Michel Tournier
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Michel Tournier
Ecrivain français, né d'un père gascon et d'une mère bourguignonne à Paris le 19 décembre 1924, il passe sa jeunesse à Saint-Germain-en-Laye et à Neuilly-sur-Seine. Il est le condisciple de Roger Nimier. Son éducation est marquée par la culture allemande, la musique et le catholicisme. Plus tard, il découvre la pensée de Gaston Bachelard. Il poursuit des études de philosophie à la Sorbonne et à l'université de Tübingen. Il suit les cours de Maurice de Gandillac. Il souhaite enseigner la philosophie au lycée, mais échoue à l'agrégation.
Il entre à Radio France, où il anime l'émission L'heure de la culture française. En 1954, il travaille dans la publicité pour Europe 1. Il collabore également à des journaux comme Le Monde et Le Figaro. De 1956 à 1968, il travaille chez Plon à des traductions de l'allemand. Parallèlement, il poursuit une activité de journaliste à la radio, où il est chargé de l'émission Chambre noire. Il participe en 1968, avec Lucien Clergue, à la création des Rencontres photographiques d'Arles.
En 1967, il publie son premier roman, Vendredi ou les Limbes du Pacifique (inspiré de Daniel Defoe) qui est récompensé par le Grand prix du roman de l'Académie française. Son souhait est d'écrire une histoire populaire sur un sujet philosophique.
En 1970, il obtient le Prix Goncourt à l'unanimité du jury pour le roman Le Roi des aulnes.
L'année suivante, il publie Vendredi ou la vie sauvage, version simplifiée de Vendredi ou les Limbes du Pacifique. Il ne l'écrit pas comme un livre pour enfant ; il considère par contre que pouvoir être lu par les enfants est un critère de qualité. Le livre devient un classique scolaire, traduit en une quarantaine de langues.
En 1972, Michel Tournier devient membre de l'Académie Goncourt.
Optant pour une forme résolument classique, Michel Tournier renoue, dans ses grands ouvrages, avec le roman de formation et les archétypes mythiques propres au conte. Son univers romanesque, très influencé par la poésie germanique et la littérature allemande (il reconnaît Günter Grass comme une influence majeure pour l'ensemble de son œuvre) est peuplé de monstres, d'ogres, de jumeaux, d'androgynes et est traversé par le thème de l'inversion.
(Babelio et Universalis)
Œuvres
Romans
Vendredi ou les Limbes du Pacifique (1967)
Le Roi des aulnes (1970)
Vendredi ou la Vie sauvage (1971)
Les Météores (1975)
Gaspard, Melchior et Balthazar (1980)
Gilles et Jeanne (1983)
La Goutte d'Or (1985)
Eléazar ou la Source et le Buisson (1996)
Contes et nouvelles
Le Coq de bruyère (1978)
La Fugue du Petit Poucet (1979)
Pierrot ou les secrets de la nuit (1979)
Barbedor (1980)
Le vagabond immobile, avec Jean-Max Toubeau (qui faisait son portrait) (1984)
Le Médianoche amoureux (1989)
Sept contes (1998)
Essais
Le Vent Paraclet (1978)
Le Vol du vampire (1981)
Vues de dos (1981), avec photographies d’Edouard Boubat
Des clefs et des serrures (1983), avec photographies
Petites proses (1986)
Le Tabor et le Sinaï (1988)
Le Crépuscule des masques (1992), avec photographies
Le Pied de la lettre (1994)
Le Miroir des idées (1994)
Célébrations (1999)
Journal Extime (2002)
Allemagne, un conte d'hiver de Henri Heine (2003)
Le Bonheur en Allemagne ? (2004)
Les Vertes lectures (2006)
(Wikipédia)
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« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
Tristram- Messages : 15926
Date d'inscription : 09/12/2016
Age : 68
Localisation : Guyane
Re: Michel Tournier
Les Météores
Voici Alexandre Surin, homosexuel chasseur, à la fois élitiste, antisocial et abject (Tournier fait preuve d’une véritable fascination pour l’analité dans ses œuvres) ; malsain et scandaleux, ce cynique « dandy des gadoues », ce joyeux pervers jouit de l’ordure (les « oms », ordures ménagères, sorte d’acronyme où il est permis de voir une malicieuse affinité avec "hommes"…), et s’accomplit dans la répurgation (latinisme qui désigne l’ensemble des activités liées à la propreté et à l’hygiène dans les collectivités locales, Wiktionnaire) :
Autre référence, celle à la cryptophasie, emploi d'un langage secret par les jumeaux, « élaboré spontanément par le couple gémellaire, compréhensible de lui seul, et pouvant nuire au développement du langage social proprement dit » (TLFi).
