Johan Borgen
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Johan Borgen
source : Encyclopaedia UniversalisÉcrivain norvégien né le 28 avril 1902 à Kristiania (auj. Oslo), mort le 16 octobre 1979 à Hvaler.
Né dans une famille de la grande bourgeoisie, Johan Collet Müller Borgen lui-même est cependant souvent considéré comme appartenant à la gauche radicale malgré son absence d'activisme politique. Il débute sa carrière littéraire avec un recueil de nouvelles intitulées Mot mørket (1925 ; « Du côté de l'ombre »), et poursuit cet exercice de style avec brio. Les recueils Noveller om kjærlighet (1952 ; « Histoires d'amour ») et Noveller i utvalg (1961 ; Le Cygne) rencontrent ainsi un grand succès à la fois auprès du public et de la critique.
Borgen l'un des écrivains les plus importants de la Norvège du xxe siècle avec son œuvre maîtresse, une fresque romanesque en trois parties, Lillelord (1955 ; Lillelord, 1985), De mørke kilder (1956 ; « Les sources sombres ») et Vi har ham nå (1957 ; « Ça y est, on l'a »), les deux derniers tomes n'étant pas encore traduits en français. Borgen y dépeint la vie d'une famille bourgeoise norvégienne de 1917 jusqu'après la Seconde Guerre mondiale. À travers son héros, Wilfred Sagen, il dresse un portrait pénétrant de l'aliénation et de l'insatisfaction qui ont conduit certains individus à collaborer avec les nazis pendant la guerre. La triologie de Borgen offre également une étude d'époque via des instantanés de la vie d'artiste à Copenhague et à Paris ainsi qu'une étude psychologique intéressante.
Dans les romans plus expérimentaux qui suivront, Borgen continue de créer des fictions traitant des thèmes de l'aliénation et de l'identité. Ainsi de Jeg (1959 ; « Moi »), Blåtind (1964 ; « Pic bleu ») ou Den røde tåken (1967 ; « La Brume rouge »).
Borgen écrit aussi des pièces de théâtre, et développe un talent particulier pour les textes courts et incisifs au fil de sa longue carrière. Son recueil Nye noveller (1965 ; « Nouvelles Histoires ») lui vaut le grand prix de littérature du Conseil nordique en 1967. De 1954 à 1959, il devient rédacteur en chef de la revue Vinduet. Borgen se distingue également par ses talents de critique littéraire, capable de communiquer son enthousiasme pour un livre à travers des analyses lucides, et de s'interroger au sujet du poids de la tradition littéraire sur les auteurs modernes. Il profite de cette activité pour faire découvrir de nombreux auteurs étrangers aux lecteurs norvégiens, avec une prédilection pour la littérature danoise.
Bibliographie française
Johan Borgen est malheureusement peu traduit en France. Et ces lacunes et oublis dans l'édition française sont parfois totalemement incompréhensibles.
- Lillelord
- L'Amour dissipera les rêves de l'enfance & Nuits tropicales (nouvelles)
- Le Cygne (nouvelles)
bix_229- Messages : 15439
Date d'inscription : 06/12/2016
Localisation : Lauragais
Re: Johan Borgen
Lillelord
A quatorze ans, Wilfred est beau, brillant. Un ado à qui tout réussit.
Sa mère le chérit, et l'image qu'elle se fait de lui est celle d'un être exemplaire.
En fait, Wilfred a de plus en plus de mal à se conformer à cette image.
Il ne serait qu'un enfant gâté, un frimeur et une tête à claques, s'il n'était autre en réalité.
En quête d'identité et de repères, il ne trouve pas de soutien dans son milieu familial, riche et bourgeois. Mais étouffant.
Pour se défouler, il va temps en temps se mêler aux petits prolos de la ville voisine, une ville norvégienne du début du 20e siècle.
Pour chaparder, molester et courir des risques.
"Tout ce qui était dangereux était bon", pense t-il.
En même temps, l'instinct le poussait à expier, à "se purifier".
"C'est tomber qu'il voulait."
Il était capable de surenchérir sur la douleur.
"L'abaissement était accompagné de plaisir."
Son évolution l'amène à rejeter sa famille. Même si longtemps encore, il préfère biaiser. Dissimuler.
Mais les faux semblants des adultes, leurs habitudes, leur conformisme, leur duplicité le
révoltent profondément.
Un jour, au cours de ses vacances, il rencontre une femme qui jette ses filets. Elle est très pauvre, seule, mais digne et directe dans ses propos.
Il l'admire profondément, elle qui ose se montrer telle qu'elle est.
Par une froide journée d' hiver, en fuite, il essaiera de la rejoindre et manquera de peu y laisser la vie.
Il restera muet longtemps après.
Et retrouvera seulement la parole à Vienne chez un psychiatre hors du commun où l'un de ses oncles l'a conduit.
Sage, honnète, clairvoyant tel lui apparaît l'Homme.
Comme on est au début du 20e siècle, on peut penser que Borgen a pensé à Freud.
Le psy met en cause prudemment mais clairement la dissimulation qu'il a érigée en système.
Mais le retour le ramène brutalement au statu quo.
