Michel Houellebecq
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Re: Michel Houellebecq
[quote="hanta"][...] s’il y a un ou une Bobo (assumé[e] ou non) sur le forum, peut-elle me dire à quoi ressemble le Bobo, et si ça fait mal ?
Je revendique ma Boboitude saupoudrée d'un peu de hipsterisme.
Ca se traduit par des New Balances aux pieds, un vernis toujours impeccable, le tri systématique des bordels de poubelles, le cinéma mainstream MAIS de la musique pointue.
Aller au marché, mais partir en vacances avec EasyJet.
Picoler du champagne, se moquer des ploucs, mais adorer la province. Être faite pour Paris mais ne pas y vivre.
Boire du thé très cher mais adorer aller au Starbucks.
Voter à gauche mais se sentir parfois au milieu.
Acheter mes fringues chez H&M mais claquer la moitié d'un PEL dans un sac.
...
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Je revendique ma Boboitude saupoudrée d'un peu de hipsterisme.
Ca se traduit par des New Balances aux pieds, un vernis toujours impeccable, le tri systématique des bordels de poubelles, le cinéma mainstream MAIS de la musique pointue.
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« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
Tristram- Messages : 15626
Date d'inscription : 09/12/2016
Age : 67
Localisation : Guyane
Re: Michel Houellebecq
On est tous le bobo d'un autre...
ArenSor- Messages : 3372
Date d'inscription : 02/12/2016
Localisation : Rue du Nadir-aux-Pommes
Re: Michel Houellebecq
La définition que je donne à un bobo qui est d'ailleurs la contraction de Bourgeois-Bohème est une CSP+ souvent francilienne mais pouvant être provinciale (villes de bonne taille) héritière des idées de mai68 le capitalisme en plus avec des idées se voulant progressistes (écologie, vegetarianisme, culture alternative), ces idées rejoignant une volonté de retrouver un respect pour un mode de vie traditionnel.
Classe sociale opposée aux BC-BG davantage de droite possédant les mêmes niveaux de revenus avec des idées conservatrices (semi-pratique religieuse) et une influence directe de celle-ci en termes de valeurs morales : le respect de la valeur travail et du labeur, notion de mérite et de réussite etc.
Ces deux classes socio-culturelles composent la bourgeoisie française actuelle avec en plus la bourgeoisie traditionnelle rurale qui elle vieillissante tend à disparaître. Donc oui dans les "particules élémentaires" on retrouve ces stéréotypes.
Classe sociale opposée aux BC-BG davantage de droite possédant les mêmes niveaux de revenus avec des idées conservatrices (semi-pratique religieuse) et une influence directe de celle-ci en termes de valeurs morales : le respect de la valeur travail et du labeur, notion de mérite et de réussite etc.
Ces deux classes socio-culturelles composent la bourgeoisie française actuelle avec en plus la bourgeoisie traditionnelle rurale qui elle vieillissante tend à disparaître. Donc oui dans les "particules élémentaires" on retrouve ces stéréotypes.
Hanta- Messages : 1596
Date d'inscription : 03/12/2016
Age : 36
Re: Michel Houellebecq
pas mal comme définition, j'approcherai aussi la fameuse étiquette "anarcho-capitaliste" qui élargit potentiellement le spectre de la classe (au sens revenu). la notion reste tordue quand même. je ne qualifierais pas forcément mes parents (classe moyenne) de bobo mais moi (classe moyenne supposée avec un espoir de classe moyenne juste au-dessus)je suis presque obligé de me considérer comme bobo. (pour l'auteur jamais lu et grosse méfiance/ a priori).
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Keep on keeping on...
Re: Michel Houellebecq
Je comprends ta méfiance, et nous l'avons tous plus ou moins a priori. Le côté médiatique, provocation, exploitation de filon. Mais il a aussi une fêlure et un désespôirs certains, qui nous rappellent les nôtres.
Les gens sont faits de leurs contradictions, et il faut parfois choisi certaines facettes.
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Etre dans le vent, c'est l'histoire d'une feuille morte.
