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Thierry Metz

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Message par Aventin Mar 5 Oct - 21:21

Thierry Metz

Thierry Metz  Thierr11
Né le 10 juin 1956 à Paris et mort le 16 avril 1997 à Cadillac.


Biographie:
Autodidacte ayant appris à lire dans les bouquins des Chiffonniers d'Emmaüs1, Thierry Metz s'installe en 1977 (il a alors 21 ans) avec sa famille à Saint-Romain-le-Noble, près d'Agen. Il partage son temps entre des travaux de manœuvre de chantier, maçon puis ouvrier agricole, qui lui permettent de gagner sa vie, et des périodes de chômage durant lesquelles il écrit.

Il prend contact avec le poète Jean Cussat-Blanc, dont la revue Résurrection est la première à le publier avec une évidente reconnaissance, s'ensuivra une production poétique régulière mais tôt fauchée.

Mais la mort accidentelle d'un de ses trois enfants, son fils Vincent, fauché par une voiture à l'âge de huit ans, le 20 mai 1988, jour même de l'obtention du Prix Voronca est pour lui un drame familial et personnel dont il ne se remettra jamais et qui le conduit à l'alcoolisme. En 1996, il s'installe à Bordeaux, puis se fait admettre à l'hôpital psychiatrique de Cadillac (Gironde), pour combattre sa dépendance à l'alcool et sa neurasthénie; durant deux séjours (1996 et 1997), il y écrit le cahier de L'Homme qui penche, dans lequel il portraiture les ombres errantes de l'hôpital. Le dernier de ces poèmes est daté du 31 janvier 1997, deux mois et demi avant son suicide, survenu dans cet hôpital le 16 avril 1997.


Bibliographie:

Sur la table inventée, Éditions Jacques Brémond, 1988 (prix Ilarie Voronca 1988); nouvelle édition avec des encres de Gaëlle Fleur Debeaux, Éditions Jacques Brémond, 2015.
Dolmen suivi de La Demeure phréatique, Cahiers Froissart, 1989 (prix Froissart) ; réédition Jacques Brémond, 2001
Le Journal d'un manœuvre, Éditions Gallimard, coll. « L'Arpenteur », 1990 et 2016.
Entre l'eau et la feuille, Éditions Arfuyen, 1991; réédition Jacques Brémond, 2015
Lettres à la bien-aimée, Éditions Gallimard, coll. « L'Arpenteur », 1995
Dans les branches, Éditions Opales, 1995 et 1999 ; réédition, avec une postface de Jean Maison (« Je t'attendrai en mai »), Le Ballet Royal, 2020
Le Drap déplié, Éditions L'Arrière-Pays, 1995 et 2001
De l'un à l'autre, avec des toiles filées de Denis Castaing, Éditions Jacques Brémond, 1996
L'Homme qui penche, Éditions Opales / Pleine Page, 1997 ; nouvelle édition revue et augmentée, Éditions Pleine Page, 2008, réédition avec une préface de Cédric Le Penven, Éditions Unes, 2017
Terre, Éditions Opales / Pleine Page, 1997 et 2000
Dialogue avec Suso, Éditions Opales / Pleine Page, 1999
Sur un poème de Paul Celan, avec deux encres originales de Jean-Gilles Badaire, Éditions Jacques Brémond, 1999
Tout ce pourquoi est de sel (inédit), avec des illustrations de Marc Feld, Éditions Pleine Page, 2008
Carnet d'Orphée et autres poèmes, avec quatre encres et lavis de Jean-Claude Pirotte, préface de Isabelle Lévesque, Éditions Les Deux-Siciles, 2011
Tel que c'est écrit, Éditions L'Arrière-Pays, 2012
Poésies 1978-1997 (rassemble ses poèmes jamais parus en livre), préface de Thierry Courcaud (« Dernière rencontre avec Thierry Metz »), Éditions Pierre Mainard, 2017
Le Grainetier (récit inédit)14, suivi d'un entretien avec Jean Cussat-Blanc (« Avec Kostas Axelos et les Problèmes de l’enjeu »), préface d’Isabelle Lévesque, Éditions Pierre Mainard, 2019


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Message par Aventin Mar 5 Oct - 21:34

De Thierry Metz j'avais particulièrement apprécié le très marquant et fortement recommandable recueil Journal d'un manœuvre, et m'en étais un peu tenu là pendant des années et des années.

Plus par curiosité que réel intérêt avide de lecteur, du moins au début, j'ai plongé le mois dernier dans deux autres de ses recueils, puis en ai trouvé un autre à la médiathèque (etc.), et dois bien avouer que ses fines épures claires font mouche, au point de vouloir continuer l'immersion:
Poète délicat, au verbe net.