Car la (seconde) moitié du livre concerne les jumeaux, Jean et Paul, soit Jean-Paul, « frères-pareils » parmi les « sans-pareil » ; celui qui a l’ascendant dans cette gémellité fera fuir la fiancée de l’autre, qui à son tour fuira, bientôt poursuivi autour du monde par son frère déparié.
Franz (comme Arnaud le benêt du Banquet annuel de la Confrérie des fossoyeurs de Mathias Énard, c’est un « enfant-calendrier »), ainsi que les autres innocents de l’établissement de débiles mentaux proche de la Cassine et de la filature familiale en Bretagne, est proche des jumeaux comme de toute la progéniture de Maria-Barbara et d’Édouard (frère d’Alexandre), aussi occasion d’un rendu sensible de ces jeunes handicapés.
Tournier revisite nombre de codes (et tabous) sociaux, comme l’inceste.
Dans ce roman au style châtié qui manie paradoxe et provocation, mais nuancé d’humour voire d’ironie, Tournier a le même goût du rocambolesque, du symbolique, du bizarre et de la bravade que son Alexandre ; partout se devine le conte mythique, avec ce qu’il a aussi d’ambigu, de cruel, de maléfique ; plutôt hétérogène malgré ses thèmes suivis, il vaut aussi beaucoup pour les remarques diverses de l’auteur à tous propos. Il y a des scènes frappantes, voire du gore, comme avec la guerre des rats et goélands dans une décharge, ou l’inondation de Venise en 1959. A propos, voici deux descriptions de paysages, la première en Islande, la seconde en Bretagne :
Mots-clés : #fratrie #identitesexuelle #initiatique #sexualité
Voici Alexandre Surin, homosexuel chasseur, à la fois élitiste, antisocial et abject (Tournier fait preuve d’une véritable fascination pour l’analité dans ses œuvres) ; malsain et scandaleux, ce cynique « dandy des gadoues », ce joyeux pervers jouit de l’ordure (les « oms », ordures ménagères, sorte d’acronyme où il est permis de voir une malicieuse affinité avec "hommes"…), et s’accomplit dans la répurgation (latinisme qui désigne l’ensemble des activités liées à la propreté et à l’hygiène dans les collectivités locales, Wiktionnaire) :
Une discussion théologique sur le Paraclet (le Saint-Esprit, cf. Le Vent paraclet, réflexions autobiographique, littéraire et philosophique) et la météorologie explicite le titre :« Moi, sans sexe, je ne vois vraiment pas de qui j’aurais pu avoir besoin. »
« Peu à peu j’étais séduit par l’aspect négatif, je dirai presque inverti, de cette industrie. »
« La guerre menace cette fin d’été. Hitler ayant achevé avec la complicité générale le massacre des homosexuels allemands cherche d’autres victimes. Est-il nécessaire de préciser que la formidable mêlée d’hétérosexuels qui se prépare m’intéresse en spectateur, mais ne me concerne pas ? Si ce n’est peut-être au dernier acte, quand l’Europe, le monde entier sans doute ne seront plus qu’un seul tas de décombres. Alors viendra le temps des déblayeurs, récupérateurs, éboueurs, biffins et autres représentants de la corporation chiffonnière. En attendant, j’observerai la suite des opérations l’œil appointé, à l’abri d’une réforme que me valut à l’âge du régiment une éventration herniaire depuis belle lurette surmontée et oubliée. »
« …] j’ai le privilège insigne – en vertu de mon métier et de mon sexe également exécrés par la racaille – de demeurer inébranlé à ma place, fidèle à ma fonction d’observateur lucide et de liquidateur de la société. »
Tournier est féru de vocabulaire, d’érudition, d’étymologie, d’allusions littéraires ; ainsi, « la haine atmosphérique des hétérosexuels » doit renvoyer à la barométrie psychologique dont parle Baudelaire dans ses Paradis artificiels : « les phénomènes atmosphériques de son âme »…« L’Esprit-Saint est vent, tempête, souffle, il a un corps météorologique. Les météores sont sacrés. »
Autre référence, celle à la cryptophasie, emploi d'un langage secret par les jumeaux, « élaboré spontanément par le couple gémellaire, compréhensible de lui seul, et pouvant nuire au développement du langage social proprement dit » (TLFi).