Flore Vasseur
topocl- Messages : 8424
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 64
Localisation : Roanne
Re: Michel Houellebecq
Je suis un partisan de Houellebecq, mieux que ça, c'est pour moi un des rares contemporains qui a grâce à mes yeux. J'ai tout lu de son oeuvre, et si sa poésie me laisse de marbre, ses romans et courts textes m'ont souvent bien fait rire.
Je crois que j'ai le plus grand mal à le prendre au premier degré, peut-être pour ça que je l'apprécie.
Je suis assez curieux de savoir ce qu'il va nous pondre par la suite, mais je me demande si le meilleur n'est pas derrière lui (Les Particules élémentaires, La possibilité d'une île).
Je crois que j'ai le plus grand mal à le prendre au premier degré, peut-être pour ça que je l'apprécie.
Je suis assez curieux de savoir ce qu'il va nous pondre par la suite, mais je me demande si le meilleur n'est pas derrière lui (Les Particules élémentaires, La possibilité d'une île).
Invité- Invité
Re: Michel Houellebecq
Topocl, Animal, c'est pourquoi il me semble que cet auteur soit littéralement incontournable, à lire donc (et pas que ce qu'il y a autour)... en gardant en tête que le portrait de notre maussade époque ne peut pas être fort séduisant, du taedium vitae contemporain à l'examen approfondi du nombril, en passant par le tourisme sexuel...
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Tristram- Messages : 15626
Date d'inscription : 09/12/2016
Age : 67
Localisation : Guyane
Re: Michel Houellebecq
C'est tout à fait mon approche !Arturo a écrit: ses romans et courts textes m'ont souvent bien fait rire.
Je crois que j'ai le plus grand mal à le prendre au premier degré, peut-être pour ça que je l'apprécie.
ArenSor- Messages : 3372
Date d'inscription : 02/12/2016
Localisation : Rue du Nadir-aux-Pommes
Re: Michel Houellebecq
hanta a écrit:[...] s’il y a un ou une Bobo (assumé[e] ou non) sur le forum, peut-elle me dire à quoi ressemble le Bobo, et si ça fait mal ?
Je revendique ma Boboitude saupoudrée d'un peu de hipsterisme.
Ca se traduit par des New Balances aux pieds, un vernis toujours impeccable, le tri systématique des bordels de poubelles, le cinéma mainstream MAIS de la musique pointue.
Aller au marché, mais partir en vacances avec EasyJet.
Picoler du champagne, se moquer des ploucs, mais adorer la province. Être faite pour Paris mais ne pas y vivre.
Boire du thé très cher mais adorer aller au Starbucks.
Voter à gauche mais se sentir parfois au milieu.
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Mordicus- Messages : 858
Date d'inscription : 02/12/2016
Localisation : Myocarde
Re: Michel Houellebecq
Mordicus, je suis maintenant parfaitement rassuré. Et tu vas lire cet auteur ?
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Tristram- Messages : 15626
Date d'inscription : 09/12/2016
Age : 67
Localisation : Guyane
Re: Michel Houellebecq
Tristram a écrit:Mordicus, je suis maintenant parfaitement rassuré. Et tu vas lire cet auteur ?
Admettons.
Si.
(Et j'insiste sur le "si").
Si je ne devais en lire qu'un seul ?
Lequel ?
(Et pourquoi.)
Vous avez 2 heures.
Mordicus- Messages : 858
Date d'inscription : 02/12/2016
Localisation : Myocarde
Re: Michel Houellebecq
Les Particules élémentaires, je pense (un de ces premiers, et assez représentatif). On pourrait appeler ça "l'individualisme en débandade à la fin du XXe en France", ou encore "victimes subséquentes d'une éducation post-soixante-huitarde (avec mutilation affective et ablation des valeurs)".
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Tristram- Messages : 15626
Date d'inscription : 09/12/2016
Age : 67
Localisation : Guyane
Re: Michel Houellebecq
Tristram.
Je suffoque déjà rien qu'à l'évocation des sous-titres.
(Je sens qu'on va bien se marrer)
Mordicus- Messages : 858
Date d'inscription : 02/12/2016
Localisation : Myocarde
Re: Michel Houellebecq
Extension du domaine de la lutte
Livre après lequel on n'a presque plus qu'à aller se pendre (rassurez-vous, je vais résister!).