Poésies 1978-1996 a écrit:
Cela ce qui est écrit
traversé par la main
je le sors du jour
mot après mot
avec la fourche
et la brouette
mais sans demander
comme si
un jour
j’avais eu à parler


Dans les branches a écrit:D’elle j’attends ce dessin presqu’un oiseau
une branche ce quelque chose entre le ciel
et ma main
et ce caillou qui ne m’arrête pas
est-il autre chose pour s’éloigner
que d’avoir grandi où elle aura passé

Ainsi chaque jour un travail
perché sur mon épaule
la terre en vue retournée
par la mort
un instant
de ce qui brille
les yeux fermés

Paupière une écriture
si fine frissonne de recueillement
dans les branches
d’un oiseau gavé de lumière
comme un fruit

Journal d'un manœuvre a écrit:La pioche est moins bavarde le vendredi. On sent dans les reins qu’on a porté du poids toute la semaine. On sent qu’on approche. Ce sont les derniers mètres avant la halte, avant de retrouver le livre d’images dans le poing fermé du dormeur


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Message par Aventin Ven 29 Oct - 16:38

Terre

Thierry Metz  Terre10



Recueil, 1997, 80 pages environ, éditions Opales / Pleine Page.

Chant du cygne du poète à l'heure de se donner la mort (appellation partagée avec le recueil L'homme qui penche), ce magnifique petit opus est une errance, avec une forme qui déroutera peut-être:
Les poèmes (à moins que l'ensemble soit un seul long poème) n'y sont pas séparés.

Donc difficile d'extraire, d'isoler: comme un roman ou une nouvelle, cela appelle, a priori, à être lu dans l'ordre et dans le continuum.
Le jeu des blancs et de la mise en page (voir Jean-Paul Michel ou André du Bouchet, par exemple) paraît, aussi, primordial: c'est le relief, la mise en valeur.

Jeu des blancs et de la mise en page que j'ai dû défigurer, en ce qui concerne les extraits ci-dessous (ardus sinon impossibles à reproduire en message de forum):


page 20 a écrit:



   Et rien d'autre.
   Seul reste le champ. Près du bois.
Près du verger. Je ne cherche pas à
être ailleurs même si souvent, de la
main, je touche une herbe plus haute,
un mur plus bas.
   Ici on me parle.
   Ce n'est jamais le même. C'est
toujours quelqu'un d'autre.
   Nous parlons de table ou de chai-
se. D'un arrosoir, d'une faux.
   Dans nos voix des oiseaux sont
libres.
        C'est des paroles.
        C'est le verre de vin.
   Un portail.
   Un bâton qu'on laisse aller.
Rien n'est reclus. Sinon le petit tas de
cendres qui fermentent dans un seau.




page 63 a écrit:



  Mais pourquoi rester là ?
  Dans la maison, dans le village,
dans l'inventaire ?

   Comment triompher de la tortue ?

   J'ouvre une tranchée dans mon
rire. C'est vrai: chaque doigt est un
affluent. N'ai-je pas vu qu'il y avait
autant d'eau autour de nous ?

   Mais, bien sûr, j'arrondis les
choses, je ne confie le plus terrible qu'à
des îles, à leur témoignage piétiné.

   Pauvre cloître
   misérable silence de 24 heures
qui fume à l'horizon.





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Message par Bédoulène Ven 29 Oct - 16:41

merci Aventin, j'apprécie !

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Message par bix_229 Ven 29 Oct - 16:48

D'après ce que j'ai lu, sa vie fut une tragédie après la mort de l'un de ses enfants, mort à huit
ans à la suite d'un accident.
Pour lui, « écrire un poème / c'est comme être seul / dans une rue si étroite / qu'on ne pourrait / croiser que son ombre."
Je pense que cette phrase caractérise sa vie.
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Message par Aventin Dim 31 Oct - 6:36

Dolmen
suivi de
La demeure phréatique

Thierry Metz  Cvt_do10



Paru aux éditions Jacques Brémond en 1989, nouvelle édition en 2001, 40 pages environ.


Poèmes non intitulés ni ponctués, excepté des tirets, dénués de majuscules pour Dolmen, poèmes ordonnés en vingt-deux strophes numérotées en chiffres romains, ponctués et majuscules utilisées pour La demeure phréatique.