Car la (seconde) moitié du livre concerne les jumeaux, Jean et Paul, soit Jean-Paul, « frères-pareils » parmi les « sans-pareil » ; celui qui a l’ascendant dans cette gémellité fera fuir la fiancée de l’autre, qui à son tour fuira, bientôt poursuivi autour du monde par son frère déparié.
(Bep est le jeu fusionnel dans la cellule gémellaire.)« Des deux, j’étais le conservateur, le mainteneur. Jean au contraire a obéi à un parti pris de séparation, de rupture. Mon père dirigeait une usine où l’on tissait et cardait. Jean ne se plaisait qu’avec les cardeuses, moi je trouvais mon bonheur auprès des ourdisseuses. Dès lors, je suis tenté d’admettre que Jean-le-Cardeur sème la discorde et la ruine partout où il passe en vertu de sa seule vocation. C’est une raison de plus pour que je m’efforce de le retrouver et de le ramener à Bep. »
Franz (comme Arnaud le benêt du Banquet annuel de la Confrérie des fossoyeurs de Mathias Énard, c’est un « enfant-calendrier »), ainsi que les autres innocents de l’établissement de débiles mentaux proche de la Cassine et de la filature familiale en Bretagne, est proche des jumeaux comme de toute la progéniture de Maria-Barbara et d’Édouard (frère d’Alexandre), aussi occasion d’un rendu sensible de ces jeunes handicapés.
Tournier revisite nombre de codes (et tabous) sociaux, comme l’inceste.
Le début de la Seconde Guerre mondiale est évoqué au travers d’Édouard, hétérosexuel notoire, typique père de famille (dont les jumeaux) et séducteur de nombreuses femmes, qui s’engage dans l’armée puis la Résistance sous l’Occupation.« Le mariage ne créait-il pas une sorte de parenté entre les époux, et puisqu’il s’agissait de deux êtres appartenant à la même génération, cette parenté n’était-elle pas analogue à celle qui unit un frère et une sœur ? Et si le mariage entre frère et sœur réels est interdit, n’est-ce pas justement parce qu’il est absurde de prétendre créer par institution et sacrement ce qui existe déjà en fait ? »
La fin du livre se situe lors de l’érection du mur de Berlin (livre publié en 1975), et remue encore les fantasmes de l’auteur.« L’angoisse de la mort et la peur de mourir sont exclusives l’une de l’autre. La peur chasse l’angoisse comme le vent du nord balaie les nuées orageuses de l’été. La menace immédiate fouette le sang et appelle des réactions sans retard. »
Dans ce roman au style châtié qui manie paradoxe et provocation, mais nuancé d’humour voire d’ironie, Tournier a le même goût du rocambolesque, du symbolique, du bizarre et de la bravade que son Alexandre ; partout se devine le conte mythique, avec ce qu’il a aussi d’ambigu, de cruel, de maléfique ; plutôt hétérogène malgré ses thèmes suivis, il vaut aussi beaucoup pour les remarques diverses de l’auteur à tous propos. Il y a des scènes frappantes, voire du gore, comme avec la guerre des rats et goélands dans une décharge, ou l’inondation de Venise en 1959. A propos, voici deux descriptions de paysages, la première en Islande, la seconde en Bretagne :
Un livre original, étrange, que j’ai lu sans lassitude (il est vrai sur papier, à l’ancienne, artisanalement !)« Paysage beige, livide, verdâtre, coulées de morve, de pus chaud, de sanie glauque, vapeurs toxiques, bourbiers qui bouillonnent comme des marmites de sorcière. On y voit mijoter le soufre, le salpêtre, le basalte en fusion. Angoisse en présence de cette chose innommable et totalement contre nature : la pierre liquéfiée… Solfatares où fusent des jets de vapeur empoisonnée, où rêvent des fumerolles annelées. Bleu intense, irréel, du fond du geyser. Le petit lac se vide sous l’effet d’une déglutition, d’une puissante succion interne, puis le liquide reflue d’un coup, bondit vers le ciel, se disperse en gerbe, retombe en crépitant sur les rochers. Contraste entre ce paysage totalement minéral, et l’activité vivante, viscérale qui s’y manifeste. Cette pierre crache, souffle, rote, fume, pète et chie pour finir une diarrhée incandescente. C’est la colère de l’enfer souterrain contre la surface, contre le ciel. Le monde souterrain exhale sa haine en vomissant à la face du ciel ses injures les plus basses, les plus scatologiques. »