C'est l'histoire de la décomposition d'un homme face à une société qu'il n'arrive pas à pénétrer, une société qui ignore la générosité et ne connaît que l'exigence, du fait de son arrogance, de sa pensée unique et de ses buts inutiles, apparence et sexe.
Dans la première partie, Houellebecq trompe son monde. On se croit parti dans un énième roman sur le monde du travail, où le sens de la formule compense un style d'une fadeur décidée.
Puis le roman dérive doucement vers l'étrangeté de son héros, son inadaptation fondamentale. Son cynisme tourne peu à peu à l'amertume puis au désespoir. Incapable de s'approprier un monde qui rejette les individus ne se pliant pas à sa norme, n'arrivant plus à se contenter d'observer et de souffrir, il ne relève pas non plus le défi d'un acte fondamentalement absurde et définitif, le seul choix qui lui reste est l'effacement.
Comme souvent dans mon expérience de Houellebecq, il y a une alternance de facilités, de provocation et de profondeur. Ce roman impitoyable se promène nonchalamment entre cynisme et cri de détresse, entre brio et platitude. Je dirais que j'ai pris plus de plaisir à la réflexion sur laquelle il m'a menée qu'à ma lecture.
('commentaire récupéré)
Le désir lui-même disparaît ; il ne reste que l'amertume, la jalousie et la peur. Surtout, il reste l'amertume ; une immense, une inconcevable amertume. Aucune civilisation, aucune époque n'ont été capables de développer chez leurs sujets une telle quantité d'amertume. De ce point de vue-là, nous vivons des moments sans précédent. S'il fallait résumer l'état mental contemporain par un mot, c'est sans aucun doute celui que je choisirais : l'amertume.
Livre après lequel on n'a presque plus qu'à aller se pendre (rassurez-vous, je vais résister!).
C'est l'histoire de la décomposition d'un homme face à une société qu'il n'arrive pas à pénétrer, une société qui ignore la générosité et ne connaît que l'exigence, du fait de son arrogance, de sa pensée unique et de ses buts inutiles, apparence et sexe.
Dans la première partie, Houellebecq trompe son monde. On se croit parti dans un énième roman sur le monde du travail, où le sens de la formule compense un style d'une fadeur décidée.
Puis le roman dérive doucement vers l'étrangeté de son héros, son inadaptation fondamentale. Son cynisme tourne peu à peu à l'amertume puis au désespoir. Incapable de s'approprier un monde qui rejette les individus ne se pliant pas à sa norme, n'arrivant plus à se contenter d'observer et de souffrir, il ne relève pas non plus le défi d'un acte fondamentalement absurde et définitif, le seul choix qui lui reste est l'effacement.
Il ne reste plus que l'amertume et le dégoût, la maladie et l'attente de la mort.
Comme souvent dans mon expérience de Houellebecq, il y a une alternance de facilités, de provocation et de profondeur. Ce roman impitoyable se promène nonchalamment entre cynisme et cri de détresse, entre brio et platitude. Je dirais que j'ai pris plus de plaisir à la réflexion sur laquelle il m'a menée qu'à ma lecture.
('commentaire récupéré)
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Flore Vasseur
topocl- Messages : 8424
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 64
Localisation : Roanne
Re: Michel Houellebecq
Mordicus a écrit:hanta a écrit:[...] s’il y a un ou une Bobo (assumé[e] ou non) sur le forum, peut-elle me dire à quoi ressemble le Bobo, et si ça fait mal ?
Je revendique ma Boboitude saupoudrée d'un peu de hipsterisme.
Ca se traduit par des New Balances aux pieds, un vernis toujours impeccable, le tri systématique des bordels de poubelles, le cinéma mainstream MAIS de la musique pointue.
Aller au marché, mais partir en vacances avec EasyJet.
Picoler du champagne, se moquer des ploucs, mais adorer la province. Être faite pour Paris mais ne pas y vivre.
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Voter à gauche mais se sentir parfois au milieu.
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D'autres questions ?
D'abord c'est même pas moi qui ai dit cela na .