Dolmen:
Quelques mots récurrents (l'ortie, la craie, le nuage, l'oiseau, le feu, etc.) histoire sans doute qu'on se débrouille avec ces quelques jalons, comme des marques sur l'itinéraire de lecture.
Page 15 a écrit:
que va-t-il faire dans le réel
sinon restituer au chemin
son aujourd'hui
la craie
somme de tous les angles
et l'ortie - la seule à parler du nuage -
sous le ciel tournant du marcheur

Page 9 a écrit:une éclipse d'oiseaux
et l'aile qui retient les vents
soudain te soulève

te porte aussi loin que possible
où la parole a fait son nid

dans ta voix

Le premier poème du recueil donne le sens du titre:
manœuvre
homme qui va revenir

toucher ta nuque
sentir dessous le dormeur qui danse
c'est retrouver le dolmen
chambre des pourquoi
moraine oubliée de ton passage

manœuvre
pendant que nous discutions ici - sans peine -
querelle d'élagueurs
toi tu as placé douze aimants
autour de la table

La demeure phréatique:
II a écrit:
Reptile bleu
Peindre est ton mouvement.

Entrer dans les régions du compas
Se connaître avant le gîte
Deux flammes qui te courbent et te redressent.

Passeur de cordes
Dans la bouche du cyclone
Tu es l'éruptif.

VIII a écrit:
L'homme au paroles sidérantes
Mâcheur de pétales et de ronces
Celui qui porte
Strident
L'outil-chanteur.
Une bêche partage son repas.

XIV a écrit:
Ombre obstinée
Toujours là vivante
Dans le foisonnement d'écrire
Fiancée à cet autre
Jamais vu
Et qui n'a cesse d'aller
Croissante fraîcheur
Vers le poème.

Homme de cette demeure
Je suis l'arrivant.

Le XVIII donne le sens du titre:

XVIII a écrit:
Ouvrir la demeure phréatique
Être là
Dans les eaux qui méditent une cascade
Rien n'est plus frais.




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Message par Invité Dim 31 Oct - 11:06

Merci pour la découverte, je ne connaissais pas. Thierry Metz  1252659054

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Message par Aventin Mer 10 Nov - 23:25

Le drap déplié

Thierry Metz  Cvt_le13



Recueil, 1995, éditions L'Arrière-Pays, 40 pages environ.

Là, les poèmes commencent toujours par une majuscule et se terminent souvent par un point.
D'autres mots référents (le seau, le soleil, le mur, l'aile, l'arbre, la main, etc.) reviennent au cours du recueil.

page 33 a écrit:
Déjà     derrière la porte
en herbe
le jour
l'ortie de chaque pas


Je sors
poussé par mes mains
pour lier
l'ombre
à mon passage.

page 20 a écrit:
Je dois      sur le madrier
me tenir
toucher le livre       à vide
comme si ma main
en bas remontait
avec la corde
avec tout le poids
d'un mot
inaudible

page 42 et, en regard, page 43 a écrit:
Le champ                                                                                  Écrire
le chemin blanc                                                                         de face
                                                                                               vers le blanc des sonorités

              j'entre avec eux
dans l'eau
jusqu'au ciel.                                                                            pour qui
                                                                                              il n'est plus que nous.

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Message par Bédoulène Jeu 11 Nov - 8:33

merci Aventin

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Message par Aventin Mar 30 Nov - 17:31

Entre l'eau et la feuille

Thierry Metz  Entre_10



Recueil, 1991, paru aux éditions Arfuyen, 55 pages environ, trois parties indiquées en chiffres romains.
Ponctuation à base de points, de rares virgules, usage non sporadique des majuscules.

Dès le second poème de la première partie la clef du titre nous est livrée:





Il pourrait s'agir d'autre chose
d'une autre écriture

ou de rien.

Une voix quelconque
venant s'intercaler
entre l'eau
et la feuille.

Tels sont     ici
les mots.




Mais pas si vite, l'eau, la feuille et l'écriture reviennent constamment dans le recueil.

Ainsi ces pages 14 et 15 copiées en regard ci-dessous, parce que la page est ainsi et que cela produit un effet fort, puissant, prenons le temps donc.
Quoi, l'eau, la feuille et l'écriture ?
Veuillez pardonner ma maladresse à reproduire, et veuillez recevoir cette immense douleur de la perte d'un enfant, dont Thierry Metz ne se remettra jamais, son Tombeau d'Anatole en quelques vers.
Que dis-je ?
En moins de vingt mots.






Qu'il souhaite parler de l'eau                                 Écrire     ayant vu mort    l'enfant
ou                                                                       n'est plus écrire.
improbable                                                           
de ces visages passants
                                                                         mais j'ai vu     ce mot    inhumain
d'une feuille                                                         dit
ou    plus certainement                                         avant
de ce qui est contre
                           
pourquoi le retenir.                                               s'ouvrir
                                                                         et disparaître.
Sa voix n'a rien à confier
que la langue                                                       Dehors.
où elle se trouve.