A force de chercher qui il est vraiment, peu à peu, il découvrira les secrets de sa famille, secrets profondément enfouis dans le silence et la dissimulation, et qui concernent sa mère et son père, mort depuis longtemps.
Tout ce qui était latent et ambigu éclate soudain.
La suite ne peut qu'être difficile.
Ce roman m'a vraiment beaucoup intéressé. Le ton sonne juste dans toutes les situations.
Et ce qui n'est pas dit nous laisse la possibilité de l'imaginer.
Ce que chaque personne enferme en soi faute de pouvoir l'exprimer ou de l'oublier.
Et qui, la plupart du temps se traduit par des apparences qui deviennent habitudes et sclérose.
Un beau livre !
mots-clés : #initiatique
bix_229- Messages : 15439
Date d'inscription : 06/12/2016
Localisation : Lauragais
Re: Johan Borgen
merci Bix ! c'est noté !
_________________
“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
― Le club des incorrigibles optimistes de Jean-Michel Guenassia
[/i]
"Il n'y a pas de mauvais livres. Ce qui est mauvais c'est de les craindre." L'homme de Kiev Malamud
Bédoulène- Messages : 21622
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 79
Localisation : En Provence
Re: Johan Borgen
_________________
Etre dans le vent, c'est l'histoire d'une feuille morte.
Flore Vasseur
topocl- Messages : 8546
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 64
Localisation : Roanne
Re: Johan Borgen
Et bien, je vous attends !
bix_229- Messages : 15439
Date d'inscription : 06/12/2016
Localisation : Lauragais
Re: Johan Borgen
Lillelord
Eh bien, avec une couverture pareille , ça ferait fuir plus d'un lecteur et c'est sacrément dommage.
Dommage que je n'ai pas envie de parler, ce bouquin est à découvrir ! Je te remercie Bix , ça valait vraiment le coup .
Mi ange , mi démon ....Petit Lord ou Wilfred , instinctif autant que cérébral , voilà un portrait d'enfant aussi effrayant que séduisant....C'est extrêmement fin dans l'analyse psychologique d'une complexité poussée à son paroxysme . Dérangeant ? Assurément ! Quand on aborde le monde de l'enfance , c'est pour plonger dans des eaux encore limpides ....Que d'illusions , le bien et le mal "ne s'épousent-ils pas" d'entrée de jeu dans une forme de duplicité douloureusement lucide pour cet enfant mûri trop vite ??? Dans cette grande comédie humaine à laquelle on appartient dès la naissance , à son insu , on apprend , on s'éduque , on se formate par effet de mimétisme auprès de nos pairs ...à son insu aussi , on porte , lourd quelquefois de l'histoire familiale , plus encore quand il s'agit de secrets . Pour peu que les sens soient un peu plus exacerbés que la moyenne , pour peu que l'intelligence intuitive se développe en protubérance , et que l'entourage s'applique à pratiquer le déni , et à lifter tous les petites mochetés de la petite histoire familiale croyant naivement faire illusions en s'illusionnant soi-même , l'enfant en quête d'absolu , de pureté et de lumière basculera dans une grande névrose .
Qu'est ce que le mal , qu'est ce que le bien , comment bascule-t-on de l'un à l'autre parce qu'il n'y a qu'un pas et que quelquefois cela s'unit en un magma souffreteux au fond de notre âme poisseuse ,qu'est ce qui régit les lois de la comédie humaine dans nos sociétés bien-pensantes , policées , "civilisées" censées constituées des gardes-fous , aboutissant souvent à l'insurrection collective ou individuelle ou à l'affaiblissement de l'humanité ...
Il y aurait tant à dire sur cet ouvrage , foisonnant . Trop peut-être . Un peu trop appuyé aussi dans l'introspection mais ....au final ça reste une belle découverte , inattendue .
Quant à l'écriture , elle est plutôt plaisante , dans une recherche de justesse pour exprimer au plus près la solitude de cet petit être en proie à son tumulte intérieur incessant dont il fait douloureuse volupté .
Il va sans dire que votre petit ego se trouvera un peu ébranlé . Et c'est tant mieux , ça ne vous fera pas de mal . C'est d'ailleurs , à mon avis la force majeure de cet ouvrage .
églantine- Messages : 4431
Date d'inscription : 02/12/2016
Localisation : Savoie
Re: Johan Borgen
Merci pour ton grain de sel personnel et expressif !
A ton avis, il rencontre Freud à Vienne, Wilfred ?
Vous avez forcément raison, la couverture est une infamaie !
Mais "J' ai lu" est la collection de poche des super marchés !
Et d' ailleurs, c' est un autre très grande surface qui m' a
envoyé cette éditon au lieu de celle d' Actes Sud demandée.
Mais bon ! J' ai lu a du penser que c' était un avatar de Sissi !
A ton avis, il rencontre Freud à Vienne, Wilfred ?
Vous avez forcément raison, la couverture est une infamaie !
Mais "J' ai lu" est la collection de poche des super marchés !
Et d' ailleurs, c' est un autre très grande surface qui m' a
envoyé cette éditon au lieu de celle d' Actes Sud demandée.
Mais bon ! J' ai lu a du penser que c' était un avatar de Sissi !
bix_229- Messages : 15439
Date d'inscription : 06/12/2016
Localisation : Lauragais
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