Ensuite je critique pas du tout cette classe je dis que les personnages de Houellebecq sont des clichés de cette classe et sont prisonniers de cette caricature.
Et je suis d'accord sur le choix le mieux est que tu lises les particules c'est le plus représentatif de l'auteur...
Hanta- Messages : 1596
Date d'inscription : 03/12/2016
Age : 36
Re: Michel Houellebecq
hanta a écrit:sont des clichés de cette classe et sont prisonniers de cette caricature
C'est moi qui me renseignais sur les bo-bos ; je confirme, ils sont bien mis en boîte dans ce bouquin.
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Tristram- Messages : 15626
Date d'inscription : 09/12/2016
Age : 67
Localisation : Guyane
Re: Michel Houellebecq
Okay !
Je lirai vos particules.
C'est noté.
Mordicus- Messages : 858
Date d'inscription : 02/12/2016
Localisation : Myocarde
Re: Michel Houellebecq
Les particules élémentaires
Les particules élémentaires est la chronique du déclin d'une civilisation - la nôtre - qu'illustre l'existence plate et morose de deux demi-frères, Michel et Bruno, confrontés à leur misérable condition.
Car tandis que Bruno s'abîme dans une quête désespérée du plaisir sexuel, la vie amoureuse de Michel continue d'être un pitoyable désastre. Ni résigné, ni satisfait, ce dernier, chercheur en biologie, reste persuadé que ses travaux seront déterminants pour l'avènement d'une nouvelle espèce, asexuée et immortelle, et la disparition - enfin ! - de l'humanité.
J’ai retrouvé dès le prologue mon petit rictus « Houellebecquien », ce qui s’annonçait plutôt bien :
Et je glorifie cette image; le ton donné et provocateur d’entrée de jeu, une vérité bien amenée montre du doigt la tartuferie (j’emploie ce terme sciemment bien entendu) d’une société se voulant encore sur la voie du seigneur en prônant la morale alors qu’elle évolue dans un égocentrisme rutilant. Amer constat pour ceux qui pensent encore que l’ultime vision du monde reste divine…
Il y a des moments où l’on voudrait être misanthrope juste pour se ranger du côté de Houellebecq, c’est à se demander parfois en le lisant s’il ne flirte pas avec l’héboïdophréne et là alors, je pourrais dire que les déments le sont uniquement par une clairvoyance d’esprit bien plus éclairée que la moyenne.
Parce que voilà lorsque je lis les particules je me dis
- Quel talent réside dans la folie.
- L’aliénation méthodique et acérée de sa description sociétaire de par ses personnages dans laquelle il puise son cynisme est juste un constat incontestable.
- Puisqu’on ne peut pas vivre dans un monde détraqué qui n’est pas le sien et qui ne l’a jamais été, on ne peut effectivement que le calomnier et lui expectorer dessus.
- Des personnages forcenés ? non juste un peu plus humains que la moyenne, on ne naît pas asocial, ni désenchanté et désillusionné, on le devient par la force des choses, à chacun son extrême.
En bref, élémentaire mon cher Houellebecq, j’ai eu les particules en connivence avec cette lucidité aiguisée.
Je cite un homologue américain à qui j’ai pensé durant toute cette lecture :
Les particules élémentaires est la chronique du déclin d'une civilisation - la nôtre - qu'illustre l'existence plate et morose de deux demi-frères, Michel et Bruno, confrontés à leur misérable condition.
Car tandis que Bruno s'abîme dans une quête désespérée du plaisir sexuel, la vie amoureuse de Michel continue d'être un pitoyable désastre. Ni résigné, ni satisfait, ce dernier, chercheur en biologie, reste persuadé que ses travaux seront déterminants pour l'avènement d'une nouvelle espèce, asexuée et immortelle, et la disparition - enfin ! - de l'humanité.