Et aussi ces subtilités auxquelles je prends goût - ce poème-ci aussi aurait sa place sur le fil "La littérature c'est quoi ?", mais j'ai déjà tout repeint la page en cours en Thierry Metz...





Que le mot soit dit
ou
figuré


nommé
sur la page inaccomplie

le mot    comme une absence
où je suis
avec personne,

une main s'en détache
au petit jour
avec la charrette
trouée de noms.





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Message par Bédoulène Mer 1 Déc - 18:28

"la charrette trouée de noms" quelle image !

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Message par Aventin Jeu 16 Déc - 21:18

De l'un à l'autre

Thierry Metz  Thierr12

Recueil, 1996, environ 55 pages non numérotées, éditions Jacques-Brémond.

Un bien bel objet, dans un drôle de format (15 cm X 15 cm). Il y a juste "Thierry Metz" en lettres capitales sur la tranche.
Vous avez, en 1ère et en 4ème de couverture, une œuvre ou un morceau d'œuvre de Denis Castaing en toile de lin filé (celles de l'ouvrage que j'ai entre les mains sont plus colorées, plus sophistiquées si l'on veut, en tous cas plus à mon goût !) - chaque exemplaire, ainsi, est singulier.

L'intérieur est ponctué à pleines pages de photos d'œuvres du même artiste, en noir et blanc comme en couleurs, insérées avec joliesse, à peine tenues de deux points de colle, comme appelant à être détachées.
Il nous est précisé, en fin d'ouvrage:
À la fin de l'été 1996, il a été achevé d'imprimer pour le compte de Jacques Brémond, et d'après une composition de l'atelier Prévôt à Paris, un millier d'exemplaires de commerce sur des papiers grisés du Moulin de Saint-Nabord dans les Vosges sous une couverture de seigle pauvre du Moulin de Pombié en Dordogne (...).
Ceci fait que le deuxième sens, le toucher, est à l'honneur - un opus dont la déperdition serait trop grande en format numérique.
Souhaitons que les bibliophiles sincères sachent épuiser avec parcimonie ce qui reste de ce millier d'exemplaires très abordables, l'auteur n'intéresse pas [encore ?] les autres, ne prête pas à spéculation.

Thierry Metz a écrit:
Denis Castaing travaille dans le sous-sol d'un pavillon, non loin d'un mimosa, sous les racines. Une de ses techniques est d'œuvrer avec du drap, de la toile, de la ficelle, celle qu'on utilise pour larder les viandes. Il coupe, il coud, il assemble. Peintre, bien sûr. Mais j'aimerais aussi dire géomètre [...].

Ainsi, parmi les mots qui charpentent ce recueil retrouve-t-on, sans surprise, le lien, la ficelle, la toile.
Dans ce carré de toile
s'ouvre une mare de lumière
chaque doigt consume
ce qu'il est venu chercher.

Un peu à la manière des enluminures médiévales (je le rend fort mal en transcription) les premières lettres de chaque poème sont des majuscules en gras de taille légèrement démesurée par rapport au lettrage. Seul ponctuation, un point final systématique.

La toile, le fil, "matière à tout"
De la toile et du fil
c'est ce qui est écrit
                       figuré
un peu la vie un peu la mort
matière à tout
que restitue la main
la lumière.

Je suis
cordage d'une autre rive

Face ou visage  peut-être un corps
qu'on ne peut voir
des traits             l'œuvre ajourée
à chaque instant par une main sourde mais tendue
plus que voir
j'écoute
plus qu'être
je suis
cordage d'une autre rive.

Mais j'aimerais aussi dire géomètre (deux poèmes en regard, exactement au milieu [au centre ?] du livre)

Sur un chemin qui exaspère l'espace                                                                                                      La roue ne meurt pas
damné pour ne plus y marcher                                                                                                                       qui fait le tour de l'île                                                        
par celui qui n'y reviendra plus                                                                                                                       pressée d'oiseaux
ayant tout reçu du soleil                                                                                                                                 et de feuilles  
ses paupières n'étant que le vide                                                                                                                     ouverte à l'indiscernable
ne s'opposent plus à ce qu'il dit.                                                                                                                      seul ne reste qu'un petit homme
                                                                                                                                                                   plus immobile que son souffle.                                                                

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Message par Tristram Jeu 16 Déc - 21:35

Père Noël en avance ?!

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Message par Aventin Ven 17 Déc - 4:53

Tristram a écrit:Père Noël en avance ?!
Non, même pas - Laughing mais, d'une certaine façon, le "cadeau" c'est le livre qui te le fait...
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Message par Bédoulène Ven 17 Déc - 20:32

odorant le livre avec une couverture en seigle pauvre, en humant, ce que je ferais

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