« Je n’oublierai jamais cette première rencontre. Toute la journée un grain et ses séquelles avaient rincé et peigné la côte. Le jour baissait lorsqu’on put enfin sortir. L’air mouillé était frais, et le soleil glissant déjà dans l’entrebâillement lumineux ouvert entre l’horizon et le couvercle des nuages, nous baignait d’une lumière faussement chaleureuse. La basse mer ajoutait les déserts miroitants de la grève au ciel dévasté. »
Mots-clés : #fratrie #identitesexuelle #initiatique #sexualité
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« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
Tristram- Messages : 15926
Date d'inscription : 09/12/2016
Age : 68
Localisation : Guyane
Re: Michel Tournier
"original", "étrange" (+ peut-être "malaise") sont aussi des qualificatifs que je garde du "Roi des Aulnes", ouvrage qui m'avait marqué et dont je garde un bon souvenir.
Michel Tournier méritait bien un fil. Merci.
Michel Tournier méritait bien un fil. Merci.
ArenSor- Messages : 3428
Date d'inscription : 02/12/2016
Localisation : Rue du Nadir-aux-Pommes
Re: Michel Tournier
De rien cherami.
Vendredi ou les limbes du Pacifique mérite aussi la lecture.
Vendredi ou les limbes du Pacifique mérite aussi la lecture.
J'ai lu beaucoup de cet auteur, y compris textes courts et essais, et m'en suis souvent bien trouvé.« Le sexe et la mort. […] Ainsi la sexualité était, disait-il, la présence vivante, menaçante et mortelle de l'espèce même au sein de l'individu. […] C'est apparemment un plaisir égoïste que poursuivent les amants, alors même qu'ils marchent dans la voie de l'abnégation la plus folle. »
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Tristram- Messages : 15926
Date d'inscription : 09/12/2016
Age : 68
Localisation : Guyane
Re: Michel Tournier
Tournier ?
Je continue mon boycott.
Écrivain que j'ai beaucoup lu dans les années 1980, j'avais dit que je reprendrais peut-être après son décès, mais finalement non, pas possible, il y a encore tellement de victimes de ses prédations pédophiles criminelles qui sont en vie.
J'avais beaucoup apprécié Vendredi ou la vie sauvage, Le roi des aulnes et Gaspard, Mechior et Balthazar sinon.
Et je m'en suis culpabilisé, même si le style littéraire, la narration tout ça, rien à redire, vraiment un auteur talentueux... mais parce que je ne peux pas dire même si les relents de pédophilie transparaissent dans ces ouvrages, surtout deux d'entre eux, à un degré si peu second... et passer l'éponge là-dessus.
Je dois vous sembler bien prude ou puritain, désolé .
Je continue mon boycott.
Écrivain que j'ai beaucoup lu dans les années 1980, j'avais dit que je reprendrais peut-être après son décès, mais finalement non, pas possible, il y a encore tellement de victimes de ses prédations pédophiles criminelles qui sont en vie.
J'avais beaucoup apprécié Vendredi ou la vie sauvage, Le roi des aulnes et Gaspard, Mechior et Balthazar sinon.
Et je m'en suis culpabilisé, même si le style littéraire, la narration tout ça, rien à redire, vraiment un auteur talentueux... mais parce que je ne peux pas dire même si les relents de pédophilie transparaissent dans ces ouvrages, surtout deux d'entre eux, à un degré si peu second... et passer l'éponge là-dessus.
Je dois vous sembler bien prude ou puritain, désolé .
