the Kidnapping of Jemmy Annesley, 2010.
- American Sanctuary: Mutiny, Martyrdom, and National Identity in the Age of Revolution, 2017.

La Grande Transformation du sommeil

Contrairement à l’opinion courante, le sommeil d’un bloc d’environ huit heures n’a rien de naturel. Cette manière de dormir ne s’est répandue que très récemment, dans le sillage de la révolution industrielle, à la faveur de la généralisation de l’éclairage artificiel dans les villes et de l’imposition d’une nouvelle discipline du travail. Auparavant, le sommeil était habituellement scindé en deux moments, séparés par une période de veille consacrée à diverses activités comme la méditation, les rapports intimes ou encore le soin des bestiaux.

Telle est la thèse révolutionnaire de Roger Ekirch. Son enquête passionnante sur le bouleversement de nos nuits qu’a constitué la disparition, puis l’oubli du sommeil biphasique a doté cet objet d’une historicité qui lui était jusque-là déniée et conduit à l’émergence d’un nouveau champ de recherche, les Sleep Studies. Surtout, cette découverte invite à questionner l’identification de l’insomnie de milieu de nuit à un « trouble du sommeil ». Et à envisager les conséquences d’une transformation qui nous a barré un accès privilégié aux rêves et, par-là, à la conscience de soi.

Un sujet qui avait de quoi rendre curieux. L'approche de l'auteur est de rechercher dans des sources historiques variées des traces, témoignages des façons de dormir avant et pendant la révolution industrielle afin d'interroger notre sommeil d'aujourd'hui. Questionner ce qu'il devrait être.

La proposition est donc celle d'un sommeil plus varié que celui d'une bûche pendant sept ou huit heures. Le fait qu'une nuit "complète" soit a priori constituée de deux phases plus ou moins égales, jusque là j'avais suivi. Leur dissociation "normale" pas forcément et des variantes plus étalées tout au long de la journée pas complètement. La projection d'un sommeil "ancien" pas de tout repos ? Quand on y pense...

En tout cas un sommeil très plastique et soumis aux aléas du temps, et de la mode. D'où la deuxième question, que se trame-t-il derrière la culture du sommeil ? Productivité ? Thérapies à vendre ?

Et effectivement la part de rêve, ou le sommeil comme partie intégrante et active de la vie.

Pas de recettes ou de vindicte mais des questions et de quoi voir les choses (et son sommeil) un peu différemment. Je reste peut-être un peu sur ma faim mais j'ai beaucoup apprécié le panorama !

C'est à la lecture d'(autres) historiens que j'ai appris ça, notamment au travers de documents du Moyen Age sur la mi-nuit. Je le transpose "naturellement" avec des lectures nocturnes, en prenant soin de me lever avant/avec le jour : l'autre fait parfois méconnu, c'est que notre "journée" dure un peu plus de 24 heures, d'où une tendance à se décaler (coucher plus tardif, lever reculant d'autant). Si on (se) laisse aller, plus de synchronisme social !
Et la sieste ?!

la sieste ça fait souvent du bien. et pourrait bien être très naturelle dans la journée !

vu mon ensommeillement incongru, le sujet m'intérêsse