J’ai retrouvé dès le prologue mon petit rictus « Houellebecquien », ce qui s’annonçait plutôt bien :
Mutation métaphysique d’une époque, la génération désenchantée renverse la vision du monde adoptée depuis les romains : le christianisme.« Ce livre est avant tout l’histoire d’un homme, qui vécut la plus grande partie de sa vie en Europe Occidentale, durant la seconde moitié du 20e siècle. Généralement seul, il fut cependant, de loin en loin, en relation avec d’autres hommes.il vécut en des temps malheureux et troublés. Le pays qui lui avait donné naissance basculait lentement, mais inéluctablement dans la zone économique des pays moyen-pauvres ; fréquemment guettés par la misère, les hommes de sa génération passèrent en outre leur vie dans la solitude et l’amertume .Les sentiments d’amour, de tendresse et de fraternité humaine avaient dans une large mesure disparus ; Dans leurs rapports mutuels ses contemporains faisaient le plus souvent preuve d’indifférence, voire de cruauté (…) »
Et je glorifie cette image; le ton donné et provocateur d’entrée de jeu, une vérité bien amenée montre du doigt la tartuferie (j’emploie ce terme sciemment bien entendu) d’une société se voulant encore sur la voie du seigneur en prônant la morale alors qu’elle évolue dans un égocentrisme rutilant. Amer constat pour ceux qui pensent encore que l’ultime vision du monde reste divine…
Il y a des moments où l’on voudrait être misanthrope juste pour se ranger du côté de Houellebecq, c’est à se demander parfois en le lisant s’il ne flirte pas avec l’héboïdophréne et là alors, je pourrais dire que les déments le sont uniquement par une clairvoyance d’esprit bien plus éclairée que la moyenne.
Parce que voilà lorsque je lis les particules je me dis
- Quel talent réside dans la folie.
- L’aliénation méthodique et acérée de sa description sociétaire de par ses personnages dans laquelle il puise son cynisme est juste un constat incontestable.
- Puisqu’on ne peut pas vivre dans un monde détraqué qui n’est pas le sien et qui ne l’a jamais été, on ne peut effectivement que le calomnier et lui expectorer dessus.
- Des personnages forcenés ? non juste un peu plus humains que la moyenne, on ne naît pas asocial, ni désenchanté et désillusionné, on le devient par la force des choses, à chacun son extrême.
En bref, élémentaire mon cher Houellebecq, j’ai eu les particules en connivence avec cette lucidité aiguisée.
Je cite un homologue américain à qui j’ai pensé durant toute cette lecture :
« Je n'ai jamais aimé personne et j'ai peur des gens » Bret Eston Ellis « Suites Impériales »
Ouliposuccion- Messages : 377
Date d'inscription : 14/01/2017
Localisation : ubiquiste
Re: Michel Houellebecq
Héboïdophrénie éclairée, je ne suis pas sûr que cela explique ce qui est quand même un phénomène sociétal (subi) actuel (ni leurs analystes, comme Houellebecq et Ellis), ou alors la psychologie permet une lecture sociale ? Le désenchantement (perte des valeurs pas comblée par la culture, de notre milieu ou digitale) crée des mutilés de la perception affective se repliant sur soi, plutôt que l'inverse ?
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Tristram- Messages : 15626
Date d'inscription : 09/12/2016
Age : 67
Localisation : Guyane
Re: Michel Houellebecq
Je pense que la psychologie et le recul social sont prédominants dans une étude de la société.
C'est dans l'observation que nous constatons les dérives de celle-ci , tout en restant extérieur.
Ce phénomène de société n'est autre finalement que l'individualisme qui pousse à une sorte de réclusion affective menant au désenchantement et forçant l'analyse.
Je suis d'avis que l'exclusion sociale , le repli sur soi-même n'ont jamais empêché la réflexion , bien au contraire.
Houellebecq est pour moi l'un des meilleurs analystes de cette société.
C'est dans l'observation que nous constatons les dérives de celle-ci , tout en restant extérieur.
Ce phénomène de société n'est autre finalement que l'individualisme qui pousse à une sorte de réclusion affective menant au désenchantement et forçant l'analyse.
Je suis d'avis que l'exclusion sociale , le repli sur soi-même n'ont jamais empêché la réflexion , bien au contraire.
Houellebecq est pour moi l'un des meilleurs analystes de cette société.
Ouliposuccion- Messages : 377
Date d'inscription : 14/01/2017
Localisation : ubiquiste
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