Aventin- Messages : 1985
Date d'inscription : 10/12/2016
Re: Michel Tournier
Aventin a écrit:Tournier ?
mais parce que je ne peux pas dire même si les relents de pédophilie transparaissent dans ces ouvrages, surtout deux d'entre eux, à un degré si peu second... et passer l'éponge là-dessus.
Je dois vous sembler bien prude ou puritain, désolé .
C'est manifeste dans "Le Roi des aulnes" en tout cas.
Ton opinion est tout à fait respectable !
ArenSor- Messages : 3428
Date d'inscription : 02/12/2016
Localisation : Rue du Nadir-aux-Pommes
Re: Michel Tournier
Dans Les Météores, il (Alexandre) se défend de toute pédérastie. Y a-t-il des "évidences" (sources confirmées) de cette pédérastie ?
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Tristram- Messages : 15926
Date d'inscription : 09/12/2016
Age : 68
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Re: Michel Tournier
"Le crime pédérastique, aujourd'hui, ne paie plus"
Trompettes de la renommée - Brassens
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“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
― Le club des incorrigibles optimistes de Jean-Michel Guenassia
[/i]
"Il n'y a pas de mauvais livres. Ce qui est mauvais c'est de les craindre." L'homme de Kiev Malamud
Bédoulène- Messages : 21639
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 79
Localisation : En Provence
Re: Michel Tournier
Va faire un tour dans Le Roi des Aulnes ou, plus explicite encore, dans Gaspard, Melchior et Balthazar et on reparlera pédophilie.Tristram a écrit:Dans Les Météores, il (Alexandre) se défend de toute pédérastie. Y a-t-il des "évidences" (sources confirmées) de cette pédérastie ?
Sinon tape Michel Tournier - pédophilie sur ton moteur de recherches, après, que la littérature passe avant la morale, ou que l'homme en vue passe avant la morale, pas de souci, n'avons-nous pas vécu ça dans les années 70-80 voire un peu plus tard (entre ici, Frédéric Mitterrand), mais The Times They Are a-Changin' comme le chantait un nobélisé, n'est-il pas ?
Adoncques sans moi dorénavant.
Pruderie si vous voulez.
Mon côté fleur bleue.
(À propos de bleu, avoir rencontré des bénévoles de l'Enfant bleu m'a aussi pas mal dessillé, il faut dire.)
Aventin- Messages : 1985
Date d'inscription : 10/12/2016
Re: Michel Tournier
Oui, il semblerait, peut-être que. Et moi qui croyait lire un homosexuel, point à la ligne. (On l'a aussi suspecté de nazisme en fait de germanophilie, parfaitement à tort semble-t-il.) Il n'est pas le seul écrivain mis en cause. Je m'en tiendrai à l'oeuvre, car il n'y a pas, me paraît-il, apologie de la pédérastie.
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Tristram- Messages : 15926
Date d'inscription : 09/12/2016
Age : 68
Localisation : Guyane
Re: Michel Tournier
Hep ! topocl !
Comment fais-tu dans un cas comme ça, Tristram me parle pédérastie, ce dont tout le monde se contrefiche (droit à l'indifférence chèrement acquis sans doute, mais enfin acquis, du moins sous nos latitudes) quand j'emploie pédophilie, ce qui me révulse considérablement (pas Tristram, la pédophilie !).
Bon, zou, j'abandonne. Ceci est mon dernier message sur ce fil .
Comment fais-tu dans un cas comme ça, Tristram me parle pédérastie, ce dont tout le monde se contrefiche (droit à l'indifférence chèrement acquis sans doute, mais enfin acquis, du moins sous nos latitudes) quand j'emploie pédophilie, ce qui me révulse considérablement (pas Tristram, la pédophilie !).
Bon, zou, j'abandonne. Ceci est mon dernier message sur ce fil .
Aventin- Messages : 1985
Date d'inscription : 10/12/2016
Re: Michel Tournier
Oui, je me suis peut-être trompé de terme, n'étant pas trop au fait de la chose... quoique la définition du Robert soit :
1580, « sodomisation », rare av. xixe; grec paiderastia « amour pour les jeunes garçons », de paiderastês, pédéraste.
Commerce charnel de l'homme avec le jeune garçon, et, par ext., toute pratique homosexuelle masculine. Homosexualité.
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Tristram- Messages : 15926
Date d'inscription : 09/12/2016
Age : 68
Localisation : Guyane
Re: Michel Tournier
Aventin, il faut pardonner à Tristram, qui est un type timide, pas très à l'aise avec les mots et les idées d'une façon générale.Aventin a écrit: Hep ! topocl ! .
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Etre dans le vent, c'est l'histoire d'une feuille morte.
Flore Vasseur
topocl- Messages : 8546
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 64
Localisation : Roanne
Re: Michel Tournier
Merci, Topocl, de le préciser de manière si délicate.
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Tristram- Messages : 15926
Date d'inscription : 09/12/2016
Age : 68
Localisation : Guyane
Re: Michel Tournier
Je renvoie à la lecture du fil et à l'analyse de Tristram pour ne donner ici que mon sentiment sur Les Météores...
Ce roman m'a semblé baroque, au sens quasi étymologique du mot portugais « barroco », soit une perle précieuse mais irrégulière, loin de la norme, des normes... Une œuvre bizarre, étrange et inattendue...
Le seul souvenir que j'avais gardé d'une très ancienne lecture, était celui d'un vol de goélands au-dessus d'une décharge à ordure à ciel ouvert. Après relecture, je comprends mieux mon souvenir qui associe la voracité violente de ces oiseaux à l'ordure, soit ce qu'on jette et ce qu'on cache.
Tournier brasse tout un monde, avec des personnages et des paysages, parfois solaires, souvent sombres. Il donne la voix à ses différents personnages, remuant tout un arrière-monde souterrain fantasmatique, érotique, voire sexuel, violent.
L'auteur tient ferme les fils des différents récits, tel un conteur au talent indéniable, qu'on ne peut lâcher...
J'y ai trouvé des longueurs, par exemple autour du personnage d'Alexandre, le dandy des gadoues, spécialiste en ordures ménagères, homosexuel flamboyant et anarchisant, dont on suit le destin dans la bonne première moitié du roman. Des aventures picaresques mais sombres montrant un goût certain pour la cruauté et l'abjection avec une couleur souvent sado-masochiste. Il faut supporter... L'auteur n'est jamais bien loin, en voyeur bien sûr, et donc le lecteur (« Hypocrite lecteur, — mon semblable, — mon frère ! » dirait Baudelaire...).
J'ai préféré la seconde partie du roman où l'on suit Jean et Paul, les deux jumeaux. Cette quête de Paul à la recherche de Jean nous entraîne dans un tour du monde effréné, d'orient en occident. Les récits prennent souvent une dimension mythique, parfois philosophique (on pense au Zadig de Voltaire). C'est très enlevé ! Le mystère de la gémellité, heureuse ou malheureuse, est soulevé, mais une gémellité selon Tournier dont l'imaginaire galope au fil des pages pour le plus grand plaisir du lecteur.
L'auteur orne souvent le texte avec des étymologies à visée réflexive un peu plaquées, mais les digressions philosophiques ou même religieuses en écho aux différents récits qui se croisent sont souvent stimulantes.
Donc un roman exigeant, dense, parfois provoquant, souvent prenant et qui m'a donné beaucoup à penser. Je vais certainement poursuivre mes relectures avec cet auteur.
Laurentides- Messages : 218
Date d'inscription : 18/05/2023
Age : 67
Localisation : Bretagne
Re: Michel Tournier
merci Laurentides ! c'est tentant mais le temps me fuit
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Bédoulène- Messages : 21639
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 79
Localisation : En Provence
Re: Michel Tournier
Tu conseillerais lequel pour commencer, Laurentides?
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Flore Vasseur
topocl- Messages : 8546
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 64
Localisation : Roanne
Re: Michel Tournier
Sans hésiter, Vendredi ou les Limbes du Pacifique. Quel titre !
C'est le roman de Michel Tournier qui m'a le plus marqué, il y a des lustres ! (et que je vais relire, pour voir...).
C'est le roman de Michel Tournier qui m'a le plus marqué, il y a des lustres ! (et que je vais relire, pour voir...).
Laurentides- Messages : 218
Date d'inscription : 18/05/2023
Age : 67
Localisation : Bretagne
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